Bonjour MC,
Je n'ai pas encore fait mon coming out à ma famille, donc je ne serai pas franchement en mesure de te donner des conseils sur comment se faire accepter dans un milieu religieux, mais je peux au moins partager mon experience avec toi.
Moi aussi j'ai grandi dans un milieu relativement religieux. Je viens d'une famille catholique, traditionalistes en partie du côté de ma mère, beaucoup plus open du côté de mon père ( pas de chance, c'est eux que j'ai vu le moins en grandissant). Mes parents sont catholiques pratiquants, mais par chance loin d'être intégristes. J'ai 25 ans et je suis homo. Concilier le tout n'est pas toujours évident.
Les circonstances ont fait que j'ai été confrontée à des profils de personnes très variés en grandissant. Je n'étais pas dans une bulle d'église, et j'ai donc vite pris du recul par rapport à ce que l'on pouvait y entendre. Dès l'adolescence je pense pouvoir dire que je ne me suis plus considérée comme croyante. Je ne me reconnaissais pas dans la personne que l'Eglise aurait voulu que je sois, même si tout comme fistoulick j'adhère à certaines valeurs humanistes véhiculées par le catholicisme. Disons que j'ai estimé que je pouvais juger de comment vivre ma vie en essayant d'être quelqu'un de bien, independamment de la religion. Ceci n'est que mon cheminement personnel, après j'ai toujours un pied dans le catholicisme, il m'arrive d'accompagner mes parents à la messe quand je suis chez eux. Si je disais à certaines membres de ma famille élargie que je ne suis plus croyante ils seraient attérés je pense (alors imagine si je leur disais que je suis homo...). Ayant un peu tourné la page sur la religion, pour ce qui est de concilier religion et homosexualité je ne suis malheureusement pas certaine d'être de très bons conseils.
Bref... Je me suis pas mal éloignée de tout cet univers religieux et je me suis fait des amis dans une sphère pas du tout religieuse. Je sais qu'ils accepteront très bien ma préférence pour les filles quand je leur en parlerai. Après, le fait est que j'ai du mal à passer ce pas, pareceque mieux on connait les gens, plus je trouve que ça ne devient pas évident, ça tombe comme un cheveu sur la soupe. Et c'est assez intime comme sujet et comme je n'aime pas trop parler de moi (contrairement à ce que ce pavé indique

), et on parle pas beaucoup de sexualité entre nous. Finalement, les personnes à qui j'en ai parlé étaient pas toujours les plus importantes à mes yeux. Mais de mon côté, j'ai appris à m'accepter, je chasse les restes de ma propre homophobie, et je souhaite être le mieux possible dans mes baskets le jour où j'en parlerai à ma famille.
Il y a une partie de ma famille à qui je n'en parlerai jamais, c'est certain. J'ai moyennement envie de me faire rebaptiser "le diable", arf. Je sais qu'il n'y a rien à faire contre leur vision des choses, et j'essaye de couper les ponts avec eux au maximum, même si c'est pas toujours possible. J'ai qu'une trouille c'est de me retrouver marraine d'un futur homophobe! Ces personnes n'ont fait qu'enpoisonner mon image de moi, avec eux j'ai l'impression d'être schizophrène, et j'espère de tout coeur que ta famille n'est pas comme ça. Pour ma famille proche, mon frère est très ouvert d'esprit, c'est sans doute à lui que j'en parlerai en premier et sans crainte. Ma soeur et mes parents sont plus conservateurs, je sais que ça sera dur mais je ne m'imagine pas vivre ma vie en leur cachant quelque chose d'aussi important pour moi. Je sais qu'ils m'aiment et moi aussi, j'espère que ce sera suffisant le jour venu. En bonne petite fille modèle, l'idée de les decevoir me blesse d'avance, une sorte de culpabilité qui n'a pas lieu d'être. Je sais que j'ai tendance à me détacher d'eux, ou même d'amis qui ne sont pas au courant parceque ça me pèse de ne pas être honnete avec eux, la fuite parait souvent plus facile, mais je m'efforce à corriger ce travers.
Je ne vois pas mes parents très souvent, mais j'essaye à ma façon de les préparer, de corriger les idées qu'ils peuvent avoir sur le sujet, de changer la projection qu'ils font sur moi, par exemple leur dire que ce n'est pas la peine de s'imaginer que j'allais me marier, des petits trucs comme ça... Et je garde la brochure 'contact' sur mon disque dur pour le jour où.
Donc pour ce qui est de se faire accepter dans un milieu très religieux, finalement j'ai l'impression d'avoir décidé que pour certaines personnes c'était sans espoir de pouvoir leur en parler un jour, et pour d'autres je prend mon temps et me préparer à aborder le sujet.
Le fait d'être née homo dans une famille religieuse n'a pas simplifié les choses : plus difficile pour s'accepter et dédramatiser la chose, moins de réceptivité au sujet dans mon entourage. Mais j'ai espoir, je chemine (trop!) doucement mais surement !
Voilà pour mon petit racontage de vie, je suis pas plus avancée que toi en somme, et je te souhaite du courage dans ton propre cheminement ! A plus !