Alors moi je vais vous raconter 4 histoires de coming out différentes, 1 particulièrement "longue", les autres plus courtes.
J'ai fait mon coming out à tous mes amis, proches comme moins proches ainsi qu'à certains membres de ma famille parmi lesquels : mes parents, ma marraine, mon oncle, ma tante et leurs enfants (mon cousin et ma cousine). Voilà pour les bases.
Coming out à mes parents (16 ans, vacances d'été)
J'étais à Marseille en vacances chez mes grands parents alors que j'habite normalement dans le 78. Je vivais à cette époque là ma première histoire d'amour et mon copain habitait en Autriche. Chanteur d'opéra, il devait faire une représentation en France, à Marseille justement. Voulant saisir cette occasion, nous nous sommes arrangés pour nous voir, lui se faisant passer pour un ami rencontré sur internet.
Tout honnête que je suis avec mes parents, j'ai décidé d'en parler à mon père. Nous discutions tous les soirs sur MSN (il est assez morderne mon père), et j'ai profité d'une de ces discussion pour introduire le sujet. Réaction immédiate de mon père :
- "Non, tu verras pas ton ami ! Il en est hors de question. Tu sais pas le nombre de fous qu'on peut voir sur internet de nors jours".
Après lui avoir rapidement expliqué que je le connaissais bien, que je l'avais déjà vu en live grâce à ma webcam et toussa, il a dit ceci :
- "Imagine il est homo. Il pourrait t'enlever et te violer."
Alors bon, toujours aussi candide (à 16 ans) et confiant, je lui dit que mon meilleur ami du lycée est homo, qu'on se voit très souvent, parfois seuls, qu'on a déjà passé des soirées et des nuits ensemble et qu'il ne s'est jamais rien passé.
S'en suit un discours très inspiré de mon père sur les "conneries de jeunesse", sur l'adolescence, une période où on se pose tout un tas de questions inutiles pour vite se rendre compte, quand on a mûri qu'elles étaient infondées et qu'on est bien content d'être marié à une belle jeune femme, d'avoir notre premier gosse etc.
A ce moment là, je continue à ne pas douter de l'ouverture d'esprit de mon père (lui qui a lancé, au cours d'un dîner de famille où le sujet était l'intolérance "Si Florent était homo, je peux vous assurer que je le soutiendrais à fond !") et je lui dis demande de se calmer, parce que moi-même je me pose des questions, fréquente des forums où je peux discuter avec d'autres jeunes comme moins jeunes, homos, bis ou hétéros et que ça ne me pose pas de problèmes particuliers, que je me suis toujours senti comme ça et que ça ne dérange pas mes amis non plus (j'y reviendrai ensuite).
C'est là qu'on tombe dans le délire le plus total : mon père comprend alors que je suis en train de lui annoncer que je suis gay et il pète totalement un plomb. Son discours n'est plus seulement inspiré mais comme habité. Il commence d'abord à me dire que le milieu homo, c'est comme une secte où les plus vieux séduisent les jeunôts encore frais et inconscients pour les baiser, puis les jeter.
Voyant que ça ne me percute pas, il continu par me faire une liste de tous les stéréotypes les plus immondes que les gens peuvent avoir sur les homos (comme "Tous les pédés ont le SIDA", "Y'a pas d'amour chez les homos, que du sexe", "Les pédés sont des partouzards", "Se faire enculer c'est douloureux, y'a pas de plaisir" et je me demande encore comment il pourrait le savoir). Encore une fois, ça n'a pas plus d'effet sur moi que de démystifier le personnage qui était jusqu'à ce moment là mon plus grand modèle.
Il commence à s'énerver et m'insulte de tous les noms qui peuvent bien lui passer par la tête avant d'en passer aux menaces. Les plus classiques (comme me couper internet, ne plus me donner d'argent, m'empêcher de sortir, m'emmener voir un psy, me foutre à la porte etc) comme le plus élaborées (je te ferai donner des cours par correspondance, je te ferai surveiller et tout un tas de trucs plus délirants les uns que les autres) y passent. Je ne me démonte pas, parce que quelques semaines auparavant, mon meilleur ami (homo donc) m'avait dit que si ça se passait mal le jour où j'en parlerai je pourrai me réfugier chez lui. A vrai dire, je commençais déjà à faire des plans pour récupérer mes affaires et aller vivre ailleurs.
Ensuite, il m'a interdit d'en parler à qui que ce soit d'autre, commençant à introduire la pitié dans son discours : "Ta mère va pleurer en se demandant ce qu'on a loupé dans ton éducation...", "Qu'est-ce que tes grands parents en penseraient ?" etc etc.
Sur ce, la discussion se termine, j'en pouvais juste plus alors j'ai coupé la connexion et refusé tous ses appels.
Puis une semaine plus tard, nous devions, mes parents, mes frères (qui ne sont donc pas au courant) et moi devions partir à la montagne. Je crois qu'il s'agit ici des 2 semaines les plus insupportables de ma vie. Autant, je ne suis pas spécialement proche de ma famille et ça ne me dérange pas tant que ça en général, autant là, la tension était palpable et les allusions que moi seul pouvait comprendre fusaient en permanence. Quand je dis ça, c'était du genre, alors que notre chat allait devoir porter une sonde urinaire, ce qui le rendrait peut-être incontinent, mon père de rajouter "C'est comme les homos, quand ils sont vieux, qui doivent vivre avec une poche de pisse parce qu'ils sont incontinents." et ce genre de choses (donc quand même bien gros).
Une fois rentré chez nous, je me suis complètement détaché de la vie familiale, restant cloîtré dans ma chambre ou passant le plus clair de mon temps en dehors de la maison, ce qui m'a permis d'éviter ce genre d'événement pendant toute une année. Nous n'en avons plus discuté sauf à de rares occasion où les yeux devenaient rouges et humides, comme lorsque je demandais l'autorisation (oui je suis un bon fils malgré ça) pour aller voir "un ami" sur Paris. C'est à cette époque que j'ai alors décidé de ne plus du tout leur parler de ma vie privée.
Bilan pour la famille : Je ne sais pas où mes parents en sont aujourd'hui, le fait est qu'on en a pas reparlé depuis. Mais têtu comme est mon père, et vu qu'il espérait que je changerai, je pense qu'il doit penser qu'aujourd'hui, je suis "redevenu" hétéro. Ce qui me fait dire ça ? Ses questions "répétées" sur une éventuelle petite-amie... Ma mère, elle, l'avait moins mal pris, mais de la même manière, n'en discute plus avec moi. Pour être honnête, tant qu'ils me foutent la paix et ne me posent pas de questions, ça ne me gêne pas.
Coming out au reste de la famille (16 ans)
Je disais donc en introduction que ma tante, mon oncle et mon cousin et ma cousine étaient au courant. En fait, ma cousine était très amie avec ma meilleure amie de lycée. Donc au final, tout ce que l'une savait, l'autre le savait. Un jour, quand j'ai commencé à me dire que j'étais, vraiment, je devais être gay, je lui en ai parlé.
Manque de pot (ou pas), mon cousin est entré dans la pièce à ce moment, accompagné de ma tante. Donc même sans trop faire attention, ils ont lu ce qui était à l'écran et ont appris comme ça que j'étais homo. Il paraît que ça a secoué mon oncle et ma tante un petit moment (enfin du genre "ah ouais ? C'est bizarre...") alors que ma cousine trouvait ça marrant. Mon cousin m'en reparle encore un peu parfois, discrètement, comme quand sans faire exprès, il lance un "C'est trop une technique de pédé ça... Ah pardon Flo !".
Donc de ce côté, ça se passe bien.
Ma marraine, elle, l'a appris alors que j'étais en plein "combat" avec mes parents (elle habite avec mes grands parents à Marseille, ceci expliquant cela). Elle est malencontreusement tombée sur une auto-suggestion de google qui la renvoyait vers un site pour ados gays sur lequel j'étais inscrit à cette époque. Elle m'a simplement demandé si j'étais homo, je lui ai dit que j'avais trop de problèmes en ce moment pour une discussion ou une dispute mais que oui, je pensais que je l'étais. Elle m'a juste dit "Tu sais, je suis peut-être croyante, mais moi ça me va, tant que tu es heureux.".
Depuis, comme pour mon cousin, j'ai droit à des "désolée" quand elle prononce le mot "pédé". Quoique, j'ai comme l'impression qu'elle a dû oublier depuis le temps...
Coming out à mes amis (depuis mes 16 ans)
Vu mes rapports avec ma famille, il est logique que j'en ai d'abord parlé à mes amis... C'est donc tout logiquement qu'ils ont été les premiers à le savoir.
Enfin, plus précisément, les premiers ont été les gens que je fréquentais sur les différents forums (doctissimo, za-gay etc) où j'étais inscrit. Ce sont eux qui m'ont aidé à m'en rendre compte disons... Puisque me concernant je savais que j'avais une attirance pour les mecs depuis globalement le début de ma puberté (les images accompagnant les premières masturbations ne mentent pas, je pense) sans avoir de mots pour le définir (et sans savoir que ce n'était pas forcément bien perçu).
Ensuite sont donc venus mes amis de lycée. Un jour, mes amis proches et moi étions avachis sur les bancs d'un couloir, et alors que je dormais à moitié, musique dans les oreilles, mon meilleur ami nous a posé une question simple :
- "Ca vous fait quoi d'avoir un ami homo ?"
Après des "heu..." d'incompréhension (il nous avait pris au dépourvu le salaud

), j'ai percuté et j'ai répondu :
- "Bah, ça vous fait quoi d'en avoir 2 ?"
Et là, éclats de rire et racontage d'anecdotes en tous genres.
C'était si simple qu'après ça, je me suis dit que je me gênerais plus pour en parler, et toute ma classe a fini par être au courant.
Depuis c'est à peu près le même scénario à chaque fois que je rencontre et que je m'attache à quelqu'un : le sujet fini par tomber sur nos préférences et là c'est à peu le même genre de phrases qui reviennent à chaque fois "Bah en fait, y'a le mec là bas que je trouve troooooop mignon

". Et les réactions toujours du genre "Ah ouais t'es homo ? 'Tain j'aurais jamais deviné ! Alors raconte blablabla."
Je conclurai donc par un :
148 positifs, 7 négatifs (oui un dans chaque catégorie).