Coming In, ou le Coming Out à soi même

[fanathyk]

Me concernant, mon homosexualité vient (en plus d'être un garçon manqué depuis toute petite) d'un défaut que j'ai toujours eu : le désir de plaire, toujours. Je n'y pouvais (peux?) rien, un homme ou une femme, je m'en fichais, je voulais plaire (et je dois arrêter d'ailleurs quand même).

Mais le désir qui est arrivé plus tard (vers 16 ans quoi) m'a poussé à penser à des filles -une plus précisément. A vouloir les embrasser, les toucher, et tout le désir que peuvent avoir une ado de 16 ans et ses hormones en ébullition... Pourtant j'ai eu un copain (pour lequel je n'éprouvais rien (ça avait été d'autant plus facile de l'avoir )), et je m'imaginais avec une fille pendant que j'étais avec lui. J'en ai pleuré.
Pourquoi une fille alors que j'avais un copain ? Pourquoi d'autres filles le trouvaient beau comme un dieu et bavaient littéralement sur son passage alors que je ne lui trouvait aucun attrait ? Pourquoi toutes les discussions sur les garçons avec ma mère se terminaient invariablement par "oui donc, une fille en fait" ? Qu'est ce que j'étais ? Bi ? J'avais déjà cette étiquette. Volontairement. Mais alors, je n'étais pas sensée désirer garçons et filles ? Non, la preuve que non, non non et non, les garçons ne me plaisent absolument pas. Donc, les filles ? Mais... Les filles. Bon. Lesbienne donc.

Mon Coming-In fut donc silencieux et larmoyant. Mais libérateur. Vraiment. Comme une évidence après toutes ces questions, comme si je trouvais enfin le moyen de m'accepter. Et peu importe si les autres le prenait mal, je me savais assez forte pour les Coming Out, mais qu'il me faudrait du temps peut être.

Une semaine plus tard je rompais avec ce garçon. Comme quoi je pensais à quelqu'un d'autre et que ben, voilà "on reste copains ?" . Il a voulu savoir qui et a été extrêmement vexé que ce soit une fille. Tant pis. Il a complexé un moment en pensant qu'il m'avait rendu lesbienne. Non, il l'a juste confirmé.

[Sorya]

Pour ma part ça s'est fait plutôt progressivement. J'ai toujours eu ce côté là je pense. Mais j'avais beau me retourner autant sur les mecs que sur les filles, je me disais que ça avait rien a voir, j'appreciais juste la beauté dans son ensemble.

Et puis il y a eu cette fille dans ma promo pour laquelle j'ai eu tant d'attirance, sans jamais chercher plus néanmoins. Et puis ce rêve érotique avec une femme. Et le soir ou jme suis mise à draguer autant les filles que les gars dans un bar/boite, y'a 6 mois a peu près... jme suis dit que bah... fallait que je m'accepte comme j'étais^^

et j'y arrive de mieux en mieux

[fiorentino]

pour ma part je me suis dit les 3 mots "je suis gay" il y a très peu de temps

et là, grand soulagement, je m'avouais enfin ce que j'avais occulté pendant si longtemps (22 ans)...

j'étais attiré par les garçons depuis le début du collège je crois, mais j'avais relégué ça de côté en me disant que j'y penserais plus tard. je pense que je ne comprenais pas vraiment, et puis à cet âge là...

mais ça dure, ça dure, ça devient une habitude, tu vis avec. jusqu'au déclic, où je me suis dit que "je veux pas être avec une fille, je veux un mec, moi" et où j'ai mis les choses au clair avec moi même, tout simplement en arrêtant de me mentir à moi même...!

bon, je cogite tout le temps sur ça maintenant mais au moins c'est clair pour moi.
et je me suis même surpris à employer le mot gay à voix haute pour parler de moi, quand j'en ai parlé à une amie, et ça j'en étais heureux, de pouvoir en parler librement et m'accepter

[MademoiselleReveuse]

Moi ça a commencé en fin de collège, je dirais...En 4ème et 3ème, je me souviens que les collégiens étaient persuadés que j'étais lesbienne - à ce moment-là j'étais certaine que non, j'ai eu quelques flirts masculins ces années-là d'ailleurs, et à l'entrée au lycée, j'ai doucement commencé à éprouver de l'attirance pour une nana de ma classe, un peu comme si j'essayais de me faire passer un test, genre "non mais t'es sûre, tu préfères les filles...?"
Et puis en fin de seconde, je me suis retrouvée toute seule parce que mes copines ont fini par apprendre que j'avais craqué sur A. et elles étaient franchement homophobes, donc bye bye les "amies".
En deuxième première, tout petit crush sur mon meilleur ami, mais aucun désir sexuel pour lui, je pense maintenant que c'était juste une forme d'amitié poussée...Et maintenant que j'y pense, mon coming-in s'accentue encore un peu plus avec cette révélation intérieure : je n'ai jamais éprouvé de désir sexuel pour un garçon. Jamais. Je viens juste de m'en rendre compte à l'instant (et j'ai 22 ans, comme quoi tout arrive ^^)
En terminale, gros crush sur une nana de ma classe. Là, c'était plutôt intense, et voulant être honnête avec elle et passant des nuits à me torturer l'esprit avec ça, j'ai fini par lui dire. Elle a fait la conne, elle l'a dit au reste de ma classe...Heureusement, c'était la fin de l'année. Et j'avais des amies présentes, à l'époque.

Et puis, LE gros coup de coeur, il y a un an et demi environ (c'est toujours le cas aujourd'hui, malheureusement, je n'arrive pas à m'en débarrasser...), pour mon actuelle meilleure amie. Elle par contre, je l'aime, avec tout ce qui va avec. Désir, rêves érotiques, crises de larmes, crises de nerfs, gros coups de stress chaque fois qu'on se voit...
Et bizarrement, mon Coming-In s'est fait pile quand une amie m'a posé la question, en octobre 2009 "tu serais pas amoureuse de M., par hasard...?" et là, grosse claque dans la figure. Je préfère les femmes, et j'avais beau le savoir depuis des années intérieurement, c'est le vrai moment où j'ai réalisé que les hommes ne m'attiraient pas et pire encore, je fais un blocage sur tout acte sexuel avec un mec...

Je suis toujours en cours d'acceptation de moi-même, et ma meilleure amie m'aide énormément (elle sait tout depuis janvier, et elle a été formidable !)...Un jour, je trouverai quelqu'une qui voudra de moi aussi...J'espère...

[ezechiel]

pour ma part je me suis dit les 3 mots "je suis gay" il y a très peu de temps

Cette expression me rappelle un peu mon vécu. Une nuit d'un de mes anniversaires, alors que je dormais mal depuis plusieurs nuits, je commençais à m'assoupir et quelques minutes après, réveil en sursaut. "Putain, je suis gay !" Puis, je me suis retourné et me suis rendormi comme un bébé.

Je l'avoue, je suis comme ça. Quand quelque chose me turlupine, tout le monde le voit mais, moi, je suis incapable de dire ce qui me perturbe vraiment et c'est souvent pendant mon sommeil que je trouve la réponse (et j'ai bien sûr droit aux rêves de malades qui vont avec ).

Pour la petite histoire, j'ai eu le droit à la même chose quelques mois après avec "Bordel de merde, je suis bi !" et je rassure tout le monde, je n'ai pas de nouvelle révélation depuis deux ans.

[MademoiselleReveuse]

J'aime bien la façon dont tu as fait ton Coming-In, ezechiel ! ^^'

[WillTMG]

Moi ça remonte aussi... Mon premier souvenir c'est un rêve. A l'époque j'étais fan de Buffy contre les vampires et une nuit j'ai rêvé que Buffy et Angel s'envoyait en l'air dans une voiture et moi je me sentais comme si j'étais Angel.

Après y a eu le clip des T.A.TU voir deux filles s'embrasser ça m'a fait quelque chose. Ensuite Willow est sortit avec Tara dans Buffy. Moi j'étais super attirée par ma prof d'espagnol de l'époque.

Et puis à 19 ans, j'ai rencontré des gays et des lesbiennes et j'ai eu le coup de foudre pour une fille et là je me suis dit "ma vieille ce que tu sais depuis longtemps est vrai, t'as plus le choix, t'es lesbienne. Alors où tu fais comme les copains et tu vis ça tranquilou ou tu l'étouffe et tu te rends malheureuse."

[Cérès]

Il y a eu quelques signes dans mon enfance, j'avais un comportement féminin, je préférais les jeux de filles à la récré. Mais c'est à 15 ans que j'ai eu l'impression d'être une fille emprisonnée dans un corps de garçon, et ce, tout en n'ayant aucune attirance pour le sexe masculin. À 21 ans, j'ai appris sur Internet les termes : androgyne, asexué, intergenre, transgenre, crossdressing, transsexualisme. Je me suis rendue compte avec des témoignages que je me reconnue transsexuelle.
Depuis, je rêve tous les jours d'avoir des seins et un joli vagin, puisque je sais que la bourde qu'à commise la nature en me refilant une quéquette sans me demander mon avis peut être "corrigée", en adaptant le corps à l'esprit, et pas l'inverse comme tout le monde (ou presque) veut me l'imposer.

[Beans]

Le coming-out à soi même (qui est pour le moment le seul vrai CO que j'ai fais) est pour moi le plus violent. Le plus violent car contrairement aux CO que l'on peut faire aux autres (famille, amis...), il est totalement inattendu et on ne peut le contrôler, le penser ou le maitriser.

Je suis du même avis.

Mon auto-CO s'est déroulé dans les mêmes circonstances que toi, période d'exam mais en plus de cela j'étais malade, incapable d'étudier, j'ai fini par penser à plein de choses sur ma petite personne. Sans même m'en rendre compte, naturellement, j'ai allumé mon pc, j'ai fait une recherche avec mots clés, du genre forum sur l'homosexualité, je suis tombée sur et-alors. J'ai lu quelques posts, et puis j'ai écris... écris tout ce que je pensais de moi et ça s'est passé ainsi. Tout comme d'autres l'ont dit, mon image devant le miroir à changé, je me suis sentie libérée même si je ne suis qu'au début, que ça ne fait que quelques mois que je le sais, tout est tellement mieux qu'avant.

Si il m'a fallu 19 ans pour me l'avouer, je pense que c'est à cause de mon éducation catholique(que j'ai envoyé au diable), du manque de confiance en moi quand à ce que je souhaite vraiment, et enfin, ou surtout la peur de n'avoir aucun avenir.

Je me souviendrais toujours à 13 ans, une fille de mon école m'avait dit que sa grande sœur était lesbienne et qu'elle vivait en ménage avec sa copine. Ca m'avait fasciné, je croyais presque que c'était interdit. Je lui ai demandé ce qu'elle et sa famille pensait de son aînée, elle m'a dit que pour elle, le bonheur de sa sœur comptait plus que tout, mais que ses parents l'avaient mis à la porte. Ce à quoi je lui ai répondu que je sortirais avec une fille bien plus volontiers qu'un garçon, mais que je ne voyais pas de futur à une telle relation et que par conséquent je devais me marier avec un homme. [HS: socitié de m*erde!] Je me suis vraiment sentie concernée et depuis ce jour il a fallu 6 ans de signes en tout genre pour qu'enfin, ça sorte.

Je suis heureuse d'avoir pu arriver jusqu'ici.
Maintenant je pense souvent à ceux qui ont encore du chemin pour arriver à leur auto-coming-out, je leur souhaite plein de courage.

[Marino]

merci à vous pour tous ces témoignages, je me suis reconnue dans plein et j'ai passé un moment super émouvant en les lisant

Pendant longtemps, j'étais totalement persuadée d'être hétéro. Je voulais plaire aux mecs, et j'avais même peur que les filles croient que je l'étais. J'avais des copains- et une sexualité de merde-, que je ne reconnaissais pas comme telle, parce que pour moi, faire l'amour, c'était avant tout être l'objet du désir d'un homme. Ma première copine, c'était un peu pareil. On a fini par coucher ensemble, sans se reconnaître en tant que couple. Pour nous c'était clair il y avait "nous" d'un coté, et les hommes de l'autre. Ca a duré comme ça pendant trois ans, et au bout de ce laps de temps, on couche ensemble, et LA j'ai la révélation: j'aime les filles!!... j'étais hystérique pendant plusieurs jours après ça, mais j'ai pris bien un an avant de pouvoir rompre avec mon copain de l'époque.
C'était vraiment très dur à vivre, et je ne m'en suis toujours pas remise. Je ne sais pas si je suis définitivement lesbienne, ou bi, mais aujourd'hui, sortir avec un garçon est quelque chose qui me paraîtrait très difficile, ce serait comme me renier. Donc du coup, je ne sais pas trop comment me définir, et j'ai peur ... Je n'ai jamais été homophobe envers qui que ce soit, au contraire: il n'y a qu'envers moi même que ça me terrifie. Vive les éducations catholiques!...