
CO à un frère homo refoulé
Bonjour, je vais développer un peu.
Donc en fait non, je n'ai pas fait de CO à mon frère hier
Mais à mes parents. Je n'ai donc rien fait comme prévu, typique.
Donc comme je le disais un peu plus haut Copine s'est lancé dans une campagne d'encouragement intensive pour que je le dise enfin à mes paternels et à mon frère. Mercredi et hier, j'ai essayé de voir mon frère, ça n'a pas joué.
Ensuite, en 15 minutes, mes colocs me disent qu'ils ne seront pas à la maison, que ma soeur qui devait venir passer la soirée chez moi ne vient pas et ma mère me dit "Oh je n'ai rien de prévu ce soir, c'est rare!". Donc je n'ai guère eu de peine à voir là une autoroute toute tracée pour les inviter à manger chez moi, et leur dire que j'étais une grosse pédzoule. Petit rappel sur mes parents, mon père vient de quitter la présidence de la paroisse locale, ma mère est payé par l'Eglise, elle bosse dans un centre avec des religieuses.
Ils habitent quelques centaines de mètres plus loin, ils arrivent donc à pied, vers 20h, bien fringués, avec la bouteille et en me répétant qu'ils étaient heureux d'être invités à manger par un de leurs enfants (c'est une des premières fois que le fais).
On apérote, ma mère parle de personnes qui n'ont pas la chance d'avoir de bonnes relations avec leurs parents, de "chemin de vie différent" de chacun, ... que des trucs qui me font sourire. On boit du vin, j'en donne beaucoup à mon père
et j'en prends pas mal aussi.
On se déplace ensuite au bar de la cuisine pour boire le café, manger de la glace à l'ovo que Copine m'avait faite quelques semaines auparavant. Je ne dis rien, ils se lèvent et je comprends que c'est le moment où jamais, ensuite il sera trop tard.
Je leur dit donc "vous ne voudriez pas vous rasseoir, il faut que je vous dise quelque chose" et je rajoute de suite "merde, là je ne peux plus revenir en arrière" en riant. Mes parents se rassoient donc au bar, souriant, curieux mais pas angoissés ou stressés.
"Ce n'est pas une mauvaise nouvelle, ni un bonne d'ailleurs, c'est juste quelque chose d'important que vous devez savoir. Je ne vais pas y aller par 4 chemins, je suis homosexuel."
Et hop sourire de ma mère. Mon père ne dit rien, regarde le sol, mais ne semble pas choqué. Je continue à parler un peu, en leur disant que je le vis très bien, que j'ai attendu d'être parfaitement assumé pour leur en parler, que presque tout mon entourage est au courant... Ma mère me dit qu'ils avaient un jour évoqué cette possibilité mais sans trop y réfléchir.
Mon père relève enfin la tête et me dit en souriant "Merci". Là j'ai eu les frissons, parce que mon papa, il ne sourit pas et ne dis jamais merci normalement.
On a ensuite parlé pendant une heure. Une heure durant laquelle, c'était moi le plus surpris des trois. Je les savais ouverts d'esprit et très intelligents, mais je n'imaginais pas qu'ils l'étaient autant sur ce sujet. J'avais commandé la brochure "Contact" mais elle ne me servira à rien, ils ont tout compris tout seul.
Quelques extraits:
"Le mot "homosexuel" est nul, parce qu'on sait très bien qu'il n'y a pas que l'aspect sexuel dans ce que tu nous dis, il y a tout ce qui touche au sentimental." (ma mère)
"Je suis fier de voir comment tu as géré ces coming-out, tu as pris le temps qu'il fallait, tu l'as dit quand tu étais prêt et serein" (mon père)
"Le hasard est étrange. Hier, dans ma classe [mon père est prof dans un collège, avec des élèves qui ont des difficultés scolaires et familiales], le sujet de l'homosexualité est arrivé. Mes élèves ont violemment critiqué. Mais je leur ai dit "imaginez dans 20 ans, qu'un de vos fils viennent vous dire qu'il est homosexuel, ne pas l'accepter voudrait dire que vous ne l'aimez pas, c'est pas possible." (mon père)
A un moment dans la discussion, j'ai dit que bien sûr, cela ne changerait rien dans le futur, je resterai comme j'ai toujours été blablabla mais mes parents m'ont arrêté tout de suite en disant:
"Non, notre relation va changer. La compréhension est maintenant totale, nous te connaissons encore mieux dès ce soir, on n'en tiendra compte dans nos discussions futures. Et la confiance qu'on a en toi est encore renforcée." (ma mère)
"Non, ce que tu nous dis va changer notre vie de famille, au sens large. Tu seras avec un garçon et pas une fille, ce n'est pas rien, ça change pas quand même quelque chose. On va tous s'adapter par rapport à ça."
Ce qui m'a le plus touché? C'est qu'ils ne m'aient posé aucune question du genre "tu as couché avec un garçon déjà? et avec une fille?". Ils sont restés très classes et très pudiques. Ils ne m'ont pas dit non plus "on accepte" ou "cela ne nous pose aucun problème", le dire était inutile tellement leur attitude parlaient pour eux. C'était trop évident pour qu'ils aient besoin de le formuler.
Ma mère a même fini par faire un gag débile:
Mon père, tout sourire, me raconte qu'à ma naissance, le faire-part envoyé avait été considéré par bcp comme un faire-part de fille et que certaines personnes avaient été surprises de lire "olivier" en ouvrant la carte. C'est à ce moment là que ma mère sort, morte de rire: "Mon Dieu, en fait c'est à cause de nous si tu es homo".
On en riait les trois.
Voilà, je m'étale, mais ça me fait plaisir de vous raconter ça. Vous m'avez entendu me plaindre plus d'une fois, cette fois, c'est que du positif.
Ce forum a joué un grand rôle dans tous ces coming-out (plus qu'un!) et je vous en remercie déjà mille fois.

Donc en fait non, je n'ai pas fait de CO à mon frère hier

Mais à mes parents. Je n'ai donc rien fait comme prévu, typique.
Donc comme je le disais un peu plus haut Copine s'est lancé dans une campagne d'encouragement intensive pour que je le dise enfin à mes paternels et à mon frère. Mercredi et hier, j'ai essayé de voir mon frère, ça n'a pas joué.
Ensuite, en 15 minutes, mes colocs me disent qu'ils ne seront pas à la maison, que ma soeur qui devait venir passer la soirée chez moi ne vient pas et ma mère me dit "Oh je n'ai rien de prévu ce soir, c'est rare!". Donc je n'ai guère eu de peine à voir là une autoroute toute tracée pour les inviter à manger chez moi, et leur dire que j'étais une grosse pédzoule. Petit rappel sur mes parents, mon père vient de quitter la présidence de la paroisse locale, ma mère est payé par l'Eglise, elle bosse dans un centre avec des religieuses.
Ils habitent quelques centaines de mètres plus loin, ils arrivent donc à pied, vers 20h, bien fringués, avec la bouteille et en me répétant qu'ils étaient heureux d'être invités à manger par un de leurs enfants (c'est une des premières fois que le fais).
On apérote, ma mère parle de personnes qui n'ont pas la chance d'avoir de bonnes relations avec leurs parents, de "chemin de vie différent" de chacun, ... que des trucs qui me font sourire. On boit du vin, j'en donne beaucoup à mon père

On se déplace ensuite au bar de la cuisine pour boire le café, manger de la glace à l'ovo que Copine m'avait faite quelques semaines auparavant. Je ne dis rien, ils se lèvent et je comprends que c'est le moment où jamais, ensuite il sera trop tard.
Je leur dit donc "vous ne voudriez pas vous rasseoir, il faut que je vous dise quelque chose" et je rajoute de suite "merde, là je ne peux plus revenir en arrière" en riant. Mes parents se rassoient donc au bar, souriant, curieux mais pas angoissés ou stressés.
"Ce n'est pas une mauvaise nouvelle, ni un bonne d'ailleurs, c'est juste quelque chose d'important que vous devez savoir. Je ne vais pas y aller par 4 chemins, je suis homosexuel."
Et hop sourire de ma mère. Mon père ne dit rien, regarde le sol, mais ne semble pas choqué. Je continue à parler un peu, en leur disant que je le vis très bien, que j'ai attendu d'être parfaitement assumé pour leur en parler, que presque tout mon entourage est au courant... Ma mère me dit qu'ils avaient un jour évoqué cette possibilité mais sans trop y réfléchir.
Mon père relève enfin la tête et me dit en souriant "Merci". Là j'ai eu les frissons, parce que mon papa, il ne sourit pas et ne dis jamais merci normalement.

On a ensuite parlé pendant une heure. Une heure durant laquelle, c'était moi le plus surpris des trois. Je les savais ouverts d'esprit et très intelligents, mais je n'imaginais pas qu'ils l'étaient autant sur ce sujet. J'avais commandé la brochure "Contact" mais elle ne me servira à rien, ils ont tout compris tout seul.
Quelques extraits:
"Le mot "homosexuel" est nul, parce qu'on sait très bien qu'il n'y a pas que l'aspect sexuel dans ce que tu nous dis, il y a tout ce qui touche au sentimental." (ma mère)
"Je suis fier de voir comment tu as géré ces coming-out, tu as pris le temps qu'il fallait, tu l'as dit quand tu étais prêt et serein" (mon père)
"Le hasard est étrange. Hier, dans ma classe [mon père est prof dans un collège, avec des élèves qui ont des difficultés scolaires et familiales], le sujet de l'homosexualité est arrivé. Mes élèves ont violemment critiqué. Mais je leur ai dit "imaginez dans 20 ans, qu'un de vos fils viennent vous dire qu'il est homosexuel, ne pas l'accepter voudrait dire que vous ne l'aimez pas, c'est pas possible." (mon père)
A un moment dans la discussion, j'ai dit que bien sûr, cela ne changerait rien dans le futur, je resterai comme j'ai toujours été blablabla mais mes parents m'ont arrêté tout de suite en disant:
"Non, notre relation va changer. La compréhension est maintenant totale, nous te connaissons encore mieux dès ce soir, on n'en tiendra compte dans nos discussions futures. Et la confiance qu'on a en toi est encore renforcée." (ma mère)
"Non, ce que tu nous dis va changer notre vie de famille, au sens large. Tu seras avec un garçon et pas une fille, ce n'est pas rien, ça change pas quand même quelque chose. On va tous s'adapter par rapport à ça."
Ce qui m'a le plus touché? C'est qu'ils ne m'aient posé aucune question du genre "tu as couché avec un garçon déjà? et avec une fille?". Ils sont restés très classes et très pudiques. Ils ne m'ont pas dit non plus "on accepte" ou "cela ne nous pose aucun problème", le dire était inutile tellement leur attitude parlaient pour eux. C'était trop évident pour qu'ils aient besoin de le formuler.
Ma mère a même fini par faire un gag débile:
Mon père, tout sourire, me raconte qu'à ma naissance, le faire-part envoyé avait été considéré par bcp comme un faire-part de fille et que certaines personnes avaient été surprises de lire "olivier" en ouvrant la carte. C'est à ce moment là que ma mère sort, morte de rire: "Mon Dieu, en fait c'est à cause de nous si tu es homo".
On en riait les trois.
Voilà, je m'étale, mais ça me fait plaisir de vous raconter ça. Vous m'avez entendu me plaindre plus d'une fois, cette fois, c'est que du positif.
Ce forum a joué un grand rôle dans tous ces coming-out (plus qu'un!) et je vous en remercie déjà mille fois.
