Mon (triste) coming out ! Merci de vos remarques, conseils..
Publié : ven. avr. 30, 2010 10:59 pm
Bonjour à tous, moi c'est Thomas, 27 ans. Je m'excuse d'avance si mon message risque d'être long mais comment résumer en 3 phrases un tel bouleversement.
Je me suis découvert vers 16 ans et j'ai débuté ma "vie" d'homo sur le tard..vers 20 ans, après quelques tentatives féminines infructueuses.
Puis les années ont passé...des études longues mais réussies, des aventures à droit à gauche pour "tester" (en fait avec le recul c'était plus un signe de mal être qu'autre chose) puis des relations plus serieuses (dont une qui dure depuis deux ans actuellement) et une double vie...Hetero pour les amis et famille, homo pour les autres. Toujours mentir, s'user, calculer.
Puis arrivé à 26 ans...grosse pèriode de fatigue, repli sur moi même, rupture dans des etudes qui se passaient très bien, plus envie de rien..Bref consultation psy --> "Monsieur vous vous rendez compte que vous êtes profondément déprimés et que cette double vie non assumée que vous menez depuis des années en est la principale cause?" Gros choc, psychothérapie, cachets.
Et retour chez les parents, moi qui pensait que ça me "recadrerait". Plusieurs fois ma mère m'avait tendu des perches "Tu es homo? Si c'est le cas dis le moi ça me soulagera". Je ne les avais jamais saisies. Et ce jour de l'été 2009, fragilisé, je l'ai saisie. Il faut noter qu'un mois avant je l'avais dit à ma grand mère (une confidente)..on me le reprochera d'ailleurs d'avoir osé raconter ma vie à ma grand mère mais c'est sorti comme ça. Puis mes amis : très bien passé, rien à dire, beaucoup de compréhension et de soutien.
Donc ce jour de l'été 2009 déjà déprimé et au 2nd redoublement de ma 6ème année de fac, j'ai fait mon coming. Je suis fils unique, je pensais bien que ça jouerait en ma défaveur mais j'ai des parents plutôt ouverts d'esprits et intelligents donc j'avais bon espoir que ça se passe pas trop trop mal. Résultat des premiers mois :
- Ma mère qui m'avait jurée de ne jamais le dire à mon père lui disait le soir même.
- Elle s'est réfugiée chez les voisins, et le soir nous l'avons retrouveé au fond du jardin en pleine nuit presque inconsciente.
- Mon père s'est effondré au début "Notre vie est foutue", "Ta vie est foutue", "C'est qui ce connard de pd" (en parlant de mon copain), "Tu es anormal, pourquoi on t'as fait comme ça? Quelle est notre faute?"
- Je ramassais ma mère par terre plusieurs fois par jour,j'essayais de gerer ses crises d'angoisse, quand je ne l'empechais pas de vouloir détruire mon PC où, selon elle, je rencontrais des "pervers".
Bien evidemment toute tentative de parole ou d'explication de ma part etaient vaines et se heurtaient à un mur.
Les jours qui ont suivi, je suis parti me réfugier chez des amis, puis je suis revenu à la maison. Les mois qui ont suivi ont été marqués par une profonde dépression de ma mère, que je ramassais par terre souvent, et que j'ai empeché de faire une "bétise" plusieurs fois. Mon père quand a lui etait digne et faisait façe, même si son degré d'acceptation de mon homosexualité était nul. Moi qui voulait m'evader un peu je devais rester, j'etais obligé de rester afin d'aider mon père à gérer tout ça. Ce fut une pèriode de souffrance énorme, pour eux et pour moi. S'entendre dire que sa vie est foutue et celle des autres aussi à longueur de temps..voir sa mère sombrer, voir leurs illusions s'effondrer.
Aujourd'hui, un an après mon coming, ma mère va un peu mieux, même si sa santé reste fragile. Elle me dit l'avoir un peu accepté mais par texto et de toute manière je sais très bien que c'est une acceptation forcée et très malheureuse. Mon père est resté de marbre tout le temps à part au début. On en parle pas, tout simplement.
Je suis reparti de chez mes parents, je suis toujours suivi par un psy, toujours sous cachets et toute cette periode a, je crois, encore plus accentué mon mal être. Peut être que celà me liberera dans quelques mois...années...mais pour le moment le poids est presque aussi grand qu'avant, sinon pire. (à part avec mes amis).
Pour ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu'au bout je voudrai faire part de quelques sentiments et quelques conseils avec le recul :
- J'ai entendu des mots tres durs, j'aurais peut être du réagir plus violemment à l'époque car la déception ne doit pas entrainer des mots qui blessent autant.
- J'en veux beaucoup à mes parents, je me suis senti trahi. Trahi parce que j'avais la promesse de ma mère que ça la soulagerait...vous avez pu lire le résultat. Trahi parce qu'on a mis au courant des gens que je ne souhaitais pas qu'ils le soient. Trahi parce que personne (à part mes amis) ne sont venus me dire "Thomas c'est bien, t'as été courageux".
- Pour tous ceux qui croient que leurs parents sont aptes à entendre ça méfiez vous de deux choses : être fils unique ça a été un gros handicap dans cette situation et SURTOUT la relation FUSIONNELLE que j'avais avec mes parents m'est revenue dans la tête comme un boomerang. Je suis tombé avec une violence inouï du piédestal sur lequel ils m'avaient mis, donc le monde s'est écroule pour eux, puisque j'etais leur monde en gros.
Aujourd'hui, un an après, on se parle normalement, un peu comme avant (avec une retenue en plus quand même). J'ai entendu plusieurs fois de la part de ma mère "Je t'aime toujours tu sais quoi que tu sois", c'est bien, c'est une avancée j'en suis content mais ça n'effacera jamais les mois que j'ai vécus et ce que j'ai du supporter.
Actuellement je suis triste, triste d'avoir fait du mal et du mal qu'on m'a fait. Triste d'avoir déçu mais triste aussi de ne pas avoir eu d'écoute de leur part. Un an plus tard...le bilan est un bilan de souffrance qui dure...Si c'etait à refaire ? Je ne le referai certainement pas. Peut être que dans quelques années je répondrai différemment à cette question mais quand on vit certains bouleversements dans sa vie avec une telle intensité dramatique...on se dit quand même "pour vivre heureux, vivons cachés" (dans mon cas personnel).
PS : Je sais qu'il existe encore en 2010 des gamins qui se font virer de chez eux. C'est horrible et ce n'est pas mon cas donc j'essaie de relativiser mais bon j'ai quand même l'impression d'avoir "morflé" quand je parle à des amis autour de moi pour qui très majoritairement ça s'est déroulé dans le calme (non sans quelques souffrances evidemment).
Voilà bravo à ceux qui ont réussi à lire mon pavé jusqu'au bout. Toute réflexion, conseil ou autre seront bien sur les bienvenues.
Portez vous bien...et soyez heureux !
Je me suis découvert vers 16 ans et j'ai débuté ma "vie" d'homo sur le tard..vers 20 ans, après quelques tentatives féminines infructueuses.
Puis les années ont passé...des études longues mais réussies, des aventures à droit à gauche pour "tester" (en fait avec le recul c'était plus un signe de mal être qu'autre chose) puis des relations plus serieuses (dont une qui dure depuis deux ans actuellement) et une double vie...Hetero pour les amis et famille, homo pour les autres. Toujours mentir, s'user, calculer.
Puis arrivé à 26 ans...grosse pèriode de fatigue, repli sur moi même, rupture dans des etudes qui se passaient très bien, plus envie de rien..Bref consultation psy --> "Monsieur vous vous rendez compte que vous êtes profondément déprimés et que cette double vie non assumée que vous menez depuis des années en est la principale cause?" Gros choc, psychothérapie, cachets.
Et retour chez les parents, moi qui pensait que ça me "recadrerait". Plusieurs fois ma mère m'avait tendu des perches "Tu es homo? Si c'est le cas dis le moi ça me soulagera". Je ne les avais jamais saisies. Et ce jour de l'été 2009, fragilisé, je l'ai saisie. Il faut noter qu'un mois avant je l'avais dit à ma grand mère (une confidente)..on me le reprochera d'ailleurs d'avoir osé raconter ma vie à ma grand mère mais c'est sorti comme ça. Puis mes amis : très bien passé, rien à dire, beaucoup de compréhension et de soutien.
Donc ce jour de l'été 2009 déjà déprimé et au 2nd redoublement de ma 6ème année de fac, j'ai fait mon coming. Je suis fils unique, je pensais bien que ça jouerait en ma défaveur mais j'ai des parents plutôt ouverts d'esprits et intelligents donc j'avais bon espoir que ça se passe pas trop trop mal. Résultat des premiers mois :
- Ma mère qui m'avait jurée de ne jamais le dire à mon père lui disait le soir même.
- Elle s'est réfugiée chez les voisins, et le soir nous l'avons retrouveé au fond du jardin en pleine nuit presque inconsciente.
- Mon père s'est effondré au début "Notre vie est foutue", "Ta vie est foutue", "C'est qui ce connard de pd" (en parlant de mon copain), "Tu es anormal, pourquoi on t'as fait comme ça? Quelle est notre faute?"
- Je ramassais ma mère par terre plusieurs fois par jour,j'essayais de gerer ses crises d'angoisse, quand je ne l'empechais pas de vouloir détruire mon PC où, selon elle, je rencontrais des "pervers".
Bien evidemment toute tentative de parole ou d'explication de ma part etaient vaines et se heurtaient à un mur.
Les jours qui ont suivi, je suis parti me réfugier chez des amis, puis je suis revenu à la maison. Les mois qui ont suivi ont été marqués par une profonde dépression de ma mère, que je ramassais par terre souvent, et que j'ai empeché de faire une "bétise" plusieurs fois. Mon père quand a lui etait digne et faisait façe, même si son degré d'acceptation de mon homosexualité était nul. Moi qui voulait m'evader un peu je devais rester, j'etais obligé de rester afin d'aider mon père à gérer tout ça. Ce fut une pèriode de souffrance énorme, pour eux et pour moi. S'entendre dire que sa vie est foutue et celle des autres aussi à longueur de temps..voir sa mère sombrer, voir leurs illusions s'effondrer.
Aujourd'hui, un an après mon coming, ma mère va un peu mieux, même si sa santé reste fragile. Elle me dit l'avoir un peu accepté mais par texto et de toute manière je sais très bien que c'est une acceptation forcée et très malheureuse. Mon père est resté de marbre tout le temps à part au début. On en parle pas, tout simplement.
Je suis reparti de chez mes parents, je suis toujours suivi par un psy, toujours sous cachets et toute cette periode a, je crois, encore plus accentué mon mal être. Peut être que celà me liberera dans quelques mois...années...mais pour le moment le poids est presque aussi grand qu'avant, sinon pire. (à part avec mes amis).
Pour ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu'au bout je voudrai faire part de quelques sentiments et quelques conseils avec le recul :
- J'ai entendu des mots tres durs, j'aurais peut être du réagir plus violemment à l'époque car la déception ne doit pas entrainer des mots qui blessent autant.
- J'en veux beaucoup à mes parents, je me suis senti trahi. Trahi parce que j'avais la promesse de ma mère que ça la soulagerait...vous avez pu lire le résultat. Trahi parce qu'on a mis au courant des gens que je ne souhaitais pas qu'ils le soient. Trahi parce que personne (à part mes amis) ne sont venus me dire "Thomas c'est bien, t'as été courageux".
- Pour tous ceux qui croient que leurs parents sont aptes à entendre ça méfiez vous de deux choses : être fils unique ça a été un gros handicap dans cette situation et SURTOUT la relation FUSIONNELLE que j'avais avec mes parents m'est revenue dans la tête comme un boomerang. Je suis tombé avec une violence inouï du piédestal sur lequel ils m'avaient mis, donc le monde s'est écroule pour eux, puisque j'etais leur monde en gros.
Aujourd'hui, un an après, on se parle normalement, un peu comme avant (avec une retenue en plus quand même). J'ai entendu plusieurs fois de la part de ma mère "Je t'aime toujours tu sais quoi que tu sois", c'est bien, c'est une avancée j'en suis content mais ça n'effacera jamais les mois que j'ai vécus et ce que j'ai du supporter.
Actuellement je suis triste, triste d'avoir fait du mal et du mal qu'on m'a fait. Triste d'avoir déçu mais triste aussi de ne pas avoir eu d'écoute de leur part. Un an plus tard...le bilan est un bilan de souffrance qui dure...Si c'etait à refaire ? Je ne le referai certainement pas. Peut être que dans quelques années je répondrai différemment à cette question mais quand on vit certains bouleversements dans sa vie avec une telle intensité dramatique...on se dit quand même "pour vivre heureux, vivons cachés" (dans mon cas personnel).
PS : Je sais qu'il existe encore en 2010 des gamins qui se font virer de chez eux. C'est horrible et ce n'est pas mon cas donc j'essaie de relativiser mais bon j'ai quand même l'impression d'avoir "morflé" quand je parle à des amis autour de moi pour qui très majoritairement ça s'est déroulé dans le calme (non sans quelques souffrances evidemment).
Voilà bravo à ceux qui ont réussi à lire mon pavé jusqu'au bout. Toute réflexion, conseil ou autre seront bien sur les bienvenues.
Portez vous bien...et soyez heureux !