Internat et homosexualité.
Publié : sam. oct. 09, 2010 10:49 pm
On dit souvent que ça doit être un rêve pour un homosexuel de vivre en internat, admirer les garçons, s'en taper quelques-uns dans les toilettes ou les douches... Et bien, je vais mettre fin à vos fantasmes. Les "on dit", ce ne sont que des spéculations de la part de gens qui n'ont pas vécu l'expérience dont ils parlent.
Être homosexuel en internat c'est avant tout avoir une double vie. C'est empiler les mensonges en risquant que la pile ne s'écroule violemment sur le sol. Imaginez qu'une centaine d'hétéros, tous en proie sur les plus belles gonzesses de l'école venaient à savoir qu'un homosexuel dormait parmi eux... Imaginez l'enfer qu'un homosexuel pourrait subir... à longueur de temps...
Je suis homosexuel et je mène une double vie, risquant que la pile ne s'écroule violemment sur le sol à chaque fois que j'empile un mensonge. Un soir, alors que je dormais, un élève se douchait dans les douches qui se situaient à vingt mettre de ma chambre. Inutile d'imaginer quelconque fantasme... Ce soir là, l'élève en question endurait le martyr. Il n'était pas homosexuel, juste différent des autres et cette différence à provoqué la colère d'autres élèves qui se sont acharnés dessus. Ils l'ont tabassé à coups de poings, brûlé à la cigarette et uriné dessus avant qu'il ne s'évanouisse. Il était allongé là, inconscient, dans la pisse d'un autre, les bras marqués par les brûlures de cigarette et les bleus qui couvraient son corps entièrement nu. Personne n'a ni vu, ni entendu les faits... On l'a su dans la presse quelques jours plus tard. Cet élève est toujours en vie, heureusement, et les accusés sont poursuivis en justice pour violence et délit de bizutage. Tout ça pour dire que ce n'est pas bon d'être différent dans un tel milieu.
Voilà trois ans que je dors dans cet internat, j'ai toujours réussi à garder en secret mon homosexualité, parfois avec du mal, les mensonges étaient tellement peu crédibles et les failles tellement grosses... Mais j'y suis parvenu. Depuis la pré-adolescence que j'empile, j'empile et j'empile, aujourd'hui j'atteins ma majorité et je suis arrivé à un moment de ma vie où la pile est tellement haute et tellement menaçante que j'ai envie de la faire s'écrouler, avant que quelqu'un d'autre ne le fasse pour moi. Je ne supporte plus de mentir, je me sens coupable de manipuler les gens que j'aime... Je sais que s'ils venaient à l'apprendre, ils me rejetteraient. Je ne suis pas aveugle, mes amis d'internat sont fermés d'esprit et ça serait impensable pour eux de dormir en compagnie d'homosexuels. Sauf que l'impensable est là, ils n'en ont juste pas conscience. Alors j'ai pensé à tout plaquer et me construire une vie avec des gens plus ouverts d'esprits mais je ne peux pas ; je les aime bien mes amis, j'ai de bons délires avec eux... Et si je quitte tout, je trouverai quoi ? Peut-être rien, peut-être la même chose, peut-être pire... Je n'ai pas le cran pour le faire.
Avoir une double vie à l'internat c'est dormir avec la phrase "Brûlons les PD" au dessus de sa tête, gravée dans les barreaux du lit superposé. C'est rester indifférent à n'importe quel propos homophobe. C'est se construire un personnage pour montrer aux potes qu'on enchaîne les meufs - on fait sensation, on est vu comme l'ami dont on rêve d'avoir, par fierté. C'est prier pour ne pas bander dans les douches et regarder le vide face à un beau mâle nu. C'est faire comme ces hétéros qui aiment jouer avec le feu, ils parodient l'homosexualité, ils se touchent entre mecs pour déconner... C'est bien plus gênant pour un homosexuel, pour qui ces jeux n'ont pas le même sens... Une autre chose importante dans la double-vie d'un homosexuel, c'est apprendre à regarder les femmes et les critiquer devant ses potes. Traiter le gros jambon à droite, vouloir se taper la grosse salope du lycée, dire pour quelle fille on a le béguin... Et savoir gérer les rencards qu'on nous organise, en espérant se prendre un râteau. Par chance, je plais plus aux garçons qu'aux filles. Je me surprend parfois à regarder les jambes ou la poitrine d'une femme, naturellement ; ç'en est devenu instinctif.
Il me reste un an et demi d'internat. Chaque année, je m'étonne d'avoir tenu le secret plus longtemps, mais cette année, c'est la dernière. Je le sais... Je ne peux plus continuer comme ça. Ma mère est au courant de la situation, elle n'a pas conscience de la gravité de la chose. Pour elle, il est logique qu'un homosexuel doit se cacher. J'ai peur, parce que je ne trouve aucune alternative. L'internat est obligatoire si je veux poursuivre mes études car j'habite trop loin du lycée, et prendre un appartement reviendrait trop cher. J'ai peur aussi de ne pas pouvoir assumer les conséquences, subir les moqueries, les rejets, les confrontations... Je n'ai pas envie que les gens me voient comme le gars qui se fait trouer le cul, alors que je ne suis pas ça. J'aime les hommes, mais c'est sentimental avant tout. Sincèrement, je pense que c'est prématuré pour moi de sortir du placard... Mais c'est inévitable. La seule solution serait d'attendre... Attendre d'avoir le permis... Attendre de trouver une solution... Mais le temps presse. Intérieurement j'implose, extérieurement ça va pas tarder... Et le pire, c'est que je sais que je fonce droit dans le mur.
Être homosexuel en internat c'est avant tout avoir une double vie. C'est empiler les mensonges en risquant que la pile ne s'écroule violemment sur le sol. Imaginez qu'une centaine d'hétéros, tous en proie sur les plus belles gonzesses de l'école venaient à savoir qu'un homosexuel dormait parmi eux... Imaginez l'enfer qu'un homosexuel pourrait subir... à longueur de temps...
Je suis homosexuel et je mène une double vie, risquant que la pile ne s'écroule violemment sur le sol à chaque fois que j'empile un mensonge. Un soir, alors que je dormais, un élève se douchait dans les douches qui se situaient à vingt mettre de ma chambre. Inutile d'imaginer quelconque fantasme... Ce soir là, l'élève en question endurait le martyr. Il n'était pas homosexuel, juste différent des autres et cette différence à provoqué la colère d'autres élèves qui se sont acharnés dessus. Ils l'ont tabassé à coups de poings, brûlé à la cigarette et uriné dessus avant qu'il ne s'évanouisse. Il était allongé là, inconscient, dans la pisse d'un autre, les bras marqués par les brûlures de cigarette et les bleus qui couvraient son corps entièrement nu. Personne n'a ni vu, ni entendu les faits... On l'a su dans la presse quelques jours plus tard. Cet élève est toujours en vie, heureusement, et les accusés sont poursuivis en justice pour violence et délit de bizutage. Tout ça pour dire que ce n'est pas bon d'être différent dans un tel milieu.
Voilà trois ans que je dors dans cet internat, j'ai toujours réussi à garder en secret mon homosexualité, parfois avec du mal, les mensonges étaient tellement peu crédibles et les failles tellement grosses... Mais j'y suis parvenu. Depuis la pré-adolescence que j'empile, j'empile et j'empile, aujourd'hui j'atteins ma majorité et je suis arrivé à un moment de ma vie où la pile est tellement haute et tellement menaçante que j'ai envie de la faire s'écrouler, avant que quelqu'un d'autre ne le fasse pour moi. Je ne supporte plus de mentir, je me sens coupable de manipuler les gens que j'aime... Je sais que s'ils venaient à l'apprendre, ils me rejetteraient. Je ne suis pas aveugle, mes amis d'internat sont fermés d'esprit et ça serait impensable pour eux de dormir en compagnie d'homosexuels. Sauf que l'impensable est là, ils n'en ont juste pas conscience. Alors j'ai pensé à tout plaquer et me construire une vie avec des gens plus ouverts d'esprits mais je ne peux pas ; je les aime bien mes amis, j'ai de bons délires avec eux... Et si je quitte tout, je trouverai quoi ? Peut-être rien, peut-être la même chose, peut-être pire... Je n'ai pas le cran pour le faire.
Avoir une double vie à l'internat c'est dormir avec la phrase "Brûlons les PD" au dessus de sa tête, gravée dans les barreaux du lit superposé. C'est rester indifférent à n'importe quel propos homophobe. C'est se construire un personnage pour montrer aux potes qu'on enchaîne les meufs - on fait sensation, on est vu comme l'ami dont on rêve d'avoir, par fierté. C'est prier pour ne pas bander dans les douches et regarder le vide face à un beau mâle nu. C'est faire comme ces hétéros qui aiment jouer avec le feu, ils parodient l'homosexualité, ils se touchent entre mecs pour déconner... C'est bien plus gênant pour un homosexuel, pour qui ces jeux n'ont pas le même sens... Une autre chose importante dans la double-vie d'un homosexuel, c'est apprendre à regarder les femmes et les critiquer devant ses potes. Traiter le gros jambon à droite, vouloir se taper la grosse salope du lycée, dire pour quelle fille on a le béguin... Et savoir gérer les rencards qu'on nous organise, en espérant se prendre un râteau. Par chance, je plais plus aux garçons qu'aux filles. Je me surprend parfois à regarder les jambes ou la poitrine d'une femme, naturellement ; ç'en est devenu instinctif.
Il me reste un an et demi d'internat. Chaque année, je m'étonne d'avoir tenu le secret plus longtemps, mais cette année, c'est la dernière. Je le sais... Je ne peux plus continuer comme ça. Ma mère est au courant de la situation, elle n'a pas conscience de la gravité de la chose. Pour elle, il est logique qu'un homosexuel doit se cacher. J'ai peur, parce que je ne trouve aucune alternative. L'internat est obligatoire si je veux poursuivre mes études car j'habite trop loin du lycée, et prendre un appartement reviendrait trop cher. J'ai peur aussi de ne pas pouvoir assumer les conséquences, subir les moqueries, les rejets, les confrontations... Je n'ai pas envie que les gens me voient comme le gars qui se fait trouer le cul, alors que je ne suis pas ça. J'aime les hommes, mais c'est sentimental avant tout. Sincèrement, je pense que c'est prématuré pour moi de sortir du placard... Mais c'est inévitable. La seule solution serait d'attendre... Attendre d'avoir le permis... Attendre de trouver une solution... Mais le temps presse. Intérieurement j'implose, extérieurement ça va pas tarder... Et le pire, c'est que je sais que je fonce droit dans le mur.