Bonjour Desnap
Je me suis demandé si j'allais donner mon point de vue, tant ce sujet me touche. En ce moment je suis en pleine déprime, non parce que j'ai (enfin) accepté de me reconnaître comme gay, mais parce que je n'arrive pas vraiment à le formaliser. Disons quand même que sans doute l'acceptation et le fait de pouvoir en parler sont assez étroitement liés. Comme toi je me suis pas mal posé de questions sur ma propre sexualité. Quand à 19/20 ans on se sent attiré par les mecs, c'est clairement qu'on n'est pas 100% hétéro, même si on peut également être attiré par les filles.
Il n'y a sans doute pas besoin de passer à l'acte pour savoir au fond de soi (je provoque volontairement) qu'il y a quelque chose qui "cloche" quand on ressent plus de désir pour un beau mec que pour une belle fille. Pour autant à l'époque cela ne me paraissait pas "anormal", cela ne me posait pas franchement de problème même si je n'en parlais pas. Je ne me sentais pas déprimé parce que je préférais les mecs, même si en effet la "norme" faisait que "comme tout le monde" je sortais avec des filles, sans d'ailleurs en ressentir un plaisir intense. Mais quand mon entourage familial a commencé à présumer que j'étais gay, la brutalité qui s'en est suivie a été telle que j'ai été véritablement traumatisé, et comme un réflexe de survie, j'ai ainsi qu'une huître (d'où sans doute ma passion, surtout dans l'assiette, pour cet animal somme toute assez quelconque) refermé un couvercle hermétique sur tout ce qui pouvait toucher à ce sujet. Ce traumatisme a profondément bouleversé mon état d'esprit, je me suis senti anormal, complètement rejeté et l'homosexualité est devenue pour moi un sujet tabou, me forçant à être hétéro. Chance pour moi ça n'a pas été difficile, et dans mes conquêtes (peu nombreuses quand même), une femme plus âgée que moi a énormément compté, me rendant pleinement capable d'aimer et ressentir du plaisir pour une femme.
Cependant je restais attiré par les mecs, et j'ai eu plusieurs amis gays qui m'avaient fait découvrir les bars gays, l'ambiance du milieu, et j'ai eu réellement de très bons amis gays, dont un en particulier. Si je n'avais pas eu un tel blocage je serais probablement sorti avec lui. Mon blocage restait entretenu par les enquêtes verbales de mon entourage familial qui me posait tant de questions (et parfois des questions-pièges pour savoir si je disais la vérité) sur mes copines, toujours à l'affût pour traquer d'éventuels copains, même si la peur de l'Inquisition familiale ne me faisait pas déprimer.
Et j'ai rencontré ma femme, et ça a été (je le croyais sincèrement) la libération. Enfin je devenais comme les autres, un projet de vie prenait corps, l'envie de construire quelque chose de durable et d'avoir des enfants se structurait. Et ça a vraiment marché pendant 13 ans, mais comme me l'ont dit Lolo et Zphyr au tout début de ma présence sur ce forum, on n'oublie jamais complètement qui on est vraiment. Et même si j'avais mis un couvercle sur mes désirs et mes fantasmes, ces derniers restaient tapis dans l'ombre, attendant la moindre occasion pour se réveiller.
Et c'est ce qui s'est passé, avec une force que je n'aurais jamais imaginée. Je suis devenu complètement fou amoureux d'un mec, ça ne m'était jamais arrivé à ce point, et toutes mes interrogations sur ma sexualité ont refait surface, avec beaucoup de pleurs et de larmes, déprimes, dégoût de tout, peur du lendemain, honte, crainte du regard des autres, bref presque pire que toi.
Quelqu'un que je ne connais pas (un forumeur vraiment génial) a longuement discuté avec moi, sans s'en rendre compte il m'a beaucoup aidé. Maintenant je n'ai pas honte de moi de me dire que je suis gay. J'ai surtout peur des réactions des autres, notamment de mon entourage familial même encore maintenant, et donc je ne m'assume pas encore complètement, même si je m'accepte. Ma dépression actuelle vient surtout du fait que je ne veux pas faire souffrir ma femme, avec qui nous avons eu une assez longue discussion, mais qui n'est pas encore terminée (elle réagit un peu comme ta compagne).
Donc oui la dépression est survenue parce que j'ai eu conscience pleine et entière d'être homo, et que c'est en conflit avec ce que je vis actuellement.
Je te comprends vraiment, mais comme Zphyr j'aimerais avoir ton sentiment sur la façon dont tu ressens ta future paternité. Etait-ce juste un réflexe de reproduction comme tu dis?
Bon courage à toi
