Bien, alors pour être tout à fait honnête, cela fait un petit moment que le je lorgne sur ce topic et me dis qu'il est temps de vous faire partager aussi mon expérience. Donc c'est parti ...
Déjà, pour commencer, je me suis rendu compte assez tôt dans ma jeunesse que je ne me sentais pas attirer par les filles de manière générale et préférais la compagnie des garçons mais pas seulement en mode copain ou pote uniquement. Certains m'attiraient tout simplement. Par contre, cela était absolument tabou pour moi et j'ai donc refoulé ça au plus profond de moi pendant une grande partie de ma jeunesse en faisant comme si de rien n'était. Sauf que du coup, je n'ai eu aucune vie sexuelle avant la fin de mon adolescence et que ma première tentative avec une fille a eu lieu autour de mes 21-22 ans. Nous étions très proches et avons tenté qqch qui s'est soldé par un échec. Cela m'a confirmé que le sexe avec une fille n'était vraiment pas pour moi. Mais pareil, l'ayant compris, j'ai gardé cela pour moi et terminant mes études en habitant chez mes parents, j'en suis resté là.
Il n'y a que qqs années plus tard, vers 24 ans, que je me suis définitivement émancipé et que j'ai coupé le cordon pour finir mes études en stage hors cocon familial. Là, la décision a été dure pour moi de passer à l'acte mais j'ai fini par tenter le coup avec un mec. Je vous passe les détails car à l'époque (il y a 20 ans environ maintenant), Internet, les applis, les réseaux sociaux, ... n'existaient pas ou peu et donc les moyens de rencontrer du monde sans "fréquenter" le milieu étaient vraiment très limités. Bref, quand j'ai sauté le pas, j'ai pris la claque de ma vie. Ayant eu la chance de tomber sur qqn de vraiment bien qui m'a mis vraiment à l'aise et en confiance, ma première fois a été une révélation et s'est vraiment très bien passée. C'est malheureusement la prise de recul sur ce qui m'attendait après, les conséquences liées au fait de devoir faire la démarche de s'assumer, etc ... qui m'ont fait traverser une période noire, très noire, pleine de doutes et de questionnements (pourquoi moi ? Qu'est ce que j'ai fait ?... bref).
Passé cette période à devoir vivre une double vie cachée de tout mon entourage familial, amical et professionnel, je me suis dit que cela ne pouvait plus durer comme ça : j'avais l'impression de mentir à tout le monde et à moi-même. Et enfin est venu le moment (l'année de mes 25 ans) où je me suis dit que je ne pouvais plus garder ça pour moi et que surtout, il fallait que je puisse partager échanger, et trouver un soutien dans mon entourage proche.
Après de multiples hésitations, j'en ai parlé à ma meilleure amie de l'époque et quelle ne fut pas sa réaction ? Je me suis fait engueulé de ne pas lui avoir dit plus tôt !
Et qu'elle ne comprenait pas comment j'avais fait pour intérioriser cela autant de temps. Et là, je ne vous cache pas que je me suis senti tout d'un coup d'une légèreté .... je n'en revenais pas à quel point cela avait été facile, et sa réaction tellement touchante que direct, je me suis senti pousser des ailes. Après avoir élaboré qqs stratégies avec elle, j'ai commencé à en parler à ma soeur qui l'a également très bien pris. Et c'est ensemble que nous l'avons annoncé à ma mère : je savais que cette étape était la plus délicate et je ne me sentais pas capable du tout de le faire tout seul. Ma mère a été très digne et d'une grande compréhension même si je sais que cela a été très difficile à encaisser pour elle. Elle aussi a dû passer par les questionnements habituels sur l'origine de cette orientation sexuelle (dont notamment l'éducation, ... ) mais ne me l'a jamais fait ressentir. Il restait malgré tout encore une étape à franchir (car pour moi, le reste de mon entourage n'était plus qu'une simple formalité) : mon père. Et là, n'ayant jamais été proche de lui et n'ayant avec lui que des rapports "superficiels", je ne voulais pas que notre "première grande discussion" soit pour lui annoncer ça. Alors, avec le recul, je considère avoir été d'une grande lâcheté et j'ai laissé ma mère lui annoncer. De ce que j'en sais, la pillule a été dure à avaler mais avec le temps, elle est passée. Je n'ai jamais eu de remarque déplacée, ni de signes d'hostilité et je n'en ai jamais reparlé à mon père.
Ils ont accepté de rencontrer sans aucune difficulté mes compagnons avec lesquelles ma relation était suffisamment avancée pour que je juge que cela pouvait se faire. Cela s'est toujours très bien passé et ensuite, le reste a coulé de source : une grand-mère, le reste de ma famille proche, mes amis, ... il n'y a qu'au boulot (travaillant dans le monde industriel automobile encore très "macho" si je puis dire) que j'ai vraiment sélectionné les personnes de confiance avec qui je tissais aussi des liens extra-professionnels et au final tout s'est toujours vraiment bien passé. N'ayant vraiment pas le fond méchant, j'avais passé beaucoup de temps à préparer les stratégies de contre-attaque au cas où qqn aurait décidé de m'en faire baver à cause de cela, et au final, je n'ai jamais eu à en user.
Le dernier CO important (pour moi) en date s'est fait il y a juste 3 ou 4 ans, avec mon chef : un homme de 55 ans, que je respecte et avec qui je partais fréquemment en déplacement et cela devenait un vrai casse-tête d'éluder les questions sur la vie de famille, les week-ends, etc ... vu le nombre d'années que nous nous connaissions. Et vu comment il me parlait de sa famille, sa femme, ses enfants, l'importance que cela avait pour lui, je m'étais plus ou moins fait des films sur le fait que vu sa conception de la famille, ce que j'avais à lui annoncer allait forcément coincer. Et je n'avais vraiment pas la moindre idée de ce qu'il allait pouvoir se passer dans nos relations professionnelles si je lui en parlais. Encore une fois, j'ai préparé le terrain en informant une personne de confiance aux RH de ma boîte que j'allais annoncé mon homosexualité (pour me libérer d'un poids) à mon chef, et que si cela devait mal se passer, que j'aurai peut-être besoin d'un "médiateur" pour m'aider à gérer la situation.
Finalement, à force de tourner en rond, j'ai fini par provoquer un "entretien" au boulot, pour finalement vider mon sac. Vu la tournure solennelle que cela avait pris, lorsque j'ai finalement dit ce que j'avais à dire, il s'est senti soulagé : il pensait que j'allais lui filer ma démission. Et aussi sec, je l'ai senti presque "ému" et embêté aussi pour moi d'avoir eu à porter ce fardeau avec lui aussi longtemps. Bref, je m'étais encore tourné qqs films pour rien. Et depuis nos relations se sont encore améliorées.
En fait, pendant ce dernier coming-out, ma vie était un vrai bordel : j'ai perdu ma dernière grand-mère, et puis très peu de temps après, ma mère aussi s'est éteinte. Ma relation de 12 ans avec mon copain de l'époque se terminait également .... J'étais au fond du trou, en dépression et tous les petits signes de réconfort étaient les bienvenus. Mon chef a su trouver les mots et le fait de pouvoir lui parler de ce qui me chamboulait dans ma vie perso, a été d'un grand secours et c'est même lui qui m'a demandé de faire une pause "médicale" pour me reconstruire.
Donc certes, je pense ne me remettre que difficilement du décès de ma maman (pourtant partie il y a plus de 4 ans maintenant) qui a toujours été là pour moi en toutes circonstances et sans qui, je n'en serai certainement pas où j'en suis aujourd'hui. Mais tous les liens que j'ai pu créer ou renforcer en pouvant être moi-même (sans me cacher), en pouvant me confier, m'ont vraiment permis de grandir et de me ressourcer.
Donc à tous ceux qui hésitent ou qui se posent des questions, j'ai envie de dire : oui, se lancer est difficile parfois, il ne faut pas se mentir. Oui faire son CO auprès des gens qui vous sont les plus chers, revêt toujours un caractère symbolique très particulier et est souvent assez délicat. Mais au final, cela vaut vraiment la peine tellement les bénéfices à en retirer sont importants. OK, je n'ai pas eu à faire face à des gens hostiles, indélicats, carrément homophobes, ... mais c'est tellement mieux de pouvoir se sentir enfin soi-même que je pense que cela vaut bien tous les sacrifices.
Donc un bilan TRES positif pour moi.
254 contre 18
PS : désolé pour le pavé, je ne pensais m'étendre aussi longuement mais tout a été si fluide ...
et je ne voulais pas écrire les choses à moitié du coup.