skit a écrit :Voilà quelques temps ( années ) que j'en parle à mes plus proches amis , mais ils ont du mal à en comprendre les tenants et les aboutissants alors je me décide au langage public : je suis une femme, mais clairement : je suis un homme.
Je m'explique : née femme, je m'assume en tant que tel sans problème. Je me maquille parfois, j'aime parfois l'image que me renvoie mon miroir. Mais. Parce que sinon je ne serai pas là . J'ai tout le comportement d'un homme, la posture, la démarche, la coiffure, les vêtements des hommes. Et surtout, je ne supporte pas ma poitrine.
En fait, je me sens au milieu des deux sans vraiment ressentir le besoin de choisir. Ce qui me dérange le plus, c'est cette poitrine qui n'a pour moi rien à voir avec moi. Alors quoi ? Je ne sais pas ce que je veux : moins de poitrine, plus du tout de poitrine, un torse masculin ? Moins féminin ?
Ca ne concerne que le haut du corps. Psychologiquement, tout ça je le vis très bien. Y'a que cette poitrine
Alors, des conseils? quoi faire? comment.? des idées ?

Bonjour,
Je ressens la même chose mais à l'envers...
Je voudrais essayer d'en parler avec humour. Me concernant, c'est la meilleure approche que je connaisse.
Né homme, j'ai toujours essayé de m'assimiler et de m'affirmer comme tel, sans y parvenir vraiment. Je ne suis ni macho ni protecteur ni doué pour la compétition ni enclin à la ramener tout le temps, ainsi que l'homme est conditionné à exister dans notre culture. Je suis quelqu'un de passif, ce qui ne veut pas dire inactif, j'aime appréhender les choses et les gens avec un certain recul et sous l'angle de l'affectif, de l'empathie, de la compréhension... Ce qui ne suffit pas à faire de moi une femme, j'en suis conscient. Comme pour notre amie Skit, c'est face au miroir que le paradoxe se révèle de façon vraiment tranchée, je dirais, c'est là où la vitrine traduit ce qu'il y a en magasin. Le visage est celui d'un homme. Le reste c'est une femme, avec des seins, une taille, des hanches, de longues jambes que je gaine... C'est le travail de la nature que vient démentir ce quelque chose en plus que j'ai du mal à supporter, la seule dans ce corps qui soit en rapport avec le visage, chose que je n'aime pas même si cette chose que j'enveloppe de satin, de nylon ou de voile, m'a donné et me donne à jouir. J'aurais rêvé autre chose.
J'ai longtemps réfléchi sur le port des dessous, celui de la jupe, que je passe sitôt que je suis seul. S'agit-il de fétichisme ou d'un moyen d'exprimer cette féminité ? J'ai beaucoup lu sur le fétichisme, discuté avec des fétichistes sur des forums psy et dédiés et j'ai compris que ma démarche n'avait rien à voir avec ce mode de vie. Je peux porter aussi bien des collants fins que des gros collants de laine sous un gros pull sans pour autant en ressentir d'excitation, enfiler indifféremment un tanga de coton comme une petite culotte de voile sous mon jean et sortir comme ça sans appréhension ni sensation particulières. Je peux être nu aussi, toujours je me sens femme, et dans mes pratiques sexuelles solitaires, je n'assimile pas la pénétration à une sodomie mais à une pénétration "comme si"' (je ne sais pas si je me fais bien comprendre).
Comme Skit, "je me sens au milieu des deux" mais il ne se pose pas pour moi de question de choix, plutôt de comment vivre bien, harmonieusement cette "dualité complémentaire", sans que cela verse dans le ridicule (car je ne suis plus tout jeune) et que cette différence ne m'accule à la solitude. J'ai envie de vivre en tant que femme avec ou malgré ce "truc en plus". Je n'envisage pas de transformation, je voudrais être pleinement ce que je suis.