Pour tout vous raconter, j'ai vécu une enfance sympatique, mes parents ne m'ont élevé ni comme un garçon, ni comme une fille, je portais les vêtements trop petits de mes cousins, et ceux des filles des amis de ma mère. J'ai grandi entourée de garçons puis les filles sont arrivées. J'aimais courir, jouer dans boue, imiter les animaux, me bagarrer, et collectionner les petshops, jouer avec des poupons et à la dînette. Je n'étais ni tout à fait fille, ni tout à fait garçon.
J'en ai essuyé des brimades, des reflexions, surtout au collège, et en début de lycée (je suis maintenant en terminale) :
"oh, tu as mis un ruban dans tes cheveux *tire dessus* tu as enfin pigé que t'étais une fille ?"
"Mais ... du coup t'es une fille ou un garçon. Parce que t'es vraiment moche."
"T'as pensé à t'épiler ? T'es pas un mec" (de là est né mon plus gros complexe)
"Lucie c'est le monstre de la classe ! on sait pas ce que c'est et elle non plus !"
Et j'en passe
Bref, j'ai grandi dans l’ambiguïté, j'ai passé des heures sur ma balançoire les écouteurs sur les oreilles à imaginer vivre de folle aventure (mon personnage était un garçon nommé Scione). Et je continue toujours aujourd'hui.
Je ne peux m'imaginer mentalement autrement qu'en garçon au comportement sois disant efféminé parce que sensible. Je n'arrive à m'identifier à aucun personnage féminin lorsque je lis, que je regarde un film, qu'on me raconte une histoire.
Même en convention, je suis très mal à l'aise quand je me cosplay en fille. Je préfère en profiter pour passer la journée travesti et passé la plus belle journée de ma vie.
Et malgré tout ça je chéri mon corps féminin plus que tout. Je ne me maquille pas (déjà parce que j'ai des allergies, et ensuite parce que je préfère le naturel), mais je fais des masques, des gommages, des masques pour cheveux, je m’épile 36 fois par semaine (oui c'est inutile de le faire autant). Bref je me bichonne.
Je me sens fille, garçon, les deux, et aucun à la fois. C'est un tourbillon.
Il y a des moments où je m'en fiche complètement, et d'autres, comme en ce moment, ou ça me mine.
En soit que je me sente fille ou garçon, mon comportement, mes vêtements, ma coiffure, mes expressions, ne changent pas. De l’extérieur c'est le calme plat. Si bien que mon copain à mis du temps à s'en rendre compte. Car de plu sen plus non sans efforts j'aime mon physique j'aime ce que je suis, alors je ne cherche pas à changer.
Mais c'est dans ma tête que c'est l'ouragan. Les idées filent et défilent, les questionnements se déversent sur moi dans un torrent indomptable. Et moi pauvre marin perdu sur un radeau au milieu des vagues, l'espace d'une nuit sans sommeil, je me noie.
Pour moi, le physique n'est rien, l'âge n'est rien, la beauté n'est rien. La seule chose qui me touche maintenant ce sont les idées, les représentations, les pensées et les sentiments. Et ils m'engloutissent par moment.
Ma famille n'a rien contre tout ça, c'est avec ma grand mère que j'ai réalisé mon premier cosplay de garçon, et je leur ai parlé plusieurs fois de ma vision des genres, comme quoi pour moi homme/femme, c'était pareil, et ils ont toujours accepté. On a même débattu, c'était génial.
Mais ce n'est pas pour autant que je me vois parler avec eux de ce genre de crises existentielles.
Mais je suis dans un établissement catho, où on dit aux élèves peut scientifiques (donc crédules sur ces faits) que l'homosexualité est du à une malformation génétique, avec vidéo à l'appuie. Ou on dit qu'être homosexuel ou trans ou autre est une pathologie mentale due à une enfance traumatisante. Heureusement des élèves lèvent leurs bouclier contre ça ... Mais ce n'est pas là bas que j'ai envie d'aller parler de ça.
Donc je viens ici, pour discuter, échanger.
Avez vous connu ça ? Etes vous aussi en train de vivre ça ?
Et comment faire pour ce sortir de ce merdier émotionnel ?
Bisouuu
