@abdefo :

Je veux faire une transition "calme" aussi pour ne pas me précipiter et prendre le risque d'aller *trop* vite, ce n'est pas sans conséquences non plus, déjà je me freine un peu maintenant, sinon j'irais pas mal plus vite
@Miss Hada : ce n'est peut-être pas un hasard alors

En tout cas ça me fait plaisir !
floridjan a écrit :Hum... perso, ça me fait bizarre parce que je t'ai vu à la gay pride et que dans ton look ou ton attitude, je n'ai rien vu d'équivoque, tu faisais clairement mec.
Il me tarde de te revoir l"année prochaine^^
Ah, je ne sais pas du tout où j'en serai l'année prochaine

(et vu que je vais vivre avec mon frère ça dépendra de si j'ai réussi à lui faire mon CO

)
Pour la gay pride, peut-être que si tu m'avais connue avant tu aurais pu voir des petites différences, mais c'est vrai que je ne suis pas du tout avancée dans ma transition encore, aussi bien pour des raisons techniques (vivre avec ma copine qui n'était pas au courant) que parce que je n'ai acquis de certitude que récemment. Donc il commençait à y avoir des changements, mais rien de visible encore pour vous

(premières épilations, premiers exercices de voix, pas concluants d'ailleurs, essais cosmétiques, …)
Ah si d'ailleurs, j'avais du vernis transparent, mais personne ne l'a remarqué, normal
Et si je faisais clairement mec, c'est parce que c'est un travail que je fais depuis le lycée, et que je dois maintenant déconstruire ("briser le miroir", d'où le titre du thread).
J'ai fait récemment l'exercice de remonter dans mes souvenirs, parfois bien enfouis, pour retrouver les origines de mes questionnements, et je suis remontée plutôt loin. Au primaire (je vous avais prévenus !), je ne me posais aucun question de genre, je savais que j'étais un garçon, on me l'a assez répété, mais je ne me comportais pas du tout comme un. Sans vouloir faire trop de stéréotypes, mais je suis désolé je fais avec les souvenirs que j'ai, je traînais plus avec les filles, mes jeux préférés c'était la marelle et l'élastique (bon ok, j'avais aussi succombé à la mode des pogs, j'avoue) et des trucs comme ça. Après je trouverais ça sain que les cours de récré ne soient pas stéréotypées, mais c'est comme ça :-/
Et arrivée au collège j'ai continué à traîner avec les filles normal, même si j'avais aussi de bon copains garçons, on partageait pas trop les mêmes centres d'intérêt, surtout vu comment les mentalités évoluent au collège. Enfin, étant un garçon, je faisais mon quota de temps avec les garçons, même si j'aurais voulu être plus avec les filles. J'étais mal dans ma peau, même si je ne connaissais ni le mot ni le concept. J'ai su plus tard que ma mère l'a vu et envisageait de me faire voir un psy, mais le temps qu'elle se décide j'allais mieux (entrée au lycée, j'y reviens). Parallèlement, outre mes interrogations sur ma sexualité (les filles me plaisaient mais j'avais déjà eu des relations avec trois garçons), j'avais aussi des hésitations de genre, à vouloir essayer les vêtements féminins et le maquillage, à me dire que si je trouvais un génie mon premier vœu serait de pouvoir changer de sexe si je voulais (et l'apparence qui va avec), que j'imaginais déjà avoir deux appartements un où je vivrais en garçon et un en fille. Mais bon, je ne connaissais pas les concepts de transidentité, trangenre, transsexuel, et travesti très très vaguement, donc vous pensez bien que même avec des indices pareil sous mon nez je ne savais pas ce qui se passait.
En entrant au lycée, j'ai décidé de me prendre en main : tout mon collège je n'avais pas changé depuis le primaire, notamment parce que la mode masculine ne m'enchantait guère, j'ai donc laissé tomber le survêtement molleton décathlon pour la chemise et le jean noir (comme encore maintenant en fait …), changé de coupe de cheveux, changé mon caractère pour de venir un homme … Je changeai d'établissement, donc je pouvais être sous cette nouvelle identité construite de toute pièce aux yeux de mes nouveaux camarades sans qu'ils devinent l'ancienne. et l'intégralité de cette démarche, y compris la fausseté de cette nouvelle identité, était parfaitement consciente. Le travestissement était là, je cachais mes problèmes identitaires et ma vraie personnalité derrière ce tableau, ce miroir qui reflétait ce que je savais que le moule social attendait de moi et que je pouvais supporter. Le fait d'avoir eu ensuite des copines a continué à le renforcer d'ailleurs (et d'être dans une classe de 29 garçons et 4 filles a du jouer aussi). J'avais réussi, j'étais devenu un garçon hétéro lambda.
Ensuite ça n'a pas bougé jusqu'à ce que le miroir s'écaille, que je commence à assumer mon passé, ma bisexualité d'abord, puis ma part de féminité, et là je l'ai assumée de plus en plus, j'usqu'à commencer à me poser plus de questions. Quand je suis arrivée sur et-alors l'an dernier, j'avais déjà des questions auxquelles j'avais besoin de réponses, et cette porte ouverte sur l'univers LGBT m'a permis de les trouver, et me voilà où j'en suis
Voilà, c'était mon parcours, sans prévenir, c'était pas prévu, mais ta remarque floridjan m'a fait penser que je devais l'écrire maintenant
