L'écueil des jours
Publié : lun. juin 11, 2012 12:50 am
Je poste ça ici parce que je ne sais pas où le poster, mais je suppose que ça conviendra.
Bon. Je me décide enfin à faire le point. Je dois dire que je bois un coup là, pour me faciliter la tâche (et que d'ailleurs, il ne restait plus qu'une bouteille de cognac dans l'armoire, et que c'est bien dégueulasse).
J'ai peu de souvenirs de mon enfance. Juste des lignes de fuites, des idées générales, mais pas grand chose de concret. J'étais un gamin difficile. Rêveur, capricieux. Je détestais les garçons et j'avais peur des filles. J'étais secrètement amoureux de mon voisin qui avait le même âge que moi. J'aimais souvent être dehors, en tout cas jusqu'à ce que je devienne accro à l'ordi et à la télé. On a internet depuis 97, j'avais 7 ou 8 ans. Autant dire que toute ma vie s'est transvasée là dedans, petit à petit. Je parlais à des gens plus âgés et je m'inventais une vie que je n'avais pas. Que j'étais un mec heureux et que j'avais une petite amie. J'allais sur des forums, j'avais deux cent amis en ligne et zéro IRL. J'ai commencé à me couper, sans que mes parents l'apprennent.
Puis j'ai rencontré cette fille, totalement par hasard, je devais avoir genre 14 ans. Aussi paumée que moi, à l'époque. Une française, on a finit par se voir, perdre notre virginité ensemble. Passer un week-end chez elle c'était comme un répit. Le lundi, je retournais en cours et la vie était de nouveau infernale. Les moqueries, les insultes, les "blagues". Ca a marché un temps, puis un jour elle m'a annoncé qu'elle était lesbienne et qu'elle sortait avec sa meilleure amie. Une semaine après j'étais dans les bras d'un inconnu, un mec d'une quinzaine d'années avec qui j'avais discuté sur internet. Notre relation a duré le temps qu'il m'éjacule dans la bouche. Changé d'école, de vie, je suis passé d'introverti à extraverti. J'ai lâché le PC.
J'ai commencé à boire, aussi, à me droguer un peu, à baiser avec des mecs à l'arrière des bars gays. Il m'a fallu un temps pour m'en rendre compte, mais je faisais ça uniquement pour me salir. Je n'en tirais aucun plaisir. Je me suis fait payer une ou deux fois.
J'ai raté mes études, je me suis surtout saboté moi-même. Je suis tombé en dépression. Première tentative de suicide, premier séjour en HP. On me dit borderline, ce qui ne veut strictement rien dire. Antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, et compagnie.
Côté fille, je ne suis jamais sorti qu'avec des filles en manque d'affection et qui s'accrochaient à moi par désespoir. Je suis sorti avec une prostituée, un moment. Premier test VIH. Je suis resté avec une fille environs un an. On a habité ensemble. Mais elle était incroyablement possessive, je n'avais plus aucune vie. J'ai été obligé de la quitter. Mes parents avaient investi mille ou deux mille euros pour nous installer, elle a gardé tout le mobilier et l'appart. Au passage, je l'avais mise enceinte, fausse couche. Aujourd'hui, elle a un gamin, je crois. De nouveau dépression, TS et HP.
Depuis c'est le vide, je ne fais que boire, mais je me calme. Je me débarrasse de cette sale habitude qui consiste à boire suffisamment pour se faire taper dessus.
Je crois que je suis dans un sale creux de ma vie, depuis un an et demi. Comme si mon énergie vitale était partie. C'est seulement maintenant que je commence à avoir espoir, et à me poser les vraies questions aussi. Mes nombreuses séances chez le psy m'ont fait réaliser que ces cauchemars phalliques n'étaient peut-être pas qu'un cauchemar. Le voisin de ma grand-mère est en prison pour pédophilie. Le temps passe et ma mémoire repousse un peu. Mais je n'ai pas vraiment envie de savoir, juste d'avancer.
Je n'arrive plus à me donner de définition. Je déteste être un mec. Je me trouve moche. Je trouve qu'être mec ça rend con. Mais on m'a éduqué comme un mec. J'ai des réflexes de mec. Mais je n'arrive pas à être à la hauteur. Je n'y suis jamais arrivé. Et ma partie mec se refuse à laisser ma part féminine s'épanouir. D'ailleurs, je n'ai jamais pris soin de moi. Je ne sais pas si c'est par fierté mal placée ou par ce réflexe d'autodestruction qui me poursuit depuis des années. Épave serait un mot adapté, mais je n'ai pas envie de me dénigrer davantage.
Une chose m'a sauvé, une personne pourrait-on presque dire. Depuis mon enfance, il y a ce personnage féminin qui me suit dans mes rêves, dans ma vie. Que je retrouve chez une passante, dans une chanson, dans un film. Avec le temps, c'est devenu un miroir. J'y mets tout ce que je n'arrive pas à être. Quand on m'a amené en HP après ma deuxième tentative, je me suis mis à écrire un roman qui parlait d'elle. C'est grâce à elle que je me suis relevé, que j'ai eu envie de continuer. Pour la faire vivre. Mais au fond, elle n'est jamais que ma propre projection. La part de ma personne que je refoule.
Un an plus tard, je suis en train de retravailler ce roman du tout au tout. Et avec cette réécriture, je me sens plus en accord avec cette part de moi-même, et j'ai de plus en plus envie de l'explorer. Lâcher prise, comme dirait mon psy. Du coup, je réinvestis ma bisexualité. J'aimerais rencontrer des hommes pour autre chose que me faire sauter. Je me dis que c'est une étape. En attendant, je continue d'écrire et je me dis que peut-être, un jour, je m'aimerai assez pour vivre complètement.
Voila voila. Désolé pour la brique. Ca ne mène nulle part mais j'avais besoin de le dire. Je serai surtout curieux d'entendre vos avis, si vous en avez. J'ai tendance à douter très fort de moi-même et je ne sais jamais si ce que je fais est cohérent ou si c'est moi qui part dans un trip.
Merci en tous cas.
Bon. Je me décide enfin à faire le point. Je dois dire que je bois un coup là, pour me faciliter la tâche (et que d'ailleurs, il ne restait plus qu'une bouteille de cognac dans l'armoire, et que c'est bien dégueulasse).
J'ai peu de souvenirs de mon enfance. Juste des lignes de fuites, des idées générales, mais pas grand chose de concret. J'étais un gamin difficile. Rêveur, capricieux. Je détestais les garçons et j'avais peur des filles. J'étais secrètement amoureux de mon voisin qui avait le même âge que moi. J'aimais souvent être dehors, en tout cas jusqu'à ce que je devienne accro à l'ordi et à la télé. On a internet depuis 97, j'avais 7 ou 8 ans. Autant dire que toute ma vie s'est transvasée là dedans, petit à petit. Je parlais à des gens plus âgés et je m'inventais une vie que je n'avais pas. Que j'étais un mec heureux et que j'avais une petite amie. J'allais sur des forums, j'avais deux cent amis en ligne et zéro IRL. J'ai commencé à me couper, sans que mes parents l'apprennent.
Puis j'ai rencontré cette fille, totalement par hasard, je devais avoir genre 14 ans. Aussi paumée que moi, à l'époque. Une française, on a finit par se voir, perdre notre virginité ensemble. Passer un week-end chez elle c'était comme un répit. Le lundi, je retournais en cours et la vie était de nouveau infernale. Les moqueries, les insultes, les "blagues". Ca a marché un temps, puis un jour elle m'a annoncé qu'elle était lesbienne et qu'elle sortait avec sa meilleure amie. Une semaine après j'étais dans les bras d'un inconnu, un mec d'une quinzaine d'années avec qui j'avais discuté sur internet. Notre relation a duré le temps qu'il m'éjacule dans la bouche. Changé d'école, de vie, je suis passé d'introverti à extraverti. J'ai lâché le PC.
J'ai commencé à boire, aussi, à me droguer un peu, à baiser avec des mecs à l'arrière des bars gays. Il m'a fallu un temps pour m'en rendre compte, mais je faisais ça uniquement pour me salir. Je n'en tirais aucun plaisir. Je me suis fait payer une ou deux fois.
J'ai raté mes études, je me suis surtout saboté moi-même. Je suis tombé en dépression. Première tentative de suicide, premier séjour en HP. On me dit borderline, ce qui ne veut strictement rien dire. Antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, et compagnie.
Côté fille, je ne suis jamais sorti qu'avec des filles en manque d'affection et qui s'accrochaient à moi par désespoir. Je suis sorti avec une prostituée, un moment. Premier test VIH. Je suis resté avec une fille environs un an. On a habité ensemble. Mais elle était incroyablement possessive, je n'avais plus aucune vie. J'ai été obligé de la quitter. Mes parents avaient investi mille ou deux mille euros pour nous installer, elle a gardé tout le mobilier et l'appart. Au passage, je l'avais mise enceinte, fausse couche. Aujourd'hui, elle a un gamin, je crois. De nouveau dépression, TS et HP.
Depuis c'est le vide, je ne fais que boire, mais je me calme. Je me débarrasse de cette sale habitude qui consiste à boire suffisamment pour se faire taper dessus.
Je crois que je suis dans un sale creux de ma vie, depuis un an et demi. Comme si mon énergie vitale était partie. C'est seulement maintenant que je commence à avoir espoir, et à me poser les vraies questions aussi. Mes nombreuses séances chez le psy m'ont fait réaliser que ces cauchemars phalliques n'étaient peut-être pas qu'un cauchemar. Le voisin de ma grand-mère est en prison pour pédophilie. Le temps passe et ma mémoire repousse un peu. Mais je n'ai pas vraiment envie de savoir, juste d'avancer.
Je n'arrive plus à me donner de définition. Je déteste être un mec. Je me trouve moche. Je trouve qu'être mec ça rend con. Mais on m'a éduqué comme un mec. J'ai des réflexes de mec. Mais je n'arrive pas à être à la hauteur. Je n'y suis jamais arrivé. Et ma partie mec se refuse à laisser ma part féminine s'épanouir. D'ailleurs, je n'ai jamais pris soin de moi. Je ne sais pas si c'est par fierté mal placée ou par ce réflexe d'autodestruction qui me poursuit depuis des années. Épave serait un mot adapté, mais je n'ai pas envie de me dénigrer davantage.
Une chose m'a sauvé, une personne pourrait-on presque dire. Depuis mon enfance, il y a ce personnage féminin qui me suit dans mes rêves, dans ma vie. Que je retrouve chez une passante, dans une chanson, dans un film. Avec le temps, c'est devenu un miroir. J'y mets tout ce que je n'arrive pas à être. Quand on m'a amené en HP après ma deuxième tentative, je me suis mis à écrire un roman qui parlait d'elle. C'est grâce à elle que je me suis relevé, que j'ai eu envie de continuer. Pour la faire vivre. Mais au fond, elle n'est jamais que ma propre projection. La part de ma personne que je refoule.
Un an plus tard, je suis en train de retravailler ce roman du tout au tout. Et avec cette réécriture, je me sens plus en accord avec cette part de moi-même, et j'ai de plus en plus envie de l'explorer. Lâcher prise, comme dirait mon psy. Du coup, je réinvestis ma bisexualité. J'aimerais rencontrer des hommes pour autre chose que me faire sauter. Je me dis que c'est une étape. En attendant, je continue d'écrire et je me dis que peut-être, un jour, je m'aimerai assez pour vivre complètement.
Voila voila. Désolé pour la brique. Ca ne mène nulle part mais j'avais besoin de le dire. Je serai surtout curieux d'entendre vos avis, si vous en avez. J'ai tendance à douter très fort de moi-même et je ne sais jamais si ce que je fais est cohérent ou si c'est moi qui part dans un trip.
Merci en tous cas.