Homophobie ordinaire : histoires vécues...

Homophobie,lesbophobie, biphobie, transphobie, sexisme et autres joyeusetés...
Loan
Messages : 55
Inscription : lun. juin 22, 2009 9:12 pm

Message par Loan »

Et pourquoi toi tu ne peux pas être homo ? N'y aurait-il pas dessous des motifs latents qui expliqueraient ce " ah non pas toi quand même " ? Et pourquoi pas justement ? Plus que le reste de son texte, c'est vraiment le t'épanouir comme un homme que j'ai trouvé limite. Si, dans sa tête, il considère qu'il n'y a qu'une seule idée du bonheur ( et il ne serait pas le seul, c'est évident ), idée à consonnance hétéro du coup, n'est-ce pas là un moyen de réduire / nier l'homosexualité de Mathieu ? C'est possible aussi que ça provienne de la simple ignorance : les homos sont tous des folles à plumes et des musclors rasées qui crachent par terre. Mais lorsque l'on a en face de soi un ami qui vient nous dire qu'il est gay, et qui casse ce préjugé par ce biais-là, cet argument n'a plus raison d'être. On ne peut plus nier. Du moins, on ne devrait pas.
Kefka
Messages : 2843
Inscription : lun. févr. 11, 2008 10:43 pm

Message par Kefka »

Loan a écrit :Et pourquoi toi tu ne peux pas être homo ? N'y aurait-il pas dessous des motifs latents qui expliqueraient ce " ah non pas toi quand même " ? Et pourquoi pas justement ? Plus que le reste de son texte, c'est vraiment le t'épanouir comme un homme que j'ai trouvé limite. Si, dans sa tête, il considère qu'il n'y a qu'une seule idée du bonheur ( et il ne serait pas le seul, c'est évident ), idée à consonnance hétéro du coup, n'est-ce pas là un moyen de réduire / nier l'homosexualité de Mathieu ? C'est possible aussi que ça provienne de la simple ignorance : les homos sont tous des folles à plumes et des musclors rasées qui crachent par terre. Mais lorsque l'on a en face de soi un ami qui vient nous dire qu'il est gay, et qui casse ce préjugé par ce biais-là, cet argument n'a plus raison d'être. On ne peut plus nier. Du moins, on ne devrait pas.
Sauf que tu sembles considérer que le moment où l'on apprend le fait et le moment où on l'intègre est simultané, ce qui n'est pas forcé, et relève presque du tour de force.
Il y a un travail de recontextualisation à faire : quand on apprend que quelqu'un est homo, spontanément, on s'en réfère à sa représentation propre de l'homosexualité. Et si cette représentation contraste en la niant avec le comportement de son interlocuteur, le premier réflexe n'est pas d'en déduire que notre propre représentation est fausse mais que c'est l'autre qui n'est pas ce qu'il dit être.
C'est donc sur la durée qu'il saura s'il est réellement homophobe, dans une forme agressive ou latente, pas au moment même où l'information est donnée.
Drlrleu
Messages : 434
Inscription : lun. févr. 23, 2009 9:00 am

Re: Le discours un peu limite d’un ami … Donnez moi votre av

Message par Drlrleu »

Mathieu a écrit : "Le seul truc c'est une fille gentille qui te regarde avec de grands yeux."
Tiens, c'est l'exacte description de ma gardienne d'immeuble.
C'est curieux : je n'aurais jamais pensé qu'elle ferait un jour basculer quelqu'un dans l'hétérosexualité.

Enfin... bona diagnosis, bona curatio, comme dirait le jardinier de ma grand-mère.
mobikey
Messages : 30
Inscription : jeu. avr. 30, 2009 9:36 pm

avis innocent

Message par mobikey »

Ce n'est pas de l'homophobie car il ne t'insulte pas.

Bien sûr, il n'accepte pas l'idée que tu sois gay.

En tout cas il te donne son avis et c'est plutôt franc.

Tu t'épanouieras avec qui tu veux et dis-toi qu'au cours d'une vie, des gays deviennent hétéros comme des hétéros deviennent gays et comme des hétéros/gays/bi restent hétéros/gays/bi !!! :)

++
Zünisch
Messages : 6903
Inscription : mer. mai 30, 2007 7:15 pm

Re: avis innocent

Message par Zünisch »

mobikey a écrit :Ce n'est pas de l'homophobie car il ne t'insulte pas.

Bien sûr, il n'accepte pas l'idée que tu sois gay.
Il n'y a que les insultes qui peuvent être homophobes. Le déni de l'homosexualité aussi. Je trouve ce que tu dis contradictoire. :o
Loan
Messages : 55
Inscription : lun. juin 22, 2009 9:12 pm

Message par Loan »

Kefka a écrit :
Loan a écrit :Et pourquoi toi tu ne peux pas être homo ? N'y aurait-il pas dessous des motifs latents qui expliqueraient ce " ah non pas toi quand même " ? Et pourquoi pas justement ? Plus que le reste de son texte, c'est vraiment le t'épanouir comme un homme que j'ai trouvé limite. Si, dans sa tête, il considère qu'il n'y a qu'une seule idée du bonheur ( et il ne serait pas le seul, c'est évident ), idée à consonnance hétéro du coup, n'est-ce pas là un moyen de réduire / nier l'homosexualité de Mathieu ? C'est possible aussi que ça provienne de la simple ignorance : les homos sont tous des folles à plumes et des musclors rasées qui crachent par terre. Mais lorsque l'on a en face de soi un ami qui vient nous dire qu'il est gay, et qui casse ce préjugé par ce biais-là, cet argument n'a plus raison d'être. On ne peut plus nier. Du moins, on ne devrait pas.
Sauf que tu sembles considérer que le moment où l'on apprend le fait et le moment où on l'intègre est simultané, ce qui n'est pas forcé, et relève presque du tour de force.
Il y a un travail de recontextualisation à faire : quand on apprend que quelqu'un est homo, spontanément, on s'en réfère à sa représentation propre de l'homosexualité. Et si cette représentation contraste en la niant avec le comportement de son interlocuteur, le premier réflexe n'est pas d'en déduire que notre propre représentation est fausse mais que c'est l'autre qui n'est pas ce qu'il dit être.
C'est donc sur la durée qu'il saura s'il est réellement homophobe, dans une forme agressive ou latente, pas au moment même où l'information est donnée.
Ce n'est pas du tout mon propos, je te rassure. Je pense également qu'il faut laisser le temps aux autres de digérer la " nouvelle " de l'homosexualité. Ce que je disais, c'est qu'il nie quelque part l'homosexualité de son ami. Peu importe que ce soit involontaire, méchant, gentil, pas contrôlé, à but destructeur, ce que tu veux. Il la nie quand même, non ? Il y a des gens qui sortent des énormités sans le savoir, même s'ils sont ignorants du mal qu'ils peuvent faire en le disant, ils l'ont dit ? Bon, pour revenir un peu dans le cadre du sujet, on est quand même en 2009. Il y a de l'information qui circule sur l'homosexualité. On n'en est plus au cliché bête de l'homme et ses plumes. A part si tu vis dans le fin fond du troufion de la France, tu n'as plus trop d'excuses aujourd'hui pour ne pas vouloir le savoir, si ce n'est la mauvaise grâce ou le pur désintérêt.
mobikey a écrit :Ce n'est pas de l'homophobie car il ne t'insulte pas.

Bien sûr, il n'accepte pas l'idée que tu sois gay.
Un petit plus, c'est contradictoire comme idée justement. L'homophobie, ça ne passe pas que par la parole tu sais. On ne la verbalise pas forcément, des regards peuvent en dire long, les actes également. Quant à ne pas accepter que quelqu'un soit gay, j'ai envie de te dire que si tu considères que ce n'est pas de l'homophobie, en tout cas, ce n'est pas très loin. Je te remplace ça par autre chose ( je force le trait, bien entendu ) :

Ce n'est pas du racisme car il ne t'insulte pas.

Bien sûr, il n'accepte l'idée que tu sois noir.


Après, peut-être que tu avais voulu dire autre chose dans ton message ? Que son ami a du mal à l'accepter, mais que ce n'est pas volontaire éventuellement ?
Kliban
Messages : 2089
Inscription : ven. janv. 16, 2009 9:19 pm

Message par Kliban »

Attention, vous êtes en train de rentrer dans des querelles de mots. Fade Out a bien résumé la question en distinguant des gradations - et donc différentes versions de l'homophobie.

Il y a une homophobie culturelle, ou structurelle, ou standard. On l'endosse sans y penser, comme on endosse une opinion banale, sans nécessairement penser à mal ou être un grand méchant loup. Comme on fut antisémite ou raciste. Non que cette homophobie ne soit pas nuisible. Mais on ne la combat pas comme une homophobie viscérale.

La plupart des gens sont homophobes de cette façon là. On dira "par ignorance des faits". Ils endossent une croyance à partir de on-dits et de leur expérience personnelle de "comment que c'est trop bien une relation avec une personne du sexe opposé", plus d'un paquet d'arguments faciles. Homophobes comme on est misogyne.

Et puis il y a une homophobie explicite, enracinée dans des sentiments très négatifs, violente, insensible aux arguments, viscérale. Ce n'est pas nécessairement la plus dangereuse, mais c'est celle qu'on aura le plus de difficulté à faire disparaître. Mais on ne peut pas se comporter vis-à-vis de cette réaction là comme on se comporterait vis-à-vuis d'un homophobe culturel.

La question n'est donc pas de savoir si c'ets de l'homophobie ou pas - a minima, ça en véhicule ! Mais bien : que faire. Et là, tout à été dit : parler, renseigner, démonter les préjugés (et on a tous des préjugés - ce n'est pas une figure de rhétorique). Et si une homophobie viscérale se révèle, là, il faut changer de tactique : on n'est plus dans un cas "courant", où faire de la pédagogie suffit, on est dans un cas de résistance psychologique.

EDIT modération : sujet rempli, la suite ici : http://www.et-alors.net/forum/viewtopic ... 03#p379003
Verrouillé