J'ai eu du bol dans ma life. Je n'ai connu le racisme qu'indirectement - et c'est tellement loin de moi qu'on puisse exprimer sérieusement du mépris pour des gens qu'on ne connait pas que je ne l'ai à chaque fois pas reconnu tout de suite.
Le racisme prend des formes assez diverses. Mon ex est antillais, et nous avons encore l'occasion d'en parler, parce que lui en a été touché. Cela va de l'agressivité a priori, de la remarque idiote à laquelle on ne pense pas ("oh ben c'est normal, il est antillais, hein !"), d'un certain type d'attraction motivée non par la couleur de peau mais par des traits culturels ou... anatomiques présupposés jusqu'à l'indifférence à l'histoire ou à la sociologie (minimisation le plus souvent - "oh ben l'esclavage c'était il y longtemps hein !"). Je ne suis pas certain qu'on puisse toujours parler de racisme de façon univoque, donc. Il y a des racismes, qui ne font pas tous référence explicitement à la race, mais qui tous soit induisent de traits visibles des caractéristiques non visibles, soit réduisent les spécificités que ces traits visibles peuvent avoir conféré à une population du fait de son histoire. Dans tous les cas, les inférences effectuées témoignent plus de la préconception de qui les effectue que d'une réalité historique, sociologique et/ou personnelle de leur objet.
Un autre de mes amis était de culture arabe - mais
vraiment pas musulman, ni croyant d'ailleurs. Il n'avait pas connu le racisme. Au contraire, même, il avait une tendance assez étonnante à réagir brusquement aux gens qui sous-entendaient que les Français pussent être racistes - qu'il pût y avoir des difficultés pour les étrangers en France. Comme certains étrangers avides d'intégration, il faisait une petite poussée d'intégrite, en sens inverse, qui le faisait mettre en doute tous les témoignages et ressentis racistes qu'on pouvait lui opposer. Ca lui est passé.
Sinon, non, je ne suis pas attiré plus particulièrement par les personnes de couleurs ou les autres cultures.
Je suis traversé d'idées racistes, à la base, moi - au sens des inférences irréalistes faites sur des gens à qui l'on cole les caractéristiques a priori de la classe qu'on leur attribue. Une espèce d'essentialisme motivé par la peur essentiellement - puisque j'avais peur de tout le monde quand j'était petit. Mais je ne suis pas raciste en matière de valeurs.
Je suis un conservateur, psychologiquement parlant (j'ai du mal avec le changement, j'ai peur des gens et des différences, que je classe, donc - [edit]même si ce type de réflexes tend largement à se tasser avec les ans), et un progressiste dans mes choix politiques (j'accueille favorablement les idées de diversité et de changement, j'adore découvrir des choses et des gens nouveaux - une fois passée la peur - et je finis toujours par me mettre en situation pour faire valser toutes les classifications que je peux avoir en tête au point qu'elles classent moins les choses qu'elles ne me servent de repères variables, prêts à être remisés au placard des idées limitantes).
Les rencontres se sont faites fortuitement et ont systématiquement motivé ma plongée dans des univers mentaux qui ne m'étaient pas familiers - histoire d'y voir un peu plus clair, de maîtriser l'anxiété a priori et encombrante ce que je ressentais comme une différence

. Mais ça aurait été pareil si j'avais rencontré un coureur automobile ou un triathlète (relation totalement improbable, mais bon, il fut un temps où je pensais que la relation avec "un black" (sic) était de l'ordre de la science-fiction, qu'on était de deux planètes psychologiques différentes) : univers différents du mien, anxiété comblée par la présence aimante, documentation pour comprendre, discussion, partage d'expériences, et hop, on lève les préjugés qui semblaient venir se poser tout seul sur les autres, comme des conclusions inévitables autant que spontanées.
Tout ça me donne d'un peu comprendre
un certain racisme de l'intérieur - je sens très bien les mécanismes émotionnels en jeu. Je peux même comprendre les jugements à l'emporte pièce qui sortent comme ça. Mais j'ai plus de mal avec la culture de l'exclusion. Il ne m'a jamais semblé aller de soi que parce qu'on éprouvait de la gène / de la peur -> de l'animosité / de la haine, il fallait cultiver ces sentiments-là. Comprendre n'est pas excuser, comprendre, c'est se donner les moyens d'avoir accès à la chose en son état naissant et, la reconnaissant, pouvoir espérer tenter lui donner une autre inflexion/expression. C'est du moins comme ça que j'ai compris que je fonctionnais. Je suis un apeuré inclusif, comme bien des semi-autistes dans mon genre.
Mais il y aussi les racismes transmis, que je ne connais pas de première main et auxquels je n'ai jamais été soumis - racismes a priori, tristes de ces choses bêtes qu'on répète parce qu'en eux se cache une fidélité à l'enfance.
Bon, j'ai été long, à l'habitude - et plus personnel qu'à mon tour usuel, ce qui du coup m'a fait pas mal éditer. J'espère avoir répondu à la question, tout de même - et que ça n'était pas
trop trop sans intérêt.