Non.
Je trouve franchement que l'on fait une coupure un peu artificielle entre homos des villes, bobos égoïstes qui ne s'intéressent à la misère que lorsqu'elle est à des milliers de kilomètres, alors que les homos des cités seraient ignorés par ces nantis, juste parce qu'ils vivent de l'autre coté du périphérique, et ne tombent donc pas sous le coup de lois homophobes. Et qui ne penseraient qu'à eux en défendant le mariage et l'adoption.
Ce que j'ai voulu dire (peut-être pas clairement), c'est que les homos n'ont pas à prendre en charge la lutte contre l'homophobie, car c'est bel et bien à l'Etat de faire appliquer les lois qu'il promulgue, et de s'en donner les moyens. Et que s'il y a carence en la matière, ce n'est pas celle des manifestants de la Gay pride, parce qu'ils dénonceraient seulement la peine de mort pour homosexualité dans des pays musulmans.
Que l'on se sente concernés par l'homophobie, c'est normal.
Nous sommes d'ailleurs parfaitement dans notre rôle quand nous tirons la sonnette d'alarme. Pas quand on nous demande de remplacer le contrôleur. Car la lutte contre l'homophobie, et notamment par l'éducation, c'est bel et bien le rôle de l'Etat, dont nous ne pouvons être au mieux que des partenaires, en intervenant dans les établissements scolaires, ou quand SOS homophobie fait des rapports que n'importe quel élu peut lire.
Au lieu de réfléchir à l'enseignement du fait religieux, on ferait mieux de s'inspirer de l'exemplarité espagnole :
L'un des buts déclarés est d'apprendre aux enfants à rejeter "les discriminations actuelles pour raisons de genre, d’origine, de différence sociale, de préférence sexuelle ou de tout autre type" et à pratiquer une "évaluation critique des divisions du travail fondées sur des critères sociaux ou de genre, ainsi que des préjudices sociaux racistes, xénophobes, sexistes et homophobes."
L'Etat a d'ailleurs des cartes en main pour casser les ghettos, comme la loi SRU, qui impose 20% de logements sociaux, pour favoriser la mixité sociale et éviter la ghettoïsation, autant des pauvres que l'autre, dont on parle peu, celle des riches comme à Neuilly-sur-Seine, avec ses 2% de logements sociaux. Il y a eu des erreurs commises par l'urbanisation des trente glorieuses. Je peux t'assurer que là où je bosse (Plaine commune), je les vois tous les jours. Le problème, c'est que l'Etat a beaucoup trop tendance à laisser les villes et les communautés d'agglo à elles-même avec ces problèmes : vous avez construit des tours et des barres, démerdez-vous avec. La politique de la ville, dans laquelle s'inscrit aussi la question des quartiers sensibles, et donc une partie de la lutte contre l'homophobie, n'est pas qu'une question d'argent pour rénover des barres et des tours et construire des terrains de sports et des médiathèques. Elle va bien au-delà et, menée avec intelligence, prendrait clairement les moyens d'assurer un vrai mélange des populations en éradiquant les quartiers de relégation où se concentrent les maux et les tares de notre société.
Que l'Etat ne veuille pas se donner les moyens d'appliquer les lois, c'est effectivement un problème, qui retombe aussi sur le dos des homos des quartiers. Mais les responsables n'en sont assurément pas les homos qui vivent en dehors de ces quartiers.