Homosexualité dans les cités

Homophobie,lesbophobie, biphobie, transphobie, sexisme et autres joyeusetés...
Manchette
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Message par Manchette »

Ils ( les gays de Paris ) font campagne pour les gays en Egypte ou en Iran, mais se foutent complètement de ceux qui crèvent à 10km de chez eux
L'argument est d'une grande facilité, voire même assez ignoble.
Il me semble que la République a des lois, dont certaines visent à combattre l'homophobie. Ce n'est pas plus aux homos de les faire appliquer : ils n'ont pas à se subtiliser à l'Etat, mais à lui rappeler qu'il ne remplit pas son rôle.
S'il y a un accusé, ce ne sont certainement pas les homos.
Zünisch
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Message par Zünisch »

Olivierz a écrit :
Ils ( les gays de Paris ) font campagne pour les gays en Egypte ou en Iran, mais se foutent complètement de ceux qui crèvent à 10km de chez eux
L'argument est d'une grande facilité, voire même assez ignoble.
Il me semble que la République a des lois, dont certaines visent à combattre l'homophobie. Ce n'est pas plus aux homos de les faire appliquer : ils n'ont pas à se subtiliser à l'Etat, mais à lui rappeler qu'il ne remplit pas son rôle.
S'il y a un accusé, ce ne sont certainement pas les homos.
C'est bien là le problème non ? Puisque les "homos des villes" ne s'intéressent pas à ces "homos des banlieues", comment pourraient ils dire à l'Etat qu'il pèche dans sa politique de lutte contre l'homophobie ?
Manchette
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Message par Manchette »

Non.
Je trouve franchement que l'on fait une coupure un peu artificielle entre homos des villes, bobos égoïstes qui ne s'intéressent à la misère que lorsqu'elle est à des milliers de kilomètres, alors que les homos des cités seraient ignorés par ces nantis, juste parce qu'ils vivent de l'autre coté du périphérique, et ne tombent donc pas sous le coup de lois homophobes. Et qui ne penseraient qu'à eux en défendant le mariage et l'adoption.
Ce que j'ai voulu dire (peut-être pas clairement), c'est que les homos n'ont pas à prendre en charge la lutte contre l'homophobie, car c'est bel et bien à l'Etat de faire appliquer les lois qu'il promulgue, et de s'en donner les moyens. Et que s'il y a carence en la matière, ce n'est pas celle des manifestants de la Gay pride, parce qu'ils dénonceraient seulement la peine de mort pour homosexualité dans des pays musulmans.

Que l'on se sente concernés par l'homophobie, c'est normal.
Nous sommes d'ailleurs parfaitement dans notre rôle quand nous tirons la sonnette d'alarme. Pas quand on nous demande de remplacer le contrôleur. Car la lutte contre l'homophobie, et notamment par l'éducation, c'est bel et bien le rôle de l'Etat, dont nous ne pouvons être au mieux que des partenaires, en intervenant dans les établissements scolaires, ou quand SOS homophobie fait des rapports que n'importe quel élu peut lire.
Au lieu de réfléchir à l'enseignement du fait religieux, on ferait mieux de s'inspirer de l'exemplarité espagnole :
L'un des buts déclarés est d'apprendre aux enfants à rejeter "les discriminations actuelles pour raisons de genre, d’origine, de différence sociale, de préférence sexuelle ou de tout autre type" et à pratiquer une "évaluation critique des divisions du travail fondées sur des critères sociaux ou de genre, ainsi que des préjudices sociaux racistes, xénophobes, sexistes et homophobes."

L'Etat a d'ailleurs des cartes en main pour casser les ghettos, comme la loi SRU, qui impose 20% de logements sociaux, pour favoriser la mixité sociale et éviter la ghettoïsation, autant des pauvres que l'autre, dont on parle peu, celle des riches comme à Neuilly-sur-Seine, avec ses 2% de logements sociaux. Il y a eu des erreurs commises par l'urbanisation des trente glorieuses. Je peux t'assurer que là où je bosse (Plaine commune), je les vois tous les jours. Le problème, c'est que l'Etat a beaucoup trop tendance à laisser les villes et les communautés d'agglo à elles-même avec ces problèmes : vous avez construit des tours et des barres, démerdez-vous avec. La politique de la ville, dans laquelle s'inscrit aussi la question des quartiers sensibles, et donc une partie de la lutte contre l'homophobie, n'est pas qu'une question d'argent pour rénover des barres et des tours et construire des terrains de sports et des médiathèques. Elle va bien au-delà et, menée avec intelligence, prendrait clairement les moyens d'assurer un vrai mélange des populations en éradiquant les quartiers de relégation où se concentrent les maux et les tares de notre société.
Que l'Etat ne veuille pas se donner les moyens d'appliquer les lois, c'est effectivement un problème, qui retombe aussi sur le dos des homos des quartiers. Mais les responsables n'en sont assurément pas les homos qui vivent en dehors de ces quartiers.
spécimen
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Message par spécimen »

Quand on voit avec quelles difficultés l'Etat tente en vain de combattre la délinquance et la drogue dans les cités ; faits de société que l'état a pourtant pris lui-même en charge comme cheval de bataille avant même l'homophobie, en effet, on ne peut que constater ses carences ou sa future incompétence vis à vis de l'homophobie :roll:

Mais je pense le gouvernement d'ouverture actuel est plus préoccupé par l'humeur des électeurs situés à sa droite - créneau de la délinquance, de la drogue et de l'immigration, plutôt que de faire du social (même s'il en fait avec le RSA hein par exemple, ou les dernières approches envers les jeunes). Ce sont ces voix qui lui ont permis d'arriver à la tête de l'Etat.

Pour autant ce serait mesquin et malhonnête de rejeter tout sur un seul, alors que ce phénomène factuel, celui dénoncé par Lestump, ne s'est certainement pas développé en une décade :roll:

A la lecture de tes mots/maux Lestump, j'ai le sentiment que l'on revient 30 ans en arrière. Le problème semble d'autant plus insoluble que les simples lois ne parviennent pas à être appliquées/respectées jusqu'au cœur des cités. Il y a cependant quelques voies qui s'élèvent. Ce n'est pas en étant fataliste que les choses vont s'arranger. Je rejoins en ce point Olivierz, c'est à l'état de se donner les moyens, peut être avant d'en avoir la volonté, de faire respecter les fondements de la République en ces mûrs.
lestump
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Message par lestump »

si on veut engager un débat sur les cités je suis là, mais si on reste sur les pédés des cités, je suis là aussi, personne n'a demandé je crois que tous les pédés du monde se regroupent pour nous sauver... personne ne le réclame, personne ne demande non plus une considération autre, que les lois soit disant appliquable au cité, la loi sru, l'anru, commence a être actionné tant mieux, mais le propos n'est pas là... les cités resteront sous d'autres formes urbaines, être pauvre c'est comme les prostitués c'est le plus vieux métier du monde... je constate simplement que je suis mieux accueilli en tant que séropo qu'en tant que pédé, et je trouve celà dommageable, être séropo annihile beaucoup de choses, on ne me pose pas de questions, je suis traité d'égale a égale par la communauté "hiv", mais être simplement pédé c'est autre chose, c'est quand même un comble d'être pédé et de se faire refouler a l'entrée de la seule boite de la ville, quand même un comble qu'un ami se sente obligé de francisé son prénom, de changer son pays d'origine pour se sentir accepté... je ne veux pas être celui a qui on pose des questions dans une soirée "et alors c'est comment de vivre la dedans ??" ou me parle de leurs fantasmes malsain sur "les tournantes" ou autres "images" de ses endroits... peut être que le simple fait de parler normalement, le simple fait d'accepter les contraintes du a nos conditions changeraient quelque chose, nous n'avons pas forcément les mêmes idées, les mêmes batailles a mener, les mêmes idéaux mais on partage quelque chose, marre d'être considérer juste bon a trainer dans les parcs, ou les pissotiéres, marre d'être un embléme, ou un cas, marre d'être comparer a une réalité sociale "commune", je suis pédé m'en fout de savoir si c'est a cause du politique d'il y a 30 ans, ou celle d'aujourd'hui, si c'est la région ou l'état, si c'est dieu, allah ou jéhova, juste de temps en temps parler, parler de tout et de rien, parler comme si nous étions du même côté, juste souffler un peu... marre que l'on m'explique, que le politiquement correct est mieux pour faire passer un message de prévention, quelle idée vieillissante ! choisir ses mots c'est mieux que d'énoncer des idées, marre d'a peu prés tout ce que je vois des pédés...
spécimen
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Message par spécimen »

c'est quand même un comble d'être pédé et de se faire refouler a l'entrée de la seule boite de la ville, quand même un comble qu'un ami se sente obligé de francisé son prénom, de changer son pays d'origine pour se sentir accepté...
Quand je lis ces mots, cela me fait plus penser à du racisme dont tu es victime qu'à autre chose... mébon :roll:
zphyr
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Message par zphyr »

Et bien voilà ce que j'appelle de la "bonne colère" ! :ninja:
Je plussoie lestump. Pour avoir travaillé six ans au Val Fourré, j'y ai rencontré surtout des hommes et des femmes qui vivaient là et c'est tout. Certains remuaient des montagnes pour faire bouger les choses, d'autres faisaient preuve d'une certaine lâcheté, aucun n'était "étiquetable."
La misère faisait le reste : trafics en tout genre, pillage des équipements publiques, petite mafia...
La question est donc : comment faire respecter les droits des homos dans des cités où la misère règne en despote et où le droit en général n'est plus appliqué ?

En répartissant mieux les richesses de ce beau pays pour faire reculer la misère.
Manchette
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Message par Manchette »

Merci pour tout lestump.

Je pense que nous n'avons pas fini de payer les pots cassés du désastre urbanistique des 30 glorieuses avec ses cités.
L'erreur n'est pas dans le logement social, bien au contraire. Il est dans sa singularisation au sein de la ville. Le fait d'avoir construit de véritables quartiers de relégation, et donc autant d'abcès de fixation du paupérisme et de ses dérives déjà bien connues, comme la délinquance.
La solution réside en partie dans la politique actuelle, qui est de construire du logement, qu'il soit social ou non. C'est à dire de ne plus rien faire qui soit spécifique au logement social. J'ai la chance d'habiter dans un des HLM construits récemment à Paris, et rien ne le distingue des bâtiments alentour.
Une autre partie de la solution, cela reste de brasser les populations, et de s'en donner les moyens, notamment administratifs en faisant jouer le droit de préemption, et en révisant la fiscalité locale, en s'appuyant notamment sur le taux de logement social, afin que les villes récalcitrantes à la loi SRU le paient vraiment.
Et n'oublions pas, encore et toujours, le rôle de l'éducation. Si l'on n'apprend pas à l'école qu'il est tout aussi normal d'être homo qu'hétéro, où l'apprendra-t-on ? Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents ouverts d'esprit.
Nicofoto
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Message par Nicofoto »

Salut

Merci Lestump pour nous faire partager ton vécu.

Moi je me rappelle d'un truc qui va un peu à contre-courant de ce qu'on s'imagine sur ceux qui vivent en cité.

C'était au retour de boite, j'étais avec des amis dont un "dont ça se voit qu'il est homo".
Bref, on ne passait pas innaperçu... et on était au fond du bus.

Des jeunes sont monté, visiblement des jeunes de cité vu qu'ils avaient pris le même bus que nous et que ce bus se dirigeait vers la cité.
De plus, ils arboraient la culture hip-hop, chantaient du rap et étaient habillés avec casquette, jogging etc.
Il y avait un mec "rebeu", deux mecs "noirs" et une fille "eurasienne".

Nous on s'est regardé et moi je me demandais comment ça allait se passer.

Un des mecs nous a abordés et nous a demandé si on était gay.
On a dit que oui, et puis ils nous ont dit qu'ils connaissaient pas mal de gay aussi.
Et après on a discuté, c'était très sympa. Aucun signe de discrimination ou de gêne de part et d'autre, bref, des rapports tout ce qu'il y a de plus normaux.

Voila...
spécimen
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Message par spécimen »

Nicofoto a écrit :Salut

Merci Lestump pour nous faire partager ton vécu.

Moi je me rappelle d'un truc qui va un peu à contre-courant de ce qu'on s'imagine sur ceux qui vivent en cité.

C'était au retour de boite, j'étais avec des amis dont un "dont ça se voit qu'il est homo".
Bref, on ne passait pas innaperçu... et on était au fond du bus.

Des jeunes sont monté, visiblement des jeunes de cité vu qu'ils avaient pris le même bus que nous et que ce bus se dirigeait vers la cité.
De plus, ils arboraient la culture hip-hop, chantaient du rap et étaient habillés avec casquette, jogging etc.
Il y avait un mec "rebeu", deux mecs "noirs" et une fille "eurasienne".

Nous on s'est regardé et moi je me demandais comment ça allait se passer.

Un des mecs nous a abordés et nous a demandé si on était gay.
On a dit que oui, et puis ils nous ont dit qu'ils connaissaient pas mal de gay aussi.
Et après on a discuté, c'était très sympa. Aucun signe de discrimination ou de gêne de part et d'autre, bref, des rapports tout ce qu'il y a de plus normaux.

Voila...
Vous étiez plusieurs d'après ta description de la situation? Je me demande comment cela se serait déroulé si vous n'aviez été que 2, voire un seul :roll: L'effet de groupe est parfois surprenant, autant dans le meilleur, que dans le pire.
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