Homophobie à l'étranger/ pays homophobes
Re: Arkhangelsk - Russia
Malheureusement, pour ce qui est du VIH, il n'y a pas besoin de loi de ce genre pour augmenter son taux d'infection, même si les préservatifs sont en vente dans tous les supermarchés russes...
Pour le reste, ce genre de projet ne changera pas grand chose à long terme. La Russie évolue, les Russes, et surtout les jeunes Russes, voyagent à l'étranger, utilisent internet... Moscou et Pétersbourg abritent une scène gay plus ou moins assumée, et ca bouge aussi dans les villes de province. Si l'Eglise est puissante, ses ouailles ne suivent pas toutes ses préceptes à la lettre, loin de là ! Laissons leur du temps, ils ne sont sortis d'un système soviétique violemment homophobe que depuis 20 ans. Il a fallu une quarantaine d'année après la chute de Vichy pour que l'homosexualité soit dépénalisée en France...
Pour le reste, ce genre de projet ne changera pas grand chose à long terme. La Russie évolue, les Russes, et surtout les jeunes Russes, voyagent à l'étranger, utilisent internet... Moscou et Pétersbourg abritent une scène gay plus ou moins assumée, et ca bouge aussi dans les villes de province. Si l'Eglise est puissante, ses ouailles ne suivent pas toutes ses préceptes à la lettre, loin de là ! Laissons leur du temps, ils ne sont sortis d'un système soviétique violemment homophobe que depuis 20 ans. Il a fallu une quarantaine d'année après la chute de Vichy pour que l'homosexualité soit dépénalisée en France...
Re: Nigéria
N'est-ce pas cette même FIFA qui organise une coupe du monde dans l'un de ces oasis de tolérance qui composent la péninsule arabique ?
Re: Nigéria
Si,si c'est la même!
Non mais c'est n'importe quoi là...
Non mais c'est n'importe quoi là...
Europe de l'Est
EUROPE DE L'EST
L’Europe de l'Est à l'heure de l'Angleterre des années Thathcer : des lois y passeraient, qui interdisent la "promotion" de l'homosexualité dans les écoles et par le gouvernement.
Information à vérifier bien sûr. Les lois sont actives en Lituanie, et deux régions russes. L'Ukraine s'apprêterait à en faire passer une plus raide encore (allant jusqu'au contrôles de la distribution des biens promouvant l'homosexualité). Les raisons alléguées par l'Ukraine :
Une chose : peut-être pourrait-on mesurer le degré de détresse d'une population à sa façon de se trouver des boucs émissaires. Les Juifs par le passé, les homo (et encore les Juifs, mais pas que) aujourd'hui. Ca va donc mal en Ukraine, en Russie, en Lituanie, en Afrique Noire. On se demande bien pourquoi.
Une solution à l'homophobie dans ces pays ne passera pas que par "l'éducation" et "l'information". L'homophobie s'y nourrit d'autre chose - futur bloqué, pauvreté, exploitation, etc. On n'a symboliquement aucun besoin de lois comme celles qui sont en train d'être voté dans des pays qui vont bien.
L’Europe de l'Est à l'heure de l'Angleterre des années Thathcer : des lois y passeraient, qui interdisent la "promotion" de l'homosexualité dans les écoles et par le gouvernement.
Information à vérifier bien sûr. Les lois sont actives en Lituanie, et deux régions russes. L'Ukraine s'apprêterait à en faire passer une plus raide encore (allant jusqu'au contrôles de la distribution des biens promouvant l'homosexualité). Les raisons alléguées par l'Ukraine :
On pourrait ajouter aussi qu'elle rend les cheveux verts, provoque des tsunamis, modifie l'orbite de la lune, fait cailler le lait des mères et provoque la mort des insectes pollinisateurs.La propagation de l'homosexualité est une menace à la sécurité nationale, puisqu'elle entraine l'épidémie de SIDA et détruit l'institution de la famille et peut provoquer une crise démographique.
Une chose : peut-être pourrait-on mesurer le degré de détresse d'une population à sa façon de se trouver des boucs émissaires. Les Juifs par le passé, les homo (et encore les Juifs, mais pas que) aujourd'hui. Ca va donc mal en Ukraine, en Russie, en Lituanie, en Afrique Noire. On se demande bien pourquoi.
Une solution à l'homophobie dans ces pays ne passera pas que par "l'éducation" et "l'information". L'homophobie s'y nourrit d'autre chose - futur bloqué, pauvreté, exploitation, etc. On n'a symboliquement aucun besoin de lois comme celles qui sont en train d'être voté dans des pays qui vont bien.
Re: Europe de l'Est
La Lituanie est un État-membre de l'UE, les homosexuels sont pas nécessairement sans ressources, si une telle loi existe je pense que leurs organisations auront l'idée d'en vérifier la conformité avec la législation européenne, qui proscrit toute discrimination.
Ensuite, je pense que tu te trompes en partie en faisant des problèmes économiques et sociaux auxquels sont confrontés les anciens pays communistes la raison de l'homophobie ambiante et de ces lois stupides, parce que tu postules (si j'ai bien compris^^) que ces lois répondent à un besoin de bouc émissaire de la population, qui rendrait les homosexuels responsables de ses problèmes. Sauf que c'est très occidental comme analyse (les responsables politiques qui tentent de répondre aux exigences des citoyens) , et pas forcément adapté à la réalité de l'ex bloc de l'Est.
Demande à un-e Russe quels sont les principaux problèmes de la Russie, y'a de fortes chances (du moins s'il-elle te fait confiance) que la réponse soit la corruption et l'insécurité, les deux points noirs du bilan de Poutine et Medvedev. Et si tu demandes quels sont les responsables, on ne te dira pas "les homosexuels", mais les dirigeants rapaces et les oligarques. Je suis à peu près certain qu'il en serait de même pour l'Ukraine ou la Bulgarie.
Il faut inverser ton schéma : ce sont les dirigeants qui désignent les homosexuels comme boucs émissaires, et ce non pas pour répondre à une exigence de leur peuple, mais pour masquer leurs propres échecs. C'plus facile de désigner un groupe de personnes sans défense ou presque que de lutter efficacement, avec les sacrifices que cela suppose, contre une corruption généralisée, d'envisager une ouverture des frontières pour répondre, au moins provisoirement, aux problèmes démographiques, de penser un système social plus efficace et véritablement redistributif, et j'en passe.
L'homophobie est bien sûr réelle et présente, mais elle n'est pas bien différente de celle qui avait (et a encore) cours dans le monde occidental : ignorante et conservatrice, entretenue par des églises puissantes et une classe politique largement masculine et sexiste. Qu'on n'oublie pas qu'il y a tout juste 20 ans que l'infâmie communiste s'est effondrée, cela ne fait que 20 ans qu'on n'envoit plus au Goulag les homosexuels comme éléments associaux. Et la plupart des dirigeant-e-s actuel-le-s ont fait leurs premières armes avant la chute du Mur. Mon meilleur ami russe pense que la liberté sexuelle ne pourra vraiment s'établir en Russie que lorsque les dernières générations de l'URSS auront disparues, ou du moins auront quitté le pouvoir. En gros, les générations des années 70.
D'ici là, je suis persuadé que la solution viendra de l'éducation, et par les Européen-ne-s de l'Est et les Russes eux/elles-mêmes. Comme je le disais dans un autre topic, les sociétés évoluent beaucoup plus vite que leurs dirigeant-e-s. A Moscou et Pétersbourg, on trouve des boîtes et des bars gays, une scène "underground", mais bel et bien réelle et dynamique. Et même dans ma lointaine Sibérie, à Irkoutsk, il y a des clubs informels d'étudiants gays, discrets bien sûr, mais qui auraient été absolument impensables quelques années auparavant. Il y a aussi des fêtes gays dans certaines boîtes, et puis des Russes, jeunes surtout, qui voyagent à l'étranger et utilisent internet, et réfléchissent, discutent... Tu serais étonné du nombre de groupes gays sur vkontakte (le facebook russe)^^
Bref, ce genre de lois scélérates ne m'inquiètent pas outre-mesure. Beacuoup d'homosexuel-le-s souffrent aujourd'hui, comme ont soufferts celles et ceux qui sont né-e-s plus tôt que nous en Europe de l'Ouest, et comme certain-e-s d'entre nous continuent de souffrir. L'homosexualité n'a été dépénalisée en France qu'en 1983, si ma mémoire est bonne, il y a moins de 30 ans (et environ 10 ans avant que les pays de l'Est ne fassent de même). Les Russes et leurs anciens satellites changeront aussi, à leur rythme.
...
J'suis en train de me dire que c'fait un peu professoral tout ça
Ensuite, je pense que tu te trompes en partie en faisant des problèmes économiques et sociaux auxquels sont confrontés les anciens pays communistes la raison de l'homophobie ambiante et de ces lois stupides, parce que tu postules (si j'ai bien compris^^) que ces lois répondent à un besoin de bouc émissaire de la population, qui rendrait les homosexuels responsables de ses problèmes. Sauf que c'est très occidental comme analyse (les responsables politiques qui tentent de répondre aux exigences des citoyens) , et pas forcément adapté à la réalité de l'ex bloc de l'Est.
Demande à un-e Russe quels sont les principaux problèmes de la Russie, y'a de fortes chances (du moins s'il-elle te fait confiance) que la réponse soit la corruption et l'insécurité, les deux points noirs du bilan de Poutine et Medvedev. Et si tu demandes quels sont les responsables, on ne te dira pas "les homosexuels", mais les dirigeants rapaces et les oligarques. Je suis à peu près certain qu'il en serait de même pour l'Ukraine ou la Bulgarie.
Il faut inverser ton schéma : ce sont les dirigeants qui désignent les homosexuels comme boucs émissaires, et ce non pas pour répondre à une exigence de leur peuple, mais pour masquer leurs propres échecs. C'plus facile de désigner un groupe de personnes sans défense ou presque que de lutter efficacement, avec les sacrifices que cela suppose, contre une corruption généralisée, d'envisager une ouverture des frontières pour répondre, au moins provisoirement, aux problèmes démographiques, de penser un système social plus efficace et véritablement redistributif, et j'en passe.
L'homophobie est bien sûr réelle et présente, mais elle n'est pas bien différente de celle qui avait (et a encore) cours dans le monde occidental : ignorante et conservatrice, entretenue par des églises puissantes et une classe politique largement masculine et sexiste. Qu'on n'oublie pas qu'il y a tout juste 20 ans que l'infâmie communiste s'est effondrée, cela ne fait que 20 ans qu'on n'envoit plus au Goulag les homosexuels comme éléments associaux. Et la plupart des dirigeant-e-s actuel-le-s ont fait leurs premières armes avant la chute du Mur. Mon meilleur ami russe pense que la liberté sexuelle ne pourra vraiment s'établir en Russie que lorsque les dernières générations de l'URSS auront disparues, ou du moins auront quitté le pouvoir. En gros, les générations des années 70.
D'ici là, je suis persuadé que la solution viendra de l'éducation, et par les Européen-ne-s de l'Est et les Russes eux/elles-mêmes. Comme je le disais dans un autre topic, les sociétés évoluent beaucoup plus vite que leurs dirigeant-e-s. A Moscou et Pétersbourg, on trouve des boîtes et des bars gays, une scène "underground", mais bel et bien réelle et dynamique. Et même dans ma lointaine Sibérie, à Irkoutsk, il y a des clubs informels d'étudiants gays, discrets bien sûr, mais qui auraient été absolument impensables quelques années auparavant. Il y a aussi des fêtes gays dans certaines boîtes, et puis des Russes, jeunes surtout, qui voyagent à l'étranger et utilisent internet, et réfléchissent, discutent... Tu serais étonné du nombre de groupes gays sur vkontakte (le facebook russe)^^
Bref, ce genre de lois scélérates ne m'inquiètent pas outre-mesure. Beacuoup d'homosexuel-le-s souffrent aujourd'hui, comme ont soufferts celles et ceux qui sont né-e-s plus tôt que nous en Europe de l'Ouest, et comme certain-e-s d'entre nous continuent de souffrir. L'homosexualité n'a été dépénalisée en France qu'en 1983, si ma mémoire est bonne, il y a moins de 30 ans (et environ 10 ans avant que les pays de l'Est ne fassent de même). Les Russes et leurs anciens satellites changeront aussi, à leur rythme.
...
J'suis en train de me dire que c'fait un peu professoral tout ça

Dernière modification par Tsar le lun. juil. 04, 2011 7:32 pm, modifié 1 fois.
Re: Europe de l'Est
Merci pour cette réponse claire (c'est aussi pour ça que je poste des trucs mal découpés au gros couteau, pour qu'on réponde à mes hypothèses et généralisations excessives).
La situation est donc très différente par rapport à ce que je perçois de l'Afrique. Pour ce que j'en vois - là encore de l'extérieur - la situation africaine n'est pas différente : les politiques se servent du fait homo pour détourner l'attention d'une corruption endémique et de manquements de leurs gouvernements. Mais le fait est que cela _semble_ fonctionner, et qu'il y ait là un vrai terreau - et quand bien même les Africains reconnaitraient parfaitement la nature de la manœuvre - je pense en particulier à l'Ouganda.
Cela dit, en Russie, et dans les pays de l'ex-bloc de l'Est, quelle est sont à ta connaissance les positions des sociétés civiles ? Les Églises ont-elles l'influence que l'on dit aussi - ou juste un pouvoir de nuisance, comme notre gentil-Vatican ? Dans un registre plus concret, pour ce que tu en perçois, ça veut dire quoi "grandir homo" dans ces régions là aujourd'hui ? Si tant est qu'on puisse en dire quelque chose sans trop écraser le divers des situations ?
J'adore le style professoral
La situation est donc très différente par rapport à ce que je perçois de l'Afrique. Pour ce que j'en vois - là encore de l'extérieur - la situation africaine n'est pas différente : les politiques se servent du fait homo pour détourner l'attention d'une corruption endémique et de manquements de leurs gouvernements. Mais le fait est que cela _semble_ fonctionner, et qu'il y ait là un vrai terreau - et quand bien même les Africains reconnaitraient parfaitement la nature de la manœuvre - je pense en particulier à l'Ouganda.
Cela dit, en Russie, et dans les pays de l'ex-bloc de l'Est, quelle est sont à ta connaissance les positions des sociétés civiles ? Les Églises ont-elles l'influence que l'on dit aussi - ou juste un pouvoir de nuisance, comme notre gentil-Vatican ? Dans un registre plus concret, pour ce que tu en perçois, ça veut dire quoi "grandir homo" dans ces régions là aujourd'hui ? Si tant est qu'on puisse en dire quelque chose sans trop écraser le divers des situations ?
J'adore le style professoral


Re: Europe de l'Est
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Re: Europe de l'Est
Je connais mal la situation de l'Afrique, je pense effectivement qu'il y a des similitudes dans l'utilisation politique de l'homosexualité. Après, je pense que la situation n'est pas tout à fait la même pour l'homphobie de la population : en Europe de l'Est, et surtout en Russie, l'Occident n'a jamsi été vu comme un colonisateur. Un ennemi, oui, un tyran, jamais. L'Europe de l'Est s'est imprégnée de la culture occidentale (en même temps que de cultures orientales), il y eu depuis des siècles de échanges permanents et intenses. La Russie notamment s'est construite à la fois avec et contre l'Europe occidentale. Tout ça pour dire que les peuples d'Europe de l'Est et de Russie ont accès à la culture occidentale, et que celle-ci forme une importante partie de la leur. Donc l'idée de l'Occident décadent à l'assaut de la moralité chrétienne tradictionnelle trouve ses limites, et il est possible pour qui veut de trouver facilement les outils intellectuels pour résister aux discours homophobes.
En Afrique, il me semble que la situation n'est pas aussi simple, à la fois à cause de l'influence des religions chrétiennes et islamiques (encore plus importante qu'en Europe de l'Est je pense), des croyances traditionnelles (la mère d'Isaac pensait je crois qu'il était possédé par de mauvais démons), d'un ressentiment que j'imagine assez fort envers les anciennes puissances colonisatrices et des failles des systèmes éducatifs (on peut reprocher beaucoup de choses aux Communistes, mais au niveau de l'accès à l'éducation ils assuraient ).
Pour les sociétés civiles de l'ex Bloc de l'Est, l'homophobie reste très présente. L'homosexualité n'est pas vue comme "normale" ni "naturelle", c'est régulièrement, et même souvent considéré comme une maladie ou une perversion. Mais ça évolue, surtout parmi la jeunesse urbaine. Et puis, comme souvent, des gens qui ne sont pas favorables à l'homosexualité peuvent voir les choses autrement en apprenant qu'un-e proche est gay. Faudra que je fasse mon CO auprès de mes anciennes profs d'ailleurs
D'une manière générale, les églises sont puissante, beaucoup plus que le Vatican. Elles incarnaient souvent la résistance, ou une partie de la résistance à un système totalitaire et corrompu, et en tirent un grand prestige. Pour beaucoup d'Européen-ne-s de l'Est et de Russes, je pense d'ailleurs la majorité, la Foi fait partie intégrante de leur vie : Dieu existe, c'est un fait qu'on ne pense même pas á remettre en question. On se signe en passant devant les églises, on fait le signe de croix quand on quitte quelqu'un qu'on aime, on baise la main du prêtre, et c'est simplement normal. De plus, les Églises orthodoxes sont des églises nationales, elles n'ont jamais été vues, comme le Vatican en France, comme une autorité étrangère, au contraire, elles font partie de l'identité nationale. Si la Russie est une Fédération regroupant des dizaines de peuples, l'Orthodoxie est un élément essentiel du patriotisme russe. Enfin, elles sont en général ménagées par le pouvoir, ce qui leur confèrent de fait une influence importante. En clair, je vois mal Poutine oser défier ouvertement le Patriarche de Moscou (du reste il est beaucoup trop intelligent pour ça^^).
Après, leurs ouailles restent des êtres humains, hein. L'abstinence avant le mariage par exemple, j'peux citer pas mal d'Orthodoxes pratiquants qui s'en tamponnent les amygdales à coups de pelle...
Grandir homo, ça implique toutes les difficultés auxquelles je pense chacun-e d'entre nous est ou a été confronté-e, en pire : terreur du regard des autres, haine de soi... Être homo, ça demande soit du courage (quelque doute que je puisse avoir sur la pertinence de l'organisation d'une Gay pride en Russie aujourd'hui, j'ai un profond respect pour le courage dont font preuve ses organisateurs-trices), soit de l'habileté : prudence et discrétion sont en général de mise pour pouvoir vivre sa sexualité sans trop de problèmes. Et comme souvent, c'est bien plus facile d'être homo dans les grandes villes, et surtout dans les deux capitales. Je pense même que c'est à Saint-Pétersbourg que c'est le moins difficile, car c'est traditionnellement la "fenêtre sur l'Europe", très ouverte à l'influence occidentale.
En Afrique, il me semble que la situation n'est pas aussi simple, à la fois à cause de l'influence des religions chrétiennes et islamiques (encore plus importante qu'en Europe de l'Est je pense), des croyances traditionnelles (la mère d'Isaac pensait je crois qu'il était possédé par de mauvais démons), d'un ressentiment que j'imagine assez fort envers les anciennes puissances colonisatrices et des failles des systèmes éducatifs (on peut reprocher beaucoup de choses aux Communistes, mais au niveau de l'accès à l'éducation ils assuraient ).
Pour les sociétés civiles de l'ex Bloc de l'Est, l'homophobie reste très présente. L'homosexualité n'est pas vue comme "normale" ni "naturelle", c'est régulièrement, et même souvent considéré comme une maladie ou une perversion. Mais ça évolue, surtout parmi la jeunesse urbaine. Et puis, comme souvent, des gens qui ne sont pas favorables à l'homosexualité peuvent voir les choses autrement en apprenant qu'un-e proche est gay. Faudra que je fasse mon CO auprès de mes anciennes profs d'ailleurs

D'une manière générale, les églises sont puissante, beaucoup plus que le Vatican. Elles incarnaient souvent la résistance, ou une partie de la résistance à un système totalitaire et corrompu, et en tirent un grand prestige. Pour beaucoup d'Européen-ne-s de l'Est et de Russes, je pense d'ailleurs la majorité, la Foi fait partie intégrante de leur vie : Dieu existe, c'est un fait qu'on ne pense même pas á remettre en question. On se signe en passant devant les églises, on fait le signe de croix quand on quitte quelqu'un qu'on aime, on baise la main du prêtre, et c'est simplement normal. De plus, les Églises orthodoxes sont des églises nationales, elles n'ont jamais été vues, comme le Vatican en France, comme une autorité étrangère, au contraire, elles font partie de l'identité nationale. Si la Russie est une Fédération regroupant des dizaines de peuples, l'Orthodoxie est un élément essentiel du patriotisme russe. Enfin, elles sont en général ménagées par le pouvoir, ce qui leur confèrent de fait une influence importante. En clair, je vois mal Poutine oser défier ouvertement le Patriarche de Moscou (du reste il est beaucoup trop intelligent pour ça^^).
Après, leurs ouailles restent des êtres humains, hein. L'abstinence avant le mariage par exemple, j'peux citer pas mal d'Orthodoxes pratiquants qui s'en tamponnent les amygdales à coups de pelle...
Grandir homo, ça implique toutes les difficultés auxquelles je pense chacun-e d'entre nous est ou a été confronté-e, en pire : terreur du regard des autres, haine de soi... Être homo, ça demande soit du courage (quelque doute que je puisse avoir sur la pertinence de l'organisation d'une Gay pride en Russie aujourd'hui, j'ai un profond respect pour le courage dont font preuve ses organisateurs-trices), soit de l'habileté : prudence et discrétion sont en général de mise pour pouvoir vivre sa sexualité sans trop de problèmes. Et comme souvent, c'est bien plus facile d'être homo dans les grandes villes, et surtout dans les deux capitales. Je pense même que c'est à Saint-Pétersbourg que c'est le moins difficile, car c'est traditionnellement la "fenêtre sur l'Europe", très ouverte à l'influence occidentale.
Re: Europe de l'Est
Merci infiniment du temps que tu passes à ces réponses, c'est passionnant.
Des noyaux urbains, tu penses que, malgré le très grand poids de la Religion (en effet, à l'orthodoxe, anastomosée au pouvoir national), quelque chose d'une libéralisation effective (dans le droit) des moeurs sera possible ?
Tu sembles douter par ailleurs de l'opportunité d'un GP en ce moment en Russie. Quel type de militantisme, ou plus largement d'action, te semble pouvoir porter des fruits sur ce sujet ?
(sans vouloir abuser de ton temps !
)
Des noyaux urbains, tu penses que, malgré le très grand poids de la Religion (en effet, à l'orthodoxe, anastomosée au pouvoir national), quelque chose d'une libéralisation effective (dans le droit) des moeurs sera possible ?
Tu sembles douter par ailleurs de l'opportunité d'un GP en ce moment en Russie. Quel type de militantisme, ou plus largement d'action, te semble pouvoir porter des fruits sur ce sujet ?
(sans vouloir abuser de ton temps !

Re: Europe de l'Est
Concernant le droit, rien n'interdit l'homosexualité en Russie, et il est impossible qu'elle soit crimimalisée. Poutine lui-même, interrogé lors d'une conférence de presse sur l'interdiction de la Gay pride à Moscou, qu'il respectait la liberté de chacun, tout en précisant qu'il n'avait pas à commenter les décisions de la Mairie de Moscou et que l'un des principaux problèmes du pays était démographique (on retrouve les restes de la propagande soviétique contre les éléments "associaux"). Pour les éventuel-le-s russophones, la viéo est là : Vous trouverz aussi un lien un blog des organisateurs de la Gay pride avortée de Moscou en 2010 (en russe, dépêchez-vous de le lire, le nom de domaine est á vendre)
Ce qui nous ramène aux centres urbains : la Russie est un état fédéral, et les deux capitales, Moscou et Saint-Pétersbourg, jouissent d'un statut d'autonomie. En gros, leurs maires ont des pouvoirs plus ou moins équivalents à ceux de Gouverneurs. Donc l'interdiction des gay prides n'est pas le fait du Gouvernement fédéral (même s'il n'a rien fait pour l'empêcher), mais des maires, qui en ont parfaitement le droit selon la loi et la Constitution russe. Donc effectivement, on peut imaginer que dans quelques années (au moins 10 ans à vue de nez, et plus sûrement 15 ou 20), ces villes puissent donner le signal d'une sorte de reconnaissance légale de l'homosexualité.
Concernant la Gay pride en Russie, je ne me sens pas le droit de donner des leçons aux militants LGBT russes. Cependant, je pense qu'ils-elles font eput-être une erreur tactique en se focalisant sur la gay pride. On l'a vu, quand d'aventure ils-elles réussissent à la tenir, c'est á la sauvette, avec au mieux quelques dizaines de personnes entourées de polciers et de sympathiques militants ultra-nationalistes en comparaison desquels nos Frontistes font figures d'anarchistes bakouniniens. Le condamnation de la Russie par la Cour européenne des Droits de l'Homme pour les interdictions successives de cette manifestion ne change rien, et les dirigeant-e-s se font un plaisir d'ignorer les protestations de l'étranger sur le thème "mêlez-vous de vos affaires, nous sommes un état souverain, balayez devant votre prote en matière de droits humains."
J'ajoute que ces manifestations plus ou moins avortées n'ont de rententissement médiatique qu'à l'étranger : les télévisions russes, et la plupart des radios et journaux sont en liberté surveillée, détenus par des proches du Kremlin, donc à part deux ou trois journaux libéraux (et encore) et la radio Échos de Moscou à l'audience limitée, personne n'est au courant en Russie. La plupart des réactions viennent de l'extérieur, de l'Occident, ce qui nuit à la cause homosexuelle russe plus qu'elle ne la sert : nous sommes là en présence du vieil État d'une grande puissance farouchement attachée à une histoire millénaire disctincte de l'histoire occidentale, bien que lui étant étroitement liée, un État et une société encore traumatisés par les bouleversements et les humiliations des années 1990, par le sentiment (pas toujours injustifié d'ailleurs, et loin s'en faut) d'être une forteresse assiégée. Dans ce contexte, les interventions occidentales en faveur des LGBT russes n'incite pas les autorités à céder, mais au contraire à affirmer leur souveraineté et leur indépendance, pierre angulaire de la politique étrangère russe (on peut le constater récemment avec les positions du Kremlin sur les crises dans le monde arabe).
Poutine et consorts ne peuvent pas céder, car ce serait reconnaître implicitement aux puissances étrangères un droit de regard sur les affaires intérieures russes, une situation totalement et irréductiblement impensable, intolérable non seulement pour le Kremlin, mais aussi pour la grande majorité des Russes. C'pour ça que l'action d'Act up devant l'Ambassade de Russie (http://yagg.com/2011/07/04/a-paris-une- ... cow-pride/) me semble totalement contre-productive : les Russes auront tout simplement la même réaction que nous pourrions avoir en apprenant que des Saoudiens se rassembleraient devant notre Ambassade à Riyad pour exiger le droit pour les Musulmanes de porter le niquab en France, soit en gros "de quoi je me mêle ?"
Si les associations LGBT européennes veulent être un peu plus efficaces, je pense qu'elles devraient plutôt demander poliment à rencontrer des représentant-e-s des Ambassades russes, d'envoyer des lettres expliquant calmement leur démarche, sans mettre en accusation les autorités russes, en faisant preuve du respect dû aux représentant-e-s d'un État souverain (les Russes sont très soucieux des formes), en rappelant les liens liant leurs pays respectifs à la Russie (pour la France c'est franchement pas difficile),et dans l'idéal, leur écrire en russe (ils sont très attachés à leur langue). Bref, leur montrer qu'on ne les considère pas comme des ennemis.
Pour en revenir aux militant-e-s russes, je pense qu'effectivement ils-elles pourraient peut-être envisager de ne pas persister à tenir la Gay pride à tout prix, mais de respecter les interdictions, tout en les contestant en invoquant la loi, les formes. Théoriquement, ils ont le droit pour eux-elles, Medvedev et Poutine sont des juristes, très attachés aux formes, on pourrait imaginer s'adresser á eux, régulièrement et respectueusement. Dans la tradition russe, l'appel au tsar permet souvent de dire plus de chose qu'un tract politique ou une manifestation^^ Ecrire lettre ouverte sur lettre ouverte au autorités, là encore avec le ton le plus respectueux possible, aux Gouverneurs, aux Ministres, aux dignitaires orthodoxe, au Patriarche Cyrille lui-même. Utiliser des arguments jruidiques, théologique, bref tout faire pour forcer les dirigeant-e-s à réfléchir, à répondre, à argumenter, à se justifier. Montrer qu'ils-elles sont aussi les enfants de la Russie, qu'ils-elles aiment leur pays autant que les hétéros, et sont aussi rpêt-e-s à le défendre en cas de besoin. Faire le même travail qu'Et-alors : rassurer les homos, les soutenir, les encourager... Internet est libre en Russie, le pouvoir n'ose pas y toucher, et des campagnes anti-corruption ont eu récemment un grand retentissement à travers la toile russe. Plusieurs dignitaires ont été contraints à la démission ou à faire amende honorable. D'ailleurs, les LGBT l'utilisent déjà^^ Bref, qu'ils-elles continuent. Homos ou pas, ce sont des Russes, ils-elles savent se battre et résister à l'adversité, en attendant des jours meilleurs.
Ça viendra, ça prendra des années, mais ils-elles y arriveront.
Ce qui nous ramène aux centres urbains : la Russie est un état fédéral, et les deux capitales, Moscou et Saint-Pétersbourg, jouissent d'un statut d'autonomie. En gros, leurs maires ont des pouvoirs plus ou moins équivalents à ceux de Gouverneurs. Donc l'interdiction des gay prides n'est pas le fait du Gouvernement fédéral (même s'il n'a rien fait pour l'empêcher), mais des maires, qui en ont parfaitement le droit selon la loi et la Constitution russe. Donc effectivement, on peut imaginer que dans quelques années (au moins 10 ans à vue de nez, et plus sûrement 15 ou 20), ces villes puissent donner le signal d'une sorte de reconnaissance légale de l'homosexualité.
Concernant la Gay pride en Russie, je ne me sens pas le droit de donner des leçons aux militants LGBT russes. Cependant, je pense qu'ils-elles font eput-être une erreur tactique en se focalisant sur la gay pride. On l'a vu, quand d'aventure ils-elles réussissent à la tenir, c'est á la sauvette, avec au mieux quelques dizaines de personnes entourées de polciers et de sympathiques militants ultra-nationalistes en comparaison desquels nos Frontistes font figures d'anarchistes bakouniniens. Le condamnation de la Russie par la Cour européenne des Droits de l'Homme pour les interdictions successives de cette manifestion ne change rien, et les dirigeant-e-s se font un plaisir d'ignorer les protestations de l'étranger sur le thème "mêlez-vous de vos affaires, nous sommes un état souverain, balayez devant votre prote en matière de droits humains."
J'ajoute que ces manifestations plus ou moins avortées n'ont de rententissement médiatique qu'à l'étranger : les télévisions russes, et la plupart des radios et journaux sont en liberté surveillée, détenus par des proches du Kremlin, donc à part deux ou trois journaux libéraux (et encore) et la radio Échos de Moscou à l'audience limitée, personne n'est au courant en Russie. La plupart des réactions viennent de l'extérieur, de l'Occident, ce qui nuit à la cause homosexuelle russe plus qu'elle ne la sert : nous sommes là en présence du vieil État d'une grande puissance farouchement attachée à une histoire millénaire disctincte de l'histoire occidentale, bien que lui étant étroitement liée, un État et une société encore traumatisés par les bouleversements et les humiliations des années 1990, par le sentiment (pas toujours injustifié d'ailleurs, et loin s'en faut) d'être une forteresse assiégée. Dans ce contexte, les interventions occidentales en faveur des LGBT russes n'incite pas les autorités à céder, mais au contraire à affirmer leur souveraineté et leur indépendance, pierre angulaire de la politique étrangère russe (on peut le constater récemment avec les positions du Kremlin sur les crises dans le monde arabe).
Poutine et consorts ne peuvent pas céder, car ce serait reconnaître implicitement aux puissances étrangères un droit de regard sur les affaires intérieures russes, une situation totalement et irréductiblement impensable, intolérable non seulement pour le Kremlin, mais aussi pour la grande majorité des Russes. C'pour ça que l'action d'Act up devant l'Ambassade de Russie (http://yagg.com/2011/07/04/a-paris-une- ... cow-pride/) me semble totalement contre-productive : les Russes auront tout simplement la même réaction que nous pourrions avoir en apprenant que des Saoudiens se rassembleraient devant notre Ambassade à Riyad pour exiger le droit pour les Musulmanes de porter le niquab en France, soit en gros "de quoi je me mêle ?"
Si les associations LGBT européennes veulent être un peu plus efficaces, je pense qu'elles devraient plutôt demander poliment à rencontrer des représentant-e-s des Ambassades russes, d'envoyer des lettres expliquant calmement leur démarche, sans mettre en accusation les autorités russes, en faisant preuve du respect dû aux représentant-e-s d'un État souverain (les Russes sont très soucieux des formes), en rappelant les liens liant leurs pays respectifs à la Russie (pour la France c'est franchement pas difficile),et dans l'idéal, leur écrire en russe (ils sont très attachés à leur langue). Bref, leur montrer qu'on ne les considère pas comme des ennemis.
Pour en revenir aux militant-e-s russes, je pense qu'effectivement ils-elles pourraient peut-être envisager de ne pas persister à tenir la Gay pride à tout prix, mais de respecter les interdictions, tout en les contestant en invoquant la loi, les formes. Théoriquement, ils ont le droit pour eux-elles, Medvedev et Poutine sont des juristes, très attachés aux formes, on pourrait imaginer s'adresser á eux, régulièrement et respectueusement. Dans la tradition russe, l'appel au tsar permet souvent de dire plus de chose qu'un tract politique ou une manifestation^^ Ecrire lettre ouverte sur lettre ouverte au autorités, là encore avec le ton le plus respectueux possible, aux Gouverneurs, aux Ministres, aux dignitaires orthodoxe, au Patriarche Cyrille lui-même. Utiliser des arguments jruidiques, théologique, bref tout faire pour forcer les dirigeant-e-s à réfléchir, à répondre, à argumenter, à se justifier. Montrer qu'ils-elles sont aussi les enfants de la Russie, qu'ils-elles aiment leur pays autant que les hétéros, et sont aussi rpêt-e-s à le défendre en cas de besoin. Faire le même travail qu'Et-alors : rassurer les homos, les soutenir, les encourager... Internet est libre en Russie, le pouvoir n'ose pas y toucher, et des campagnes anti-corruption ont eu récemment un grand retentissement à travers la toile russe. Plusieurs dignitaires ont été contraints à la démission ou à faire amende honorable. D'ailleurs, les LGBT l'utilisent déjà^^ Bref, qu'ils-elles continuent. Homos ou pas, ce sont des Russes, ils-elles savent se battre et résister à l'adversité, en attendant des jours meilleurs.
Ça viendra, ça prendra des années, mais ils-elles y arriveront.