Tel n'était pas mon propos, cher Eric. Mais tu sais combien un post est réducteur ; déjà que je suis bavard, je ne peux pas développer outre mesure. Je parlais juste des propos franchement hostiles et discriminatoires ; j'en ai relevé des exemples sur ce forum comme ailleurs, et j'avoue avoir du mal à comprendre ce rejet qui semble de bon ton. Le terme de "folle" d'ailleurs me dérange en lui-même : ça c'est un cliché homophobe dont j'aimerais bien qu'il n'apparaisse pas dans le vocabulaire gay ; je connais des "folles", comme vous dites, que cet ostracisme a mené droit au désespoir, voire au suicide. Bien entendu que nous sommes tous différents dans notre virilité, je ne crois pas aux canons rigoureux de la virilité tels que notre civilisation les a définis, ni à ceux de la féminité du reste.ericb a écrit :Ankh,
Il faut toi aussi ne pas tomber dans la caricature. Il n'y a pas de volonté de ma part ou d'autres de passer pour "normaux" pour se fondre dans le paysage. On est comme ça, c'est tout... Et je ne blâme pas non plus les "folles" d'être comme elles sont. Je regrette simplement que le cliché homo="forcément folle" persiste, alors que c'est loin d'être une généralité.
Je revendique aussi ma part de féminité: j'adore cuisiner, dessiner, m'occuper de déco, être aux petits soins avec mon homme... Je suis de loin le plus féminin de mon couple, mais ça ne va pas jusqu'à aimer le rose et à avoir des gestes extravagants. Désolé Je ne vais tout de même pas me forcer juste pour correspondre à l'image d'Epinal de l'Homo
Eric
Je maintiens que chez certains jeunes (tu remarqueras que je ne dis pas chez tous, que je ne généralise pas, donc que je ne caricature pas), le rejet du gay efféminé manifeste une difficulté à assumer sa propre part de féminité. C'est une phase par laquelle quasiment tout le monde est passé. Aujourd'hui que nous avons bousculé un certain nombre de tabous, il serait dommage de voir certains continuer à perdre du temps en jouant à être ce qu'ils ne sont pas... Tel est mon propos, rien de plus. La frontière entre les sexes n'est pas ce que la tradition en a dit durant des siècles, elle est beaucoup plus subtile et ténue, ce que les Orientaux et de nombreux peuples savent depuis bien longtemps.
Ce qui me choque, ce n'est pas qu'il y ait des gays plus "virils" que d'autres... C'est qu'il y ait des gays qui condamnent ceux qui ont une part de féminité plus immédiatement sensible. Tu dis "je ne vais pas me forcer", et justement, je prétends qu'il ne faut se forcer ni dans un sens ni dans l'autre ; c'est l'excès, le manque de naturel qui peuvent être négatifs. Là dessus, je pense que nous sommes d'accord, non ?
Quant au cliché "homo=folle" dont tu parles, c'est tout simplement que les garçons les plus "efféminés" sont en première ligne des humiliations homophobes. En rapport avec les traditions culturelles dont je parle plus haut. Donc inutile d'en rajouter une couche entre gays, je crois... L'homo plus "viril" dérange dans le sens où il n'est pas immédiatement identifiable, mais il bénéficie au moins de l'aura du "mâle" tel que la civilisation ambiante le conçoit.
Ceci dit, je crois aussi que c'est une phase assez naturelle de l'évolution de la place des homos dans la société. Avec la visibilité plus large, nous avons des codes à reconstruire, des marques à trouver. En leur temps, les favoris des princes de la Renaissance ont cristallisé les angoisses de leurs contemporains, rien de neuf sous le soleil... Il faut juste faire attention à ne pas diaboliser la différence, et créer des minorités dans la minorité.