Et alors ?

Depuis deux jours je suis chez ma copine que j'accompagne plusieurs fois par jours à l'entrée de son lycée privée.
Nous nous comportons comme un couple "normal" (hétéro classique), bisous du bout des lèvres, mains tenues ou assises sur les genoux de l'autres. Bref rien d'indécent mais donc évidemment ça l'a outé dans son lycée.
Pas une seule remarque ni de la part des élèves ou des pions.

Mais aujourd'hui son CPE demande à lui parler. Il considère que "sa vie privée ne le regarde pas, mais qu'il serait plus judicieux d'être plus discrète".

Bref en y réfléchissant c'est loin d'être étonnant venant d'un lycée catho, et ce n'est pas "grave" étant donné que ce n'est qu'une remarque, qu'il n'y a pas eu de conséquences autres pour le moment et que cela a été fait avec tact.

Mais ça me laisse sur le cul car je trouve quand même ça dégueulasse, la façon dont ça l'a mise mal à l'aise, dont il s'immisce malgré ses propos dans sa vie privé, et comment cela perturbe et fait se sentir coupable.

Nous n'étions pas dans l'enceinte du lycée, ne faisions rien d'indécent ou de déplacé.

je ne suis pas directement touchée, du coup je ne sais pas réellement quoi lui dire, comment je dois réagir. Elle a acquiescé à ses paroles et m'a dit que "ce n'était pas grave, qu'on se mettrait sur le trottoir d'en face". J'aime ça réaction parce qu'elle a eu l'intelligence de ne pas se provoquer des ennuies en répliquant immédiatement à son CPE (ce que je n'aurais clairement pas su faire) même si elle aurait été dans son droit je trouve, mais qu'en même temps elle ne trouve pas leur réaction justifié.

Du coup voilà, ça me fait me poser plein de questions, et je sais que à sa place je ne pourrais pas faire autrement que de leur foncer dans le lard et jouer de la provocation (réaction pas du tout réfléchie) mais que c'est surement le plus intelligent à faire que de juste avoir dit "oui monsieur" étant donné que vu sa réaction je pense qu'elle pourrait difficilement obtenir autre choses que des ennuies.
Enfin je crois.

Bref là je retourne la chercher, de toutes manières c'est la dernière fois aujourd'hui avant un moment je pense.

Des avis ? Est-ce moi qui me laisse trop perturber par un truc pas si grave (c'est même pas moi qui y étais en plus...) ou alors ce que je ressens est justifié ? J'arrive pas à faire la part entre mes ressentis et ma raison.

Est-ce qu'il lui a donné des explications sur les motivations de sa remarque ? Parce que ça peut être aussi par crainte des réactions hostiles de la part d'autres lycée-ne-s, il est peut-être juste maladroit.

C'est ce que j'ai pensé aussi. Si sa remarque était juste une mise en garde amicale, il n'est pas, je pense, nécessaire de retourner le voir. Continuez simplement d'agir comme vous le faisiez jusqu'à présent, sans même changer de trottoir. Il comprendra que vous êtes assez grandes pour gérer la situation et faire vos choix "d'affichage" ou pas.

Si en revanche il y avait un jugement négatif derrière, là oui c'est de la discrimination, et je ne sais pas comment il convient de réagir sans mettre ta copine en difficulté...

Jusqu'où vous êtes prêtes à aller en cas de conflit ? Par exemple, est-ce que ta copine est outée auprès de ses parents, et estce que ceux-ci, le cas échéant, pourraient prendre un minimum sa défense face au proviseur du lycée ? (parce que clairement, à moins que l'hypothèse de Tsar et de Nomade soit juste, c'est de la discrimination, y a pas à tortiller).

Bon eh bien je réponds de mon côté : pas outée parents, pas partante pour lancer un truc long chiant et compliqué pour quelque chose comme ça, même si ça fait vraiment vraiment ch*er.
On m'a clairement dit "Je ne me mêle pas de votre vie privée, je ne juge pas, mais c'est un lycée privé catholique, il faudrait être un peu plus discrète."

Bref, pas grand chose, mais... Déjà quelque chose de trop.

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Yume a écrit :Depuis deux jours je suis chez ma copine que j'accompagne plusieurs fois par jours à l'entrée de son lycée privée.
Nous nous comportons comme un couple "normal" (hétéro classique), bisous du bout des lèvres, mains tenues ou assises sur les genoux de l'autres. Bref rien d'indécent mais donc évidemment ça l'a outé dans son lycée.
Pas une seule remarque ni de la part des élèves ou des pions.

Mais aujourd'hui son CPE demande à lui parler. Il considère que "sa vie privée ne le regarde pas, mais qu'il serait plus judicieux d'être plus discrète".

Bref en y réfléchissant c'est loin d'être étonnant venant d'un lycée catho, et ce n'est pas "grave" étant donné que ce n'est qu'une remarque, qu'il n'y a pas eu de conséquences autres pour le moment et que cela a été fait avec tact.

Mais ça me laisse sur le cul car je trouve quand même ça dégueulasse, la façon dont ça l'a mise mal à l'aise, dont il s'immisce malgré ses propos dans sa vie privé, et comment cela perturbe et fait se sentir coupable.

Nous n'étions pas dans l'enceinte du lycée, ne faisions rien d'indécent ou de déplacé.

je ne suis pas directement touchée, du coup je ne sais pas réellement quoi lui dire, comment je dois réagir. Elle a acquiescé à ses paroles et m'a dit que "ce n'était pas grave, qu'on se mettrait sur le trottoir d'en face". J'aime ça réaction parce qu'elle a eu l'intelligence de ne pas se provoquer des ennuies en répliquant immédiatement à son CPE (ce que je n'aurais clairement pas su faire) même si elle aurait été dans son droit je trouve, mais qu'en même temps elle ne trouve pas leur réaction justifié.

Du coup voilà, ça me fait me poser plein de questions, et je sais que à sa place je ne pourrais pas faire autrement que de leur foncer dans le lard et jouer de la provocation (réaction pas du tout réfléchie) mais que c'est surement le plus intelligent à faire que de juste avoir dit "oui monsieur" étant donné que vu sa réaction je pense qu'elle pourrait difficilement obtenir autre choses que des ennuies.
Enfin je crois.

Bref là je retourne la chercher, de toutes manières c'est la dernière fois aujourd'hui avant un moment je pense.

Des avis ? Est-ce moi qui me laisse trop perturber par un truc pas si grave (c'est même pas moi qui y étais en plus...) ou alors ce que je ressens est justifié ? J'arrive pas à faire la part entre mes ressentis et ma raison.

Salut

Je suis un peu mitigé...
Je suis du côté des "pions", d'ailleurs je reprends souvent les élèves sur ce terme en leur demandant de parler de "surveillants" au lieu de "pions".

Depuis le début de l'année, j'occupe ce poste (sans expérience au préalable) et je suis abasourdis de voir comment les élèves d'aujourd'hui parlent à ceux qui représentent l'autorité.
Ils sont pour la plupart sur la défensive, tout le temps, et la moindre chose qu'on leur demande est vu comme une agression.
Une remontrance est vue comme un manque de respect, et en matière de manque de respect, ils sont coutumier du fait, n'hésitant pas à insulter les professeurs ou les surveillants.

Bref...

Quand des élèves se présentent à mon bureau (vie scolaire), pour une exclusion de cours, c'est TOUJOURS de la faute du professeur, jamais de la leur.
Et dès qu'ils sont conduit en salle pour terminer leur heure d'exclusion, on les trouve en bascule sur leur chaise, les pieds sur la table, envoyant des SMS, ricanant, se foutant allègrement de l'assistant d'éducation qui est en charge de le surveiller.
Je leur explique qu'avec une attitude comme ils ont une fois qu'ils sont en retenue, ils ne me motivent pas à croire qu'ils ont été exclus de cours injustement, que si ils veulent que je les prenne au sérieux, ils devraient se montrer plus respectueux.
Mais non... ils ne comprennent pas, ne veulent pas comprendre ou font simplement preuve de mauvaise foi.
J'ai l'impression qu'ils estiment qu'ils peuvent tout se permettre mais qu'en retour les encadrants et les professeurs eux leur doivent le respect, c'est assez affolant

Alors, je ne veux pas dire que vous êtes vous aussi comme ça, mais je me méfie quand même un petit peu... du coup

En ce qui concerne un coming out dans le lycée, et bien ça tombe bien car un des élèves est en plein dedans.
Il raconte à tout le monde qu'il est homosexuel, qu'il vit avec un homme de plus de trente ans déjà père alors que lui n'a que 16 ans.
J'ai appris aujourd'hui qu'il disait cela depuis quelques jours, mais le mal est déjà fait puisque des élèves ont déjà commencé à le lyncher et moi je vais au plus vite essayer d'avoir une discussion avec lui pour limiter la casse.
Il y a quand même dans le lycée quelques élèves déjà fachos (si c'est pas malheureux...).

Assumer son homosexualité, vivre comme on est, s'affirmer aux yeux des autres etc, je suis pour, mais dans certaines conditions.
Et le faire dans un lycée où les élèves n'ont que faire des problématiques LGBT, voir sont potentiellement homophobes, je trouve que c'est une TRES TRES mauvaise idée.
Vous allez faire quoi le jour où des élèves commenceront à vous traiter de tout les noms parceque vous êtes lesbiennes ?
N'est-ce pas plus sage quand même d'éviter de vous montrer aux abords du Lycée ?

Dans la rue, en ville etc, vous courez le risque de vous faire insulter par des homophobes, mais tant pis, vous ne croiserez pas les gens régulièrement.
Au lycée, si, et en plus vous êtes obligée de vivre avec les autres élèves.
C'est bien de vouloir être courageuses, d'être "fortes", mais l'êtes-vous suffisamment par rapport à ce qui risque de se passer ?

Je ne sais pas sur quel ton le CPE s'est exprimé, mais étant moi-même loin d'être homophobe, j'aurais sans doute tenu le discours que tu nous rapporte.
"Il serait judicieux d'être plus discrète", et bien oui, c'est un excellent conseil !

C'est bien de vouloir être courageuses, d'être "fortes", mais l'êtes-vous suffisamment par rapport à ce qui risque de se passer ?

Ça. Exactement ça. À vous de voir comment vous vous sentez de gérer la situation.

Aotisma a écrit :

C'est bien de vouloir être courageuses, d'être "fortes", mais l'êtes-vous suffisamment par rapport à ce qui risque de se passer ?

Ça. Exactement ça. À vous de voir comment vous vous sentez de gérer la situation.

Surtout que la seule restriction qui vous est demandé c'est de plus vous rouler des pelles devant la porte du lycée.

Ensuite c'est un lycée privé catho: donc contrairement au lycée Public, ça doit être plus calme, avec un niveau plus élevé: problème c'est payant et faut faire de temps en temps avec l'idéologie catho.
On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.

Attention, pour ma part, je ne dis pas que Rosa Park ne devait pas rester assise dans le bus, ni qu'elle devait le faire. Je dis juste qu'il faut qu'elles voient si elles se sentent, en tant qu'elles, comprendre leur but vis-à-vis de cette situation, et agir en conséquence, et pas uniquement sur un système de vexé-faché "bouh, ils ont pas été tolérant", ce qui risque de se retourner contre elle si elles n'ont pas assez bien juger la situation.