Parents parfaits, fils déboussolé

[Nomade]

Salut vous.

Ca vous est arrivé de considérer que vos parents étaient tellement parfaits qu'ils en devenaient insupportables ? Tellement fidèles à l'image que l'on a des parents idéaux qu'on ne peut plus entendre la moindre de leur phrase tellement sensée sans avoir envie de hurler ? Avec des problèmes tellement plus importants (voire vitaux) que les vôtres que vous avez l'impression d'être un poids dans leur vie ? Avec des conseils tellement justes et évidents que vous avez l'air d'un con minable pour ne pas y avoir pensé, et que vous avez envie de ne surtout pas les suivre juste pour les faire chier (tout en sachant que vous risquez de crever de faim d'ici un an si vous n'obéissez pas) ?

Je ne sais pas quoi faire avec eux. J'ai envie qu'ils arrêtent de s'inquièter pour moi, mais c'est impossible.
Pour ma santé, ils ne peuvent pas, parce que ce sont mes parents, tout simplement.
Pour mes finances, mes jobs d'été et mon avenir professionnel, ils ne peuvent pas non pus, parce qu'ils sont garants de mon prêt étudiant.

Rien de ce que je pourrais dire ne changerait ça. Ils m'étouffent, pour essayer de me faire réagir, et ils le savent. Mais ça ne fonctionne pas. Ils ne savent pas comment faire pour me rendre "apte à la vie en société", et moi non plus. Ils parviennent seulement à me mettre sous pression. Du coup je me bloque. Du coup ils intensifient le processus.

A chaque fois que je fais un effort dans leur sens, soit ça n'est pas ça qu'il fallait faire, soit ce n'est pas suffisant, soit ça se solde par un échec.
Je travaille, je reprends du poids, je fais ce que je peux pour aider ma mère au quotidien, j'ai géré mes problèmes d'assurance sans leur aide, je commence à chercher du boulot sur Bruxelles (histoire de combler les quelques heures de loisir que j'aurais pu avoir pendant mon stage), et ça n'est pas assez...
Il faudrait encore que je me fasse connaître de tous les industriels de la région, voire du monde, comme un jeune futur ingénieur qui a la niac et qui veut se créer un réseau de relations efficaces, que je devienne le type-même du beau-parleur charismatique (pour être sûr de ne jamais rater mes entretiens d'embauche)... Et hier, de préférence, pas demain.

Deux constats :
1- Je les aime.
2- Ils me soulent grave.

[Thunder Bird]

[contribution effacée à la demande de son auteur]

[Nomade]

Auparavant tu ne parlais pas d'eux comme ça, votre entente s'est dégradée au fil du temps ?

Disons qu'on a de plus en plus de mal à communiquer. Ils pensent que je me sens supérieur, ce qui est totalement faux, je le leur ai déjà fait comprendre plusieurs fois. Maintenant je commence à me braquer (ben oui, j'ai pas fait de crise d'adolescence, faut bien que ça coince un jour ou l'autre), donc ça n'aide pas.

Enfin quoi qu'il en soit je te recommande la discussion, avec les arguments suivants :
- vous n'êtes pas pauvres

Ca, tu n'en sais strictement rien, permets-moi de te le faire remarquer. Je ne suis pas tenu dans l'ignorance de la situation financière familiale, donc je sais à quoi m'en tenir.

- tu es dans une bonne école, donc normalement tu devrais ne pas suer sang et eaux et gagner correctement ta vie

Ils ne le comprennent pas. Ce qu'ils savent, c'est qu'un diplôme ne fait pas tout, et que si on n'a pas la tchatche, on part avec un handicap, y compris par rapport à des gens moins compétents que soi qui eux savent se vendre.

- tu as besoin de vacances et de temps libre

Ils sont d'accord avec ça, par contre ils ne m'ont pas expliqué comment ils pensaient possibles d'être en stage le jour, de bosser le soir et le week end et d'avoir quand même du temps libre

- le réseau ça se forme pas en rencontrant des gens sans motif réel, qui de toute façon ne t'accorderont jamais d'entretien si c'est juste pour "voir le coeur de métier de la boîte"...

Là j'ai un peu exagéré (même s'ils seraient ravis que ça se produise). Effectivement je vais devoir creuser cette question-là avec eux... J'arrive tellement pas à discuer avec eux, c'est dramatique.

Merci à toi.

[Thunder Bird]

[contribution effacée à la demande de son auteur]

[thirteen]

je commence à chercher du boulot sur Bruxelles (histoire de combler les quelques heures de loisir que j'aurais pu avoir pendant mon stage), et ça n'est pas assez...
Il faudrait encore que je me fasse connaître de tous les industriels de la région, voire du monde, comme un jeune futur ingénieur qui a la niac et qui veut se créer un réseau de relations efficaces, que je devienne le type-même du beau-parleur charismatique (pour être sûr de ne jamais rater mes entretiens d'embauche)... Et hier, de préférence, pas demain.

Salut Guillaume,

Ce que tu as écrit m’a rappelé l’attitude de ma mère à la fin de mes études lorsque je cherchais du travail. Souvenirs détestables. Mon père, comme à son habitude, ne disait rien. Mais ma mère m’étouffait terriblement et me mettait la pression. Comme toi, j’avais le sentiment que tout ce que je pouvais entreprendre n’était jamais assez bien, jamais suffisant.
Déjà qu’à l’époque j’étais très timide, son attitude ne faisait qu’empirer ce manque de confiance en moi.
Je crois qu’à cette époque, je n’ai jamais autant détesté ma mère ! J'avais le moral au plus bas. Je n’avais qu’une hâte, m’en aller au plus vite.
J’ai finalement réussi à trouver un boulot. Une fois mon indépendance acquise loin du foyer familial, tout a été mieux.
Je me suis libéré de l’emprise de ma mère et je pouvais enfin vivre ma vie en fonction de mes propres choix. J’ai donc quitté mon premier job qui ne me plaisait pas ( mais qui m’avait permis avant tout de quitter mes parents) pour en trouver un autre.

Depuis les relations avec mes parents sont redevenues bonnes. Je les aime mais disons que je ne les vois que quelque fois dans l’année et c’est très bien ainsi.
Alors voilà Guillaume, je crois comprendre ce que tu vis actuellement. Ce n’est qu’un cap difficile à passer.
Courage et tiens bon, dès que tu pourras acquérir ton indépendance, je pense que tout ira mieux.

[rockrockto]

je voulais juste rappeler quelquechose qui me semble basique : on ne doit rien à nos parents.
Quand on est jeune et en train de se construire, il faut avant tout penser à soi, nos parents n'ont pas eu d'enfants pour avoir quelqu'un qui s'occupe d'eux...

Fait les choses comme tu les vois, à ton rythme, ou du moins sans te rajouter la pression parentale.

Moi j'avais le même problème, jusqu'au jour où j'ai décidé de ne plus tenir compte de mes parents, j'allais chercher des conseils ailleurs (prof, amis etc.), du coup à partir de ce moment quand je leur parlais, ils voyaient que je n'avais plus les mêmes attentes envers eux, que je leur demandais seulement d'être des parents dont l'enfant est adulte et autonome.

Voilà quoiqu'il en soit bon courage, et Pense A Toi!

[Miss Hada]

je plussoie rockrockto

tu leur explique que ce sont tes oignons à toi,

tu leur montre que tu fais "bien sans eux" (et pas "bien selon leurs critères")

et si ils continuent tu leur fais "oui oui c ça" et tu n'écoutes plus

normalement, ça devrais s'arrêter à un stade ou l'autre

[ExMembre L]

une petite crise d'adolescence à retardement peut-être? moi je dirais là comme ça que c'est le signe qu'il est temps de prendre un peu le large....

Et puis au vu de tous les problèmes que tu as affronté pendant l'année, je pense qu'il y a forcément un effet de saturation à un moment c'est normal. Ne sous estime pas ton degré de fatigue.

Ensuite la vision que te transmettent tes parents de ce qu'il faut pour réussir est peu être un peu fausse. Je connais plein d'ingénieurs pas fortiches pour se vendre qui ont très bien réussi.

j'ai l'impression que tu souffres d'un gros complexe d'infériorité "je suis pas assez bien"... peut-être qu'être un peu moins exigeant de la part de tes parents ce serait bien. Peut-être aussi qu'avant de les laisser devancer ce qu'il est bien de faire il faudrait qu'ils te laissent vivre tes expériences et tes plantages et t'enrichir grace à eux.

On ne peux pas prendre de la graine dans la vie si on fait jamais aucune connerie, non plus il n'est donné à personne de ne jamais se planter. Je crois qu'il ont fait leur maximum éducatif et que bon tu es en âge de complèter ton éducation tout seul maintenant.

[Yannick568]

Du moment que t'a mère ne se transforme pas en une sorte de Bree Van de kamp...

M'enfin, perso j'ai pas ce probléme, ma mère est tout sauf parfaite, et c'est surement pour ca que je l'adore lOol

[iorini]

je crains que ce soit de leur part une façon de manifester leur amour, je suis parent exactement de cette façon moi aussi...

à toi de te débrouiller pour

1 te convaincre que tu as le droit de le leur dire
2 que non seulement tu as le droit de leur dire, mais même l'obligation
3 parce que si tu ne leur parles pas, vos relations seront moins saines.

si je renverse le problème en observant ce qui se passe avec mes propres enfants, plus les parents voient qu'il ya une difficulté chez leur enfant, plus ils veulent l'aider, et plus ils arrivent à avoir une sollicitude étouffante qui va à l'encontre du but recherché.

débrouille-toi pour te convaincre qu'il est indispensable que toi tu parles, pour les aider à renverser la vapeur, pour les informer, eux, de la mailleure façon de te soutenir.
Si tu réussis à bien t'en convaincre, tu ne craindras pas la petite peine que tu penses qu'ils vont ressentir sur le moment, parce que tu sauras que cette petite peine vous amènera à vous sentir plus proches. Je suis convaincue qu'une des raisons pour lesquelles tu ne leur parles pas est cette crainte de leur faire de la peine.

Dis-toi bien que chaque avancée dans les relations commence toujours par un passage difficile, dispute ou nécessité de "faire de la peine", mais justifié par le résultat.
Combien de choses ne sont pas dites entre parents et enfants "pour ne pas faire de peine", alors que les uns comme les autres ne souhaitent que ça, pouvoir communiquer et se dire les choses en vrai, et non pas fantasmées.

ex tout bête, des fois ta mère doit s'épuiser à faire quelque chose en espérant te faire plaisir, alors que c'est tout autre chose dont tu aurais besoin. Combien de repas préparés dans la meilleure intention d'amour parental, là où le temps passé à la préparation aurait été bien mieux investi dans une écoute réelle et disponible?

je te rassure, malgré ces difficultés, la description que tu nous fais me convainc que tout va plutôt bien chez vous, et que vous saurez gérer ces passages de changement, où tes besoins, et leurs besoins, se modifient.

Prenez le temps d'analyser de quoi vous avez besoin toi, et eux. quel est le minimum que tu dois faire pour apaiser leurs inquiétudes? quelle autonomie souhaites-tu avoir? de quelle autonomie matérielle peux-tu réellement disposer,
quels sont les efforts qu'ils ont encore à faire pour te permettre le passage de l'adolescent au jeune adulte que tu es? Qu'est-ce qui leur rend difficile l'acceptation de ce passage (après lequel, tu viens d'en avoir des témoignages, les relations sont aussi belles, même si matériellement plus espacées)
etc...

n'hésite pas devant la "peine" que tu crains de leur faire.

grosses bises (tu vois, c'est la maman en moi, ça)
iorini