A la place de la famille

[MADY]

Très intéressant débat, vraiment ; merci Gotterfdom de l'avoir initié.

Personnellement, je reprendrais à mon compte les explications de Parker (si tu permets Parker)... ; tu as très bien exprimé notre ressenti à nos les parents (ou frère en l'occurence pour toi) ; en ce qui me concerne j'enleverai juste le paragraphe concernant le dégoût. C'est une notion qui ne m'a jamais traversé l'esprit par rapport à l'homosexualité.

Sans doute le fait de travailler dans le monde du spectacle (où l'homosexualité est moins cachée, en général, qu'ailleurs) depuis très longtemps m'a t il permis de mieux m'y "habituer"... je ne sais pas.

Par contre, en tant que maman, je confirme (et je découvre que c'est pareil pour les parents d'hétéros..) que j'occulte complètement et presqu'inconsciemment "ce qui se passe sous la couette" en ce qui concerne la vie de mes enfants. C'est ainsi, je ne peux pas l'expliquer, ni même me l'expliquer.... J'en ai discuté avec mes enfants il y a environ 3 ans et ils m'ont dit que c'est sans doute le même réflexe qui fait que les enfants, quand ils sont petits, ne veulent souvent, comment dire, pas savoir "ce qui se passe dans la chambre des parents"....

Pour ce qui est du film dont parle Gotterfdom, j'en ai parlé avec lui par mp déjà, et c'est vrai que, même si je n'ai pas revu cette K7 depuis longtemps (je l'ai regardé maintes fois, durant mes nuits d'insomnie... après avoir su pour l'aîné... puis pour le second fiston...) la phrase qui m'a le plus frappée c'est celle que prononce la tante du "héros" (si bien joué par Cyrille Thouvenin) et qui dit en gros "est ce qu'on aime autant ses enfants qu'on le prétend".....

Je ne sais pas si tt ça apporte qque chose au débat... mais j'ai essayé en tous cas.

Bisous,

Mady

[Gotterfdom]

Par contre, en tant que maman, je confirme (et je découvre que c'est pareil pour les parents d'hétéros..) que j'occulte complètement et presqu'inconsciemment "ce qui se passe sous la couette"

Etrangement, ma mère m'a dit le contraire, ou plutot quelque chose d'un peu différent. Elle occulte volontairement ce qui se passe sous la couette : alors que pour mes autres frères elle ne s'était jamais posée la question, alors que pour moi, l'idée lui était apparue et elle avait fui consciemment les images.

Voili voilou, une ch'tite nuance à apporter

[Ankh Neferkheperou]

Ensuite, elle a quand meme un certain dégout pour les relations homosexuelles (ce qui n'est donc pas une réaction typiquement masculine). Elle m'avait déja dit qu'elle n'était pas prête à me voir avec un homme (et ca tombe bien puisque je n'en ai pas ) Sans vouloi la forcer, je voulais savoir tout de meme pourquoi, et elle m'a dit qu'elle avait quand meme un certain dégout à m'imaginer avec un homme.

Je crois que la phase de dégoût dont tu parles est naturelle, surtout chez la mère, qui a un lien particulièrement fort avec son enfant ; il ne faut pas oublier que nos parents ont reçu une éducation différente de celle d'aujourd'hui, vécu dans une société différente de celle d'aujourd'hui. Mais ça passera. Pour te donner l'exemple de ce qui s'est passé chez moi, ma mère ressentait ce fameux dégoût, même si elle luttait contre parce que l'amour est plus fort ; pendant longtemps, elle pouvait tout juste me faire la bise, mais plus avoir aucun autre contatc physique, plus de geste d'affection (elle a reçu une éducation catholique, sans être pratiquante, et a grandi dans une toute petite ville de campagne avant d'épouser un militaire... ces précisions peuvent expliquer en partie les choses). Puis ça a passé, en grande partie grâce à son second mari. Depuis, elle me reçoit chez elle avec mon copain, quand j'en ai un, exactement comme elle reçoit le mari de ma soeur ; et aujourd'hui que je suis célibataire, elle n'arrête pas de me demander quand je vais rencontrer un nouveau copain. Les choses évoluent avec le temps dans la tête des parents, il faut les laisser "digérer", il ne faut pas les brusquer, c'est tout...

D'autre part, les parents projettent sur leurs enfants un avenir qu'ils aimeraient. Apprendre que son enfant est homosexuel, c'est du même coup faire le deuil de petits enfants éventuels dans l'esprit des parents. C'est craindre un parcours de vie plus difficile que celui de la plupart des autres. C'est avoir peur des discriminations, etc.

Et puis il y a le sentiment de culpabilité, avec la question : "qu'est-ce que j'ai raté dans son éducation ?" ; il est souvent entretenu par des proches pas toujours bienveillants, surtout pour culpabiliser la mère, qui en général est la première à en prendre plein la tête, y compris très souvent de la part de son mari : "tu l'as trop couvé ! Tu ne m'as pas laissé en faire un homme !" et autres balivernes encore bien présentes dans l'esprit de certains. Parfois aussi on s'acharne à culpabiliser le père, auquel on reproche de ne pas avoir été assez présent, voir absent.

Culpabilité aussi de ne rien avoir vu venir, ou de ne pas avoir voulu voir venir. De prendre en pleine figure une réalité qu'on tentait d'occulter ; certains signes précoces peuvent être ressentis par les parents, mais souvent ils refusent inconsciemment de les affronter. Culpabilité de savoir que son enfant a grandi seul avec sa différence, en a peut-être souffert en silence, culpabilité du non-dit...

Enfin, il y a la crainte de la réaction de l'extérieur, de ce qu'on va penser et dire, de ce qu'il va leur falloir entendre (du style d'une conversation que j'ai surprise entre mes parents et un ami à eux peu de temps après qu'ils aient su pour moi : "si c'était mon fils à moi, je ne laisserai pas faire ! Ou alors je ne le verrai plus ! Aucun risque que ça arrive chez nous, je te le dis !"). Si nous, nous devons faire tout un travail pour nous faire accepter de l'extérieur, il faut avoir conscience que nos parents aussi ; il leur faut du courage pour l'assumer aussi, dans une société encore imprégnée de préjugés homophobes...

Nous parlons là, c'est vrai, des cas où ça se passe bien dans l'ensemble. Certains parents, aujourd'hui encore malheureusement, adoptent une attitude de rejet, ne parviennent pas à dépasser ces premiers stades et à laisser leur amour être plus fort que le reste. Pour des tas de raisons : remise en question de leurs convictions religieuses ou politiques, de leur vision de la société et du monde, peur de la différence vis-à-vis des autres familles, incapacité d'adaptation, etc. Avoir une famille où ça se passe très bien, c'est l'idéal, qui deviendra je l'espère la règle dans les années à venir ; avoir une famille où ça se passe bien malgré certaines réticences, parvenir à dialoguer, c'est déjà en soi une grande chance que tous n'ont pas, hélas...

[samikenzzz]

mon dieu ça n'augure rien de bon pour la suite des événements....
je ne partirai pas sur ce qu'en pense les parents je n'en sais rien puisque pas de CO en ce qui leur concerne
et pour ce qu'il en est de ma soeur ... j'ai un mal fou à savoir ce qu'elle en pense. tout ce qu'elle m'a dit c'est qu'elle s'en fout ...