La mort des parents

Un de vos proches est homo, bi,trans ? Vous êtes homo, bi, trans, et les relations avec votre famille vous posent questions ? Cette section vous est dédiée.
Norma
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La mort des parents

Message par Norma »

Je lance un sujet de discussion difficile, sans petits oiseaux qui batifollent dans un arc-en-ciel printanier, ni même une petite fille ne robe rose cueillant des marguerites, alors comme dirait Mister Sylverstre, "Pardon aux familles et tout ça".

Je voulais savoir, si certains d'entre vous ont déjà perdu un ou leurs parents, comment l'on-t-il vécut, comment s'en sont ils remis, et ce qui en vrac leur est passé par la tête.


Si je pause cette question, c'est que, ayant déjà perdu ado ma mère ( cancer), n'ayant maintenant que 21 ans, mon père, dépressif depuis des lustres, traine des syndromes cancéreux depuis une bonne année et s'est décidé à m'annoncer- le jour de noel, admirrez la délicatesse - qu'il avait fait des tests pour le cancer du rectum, et qu'ils le rappelaient en deuxième session. Ce week end il doit voir un gastroentérologue pour savoir si c'est mauvais ou très mauvais.

Vu qu'il a laissé trainé, vu qu'il a été traumatisé par les traitements de cancer qui ne font qu'augmenter le temps de souffrance (d'après lui), vu qu'il était déjà suicidaire avant en étant persuadé que la vie c'est de la merde et que lui même est un homme fini, je sais pertinement que si le diagnostique est très mauvais, cela voudra dire que je le perdrais d'ici peu.

Et je suis assez décontenancée par l'idée de perdre un parent de plus alors que je suis si jeune.

Donc, j'ai besoin de vos expériences pour mieux savoir comment moi même appréhender la chose.

Merci de votre attention, c'est partit pour les mouchoirs.
anonymeB

Message par anonymeB »

Ca m'intéresse aussi, parce qu'il m'arrive souvent de penser à ça alors qu'ils sont en bonne santé, au point que j'espère parfois mourir avant mes parents (et frangins), histoire de ne pas avoir à faire leur deuil.
yellowfaith
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Message par yellowfaith »

Oui, y'a moi.
Y'a mon frère -qui part définition- ...lui aussi.

+2. Méga-cool...
Norma
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Message par Norma »

yellowfaith a écrit :Oui, y'a moi.
Y'a mon frère -qui part définition- ...lui aussi.

+2. Méga-cool...
mes condoléances.

Je crois que tu as à peu pret mon age, j'veux pas te pousser à en parler si t'as pas envie, mais ça m'aiderait de savoir comment toi tu as put faire pour surpasser et avancer seule si jeune.

Je flippe à mort à l'idée de perdre mon dernier "filler", de savoir que si je me foire, y'aura plus papa-maman derrière pour rattraper le coup et me proteger (pas qu'ils aient jamais fait ça, c'était pas le genre attentionné du tout, mais je pouvais au moins croire que c'était possible), et surtout, je me demande comment je vais faire les bons choix sans les sages adultes derrière (alors que dans les fait, c'était plutot le genre à te pousser dans les mauvais choix... paradoxale tout ça.)
K12
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Message par K12 »

Hello Norma Jean,

Je vais t'épargner les messages habituels mais le coeur y est :wink:

Je ne vais pas pouvoir répondre à ta question, j'ai encore la chance d'avoir mes deux parents.
Par contre je souhaitais t'amener une lueur d'espoir : la réaction à l'annonce réelle du cancer est souvent bien différente de celle que l'on pressent ou que les gens annoncent lorsqu'ils ont le doute.
Mon père tenait les mêmes propos que le tien vis à vis du cancer : il avait perdu sa mère jeune d'un cancer et gardait un très mauvais souvenir des traitements qu'elle avait vécu (années 70 donc encore plus d'effets secondaires que maintenant).
Je l'ai toujours entendu dire que si un jour il était malade il ne suivrait pas les traitements .... Tempérament un peu dépressif par ailleurs , il a aussi laissé trainer quand il a eu un doute.
Premiers examens : quand il a compris ce qui risquait de l'attendre, exactement le même discours que celui que tu as entendu. Par contre une fois le cancer réellement confirmé, il a changé complètement d'attitude :acceptation du traitement, arrêt des plaintes (alors qu'il se plaignait précédemment pour un rien). A chacune de ses rémissions il nous dit qu'il ne repartira pas dans un traitement et à chaque redémarrage (souvent 6 mois après) il repart.
Tout cela pour te dire que cela fait 10 ans que cela dure et qu'il a surpris tout son entourage

Désolée je ne voulais pas raconter ma vie mais j'espère qu'il en sera de même pour toi :P

Pour en revenir à ta question initiale, tu évoques à un moment la crainte de ne pas avoir d'adultes pour t'accompagner. Il est certain que les parents tiennent naturellement ce rôle mais en leur absence plein d'autres référents prennent le relais : famille, amis plus agés....
Ce n'est certainement pas la même chose et le manque forcément pénible mais si cela devait survenir tu ne serais certainement pas seule au monde pour autant

Bon courage à toi, n'hésite pas à communiquer (forum ou à tes proches) et à exprimer tes angoisses, c'est bien normal et cela ne peut que t'aider dans cette période difficile

Bon courage :wink:
Norma
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Message par Norma »

K12 a écrit :Hello Norma Jean,

Je vais t'épargner les messages habituels mais le coeur y est :wink:

Je ne vais pas pouvoir répondre à ta question, j'ai encore la chance d'avoir mes deux parents.
Par contre je souhaitais t'amener une lueur d'espoir : la réaction à l'annonce réelle du cancer est souvent bien différente de celle que l'on pressent ou que les gens annoncent lorsqu'ils ont le doute.
Mon père tenait les mêmes propos que le tien vis à vis du cancer : il avait perdu sa mère jeune d'un cancer et gardait un très mauvais souvenir des traitements qu'elle avait vécu (années 70 donc encore plus d'effets secondaires que maintenant).
Je l'ai toujours entendu dire que si un jour il était malade il ne suivrait pas les traitements .... Tempérament un peu dépressif par ailleurs , il a aussi laissé trainer quand il a eu un doute.
Premiers examens : quand il a compris ce qui risquait de l'attendre, exactement le même discours que celui que tu as entendu. Par contre une fois le cancer réellement confirmé, il a changé complètement d'attitude :acceptation du traitement, arrêt des plaintes (alors qu'il se plaignait précédemment pour un rien). A chacune de ses rémissions il nous dit qu'il ne repartira pas dans un traitement et à chaque redémarrage (souvent 6 mois après) il repart.
Tout cela pour te dire que cela fait 10 ans que cela dure et qu'il a surpris tout son entourage

Désolée je ne voulais pas raconter ma vie mais j'espère qu'il en sera de même pour toi :P

Pour en revenir à ta question initiale, tu évoques à un moment la crainte de ne pas avoir d'adultes pour t'accompagner. Il est certain que les parents tiennent naturellement ce rôle mais en leur absence plein d'autres référents prennent le relais : famille, amis plus agés....
Ce n'est certainement pas la même chose et le manque forcément pénible mais si cela devait survenir tu ne serais certainement pas seule au monde pour autant

Bon courage à toi, n'hésite pas à communiquer (forum ou à tes proches) et à exprimer tes angoisses, c'est bien normal et cela ne peut que t'aider dans cette période difficile
Bon courage :wink:
euh..... je vois pas pourquoi tu pars en trip sur la prétendue mort jeune de la mère de mon père d'un cancer, elle a tranquillement fait chier son monde jusqu'à plus de soixante dix berges.

La mort qui a prouvé au paternel que la guerrison de cancer c'est moyen, c'est cele de ma mère y a 4 ans, à la belle époque où les gentils medecins lui ont filé plein de saloperies en balancant de jolie pourcentages d'espoir decus.
ensuite, j'ai une famille très restreinte. Ni grand parent, ni oncle ou tantes. les référents, c'est cool quand on a 15 ans. à bientot 22 je suis construite, hein, je sais que j'ai un pilou-pilou et pas de bistouquette que la drogue c'est mal et le travail c'est biiien.
C'est pas de référent dont j'ai besoin, c'est de piste pour imaginer la vie sans parent du tout.
Proxima
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Message par Proxima »

Vaste et triste sujet que la perte de ses parents. Un sujet qui me touche particulièrement vu qu'aujourd'hui à 23 ans, cela fait des années que j'ai perdu les miens.

Je ne m'épiloguerais pas sur mon père car je ne l'ai jamais vu et il ne m'a jamais vue. Il savait que ma mère était enceinte mais cela s'arrête là. Bref, c'est une énorme zone d'ombre. Ce que je sais de lui peut se résumer sur un post-it. Sans compter que ce n'est qu'à l'âge de 21 ans que j'ai pour la première fois pu mettre un visage sur ce mot "Père" qui pour moi n'a jamais existé. Et encore, ce visage se résume à une photo trouvée sur internet. Pendant toutes ces années, seules les descriptions que m'avaient données ma mère ont pu tenter de combler ce vide qui me pesait. Description bien maigre. Je ne connaissais que la couleur de ses cheveux, celle de ses yeux, son groupe de musique préféré et sa ville de résidence.

Nous étions donc ma mère et moi ce qu'on appelle "une famille monoparentale". Ma mère avait décidé de m'élever seule et de n'avoir plus jamais d'autres enfants. Ce qu'elle fit. J'appris plus tard qu'à cause de cette absence de père, mon inscription à la maternelle la plus proche du quartier me fut refusée. Selon la directrice, moi, âgée de seulement 3 ans au moment des faits, avait plus de chance de finir dans la délinquance et d'être mal élevée. Quelle scandale !
Une autre période difficile de l'année était la fameuse "Fête des pères". Quand on me demandait pourquoi je n'écrivais pas de carte pour mon père je répondais "Papa il est parti !". La maitresse d'école m'avait encouragée à remplacer mon père par mon papy. Et ce fut donc ce vieil homme qui reçu chaque année les cartes "Bonne fête papy !".

Malgré ces petits déboires, j'ai passé des années fantastiques avec ma mère qui m'embarqua dans ses nombreux voyages à travers le monde. Elle était à la fois ma mère, mon amie, ma confidente. Bref elle était tout pour moi et nous étions très proches. Puis est arrivé le lycée et une succession d'évènements terribles se sont enchainés. J'ai commencé à percevoir des attitudes étranges de ma mère qui semblait cacher un lourd secret. Mais j'ignorais totalement de quoi il s'agissait. Puis un jour j'ai fini par comprendre. C'était certain elle était malade. Cependant avec mon optimiste habituel, je ne m'attendais pas à ce que la situation soit si grave. J'ai donc insisté, je la questionnais. Je n'en pouvais plus de ne pas savoir, de rester à l'écart. Et là elle a lâché le morceau. Elle avait un cancer. Une forme très grave. Du genre des "5%" qui ne pourra pas guérir. On lui donnait quelques années. Elle n'a tenu qu'un an et demi. Quand j'ai appris la nouvelle de sa maladie, j'ai senti ma vie basculer. Je me disais sans cesse : "Que c'est injuste ! Je n'ai que ma mère et on me l'arrache ! Pourquoi ???". Je suis entrée en dépression pendant plusieurs mois. Je n'allais plus en cours, je ne voyais plus personne, je restais tous les jours enfermée dans ma chambre à pleurer.

Un jour, je me rendis compte que cela ne servait à rien de se morfondre. Ma mère déprimait elle aussi de plus en plus à me voir ainsi et je voulais lui donner une belle image de moi. Une image de réussite. J'ai alors repris ma vie en main, essayant de profiter de chaque instant en sa compagnie et de continuer mes études. Que j'ai plutôt bien réussi au bout du compte. Puis un jour de juin, le moment fatidique est arrivé. Elle avait été emmenée à l'hôpital quelques semaines plus tôt mais sa situation était restée stable. Le médecin m'appelle. On m'annonce qu'elle est dans le coma. Je file immédiatement à l'hôpital et je ne peux m'empêcher de pleurer en la voyant ainsi. Mais je reste optimiste. Dans tous les films, les personnes dans le coma finissent par se réveiller. Pourquoi pas elle ? Après être restée quelques heures à son chevet, l'infirmière vient me voir pour m'annoncer une terrible nouvelle : il ne lui reste que quelques heures. Une journée maximum. Je cri, je hurle, je serre la main de ma mère, je la supplie de se réveiller, de ne pas m'abandonner dans ce monde de brutes, j'ai besoin d'elle. Elle ne se réveillera pas et je la verrais mourir, impuissante, sous mes yeux.

J'ai eu l'impression de défaillir, que mon cœur s'arrêtait de battre. Que plus rien n'avait de saveur et ne valait la peine. Et en même temps, j'avais une rage en moi, une colère et une détermination à lui faire honneur. Et cela ne m'a jamais quitté. Sa mort m'a donné une grande force, du caractère et une rage de vaincre la vie, de survivre, de combattre. Quand tu n'as plus tes parents, tu vois la vie différemment. Tu profites de chaque seconde, tu trouves les petits problèmes des autres dérisoires. Quand cela ne va pas, je me dis toujours "Il y a plus grave dans la vie, tu le sais bien".

Au final Norma Jean, si tu dois passer par cette même étape, tu vivras des moments très dur mais il faut t'accrocher. Cela te donnera une force et un courage que peu de gens connaissent. Aujourd'hui je suis heureuse et je repense à mes parents avec le sourire. Je revois les bons moments, ce que ma mère m'a enseigné. Et je suis fière d'être sa fille. Et je sais qu'elle serait fière de savoir que je ne me suis pas laissée abattre et que je vie ma vie à fond, sans peur, sans me prendre la tête pour des choses futiles. Certes je donnerais tout ce que j'ai aujourd'hui pour un tête à tête avec elle, mais je sais que c'est impossible alors je fais avec et je profite de la vie. Elle est courte alors pourquoi la gaspiller ?

Voilà, cela m'a fait du bien d'en parler de façon aussi détaillée. C'est la première fois que je me livre à ce point, surtout sur internet, et cela fait un bien fou. J'espère ne pas vous avoir emmerdé avec mes histoires. je savais que ça fait très scénario de film mon truc, mais pourtant tout est vrai. Je conclurais ce long discours par une situation qui résume à la perfection la situation : "Après avoir vécu le pire, le meilleur est à venir".
Mizc
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Message par Mizc »

Même si je n'ai jamais rien vécu de comparable, faisant partie des chanceux qui ont des parents en bonne santé, je suis vraiment ébranlée par vos témoignages. Surtout celui de Proxima à vrai dire. Il a fait rouler quelques larmes

Des smilies kawaï, des trucs comme ça, c'est ridicule en ce genre de circonstances : j'ai bien essayé de mettre du : gentil : et du : copain : dans la première mouture de ce message, mais non. Comment ne pas percevoir ses propres conflits, combats, comme futiles, après ça... Oui. La futilité des gosses trop aimés qui ont peur de décevoir, à côté de ça, c'est juste ridicule. Négligeable. Infiniment petit, au sens matheux, disons. Surtout que ces gosses là, ils ont toujours tendance à trop parler de leurs parents, source d'angoisse consciente ou inconsciente pour diverses raisons. Ces gosses là sont maladroits à en palabrer de la sorte et surtout ne se rendent pas compte que leurs angoisses, certains donneraient leur chagrin pour avoir la joie de nouveau les porter.

Bref, une telle combativité force simplement le respect. Laisse sans voix, car à côté de cela, je, nous, sommes tous petits. Et bien futiles et inutiles semblent nos petites anxiétés ou contrariétés

Des hugs à tous.
moniiique
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Message par moniiique »

Salut Norma Jean, et salut Proxima aussi (t'as pas honte de me filer des frissons et des larmichettes devant un écran de pc toi?)

D'abord, je pense que tu as mal compris le message de K12 Norma. Elle parle du décès de la mère de son père à elle, elle ne fait pas d'hypothèse sur ta grand mère et son éventuel cancer. Elle fait simplement une analogie entre le discours que tient ton père sur le cancer et celui que tenait le sien avant d'en être touché et d'agir à l'inverse de ce qu'il avait toujours dit. Bref.

Si je réponds ici ce soir c'est parce que mon père est mort. Il est mort quand j'avais 15 ans, d'une "longue maladie" comme disent les médias qui ne veulent pas dire "SIDA". Il est mort du SIDA donc. Contaminé je ne sais comment, ma mère a toujours dit que ce n'était pas nos affaires, pile dans la période où les contaminations étaient en plein essor en France. 1986. Il est mort en 1994, un an avant l'arrivée des trithérapies. J'avais 15 ans et je l'ai vécu comme un séisme dans ma petite vie bien tranquille d'adolescente presque parisienne. Mon petit frère avait douze ans et il a vécu la chose avec une dignité que j'ai encore peine à imaginer venant d'un enfant de cet âge.

Alors je n'ai pas de réponse sur la mort de l'autre parent. Je n'ai pas de réponse parce que cette question quand elle me vient à l'esprit, je la chasse comme si ma mère ne pouvait pas mourir. Comme si elle ne pouvait pas nous laisser. Comme si c'était impossible tout simplement et que le simple fait d'éviter d'y penser repoussait encore l'éventualité que ça arrive un jour. Très puéril comme comportement, oui sans doute, mais je crois que l'idée m'est bien trop insupportable pour que je n'agisse pas de manière puérile sur ce coup là.

J'ai trente ans, quasi trente-et-un, je suis construite aussi. Mon frère en a 28, on bosse tous les deux, on a chacun notre vie et si ma mère venait à nous laisser nous ne serions pas démunis comme deux enfants en bas âge. Mais nous serions démunis de toutes façons. L'âge n'y change sans doute pas grand chose dans notre cas. Elle est notre pilier, celle qui nous a élevés en portant son deuil de mon père, qui à force de courage et de travail a fait de nous ce que nous sommes en faisant en sorte que nous ne manquions de rien, jamais, malgré la perte sèche d'un allié à la maison et d'un salaire supplémentaire pour parler trivialement.

Je sais aussi que nous ne serions pas seuls au monde, et c'est pourquoi je rejoins K12 sur l'histoire des référents. Nous n'avons pas une famille étendue, nous avons même une mini famille, deux grands parents très âgés et nous, c'est tout. Mais nous avons des amis des parents, ceux qui venaient mettre des plats dans le four quand on était à l'hôpital pour mon père, ceux qui se tapaient le ménage quand ma mère n'avait plus la force de rien au moment des démarches d'obsèques. Ceux qui venaient nous chercher au lycée et au collège quand un truc important ou grave arrivait et que ma mère n'avait pas la possibilité de le faire. Ceux qui sont une famille choisie. Je me rends compte à quel point c'est une chance et je ne sais pas si tu as cette chance là. Je ne sais pas si Proxima l'a eue non plus. Et puis il y a nos amis à nous. Ceux de notre âge, qui ont des parents. Des parents d'emprunt pour certains. Toute ma reconnaissance éternelle aux pères de certains de mes amis qui ont naturellement pris cette place de père vacante quand il me manquait trop.

Je te souhaite d'avoir du monde autour de toi. Que tu sois construite à 22 ans comme à 40. Et je rejoins cette fois Proxima pour cette espèce de force que cela donne d'avoir un trou béant dans sa vie familiale. J'aurais mille fois préféré avoir encore mon père, si je devais choisir, je n'hésiterais pas, mais je n'ai pas à rougir de ce que je suis devenue, et je sais aussi que quelque part je le lui devais.
Manchette
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Inscription : ven. oct. 03, 2008 8:08 pm

Message par Manchette »

Sujet infiniment délicat.
J'ai perdu des proches qui n'étaient pas pour autant de ma famille nucléaire (père, mère, frères et soeurs).
J'en ai tiré une version assez stoïcienne-athée de la mort : nous sommes tous mortels, et nous y passerons tous, et il n'y aura pas d'au-delà où nous retrouver. J'ai conscience de ne plus revoir ces êtres chers, mais je continue de vivre avec leur souvenir, souvent joyeux et parfois douloureux. Mais je reste au final heureux de les avoir connus.
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