A votre avis, je fais quoi ?

[Hey Jude]

Bon, et bien maintenant que je suis ici, autant attaquer avec les questions de fond

Alors voilà, j'ai un ami de très longue date (plus de 15 ans) dont je suis persuadée qu'il est gay (en 15 ans, j'ai eu le temps d'empiler les indices). Sauf que depuis 15 ans qu'on se connaît, il ne me l'a jamais dit et je doute qu'il soit "out" auprès de beaucoup de personnes (je suis à peu près certaine pour deux amies communes et certainement auprès quelques un de ses amis britanniques, mais je pense que ça doit s'arrêter là).
Il y a quelques années de ça (en 2004... déjà), il avait sa première relation amoureuse sérieuse, et je crois bien qu'il a essayé de me cracher le morceau à moi et une autre amie, pendant une après-midi à la plage, sur le mode de "J'ai un truc à vous dire, et quand je le dirais je suis certain que ça ira bien... mais pas maintenant."
7 ans que je me mords les doigts de n'avoir pas insisté à ce moment là, parce que depuis, nada. S'il était sur le point d'ouvrir la porte du placard, depuis il a opéré une retraite sérieuse tout au fond, bien planqué derrière les cartons.
Depuis deux ans j'ai a peu près tout essayé pour lui faire savoir que c'est bon, il peut avoir confiance, il n'a rien à craindre : j'ai parlé de ma série préféré (queer as folk), de mes autres amis gays (j'en ai plusieurs, dont une amie commune qui est lesbienne), je l'ai même emmené boire un verre dans le bar de mon village, tenu par un couple de mecs supers sympas, quand il a passé quelques jours à la maison l'année dernière (on habite à plusieurs centaines de km l'un de l'autre). Mais il n'y a rien à faire.
D'une certaine façon, si j'avais l'impression qu'il est bien comme ça, il n'y aurait pas de problème et je n'insisterait pas plus. Ce qui m'embête, c'est que j'ai quand même l'impression qu'il est super mal à l'aise avec ça. La plupart du temps, il évite soigneusement le sujet des relations amoureuses, mais quand ça vient quand même sur le tapis, il esquive avec des "la personne avec qui je suis...", "j'ai quelqu'un..." (toujours quand il y a 10 autres personnes autours en plus, sinon je crois qu'il y a longtemps que j'aurais laché "Ben ton mec quoi !"... bref)
Donc, comme chaque été, nous allons probablement nous voir pendant les vacances. A votre avis, je fais quoi ? Je continue de me dire que quand il sera prêt pour me le dire il me le dira, ou bien je lui fais un plan à la "Ecoute, je sais parfaitement que tu préfères les mecs et moi ça ne me pose aucun problème, la seule chose qui m'intéresse c'est que tu sois heureux." (Je le rumine depuis un bail celui là, je suis pas certaine d'avoir le cran pour être franche).

Des idées ?

[Eilraet]

Si vous habitez loin, tu peux peut être profiter de ton invitation ou de la sienne ou à vous retrouver pour glisser un "tu pourras en profiter pour me présenter ta moitié" ou "ta moitié est invitée bien entendu". Si en ce moment il est célibataire c'est peut être plus compliqué, je sais que pour moi la seule façon envisageable (ou presque) d'annoncer mon attirance pour les hommes à certains de mes amis est de leur présenter mon copain.

J'ai pas grand chose de plus à dire, tu as visiblement fait une bonne partie du travail, et tu le connais mieux que nous

[Hey Jude]

A ma connaissance, il est célibataire. Mais, oui, c'est certain que s'il laissait entendre qu'il ne l'est pas quand on va prévoir ou et quand se voir cet été, je ne raterai pas le coche une deuxième fois.

[Eilraet]

Tu peux lui proposer d'aller draguer le mâle (j'adore cet accent circonflexe qui me fait prononcer ce mot comme si je léchais une boule de glace ) ensemble

Edit : ah non t'es mariée. Ben euh ... rien ne vous empêche de mettre des notes au passants

[Hey Jude]

en fait j'ai déjà testé ça (pas le coup des notes aux passants, mais le "Regarde, le serveur là ! Qu'est ce qu'il est mignon." ou les teste à la con dans les magazines de plage "Quel est votre type d'homme ?"...) avec peu de succès jusque là. Mais l'été approche, les magazines de plage revienne, les mecs seront en maillot de bain à la plage, je vais recommencer

[zigomio]

et pourquoi ne pas directement lui faire part de se que tu ressens ? ( je ne sais pas quel est le caractère de ton ami) il attend peut être que ca ?

[Hey Jude]

et pourquoi ne pas directement lui faire part de se que tu ressens ? ( je ne sais pas quel est le caractère de ton ami) il attend peut être que ca ?

Humhum... Il n'est pas vraiment très à l'aise quand il s'agit d'exprimer ses sentiments, mais bon, c'est une piste.

Merci pour vos suggestions quoiqu'il en soit

[Goupil]

Je serai quand même d'avis à ce que tu lui laisses la décision. Il a aucune raison d'avoir peur de te dire ça, donc c'est pas ta possible réaction qui lui pose problème, sûrement qu'il a juste pas envie

[floridjan]

Voilà un sujet auquel je peux répondre en toute connaissance de cause, parce que j'ai été exactement ce que semble être ton ami actuellement. Pendant 26 ans, je n'ai pas assumé mon homosexualité. Je n'avais qu'une peur au collège puis au lycée : me faire traiter de pédé, c'était l'insulte devant laquelle j'étais complètement désarmé. J'essayais absolument de me convaincre que je n'en étais pas un et le fait de n'avoir jamais eu aucune aventure avec un mec me confortait dans mon idée, je me disais : j'ai jamais embrassé de mec, c'est bon je suis pas un pédé... L'homosexualité était un sujet tabou total pour moi ! Je fuyais toute conversation sur ce sujet. A la fac, j'ai même réussi l'exploit de défendre le PACS auprès de mes condisciples réticents sans jamais faire référence à l'homosexualité.
Et puis ma grande amie Valou est arrivée dans ma vie : super ouverte sur l'homosexualité, des amis gay en pagaille et un véritable gaydar. Elle m'a percé à jour dès notre première rencontre et s'imaginait au départ que je l'assumais totalement mais elle a vite vu que non, pas du tout^^
Elle m'a tendu des perches deux ou trois fois sans que je relève jamais : ça me mettait horriblement mal à l'aise, j'étais pas près à assumer ça. Une fois, elle m'a dit, assez gravement : "Faut que je te pose une question". J'ai paniqué comme un malade. Jusqu'à présent, personne de mon entourage ne m'avait jamais demandé franchement si j'étais homo et j'étais pas prêt à répondre à cette question. Jamais je n'aurai pu répondre que "oui" car je ne me reconnaissais pas comme tel, mais en même temps, dire "non" m'aurait paru un mensonge qui m'aurait fait rougir et remplir de confusion... bref, me le demander franchement, c'était me perdre !
J'ai répondu à mon amie Valou que j'avais une idée de ce qu'elle voulait me demander mais que je ne voulais pas qu'elle me pose cette question.

Elle a finit quelques semaines plus tard par me poser cette fameuse question, ça n'avait rien à voir avec l'homosexualité^^

Une autre fois elle a insisté un peu plus sur le sujet et j'ai fini par lui dire : "je suis peut être homo mais je sais que je ne serai jamais heureux en étant homo, je ne veux pas de cette vie là ! Ce n'est pas une orientation pour moi". Et ça a stoppé le débat radicalement. Elle a compris que j'étais pas prêt pour l'acceptation.

Mon conseil : reste proche de ton pote, continue de lui tendre quelques perches, mais discrète, sur l'homosexualité, mais ne force rien, ne brusque rien. ça ne veut pas dire que rien n'entrera dans sa tête : faut qu'il fasse petit à petit son chemin vers l'acceptation. Mais n'essaie pas de lui faire avouer quelque chose qu'il refuse de s'avouer à lui même, ça le fera flipper et fuir et ça lui fera pas du bien !

Dans mon cas personnel, j'ai fini par réaliser que si je n'acceptai pas le fait que j'étais homo, je finirai ma vie tout seul sans jamais avoir connu quelqu'un et l'homosexualité m'a alors paru un "moindre mal"... J'ai commencé à me documenter sur le sujet, à envisager d'aller dans des boites gay, je me suis inscrit sur et.alors... et tout s'est mis en place. A présent, mon amie Valou peut enfin me dire tout ce qu'elle n'arrivait pas à me dire avant et comme elle est contente que je sois enfin arrivé à m'assumer !

[Beans]

Superbe témoignage floridjan, je comprends bien mieux pourquoi un gars de ma classe au lycée était si mal, merci de m'avoir ouvert les yeux sur sa situation.
Visiblement, ce phénomène est loin d'être rare.