Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioupiou...

Un de vos proches est homo, bi,trans ? Vous êtes homo, bi, trans, et les relations avec votre famille vous posent questions ? Cette section vous est dédiée.
Hey Jude
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par Hey Jude »

J'en ai eu un de papa comme ça. Un vrai héros, solide, rassurant, ayant réponse à tout ou presque, un papa câlin aussi, qui me racontait des histoires quand j'étais petite et qui a continué, un peu différemment quand j'ai grandi.
Et puis un jour, l'homme avec qui j'allais me marier s'est disputé avec mon papa, pour des broutilles et aujourd'hui je ne sais même plus qui avait raison et qui avait tort. A bien y réfléchir, je pense qu'ils avaient tort tous les deux. Mais les broutilles ont mené à cette grosse grosse dispute et la dispute à la disparition de mon génial papa d'un seul coup remplacé par un type que je ne connaissais pas, parlant par mono-syllabe, m'envoyant des messages suicidaires par e-mail à 3 heures du matin, ne disant pas bonjour le jour de Noël... un type qui a l'air d'assister à mon enterrement sur les photos de mon mariage civil.
Je me rappelle que j'étais sidérée, confite d'angoisse, ayant une peur terrible de perdre pour de bon mon père, ou mon mari, ou les deux.
Ça a duré près de deux ans. J'ai découverts pendant ce temps la face cachée de mon père, aigrie, rancunière, triste et au final surtout surtout fragile. Aujourd'hui, maintenant que les tensions sont apaisées, je me rends compte que mon père a surtout eu peur de me perdre et je suis heureuse que nous ayons trouvé un moyen de revenir à des rapports à nouveau sereins, mais l'image héroïque que j'avais de mon père a disparu avec cet épisode.
Je sais aujourd'hui que sous ses airs de roc, mon père a lui aussi des failles profondes et bien réelles, et que parfois, il suffit de pas grand chose pour que tout s'écroule. Je ne l'en aime pas moins, je l'aime différemment et je me dis que c'est peut être ça grandir : découvrir que nul n'est parfait, que nous sommes tous fragiles et que malgré cette fragilité, il faut trouver en soi les forces nécessaires pour rebondir, parce que parfois, on ne peut compter que sur soi-même.
zphyr
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par zphyr »

Dites, les gens, j'espère qu'en tant qu'Et-Aloriens, vous avez dépassé le stade boutino-familial de papa-maman-les enfants ??
Des hommes, des référents y'en a partout autour d'un enfant : oncle, grand-père, parrain, copain... l'important c'est de laisser tisser des relations qui aident à la construction de l'enfant. La gamine des voisins (enfin la mère vient de se casser !) file dès qu'elle peut chez nous pour être dans les pattes d'Eric qu'elle adore. il se passe un truc entre eux qui aide à la construire... C'est surtout ça qui compte ! Il y a des sociétés qui privilégie l'éducation collective, et c'est un modèle qui me séduit assez. :D

Sinon mes nains ils ont trois papa, alors... :content:
Sarablue
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par Sarablue »

Moi j'ai eu ça en stock, un papa chêne, un tronc solide, ancré dans le sol, avec de grosses mains dans laquelle je glissais ma petite main d'enfant et dont je sentais qu'elle aurait pu me la broyer ma main mais qui se faisait toute douce, juste assez ferme pour que je m'accroche. Et toujours un mouchoir, en tissu, tout frais repassé, qu'on me glissait au dernier moment avant d'entrer dans la cour le matin, le mouchoir de mon papa, qui se le préparait pour lui mais qui finissait toujours dans ma poche à moi, dans ma main, sous mon nez, l'odeur d'after shave et de tabac, ce mélange qui aurait pu écœurer mais qui moi me rappelait la force de mon père.
Un papa qui vous fait grimper sur ses épaules, qui vous montre la lune le soir en rentrant de chez la nourrice (ou le matin très tôt quand le soleil n'est pas encore levé)
Un papa qui cire consciencieusement mes bottines taille 28 pour que je sois la plus belle. Un papa qui me réveille doucement le matin, en tapotant à ma porte, qui va à l'ouverture de la boulangerie acheter le pain pour les tartines et le Mickey magazine tous les mercredis (et les autres journaux de grande fille plus tard)
Un papa qui prend tout en charge, qui calme les angoisses, qui les prend sur lui, dont on voit le dos ployer un peu plus, mais, même si on a conscience qu'on charge, on le fait sans culpabiliser. Il est là pour ça et puis il sait rassurer. Il sait dire que 'tout ira bien', qu' "on va s'arranger", "on va les trouver ces sous pour le voyage à la montagne, le manteau, le livre, la cantine, la sortie scolaire". Un papa qui se démène, un papa qui cache ses inquiétudes et qui prend son rôle de chef de famille très au sérieux. Un papa qui affirme haut et fort qu'il mourrait pour son enfant et qu'il tuerait pour lui. Et on le croit. On le sent.
Bien sûr il n'était pas parfait. Il y a souvent eu des mots, des gestes, des regards en trop ou en moins. Il y a eu des incompréhension, des murs, des tartes dans la tronche, morales et physiques. Des dépassements de limite. Mais, on savait que tant qu'il serait là, ça irait. La confiance absolue en quelqu'un qui n'a pas tenu certaines promesses mais qui a toujours écarté suffisamment les bras au dessus de nous pour que le ciel ne nous tombe pas sur la tête.
J'avais presque oublié que j'avais eu ça moi, un jour, un vrai papa qui tient chaud au coeur.
C'tait bien aussi. :souris:
spécimen
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par spécimen »

:snif:
C'est triste ce que vous écrivez les gens :snif: 'fin pardon, vous le rendez triste avec vos histoires de papa ou d'envie de papa, comme ci, comme ça.
C'est là que je m'aperçois que j'ai loupé beaucoup de choses avec le mien. Au point même que je ne ""comprends pas"" certains passages...
Billy
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par Billy »

zphyr a écrit :Dites, les gens, j'espère qu'en tant qu'Et-Aloriens, vous avez dépassé le stade boutino-familial de papa-maman-les enfants ??
Des hommes, des référents y'en a partout autour d'un enfant : oncle, grand-père, parrain, copain... l'important c'est de laisser tisser des relations qui aident à la construction de l'enfant. La gamine des voisins (enfin la mère vient de se casser !) file dès qu'elle peut chez nous pour être dans les pattes d'Eric qu'elle adore. il se passe un truc entre eux qui aide à la construire... C'est surtout ça qui compte ! Il y a des sociétés qui privilégie l'éducation collective, et c'est un modèle qui me séduit assez. :D

Sinon mes nains ils ont trois papa, alors... :content:
C'est ce que je cherche aujourd'hui, Zphyr. Mon père n'est pas en mesure de m'apporter tout cela, alors je tente de voir si dans mon entourage, un Monsieur pourrait faire office de... Ca risque sans doute de faire bondir pas mal de personnes ce que je viens d'écrire mais c'est ainsi.

Et vos histoires avec vos papas me chavirent le coeur. Bloue, Moniiique... J'ai le coeur encore serré.
Prince Hypocrite
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par Prince Hypocrite »

Ca ne me fait pas bondir du tout; mais je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi ?
Mashiro
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par Mashiro »

merci pour l'ouverture du topic. et le titre :amour:

D'un côté, vos descriptions du papa idéal me parlent. Elles me donnent envie, elles font rêver. D'un autre, s'il n'y avait pas ce topic, je n'y penserais pas. Peut-être que ce besoin viendrait lors d'un coup dur, mais ce n'est pas qqch que je ressens au quotidien.
OFF-Topic :
Il est possible aussi (fort possible) que j'ai besoin de choses dont je n'ai pas conscience. C'est dur de formuler ce dont on a besoin, parfois. Parfois l'impression qu'il me manque "quelque chose". Mais impossible de savoir quoi. Je cherche pourtant, mais je ne sais pas trop dans quelle direction me tourner. Philo, art, création, réflexion, religion, idéologies, utopies...
Mais un Papa j'en ai. Je ne le considère pas comme un pilier, même si je le considère comme la personne ayant le plus de pouvoir dans ma famille. C'est celui qui parle (le plus, beaucoup), celui qui sait le plus de choses, celui dont on craint parfois l'humeur car elle dicte l'ambiance de la maisonnée. Il va mal, ça se sent, on se planque. Il va bien, on ose sortir, et on passe de supers moments. Toujours tester l'humeur de pôpa pour savoir si c'est le moment de plaisanter ou d'être sérieux. Il est présent, très, trop.
Pourquoi ça ne serait pas un pilier, mon pilier ? Parce que je sais qu'il a ses faiblesses. Il a du mal à gérer son boulot, à être confronté à des personnes qui n'ont pas la même vision que lui de son travail, il en souffre. Et ça il en parle. Il a eu ses sales périodes, et me donne l'impression que la galère, bah on en a jamais fini. La difficulté des contraintes, ça nous suit jusqu'à quand on est grand. Et pour moi qui était en crise d'ado, c'était pas forcément réjouissant comme vision.
Mais d'un autre côté, la fin du papa "dieu" a aussi eu lieu. C'est donc qu'il a/avait un peu ce statut. Mais plus grâce à ses connaissances, à son argumentation, au fait qu'il ait un avis sur tout et généralement un avis réfléchi. C'est un papa qui nous lisait l'Odyssée et des contes russes ou indiens, et le Kalevala, comme histoires du soir. Et la chute du piédestal vient/est venue du fait que parfois, bah il cherche trop à réfléchir. Il ne sait pas être léger, refuse les conversations si les interlocuteurs ne recherchent pas la profondeur ou n'ont pas d'arguments conséquents. That's why je cause jamais, merci papa. Et du coup, l'admiration de ses connaissances est maintenant teintée d'un "quand même, il est lourd là, et il s'en rend pas compte".

Loin d'être au point dans ma relation avec mon pôpa, moi. J'suis encore une ado..
fanathyk
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par fanathyk »

Billy: Sauf que maintenant, enfin, à ton âge (je ne dis pas que tu es vieille hein), avec ton expérience de la vie, je me demande si l'image que tu as de ce Monsieur ne te tord pas la vision de la réalité, de ce que tu recherches. Tu sembles avoir une idée assez précise quand même de ce que tu attends de lui. Or les référents comme ça, je ne pense pas que c'est en réfléchissant à ce que tu en attends que tu pourrais en trouver. C'est comme chercher une niaise correspondant à certains critères précis >_< .
Pour un enfant, c'est peut être plus simple. Déjà dans l'idéalisation qu'ils font des adultes et leur capacité à les accepter ces grandes personnes comme elles sont sans voir les faiblesses qu'un autre adulte verrait très vite.

Là pour la plupart des messages postés qui racontent l'histoire d'un papa, j'ai l'impression que c'est l'enfant qui s'exprime.
Sarablue
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par Sarablue »

Fananounette a écrit :Là pour la plupart des messages postés qui racontent l'histoire d'un papa, j'ai l'impression que c'est l'enfant qui s'exprime.
Totalement. Quand j'étais petite, mon père pour moi, il était omnipotent. Il pouvait tout faire, il savait tout et même quand il n'arrivait pas (les heures passées à essayer de résoudre mes problèmes de géométrie et de construction de trucs en papier : jamais abouties :lol: ) c'était quand même le plus fort. Et quand il disait qu'il trouverait une solution, je le croyais à fond (alors que je ne croyais pas ma mère et j'avais pas tort faut dire :erm: )
Et en grandissant, les failles déjà présentes pourtant me sont apparues. Parce qu'à un moment donné on prend conscience des limites de nos parents. Ils n'en restent pas moins chéris et tout, mais, on sait que ben ils sont humains et comme nous, il y a des choses contre lesquelles ils ne peuvent rien, qu'ils chutent, qu'ils sont victimes de leurs angoisses, de leurs mal être. Et je crois que quand on commence soi-même à se péter laggle, on prend conscience que nos parents se la pètent aussi (ben ouais, parce que du coup ils n'étaient pas là pour éviter le pétage deggle justement...)
Donc après, comme Fana, je ne sais pas si ta vision idéale du papa est encore envisageable Solounette (pour moi tu seras toujours Sol :niais: ), parce que justement, tu es bien placée pour savoir qu'en tant que parents on n'est tellement pas à l'abri du foirage, tes petits yeux se sont ouverts et la lucidité y a pris sa place. Il y a des choses qui te sauteraient forcément aux yeux qui ne sauteraient pas à ceux de ta miniàtoi...
Mais, tu peux quand même espérer une figure masculine aimante et qui saurait trouver les mots pour te rassurer, te soutenir...
Billy
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Re: Le papa du papa du papa de mon papa était un petit pioup

Message par Billy »

Boarf... Je ne suis qu'une grande enfant, en fait. Peut-être. Je n'ai pas grand chose à répondre à tous ces questionnements. Je suis une adulte à qui il manque ce lien que j'observe chez d'autres.
J'ai accueilli pour le café, les parents du père de ma fille. Quand j'étais avec leur fils, je ne m'entendais pas avec eux : trop différents, je ne souhaitais qu'une chose : qu'ils nous lâchent les baskets. Ayant changé de statut suite à la séparation, j'ai trouvé un autre équilibre avec eux et je n'ai jamais été aussi contente de les revoir. Et j'ai pu leur demander conseil sur le jardin, l'entretien de la maison. Et je n'ai d'ailleurs même pas eu besoin de leur poser de questions : c'est venu tout seul. Et quand ils sont partis, j'avais le coeur au bord des yeux. Je sens que j'ai besoin de ce rapport là. Ca me manque réellement. Cruellement. Et j'ai beau être maman aujourd'hui, je n'arrive pas à passer outre ce trou béant dans ma vie. Et je sais que les failles présentes chez moi depuis des lustres sont en rapport avec ce besoin de sécurité. Je ne me sens pas en sécurité, j'ai peur de la vie, de la mort, de la moindre chose qui pourrait venir pourrir n'importe quel moment de bonheur (c'est rigolo comme ça me fout en boule de sortir tout ça : je pleure en vous écrivant).
J'ai vécu avec des parents et surtout un père pas du tout sécure. Je l'ai vu se faire taper sur la gueule, je l'ai entendu tenir des propos très limites me concernant (que je ne vivrais sans doute pas longtemps), je l'ai vu angoisser et paniquer à la veille des départs en vacances parce que vous comprenez, un accident est si vite arrivé. Aujourd'hui, j'ai peur de tout. Je fais quoi et comment avec ça ?
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