Prenez le divan vert à paillettes, parlez-moi de votre père.

Un de vos proches est homo, bi,trans ? Vous êtes homo, bi, trans, et les relations avec votre famille vous posent questions ? Cette section vous est dédiée.
Wave
Messages : 119
Inscription : lun. mai 28, 2007 11:38 am

Re: Prenez le divan vert à paillettes maintenant et...

Message par Wave »

deadxkorps a écrit :Parlez-moi de votre père.
Qu'avez-vous à dire sur votre père ? Les garçons, et les filles. Que ce soit "mon père ce héros", ou pas, allez-y ! ^^
Après, ma mère "tient elle existe encore celle-là ? :roll: "

Mon père... hum.
Complexe, en deux trois mots ça donne :
-m'a donné la vie et l'a assumé
-m'a sauvé la vie
-m'apprend à grandir, en me protégeant, me conseillant, me faisant réagir
Mais :
-est très peu tactile (jamais de calin, limite la bise)
-a une philosophie de "vit ta vie, je vis la mienne"
-m'a tant de fois fait pleurer que je dirais qu'il se prend trop souvent pour un professeur d'apprentissage à se connaitre soi-même et à assumer la collectivité
-n'a aujourd'hui plus aucune patience avec moi (je l'ai mérité)

En plus simple, je l'aime :gentil:

Ps : Dans les "Mais", je me suis outée auprès de lui, il m'a regardée d'un oeil noir avant de dire "Et alors ?". Il a cru que je me revendiquais. Je voulais juste son soutien. Il pense que c'est pour ressembler à un groupe, pour appartenir à ce groupe (alors que je me sens superseule...), et qu'on en reparlera lorsque j'aurai 30 ans...
Bref, je ne sais pas ce que j'attendais, un "tu vas en baver mais je serai là", mais pas un "je m'en tape".
ExMembre10

Message par ExMembre10 »

Bon, mon père...

Pendant longtemps mon père était extremeemnt ebsent, pendant longtemps je ne l'ai pas connut.

Puis quand ma mère est tombé malade, j'avais 16ans, j'ai commencé à découvrir mon père.

Mon père, il a une ligne de vie, des principes très forts, mais très personels.

Il est cultivé, un peu conservateur et un peu anarchiste.

Il ressemble à mes potes.
C'est terrible à quel point il ressemble à mes amis masculins. Il aime par dessus tout refaire le monde autour d'un bon nombre de verres de bière ou de vin avec des amis, avec un saucisson de sanglier, c'est un ami fidèle, très fidèle, mais mysanthrope pourtant, et il adore les deux minutes du peuple et Coluche.

Il a fait une erreur en épousant ma mère, et une erreur encore plus grande en ne divorcant pas.

Maintenant il ne sait pas où il va, il a du mal à se trouver un futur, il se sent vieux et sans avenir.

Il a une attitude très personnel avec ses enfants: il les aimeet les soutient de tout son être tant qu'ils ne sont pas cons. Mais s'ils sont cons, il les renie.

J'aime beaucoup mon père. Même si je n'ai aps vraiement la même vision du monde que lui, même si je ne me dirige pas du tout vers le genre de vie vers laquel il est allé, et vers laquel il voulait que j'aille.
ysambre
Messages : 249
Inscription : ven. mars 09, 2007 8:06 pm

Message par ysambre »

Mon père,

Je l'est tres peu connu, Grand blond normand, typé danois, que dire...petite je l'imaginais sur son drakar (Richard de son prenom, comme mon grand pere , heureusement je ne suis pas le troisième), les visites aux cimetières m'ont fait vite comprendre qu'on pouvait etre beau, fort ...Et mort, c'est un peu rude quand on a que 4 ans .
De nos conversations , du rien, on a attendu que je sois plus agée pour m'en parler de ces frasques, jetté à la rue a l age de 17 ans à la rue, il a du survivre de menus larcins et de plus grave, devenu cascadeur puis tolard, il est mort sur la route en allant au boulot ..pour une fois, je garde de lui l'image du type rebel qui se cherchait en dehors de l'usine, les vaches et la normandie...depuis ce patelin me fout le cafard et je prefere la bretagne qui me rappelle mes vacances plutot que les chysanthème de la toussain et les eternelles escalopes champignon de mémé , pendant qu'élisabeth 2 decalaqué sur une boite a sucre, me matait du coin de l'oeil voir si je finissais bien mon ma menthe a l'eau..beurk .
Bref papa et moi, on a pas passé beaucoup de temps a converser, j'ai marché dans ces pas, jusqu'a que j'en ai eu marre d'avoir la place du mort aupres de la grand mere , et de ces soeurs, j'ai largué les amares, ciao la normandie, les vaches , les cimetières , les secrets de famille, la reine, le chien et les escalopes.
Je reviendrais pas sur sa tombe , il sait que je l'aime bien, c'est a l'age de 30 ans que je l'ai pleuré pour la premiere fois, car pour une fois j'aurai voulu être consolé par mon père .
Zünisch
Messages : 6903
Inscription : mer. mai 30, 2007 7:15 pm

Message par Zünisch »

Toujours dans l'optique: C'est comment chez les autres ? ( Parce que je suis curieuse. ) Et vidons notre sac. ( Parce que ça soulage. )

Mon père est un homme très important. Il a un poste haut placé dans une multinationale vraiment très connue. Alors forcément, mon père, il est très riche aussi. Oh, je ne dis pas ça pour me la jouer hein. Mais disons que ça plante le décors.

Car mon père est donc un homme occupé. Il voyage en permanence. Il doit passer plus de temps dans les avions que chez lui. Et quand il rentre le week-end, parfois, il sort à l'opéra ou au théatre avec sa femme et fait garder les gosses. :roll: Mon père fait vraiment des choses bizarres. Il prend rendez-vous avec sa femme ( mes parents sont divorcés grace à Dieu ) pour savoir quand ils pourront se voir. D'ailleurs il note tout ce qui concerne ses enfants sur son agenda. Sinon il oublie.

Cela dit, je ne lui en veux pas. Enfin plus maintenant que j'ai pris mes distances avec lui. De très longues distances. :roll:
Mais mon père m'aime. A sa manière. Il me fète toujours mon anniversaire par exemple. Avec 6 mois de retard mais bon c'est déjà ça. Bien sur, il m'offre des trucs bien chers ou alors un gros chèque. Un jour, je lui dirais que je ne veux pas de son chèque. Mais plutôt qu'il m'appelle le jour de mon anniversaire.
Il me demande toujours comment se passe mes études. Et il est toujours décu parce que je ne suis pas une génie et donc: Je n'ai pas eu mention excellent au bac. Seulement mention bien alors forcément. Je suis en fac de médecine ( mon seul et unique désir pour l'info ) mais bon ce n'est pas HEC alors forcément...

Mon père quand il se repose, il part en vacances à l'autre bout du monde. Et il ne voyage jamais sans une connection internet. Parce qu'on ne sait jamais: Un crack boursier est si vite arrivé. En fait mon père ne prend jamais de vacances. Mais nous si. Et de très belles. J'ai de magnifiques souvenirs grace à lui. Et je le remercie. :)

Mais je vois bien qu'il fait des efforts en ce moment. Depuis que je me suis éloignée de lui ( je l'ai vu 4 fois en un an et demi... il me semble ), il est plus attentif. Il m'a fété mon anniversaire presque le bon jour. Et m'a textoté pour le nouvel an. Je suis assez contente mine de rien. On va peut être arriver à quelque chose. Personnellement, je n'attends plus grand chose. Alors tout le reste c'est du bonus.

Sinon j'ai mon beau père: Il est beau, il est intelligent, il est gentil, il est maniaque, il est médecin. Et c'est avec lui que je vis. :lol:

Huhu, le post plein d'amertume. Mais je peux vous assurez que j'ai galéré pour en arriver seulement à la rancoeur.
Kefka
Messages : 2843
Inscription : lun. févr. 11, 2008 10:43 pm

Message par Kefka »

Oh, mais c'est parfait dans l'optique : "je vide mon sac en thérapie de groupe !"

Alors, mon père. Heu ... Et bien, pour commencer, le fait est que je ne sais pas vraiment quoi dire. Il est sympa : on s'engueule peu (et en même temps, j'explose mes quotas avec ma mère :roll: ). Il a un humour qui est pas désagréable, mélange de jeux de mots et d'humour potache, ça met un peu d'ambiance. Ca plante le décor : il est "cool", "cool" comme un pote de promo, "cool" comme quelqu'un que je ne cotoie que peu de temps.

Il est complètement effacé par rapport à ma mère. Pour lui, les problèmes existent mais il applique la politique "je vois, j'entends, je n'en pense pas moins mais je dis rien". Une politique de l'autruche améliorée, somme toute. C'est sûr que les conflits sont très rares avec lui. Mais si ça veut dire devenir quasiment transparent, bah, je sais pas trop si je suis d'accord.

Et puis, je le vois que très peu. Il ne travaille pas d'arrache-pied mais quand il part à 7 heures et rentre à 20 heures, je peux m'estimer heureux de partager un repas avec lui. Et le week-end, il est fatigué, bien sûr. Alors, faut pas l'embêter. Il veut pouvoir lire, regarder la télé, ... Curieusement, ça me motive pas trop pour aller lui parler de mes problèmes. Alors, oui, il gagne bien sa vie. On a une belle maison et pas de problèmes financiers, c'est sûr. Ils peuvent payer mes études et mon logement à Lyon. Et je suis reconnaissant pour ça. Mais j'aurais aimé un peu plus de présence. Et encore, y parait qu'il n'est pas le pire de son service ...

Alors voilà. Mon père, c'est un bon ami. Et c'est tout. Je ne lui parle pas de mes problèmes (sauf pour les cours, génial !), il ne me demande pas si j'ai des problèmes. Et il me confond avec mes frères ... Ce n'est ni "mon père, ce héros !", ni un modèle. C'est une relation, une connaissance. C'est pathétique.
Spleen
Messages : 124
Inscription : dim. janv. 18, 2009 12:55 am

Message par Spleen »

3615 Ma vie, c'est parti.

Mon père, c'était un héros quand j'étais petite, parce que j'avais vraiment l'impression qu'il était là pour moi. On faisait des randonnées en vélo, et il m'a traumatisé en me faisant croire que les omelettes qu'il préparait, étaient vivantes (oui, parce qu'elles gonflaient... du haut de mes 6 ans, j'avais l'impression qu'elles respiraient >_<).

Puis est venu la rupture. J'ai arrêté de l'idéaliser à cause de ma mère. Ma mère était toute seule à la maison, elle n'avait qu'à s'occuper que de moi, mon père travaillait, rentrait tard, et le weekend devant sa télé. Alors ma mère était malheureuse, et comme elle n'avait personne à qui parler à part moi, elle me confiait tout. Elle me disait à quel point il se montrait radin avec elle (comme c'est lui qui ramenait l'argent à la maison, il lui donnait 10 Frs par jour pour acheter du pain, et elle devait lui rendre la monnaie). Pourtant, ça ne l'a pas empéché de nous endetter pendant 2 ans.

Elle me racontait que si ils faisaient chambre à part, c'est parce qu'il ronflait trop fort. Puis ils se sont mis à se disputer. Mon père rentrait encore plus tard le soir, ivre. Il a même eu un accident de voiture, un jour. Il s'en est sorti indemne, pas comme sa voiture (voiture de fonction, donc on s'en fout).

Puis tout a dérapé, un jour de vacance dans le Sud, c'était le soir. Mes parents dormaient dans le salon, mais il était à peine 22h, alors on regardait un film tous ensemble. Mon père s'est mit à ronfler, ma mère la réveillé. Il s'est énervé, et est sortit de la maison. Il n'est revenu que le lendemain midi. Quand on est rentré de vacances, mes parents ont entamé une procédure de divorce.

A partir de ce moment, je me suis mise à le détester. Avec tout ce que ma mère me racontait sur lui, je n'avais que ça à faire. A cause de lui, et de son infidélité, j'allais devoir quitter ma maison à la campagne avec un immense jardin, mes copains d'enfance, pour vivre dans un appartement minuscule en ville. Pendant la période de séparation, je ne lui adressais même plus un "bonjour" le matin, et quand j'ai emménagé dans l'appartement avec ma mère, j'ai refusé de le voir pendant 6 mois. J'avais 13 ans et il était devenu un étranger.

Un être distant. Il a toujours été plus ou moins distant, et silencieux. Je le voyais comme un homme des cavernes. La journée à travailler, le soir a rentrer sans dire un mot, juste retrouver sa télé. Je ne lui parlais pas, et il ne cherchait pas à dialoguer.

Puis, je me suis mise à vivre chez lui. Pas que j'en avais spécialement envie, mais j'étais tombé dans une vraie dépression, et je ne supportais plus le côté étouffant de ma mère. Puis surtout, je voulais retrouver ma ville d'origine (2 ans après le divorce, ma mère m'a "forcée" à déménager sur Douai, une ville que je détestais, pour être plus proche de ses autres enfants).

Je voulais être libre, vivre pleinement mon adolescence (à 18 ans, oui, il y a un temps pour tout ^^). Quand j'ai commencé à vivre chez lui, les seuls mots qu'on s'échangeait, c'était : tu veux quoi à dîner ce soir?

Au début, ça ne me gênait pas vraiment. J'avais l'impression d'avoir mon indépendance, je sortais quand je voulais. Puis ça a fini par me faire du mal. J'avais l'impression de lui être complétement indifférente.
Une fois, je voulais aller chez des amis, mais il était parti bosser, alors j'ai fais mon sac, et je suis partie 3 jours. Je suis revenue, je l'ai vu sur son ordinateur, "t'étais où?" "chez des potes" "okay".

A ce moment, je me suis dis "ça se trouve, j'aurai pu avoir un accident, il ne s'en serait pas soucié". Et j'ai commencé à en souffrir.
J'ai essayé d'ouvrir le dialogue, mais à part le programme télé ou son travail, il n'essayait pas d'en savoir plus sur moi.

Une fois, sur une crise d'angoisse, mélanger à mon besoin d'attirer son attention. Je pris les ciseaux et me suis coupé les cheveux. Je vous laisse imaginer le travail. Je suis sortie de la salle de bain, et me suis présentée devant lui. Il m'a regardé, et m'a dit "t'aurais pu aller chez le coiffeur, non?" "oui... t'as raison".
Je suis partie dans son bureau, j'ai fermé la porte, et me suis laissée glisser contre elle. Je l'ai entendu monter, je l'ai entendu souffler derrière la porte, je sentais qu'il voulait me dire quelque chose... mais il n'a rien fait, et est redescendu.

Aujourd'hui, après deux ans de cohabitation, le dialogue se passe mieux, même si il reste superficiel. Je sais qu'il tient à moi par des attentions détournés...

Par exemple, par son travail, il peut avoir des lots plus ou moins beau. Le dernier, c'était un superbe appareil photo. Il m'a dit: "regarde ce que j'ai eu..." "putain !! il est trop beau !!" "oui, comme ça, tu vas pouvoir me rendre l'ancien".

Il ne sait pas communiquer, mais aujourd'hui, j'arrive à le comprendre, parce que je suis un peu comme lui. On m'a toujours dit que je lui ressemblais (alors que j'ai été adoptée). Je sais que c'est aussi à moi de faire des efforts pour améliorer notre relation. Je rêve qu'un jour, ça soit lui qui fasse le premier pas et me prenne dans ses bras. Et pas parce que je lui aurais demandé.

Quelque fois, je me dis que lui est encore derrière cette porte a hésité à me reconforter, et moi de l'autre côté, n'ayant pas la force de lui ouvrir.
moniiique
Messages : 3247
Inscription : lun. déc. 29, 2008 2:57 am

Message par moniiique »

Je colle ici un post que j'avais écrit ailleurs sur mon père.

Mon père est décédé quand j'avais 15 ans. Il a chopé le SIDA je ne sais pas où ni comment parce que ce n'est pas mes affaires et ma mère est toujours restée inflexible là dessus à raison je pense. Il a fait un truc que je trouve dur et d'une beauté absolument bouleversante concernant ce virus de merde qui l'a grignoté. Il a immédiatement prévenu ma mère qu'il avait couru un risque pour ne pas lui faire prendre de risque à elle et éviter de laisser deux orphelins en cas de test positif. La nouvelle est tombée, mauvaise effectivement, et il a fait jurer à ma mère de ne pas nous en parler, car il voulait être un papa le maximum de temps possible, pas un papa qui va mourir, un papa seulement pour nous. Ne surtout pas encombrer nos têtes d'enfants de soucis d'adultes, ne pas créer d'inquiétude qui ruinerait notre enfance, ne pas nous infliger la crainte de le voir disparaitre en nous maintenant dans l'ignorance de son état, pour que notre enfance garde ce qu'elle a de plus simple et de plus candide. C'est magnifique de leur part à tous les deux de nous avoir épargnés ainsi l'angoisse, même si le choc est rude quand on pense que notre père va guérir même s'il est hospitalisé et qu'on apprend au dernier moment, une semaine avant la fin, que non, il ne guérira pas, qu'on ne guérit pas de cette merde...

Pour la vie avec mon père, j'essaie de me dépouiller du côté tout rose que les souvenirs des disparus laissent, mais je n'y peux rien, mon père était un mec formidable. Brillant, drôle, cultivé, intelligent, intéressant, faussement désinvolte, trèèèèèèèèèèèèès beau et tous ceux qui l'ont connu s'accordent à le dire, pas juste nous, ouvert d'esprit, profondément humain.

Mon père a essayé par tous les moyens de m'apprendre à faire du vélo, j'ai réussi sans lui un jour de vacances chez des amis, mais la première chose à laquelle j'ai pensé en y parvenant c'était à l'appeler au travail pour le lui annoncer. Mon père a passé des heures à essayer de me faire comprendre les multiplications à deux chiffres avec cette connerie de zero qu'il faut mettre en bas du résultat pour décaler. Mon père m'a fait écouter Renaud, Brassens, Brel et Bobby Lapointe en me mettant des branlées au scrabble les dimanche après midi pluvieux. Mon père m'a emmenée tous les ans skier alors qu'il détestait ça. Mon père a perdu ses clés le jour de ma naissance et il était tellement bourré qu'il n'arrêtait pas de dire à tout le monde que j'avais des tous petits doigts avec des tous petits ongles au lieu de donner à ses amis avides d'informations, mon prénom, ma taille mon poids...Il est revenu en pleine nuit à la maternité voler les clés de ma mère dans son sac à main lui filant la peur de sa vie . Mon père a perdu ses clés le jour de la naissance de mon frère et il était tellement bourré qu'il n'arrêtait pas de dire à tout le
monde qu'il avait des tous petits doigts avec des tous petits ongles au
lieu de donner à ses amis avides d'informations, son prénom, sa taille son poids...Il est revenu en pleine nuit à la maternité voler les clés
de ma mère dans son sac à main lui filant lle fou rire de sa vie...3 ans après...

Mon père n'était jamais là le soir, il était promis à une très grande carrière politique locale. Il passait ses soirées en réunion et ses week end à marier des gens. Quand j'étais toute petite, il se sentait frustré de me voir si peu et me réveillait en pleine nuit pour jouer aux légos ou à n'importe quelle connerie, pour avoir une place de papa dans ma vie, pour se garder une place de père à lui aussi. Mon père me lançait des défis du type "t'es pas cap de me faire un calin et de te taire pendant au moins 5 minutes!" "c'est combien 5 minutes papa?" "tu comptes jusqu'à 60 dans ta tête et tu le fais 5 fois de suite c'est ça 5 minutes!" je relevais le défi mais je ne réussissais jamais à me taire 5 minutes d'affilée, ce qui le faisait rire aux éclats. Mon père avait du mal à nous dire qu'il nous aimait mais il parlait de nous à ses amis, qui gaffaient plus ou moins en nous disant l'admiration sans bornes qu'il avait pour nous. Je me souviens d'avoir été touchée en plein coeur vers 12-13 ans par une phrase banale d'un de ses amis. Je lisais un livre tranquillement au salon quand il m'a dit être étonné que je sois si imperturbable quand j'étais plongée dans ma lecture, il a ajouté, sans le faire exprès je pense, que mon père le lui avait pourtant dit, et qu'il était impressionné par le nombre de mes lectures, leur diversité et surtout le savoir que j'emmagasinais, qu'il m'admirait pour ça.

Mon père était content de voir qu'à 13 ans je militais à Actup, content de voir que je cotoyais des gays et des lesbiennes, content de voir que mon esprit n'avait pas envie de se fermer. Mon père a dit à un mec, lors de l'anniversaire d'une amie à lui, qui lui demandait où j'étais, que j'étais avec Actup en train de faire la gaypride et que j'arriverais ensuite. A la réponse horrifiée du type lui disant qu'il s'inquièterait de savoir sa fille entourée de pd et de gouines, mon père lui a répliqué qu'il préférait me savoir avec eux qu'avec des connards comme lui...

Mon père nous donnait des noms complètement cons, farfouine, rénato, mistouflette, patalouf, il passait son temps à se foutre de la gueule de ma mère qui riait tout le temps. Il était de mauvaise foi, et ne reconnaissait ses torts que trop tard, mais toujours avec démesure en couvrant de cadeaux celui ou celle à qui il avait fait du tort sans le vouloir. Mon père était drôle et pratiquait l'humour de répétition, il nous filait des claques avec les tranches de jambon, nous brulait le bras avec la cuillère de son café chaud, mettait de la couenne de jambon dans sa main et faisait semblant d'éternuer en laissant tomber la couenne, demandait systématiquement à un de ses amis dont la calvitie avançait s'il se laissait pousser le front...C'est très con, mais quand tu es môme et que ton père appelle un monsieur Lapin de l'annuaire pour dire, "allo monsieur Lapin? ici monsieur Chasseur, pan vous êtes mort!" tu rigoles à t'en faire péter la rate, ton père dans ces cas là c'est juste un héros.

Il était fort en mots croisés et aux jeux vidéo. Comme il était de mauvaise foi il nous disait juste qu'il était meilleur que nous quand il passait des niveaux à "Terry's big adventure" sur Atari jusqu'à ce qu'on grille un cendrier et des clopes dans ma chambre près de l'ordi, il effaçait mal ses traces quand il venait s'entrainer entre midi et deux pour nous foutre des roustes le soir l'air de rien.

Il était chiant aussi des fois, il passait 2h aux chiottes et nos supplications n'avaient aucune incidence sur sa sortie. Il foutait de l'opéra tout un dimanche à fond la caisse sur sa chaine hi tech CD en nous hurlant pour couvrir le son que non il ne baisserait pas parce que ça sécoute fort. Il nous envoyait dans nos chambres quand on faisait trop les cons et il haussait la voix pour nous faire peur. Il s'angoissait pour un rien imaginant relativement rapidement qu'un fou m'avait foutu sous le métro si je rentrais du lycée avec 15 minutes de plus que l'horaire habituel. Il prenait toute la place sur le canapé en s'allongeant pour y ronfler bien vite, ne nous laissant que peu de place pour 3 et l'interdiction de changer de chaine même s'il dormait devant un programme que soit disant il regardait, mon oeil ouais....On l'entendait ronfloter au bout de 5 minutes...

J'étais fan de mon père, je regrette de l'avoir eu si peu près de moi, mais je sais qu'il s'est défoncé pour l'être le plus possible tant qu'il en avait encore le temps. Il me manque souvent, et quand ça devient pesant, il revient, dans mes rêves. J'ai un rêve récurrent, très souvent à des périodes importantes de ma vie, bac, permis, réussite en fac, coming out, ce genre de choses. Dans ce rêve il arrive, mon frère est toujours avec moi, il nous explique qu'il n'a pas beaucoup de temps, mais qu'il a réussi à s'échapper pour une journée, qu'il veut la passer avec nous à faire ce qu'on a envie de faire. Il en profite toujours pour demander où on en est dans la vie et on passe une journée avec lui jusqu'à ce qu'il soit obligé de repartir. Ces rêves m'anéantissaient au réveil quand j'étais plus jeune, aujourd'hui je les aime. Je les prends comme des visites d'une certaine manière, je sais que par moment j'ai des trucs à lui dire et parfois je peux me le permettre, c'est cool.
Billy
Messages : 4158
Inscription : jeu. avr. 26, 2007 12:28 pm

Message par Billy »

Tous vos messages sont... Boh, j'arrive pas à trouver les mots corrects. Je dirais bien touchants mais c'est fadasse. J'aime vous lire.
Sarablue
Messages : 7552
Inscription : mer. janv. 30, 2008 8:36 pm

Message par Sarablue »

Mon grand-père voulait une fille (demandez pas pourquoi, j'en sais rien et il est mort beaucoup trop longtemps avant ma naissance pour que je puisse le lui demander).
Mon père est né : décéption.
Du coup mon père a porté la croix de ne pas être une fille et quand ma mère s'est trouvée enceinte, le foetus que j'étais était "elle".
Je n'ai jamais été appelée :"le bébé", ou "il", mais toujours elle. Au point que ma mère a eu un peu peur que je sois un garçon.
Echographie : une fille . Mon père : "j'en étais sûre".
Je pose les bases pour montrer que j'étais un sacré projet dans la tête de mon père.
Un vieux fantasme presque.

Mes premières années, mon père était mon héros. J'étais sa fierté.Il me promenait partout en montrant sa fille, son chef d'oeuvre (à noter que mon père avait 50 ans à ma naissance alors forcément j'étais encore plus miraculeuse...L'enfant inespéré).

Cependant, mes parents ne s'entendant pas, mais alors pas du tout, ma mère me prenant comme confidente, elle m'a abreuvée de tous les griefs qu'elle avait contre mon père (et elle en avait), à tel point qu'elle m'a montée contre lui.
Mon père est devenu l'ennemi à la maison.
Il avait les deux femmes de sa vie liguées contre lui. Pas question d'avoir gain de cause.
Mon père était malheureux.
Mes parents étaient pauvres, mon père s'est mis à boire.
Il était amer, il était las. Il ne savait pas communiquer ses sentiments parce qu'élevé pendant la guerre chez les jésuites on ne lui a jamais appris.
Alors forcément, il bloquait avec les mots, et surtout les gestes.
Mon père ne m'a jamais prise dans ses bras.
Mais il était fou de moi et fou de tristesse de me voir si lointaine parce qu'aveuglée par la rage de ma mère.
C'est mon père qui venait me chercher à l'école quand j'étais malade. Et quelques très rares fois, très très rares, il me brossait les cheveux que j'avais longs (et il a pleuré quand je les ai coupés :lol: ... Je crois que je tiens de lui ma passion des cheveux longs).
Mon père je n'ai jamais pu lui dire je t'aime parce que j'ai été une petite conne sans recul et sans conscience trop longtemps.
Et quand il est tombé malade, je n'ai pas été le voir assez souvent...Et même une fois là bas j'arrivais pas à échanger quoi que ce soit avec lui.
Mon père est mort sans savoir ce que je n'ai réalisé que bien après son départ.
Maintenant j'ai de gros regrets, de gros non-dits, de gros silences...Mais ça m'a permis de ne pas réitérer les mêmes erreurs et de dire ce que je ressentais aux gens avant qu'il ne soit trop tard.
Mon père n'était pas parfait, mais c'était le père le plus aimant qui soit et même dans le pire des moments, je n'en ai jamais douté :)
Billy
Messages : 4158
Inscription : jeu. avr. 26, 2007 12:28 pm

Message par Billy »

Je me prends la tête dans les mains avant de commencer...

Comme la plupart d'entre vous, je connais mal mon père. J'ai vécu sous le même toit que lui pendant 21 ans.

Gamine, quand je m'endormais devant Champs Elysées, le samedi soir, il me portait dans ses bras. Des bras de papa, qui pose sa fille dans son lit, en douceur pour ne pas la réveiller (manque de bol pour lui, ça marchait rarement...). Les moments où assise sur ses genoux, il me faisait sauter comme une crêpe (alors que ma mère nous regardait d'un sale oeil...), moi, explosée de rire. Les samedi autour de lui et sa guitare sèche, à chanter du Ferrat, et moi l'écoutant, le regardant, en me disant "il chante bien mon papa". A l'époque, barbe, moustache, un peu José Bové sur les bords question look. Sauf pour les soirées dans la famille ou (j'ai retrouvé des photos), il tapait le costard trois pièces. Et ramenait sa gratte...
Des souvenirs de jeux donc, mais pas de mots, jamais. Ca, c'est pour la petite enfance. Un papa tout grand.

Puis des gestes de mon frère dans le couloir... Sa main sur ma chaise quand je venais m'y asseoir. On avait 6 ans d'écart. Moi, 7/8 ans... A la suite de ça, je n'ai plus supporté que l'on me touche sans que je le décide. Et le bras de mon père frolait le mien, je le retirais vivement. "Mais celle là alors, qu'elle petite princesse qui ne supporte pas qu'on la touche ! Pimbêche"

La seule fois où j'ai accepté un contact physique avec mon père, fut quand un petit con a brisé mon coeur en mille morceaux. Il m'a alorspris dans ses bras. Je n'e nrevenais qu'il soit capable de ça...

Puis, j'ai grandi. J'ai réalisé que la vie de mon père était difficile. Un métier manuel, dans des conditions pas du tout confortables. Chaudronnier (le travail de la tôle). Des soirées moroses devant les assiettes, notamment, le dimanche soir, avec des soupirs à n'en plus finir, autour de la table en formica.
Un père qui ne parle pas, qui s'enferme littéralement dans son mutisme. Un père que je ne comprends pas et dont je ne supporte plus le fatalisme qui envahit la maison. Je me rends compte que mon père, malgré sa force et son courage pour affronter un boulot difficile, est fragile. Je me dis "mais qu'il se bouge putain ! C'est quoi ça ! Rester comme ça, à souffler, le nez dans l'assiette ! " Je ne supportais plus de le voir tous les matins, m'empestant avec sa gauloise sans filtre, son café au lait et ses tartines, muet comme une carpe. Et ses habitudes... Branché sur RTL du matin au soir le week end, adieu la guitare et les dessins au fusain qu'il faisait pendant ses arrêts maladie (bras dans le plâtre, faut le faire...). Je ne supportais pas sa façon de clore une conversation par "Point barre". C'était pour moi nous ôter le droit de parler. M'enlever la parole, m'enlever de droit d'exister et de penser. Des restes de l'éducation reçue par son paternel. Ca, je l'ai appris plus tard.
J'ai essayé de récolter des infos sur l'enfance de mon père. Ma mère m'en a dit quelques mots et m'a fait promettre de ne jamais lui en parler "C'est trop dur pour ton père d'en parler". Malgré mes tous petits efforts pour essayer de le comprendre, je lui en voulais d'être si "mou", si vide à l'intérieur... A part les mots croisés, la valise RTL et les soucis du ménage, rien. Alors, comme pour faire naitre quelque chose dans cet appartement (dans une HLM d'une cité du Havre), je faisais de la provoc'... Il disait blanc, je disais noir. JE défendais bec et ongles ma mère que j'ai fini par mettre sur un piedestal. D'une part, parce que c'était une femme et d'autre part, parce qu'elle ne me contredisait pas. Et que surtout, elle se tapait les courses le samedi pendant que lui restait pépère à la maison devant le match de Rugby. Je pense que je lui dois mon aversion pour ce sport.
Plus j'avançais dans l'âge, plus j'allais à son encontre. Je ne supportais plus les "bisous du matin" et les "bisous du soir". Une aversion pour ces trucs là. Encore aujourd'hui d'ailleurs.
Je menais ma petite vie de merde de fin d'ado dans le flou le plus pur. J'ai trouvé le pretexte d'une fac de droit à Caen pour m'échapper de ce tableau devenu insupportable à mes yeux. Rejeter tout ce qu'il était.
Faire une fac de droit pour me retrouver du côté des nantis. Faire une fac de droit, à Caen, vivre ailleurs. Pourquoi une fac de droit ? Pour voter à droite. Si si... Lui, avait pleuré le jour où Le Havre, grand fief coco était passé à droite. Je parlais de trucs qui je savais, étaient loin de lui et de ses intérêts : fringues hors de prix, voyages, apparts de rêves...tout en ne foutant rien à la fac.

Revenant au Havre, je retrouve la vie avec mes parents. Mon père que je ne supporte pas plus. Première année d'IUT : tous les soirs, je rentrais à 18h. Je me préparais un plateau repas et m'enfermais à clés dans ma chambre pour ne pas être face à lui. Pour ne pas sentir son contact... On ne me revoyait que le lendemain matin, en coup de vent.
Et toujours la provocation pour que je puisse quitter la table et claquer la porte de ma chambre.
Mon père faut partie de ces communistes déçus qui ont viré FN... Alors, les discours racistes devant la télé, quand un chanteur "basané" faisait son apparition, ça y allait. Yes ! Une occasion de lui dire le fond de ma pensée.

Un père qui a toujours eu peur de la vie. Peur qu'un coin du monde lui tombe sur la gueule. Peur de partir en vacances parce qu'un accident est si vite arrivé.
Un père qui s'est effacé devant les Femmes de la famille. Toutes des tempéraments de feu. Ecrasantes. Et ça me plaisait. Et j'avoue que ça me plait toujours assez. De toute façon, il ne changera pas.
Après toutes les merdes qu'ils ont enchaînées, mon père est dépressif à vie. Un de mes psy m'a dit "Je vais vous dire deux choses mlle : Premièrement, vous navez plus de père depuis longtemps. Dotes vous que vous êtes orpheline de père depuis des années. Et deuxièmement, vous serez dépressive à vie, comme lui".

Résultat, aujourd'hui, depuis peu, oui, j'ai peur du bonheur. Peur de vivre. Peur de mourir. Je suis neusophobe. Je me tape des angoisses terrifiantes. Et je sais d'où tout cela vient...
JE n'oublierai jamais cette phrase, alors que j'entendais une conversation entre mes parents. Ma mère "Tu sais, j'ai discuté avec elle ce matin et elle m'a dit qu'elle était très impatiente d'avoir son propre chez elle, avec sa déco. Elle aimerait prévoir ça dans quelques années, vers 20 ans..." Mon père a alors répondu "Si elle est toujours vivante". Trauma.

J'ai tenté de rentrer en contact avec lui. De lancer des conversations sur nos vies. Longtemps. Et puis j'ai laissé tomber...

Malgré tout ça, mon père est quelqu'un de bien, de bon, de courageux, de gentil. JE sais qu'il aurait aimé être capable de parler, de communiquer, de dire "je t'aime " à ses enfants. Je sais qu'il nous aime et qu'il est fier de ses enfants. Il est terriblement amoureux de ma mère. Mais c'est un corps sans énergie. Un corps sans vie. Un corps et la mémoireenglués dans son passé si douloureux...
Je voudrais lui dire. Non, je voudrais penser que je l'aime. Mais. C'est horrible. Je n'y arrive pas. Je ne le connais pas assez pour ça.
Répondre