Coucou à tous!
Relancée par Billy, je viens vous faire un petit point des familles de cette histoire au suspens haletant! Parce que c'est vrai que, quand même, y a eu Noël entre temps, mon birthday.... Mais ne brûlons pas les étapes!!
Donc depuis le mois d'octobre, il y eut le sacro-saint Noël, bien sûr. J'avais réussi à prendre ma semaine de vacances mais n'étais décidée qu'à passer que le we là-bas (les vacances pour ... se reposer

et le gros we, du vendredi matin au lundi soir pour la famille). Et ces quatre jours ont suffi.
Quand on est indépendante comme moi, avec une grosse envie de transparence, 4j en famille, avec des non-dits et des tabous, ça fait beaucoup. En fait, tant que ma s
oeur, son mari et leur fille (aaaaaaah, bébé!!!!!!) étaient là, cela nous faisait une sacré animation, et c'était très bien. Un fois ce beau monde parti, moi en quasi face-à-face avec
les parents, ce fut un peu plus lourd.
Le lundi matin,
mon père m'a annoncé qu'il avait pris sa demi-journée "pour [moi]". Donc, dans le langage familial, "on parle". J'en étais flattée mais bon, quand on sait que certains sujets sont interdits (pour rappel, c'est moi qui ai posé cet interdit, tant qu'ils chercheraient une justification, qu'ils resteraient dans le pathos et les larmes,... Obligée d'en arriver là, je n'en suis pas très fière... Et le suis en même temps! Bref!), c’est tout de suite moins glam !
Le dialogue familial fut donc un échange multidisciplinaire, allant du boulot (et il y a beaucoup à dire, à expliquer), à la coloc en passant par ma petite santé. J'ai réussi à lui dire que je me trimballais une belle cochonnerie qui s'était déclarée... au mois de juin (tiens tiens, c'était pas JUSTEMENT au moment où ça se passait mal avec les parents??) et ses conseils de toubib me furent précieux. Après, il a pas forcément fait le rapprochement entre mes soucis de santé et notre relation chaotique, et j'avoue ne pas avoir remué le couteau dans la plaie.
Le tabou, en fait, s'étend vachement. Je n'avais pas réfléchi à ça, ou du moins à sa portée, mais c'est vrai que c'est TRES difficile de parler... de tout. Je m'explique. Si j'avais été hétéro, je n'aurai pas pour autant parlé de mes soucis ou joies de mon couple en décrépitude/en devenir mais je sais que j'aurai été acceptée, entendue si j'en avais eu envie. L'essentiel, c'est la potentialité, le pouvoir (dire et être entendue....)! Ca, c'est un premier plan que j'avais envisagé mais qui est toujours douloureux...
Le second plan, c'est qu'en fait, ma vie peut tourner autour de ma lezbiennitude, et que je compte un certain nombre d'homos parmi mes amis. Et
mes parents en ont peur. Ainsi, si je leur dit que je suis partie un we à Paris chez mes potes pour une pendaison de crémaillère, ils vont pas forcément relever parce qu'ils auront peur d'entendre que ce sont tous des homos. Pareil,
ma mère m'a quand dit "tout de même, tu voyages pas mal pendant tes we,.. Là, tu étais à Strasbourg...."puis s’est arrêtée en plein milieu de la phrase. Ben oui, en mEAting avec vous tous, mes choupinets d'amour que j'aime! Et que je n'ai pas le DROIT de parler de vous, de la formidable amitié que vous me faites!
Donc un pan de ma vie est occultée, bien sûr, mais il est bien plus large que celui que j'avais imaginé au départ, puisqu'il s'étend au réseau amical, même hétéro. Et franchement, j'aimerai pouvoir parler de vous à tout le monde... Bref...
Mais
mes parents font des efforts !! La preuve, pour mon anniversaire que j’ai fêté avec certains d’entre vous au mEAting ski (ouais, j’allais pas être en famille pour ça, hein ?!), les parents ont traversé la France le we d’après (donc le we dernier, tout récent) pour qu’on passe le we à Bruxelles, ensemble !! Comme en octobre, un tas d’expo (c’est plus simple de parler autour d’une œuvre qu’autour d’une table), des balades dans cette ville magnifique, on a finalement pas trop pris le temps de discuter des « choses qui fâchent ». Bien étudié, d’ailleurs.
Je vous avoue, je me suis posée la question à un moment donné. Est-ce que je leur demande s’ils se sont tournés vers l’asso Contact ? Est-ce qu’ils sont toujours isolés ou est-ce qu’ils s’appuient sur des amis ? Et je me suis dit que j’allais remuer trop de miasmes pour finalement mon confort personnel. A moi de prendre sur moi, de ne pas leur poser de questions, de les laisser faire leur chemin. Tant pis si pour l’instant, je ne peux pas parler de vous, de mes vacances avec ma chérie, de ce dernier we de juin où non, « je peux pas aller au mariage de P, je suis déjà prise… Et non, je peux pas le reculer (ouais, c’est ça, je demande à l’organisation de la Gay Pride parisienne qu’ils changent de we !)»…. On verra…..
Le côté "pouvoir parler même si on en a pas envie", c'est quelque chose que ne comprend pas
ma frangine, avec qui j'ai fait un "debrieff Noël". Bien, sûr, elle est pas homo, elle peut pas comprendre la "chance qu'elle a de pouvoir être reconnue en tant que telle ». Le dialogue est pas forcément simple quand l'une ne comprend pas: "Mais Euterpe, tu t'en fiche! Quand t'étais hétéro, tu leur parlais pas de tes mecs! (oui, mais j'aurai pu, frangine, c'est LA toute la différence....)"
Contact tout de même avec
ma soeur régulier. Notamment parce qu'elle s'est enfin décidée à écrire son bouquin et que je suis une critique impartiale (et que je la connais bien). Donc nous avons été amenées à nous appeler pour discuter... Des premières épreuves. Et dès que je suis sur Paris, je passe la voir (ou voir ma nièce!!!!!). Elle commence à percuter qu'il va falloir qu'elle vienne me voir à Lille. Je crois qu'elle attend que ma gouine queer de coloc s'en aille pour ma petite butch chérie adorée de future coloc. Bref, j'ai confiance!
Les frères... J'ai honte, je ne leur ai pas parlé à Noël.... En fait, j'ai un blocage, maintenant. Je me sens pas super à l'aise pour leur parler, je me sens un peu dépossédée de ce droit. J’ai un peu peur de les remettre dans une situation de conflit sourd. J’ai peur aussi de les entendre me dire qu’ils sont mal par rapport à ma situation…. Je sais pas trop. Je les vois pas des masses donc je préfère pas soulever de vagues.
Je leur avais écrit un long courrier à la rentrée, ou j’essayais de leur expliquer ce qui c’était passé pendant l’été, ce que ça avait donné pour moi, prendre de leur nouvelles. Et ils n’ont pas répondu par exemple. Par ce qu’ils n’ont pas vraiment accès à internet, certes, parce que ce sont des faignasses mais bon, je ne sais pas ce qu’ils en pensent…. C’est un peu compliqué…. Je les ai appelé hier pour savoir comment c’était passé leurs vacances, mais répondeur. Je ré-essaie ce soir !!
Je redescends voir la famille entière à la fin du mois. Mais je n’ai rien prévu d’autres pour cette année. Et pas de vacances familiales estivales non plus. Ben oui, vu le peu de vacances que j’ai, je préfère privilégier les vacances simples, reposantes et « positives » avec mon amoureuse que qqch de lourd en famille…. Et
les parents l’ont bien compris. Sachant que par contre, j’ai bien précisé que j’attendais la visite des
frères !!!
Voilà, un point qui est un roman !! La suite…. la prochaine fois !!
Et merci à vous tous pour vos mots ! Je vous dois vraiment beaucoup !
