Non-dits et explosion familiale

Un de vos proches est homo, bi,trans ? Vous êtes homo, bi, trans, et les relations avec votre famille vous posent questions ? Cette section vous est dédiée.
Queen of Leon
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Non-dits et explosion familiale

Message par Queen of Leon »

Chers etaloriens, je me tourne vers vous car j'ai besoin de regards extérieurs.


J’ai toujours considéré que j’étais très chanceuse d’avoir une famille sans histoires. Je m’entends bien avec mes deux parents, j’ai un petit frère que j’aime énormément. Mis à part nos crises d’adolescence et les soucis du quotidien, mon frère et moi n’avons jamais posé de problèmes à nos parents : scolarité sans accrocs, études supérieures, pas de grosses conneries. De leur côté, mes parents nous ont élevé dans un environnement plutôt stable. Ma famille représentait pour moi le pilier central de ma vie. La maison de mes parents était mon petit ilot de stabilité et de tranquillité, bien que je ne vive plus chez eux depuis deux ans. Mais ma famille était comme une cocotte-minute posée sur le feu depuis trop longtemps : elle débordait de non-dits, qui ont pris une telle ampleur au fil des années que la cocotte a fini par exploser.


Coming out

Je vais essayer de vous raconter ça de façon logique. J’ai commencé à faire mon CO à mes amis au printemps 2012. Tout s’est très bien passé, ces quelques mois m’ont permis un épanouissement que je n’avais jamais connu jusqu’alors. Je prévoyais d’en parler à mon frère à la fin de l’été, puis à mes parents avant la fin de l’année.Tous mes amis me disaient que mes parents le « prendraient bien ». C’est vrai qu’ils n’ont jamais été tradi ou conventionnels, dans le genre post-soixante-huitard. Mon père a un frère homosexuel et il a donc déjà été confronté à la question. Le filleul de ma mère est bi et elle l’a beaucoup soutenu lorsque sa famille à lui a mal réagi à son CO. Toutefois, de mon côté, j’appréhendais un peu. Parce que sous cette image de parents « à la cool », je craignais qu’ils le prennent moins bien venant de leur fille. Mais je voyais mon CO comme une façon de me rapprocher de mes parents. J'y reviendrai plus tard.


Coups de théâtre

Cependant, deux événements sont venus totalement chambouler mes plans. Première révélation : mes parents nous ont annoncé qu’ils prévoyaient de se séparer par consentement mutuel. Ce n’était pas une totale surprise pour mon frère et moi, car nous sentions bien depuis un an que leur vie de couple était réduite à néant. Mais quand même, ça a été un gros choc. Quand j’ai appris qu’ils allaient se séparer et vendre la maison dans laquelle j’ai grandi, j’ai senti que mon monde s’effondrait. Mon potentiel CO à mes parents est devenu très lointain : il était hors de question que je leur annonce cela dans une telle situation.

Deuxième révélation. Le lendemain, j’ai passé la soirée avec mon frère parce que j’avais besoin de lui parler. Tout devenait trop lourd à porter pour moi. On a parlé un peu de la séparation. Puis je lui ai fait mon CO. Et là… mon frère m’a dit qu’il était gay aussi ! Je mentirais si je disais que je ne m’en doutais pas : quand il était enfant, cela se sentait qu’il l’était, je l’avais moi-même intégré très jeune. Puis il a eu une ou deux copines et je me suis dit que je m’étais trompée. Mais ça n’avait jamais vraiment quitté mon esprit. Mon frère s’en doutait également pour moi (et c’est d’ailleurs l’unique personne de mon entourage). Mais, tout comme moi, il espérait se tromper. On était aussi atterrés l’un que l’autre d'avoir la confirmation. Je crois qu'on en aurait ri si la situation n'était pas aussi compliquée.

Tout d’un coup, notre CO est devenu un double événement avec des répercussions mutuelles. Je sais que nos parents se diront que c’est de leur faute si tous leurs enfants sont homosexuels, même s'ils paraissent open et tout et tout. Déjà que j’ai eu énormément de mal à faire mon acceptation (longues années de déni et de rejet avant d’avoir le courage de l’accepter), savoir que mon frère est gay rend mon propre CO encore plus difficile, presque culpabilisant. En effet, je me retrouve dans la mauvais posture : mon frère a déjà fait son CO à ma mère en juillet. Contre toute attente, elle ne l’a pas si bien pris que ça. Elle lui a dit qu’à son âge on ne pouvait pas être sûr (il est majeur) et qu’il ne fallait surtout pas en parler à mon père. Depuis, elle ne lui en a pas reparlé. Une vraie politique de l’autruche. Je me retrouve dans une situation très inconfortable. Mon frère a déjà commencé son CO parental, il a donc une sorte de « priorité » par rapport à moi. Il voulait le dire à mon père, mais il n’ose plus tant que dureront les problèmes liés à la séparation : procédure de divorce, mise en vente de la maison, réactions de la famille étendue, recherche de nouveaux logements pours les uns et les autres, etc.


Ma mère

Il est hors de question que je fasse mon propre CO dans ces circonstances. Certes il n’y a jamais de bon moment, mais là ça ne paraît pas opportun. L’ennui, c’est que je comptais sur ce CO pour renouer avec mes parents, surtout ma mère. Au fil des années, le sujet « copain » est devenu tabou entre nous, parce qu’à chaque fois qu’elle en parlait, je me montrais évasive. Plus jeune, je pensais avoir un problème et finir vieille fille, alors je n’en parlais pas parce que je me sentais super mal. Depuis que je sors avec des filles, j’évite également le sujet parce que je n’étais pas encore prête pour le CO. Du coup, ma mère demande à mon entourage des nouvelles de ma vie sentimentale, mais sans jamais m’en parler directement. Je pense qu’elle me prend pour une handicapée sentimentale et que cela l'inquiète énormément. Depuis un an, j’évite donc les conversations en tête-à-tête avec elle, parce que ça me met trop mal à l'aise. Je sais que ce n’est pas la solution la plus courageuse. Je me sens un peu responsable de son état, parce qu’en la fuyant j’empire la situation. En effet, ma mère est déprimée, fuyante et maussade depuis plusieurs mois. La séparation avec mon père et le CO de mon frère ont empiré son humeur. Ma distance envers elle n'arrange rien. Je voulais faire mon CO pour lui montrer je suis bien dans ma vie sentimentale et qu’on peut même en parler et essayer de partager de nouvelles choses. Mais vu comment elle a réagi pour mon frère, je pense que l’effet sera plus négatif que positif.


Je me retrouve dans la situation de celle qui doit tout garder pour elle. Mes parents ont enfin admis que ça n’allait plus entre eux, mon frère a commencé son CO parental, mais moi je dois donner le change et montrer que ça va, que la séparation ne m’ébranle pas trop et que je gère tout. C'est dans mon caractère, je n'ai pas envie de flancher maintenant. Je préfère encaisser plutôt qu'empirer la situation. J’ai la chance d’être très entourée, j’ai donc de nombreuses personnes qui sont présentes et à qui je peux parler de tout ça. Mais je me dis que vous porterez un autre regard sur cette histoire de parents et de fratrie homo.


Merci à celles et ceux qui ont tout lu !
Sacha
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par Sacha »

Hello Queen :gentil:

Tout d'abord, pour commencer et parce que ça fait du bien :copain: :copain: :copain: :copain: :copain:

Le côté parents-qui-divorcent, j'ai connu. Il y a quelques années soit, mais ça n'enlève rien au faits. Le bon point dans tout ça, c'est que tes parents ont prévu de "se séparer par consentement mutuel" et que ton frère et toi êtes majeurs. D'ailleurs, vit-il toujours chez tes parents ?
Tu vas donc, en théorie, éviter le combo: on se déchire pour savoir qui va garder la maison/les enfants/le chien/le chat/le canari/le meuble truc/celui machin/... (raye la mention inutile) et, j'espère, le côté déprime post-divorce.
Le fait d'avoir ton appart' fait que tu as aussi un peu plus de recul sur la situation. Tu as un point de chute, ton "petit chez toi" où tu peux te reposer.

Pour le côté, "Papa Maman, en fait, j'préfère les filles", il faut juste trouver le bon moment.
Ta mère s'inquiète pour toi, c'est un fait. Et il faudrait le prendre en compte. Peut être que ça la soulagerai de parler avec toi de tes amours. Le moment ne sera jamais le bon, c'est sûr. Le fait que ton frère ait commencé son CO est assez embêtant dans le sens qu'en effet, il a la "priorité". Qu'en pense-t-il si tu fais ton CO "avant" lui ?
Je sais bien que tu n'es pas dans l'optique de le faire tout de suite mais il y a un manque de communication entre ta mère et toi qu'il serait bon de combler. Tu dis toi même : "Depuis un an, j’évite donc les conversations en tête-à-tête avec elle, parce que ça me met trop mal à l'aise."

La politique de l'autruche que pratique ta mère suite au CO de ton frère... C'est assez fourbe de jouer l'autruche, tu ne sais pas trop à quoi t'attendre :euh: Ça aurait été moi, je pense que j'aurais mis les pieds dans le plat, tout dans la délicatesse (je suis assez brute de pomme quand je veux), mais je ne suis pas toi. Les parents, on ne sait jamais comment ils vont réagir.
J'ai récemment fait mes CO parentaux et au final, je pense que ça les a plus soulagés qu'autre chose de savoir que j'étais lesbienne et que je ne finirais pas vieille fille. Après, j'étais prête à prendre le risque et à couper les ponts s'il le fallait.

Je pense que ta mère est en mode "bombe à retardement" et que ton CO sera le petit pétard qui va exploser à côté. Après, à voir si ça va désamorcer la chose ou si ça va la faire exploser.

Rien n'est pire que des non-dits. Je te conseille personnellement la discussion remise à plat. Un peu plus, un peu moins, est ce que ça va réellement changer les choses ?

Je ne connais pas la relation que tu as avec tes parents mais, s'ils ont une réaction très négative, pour toi, ça changera quoi ? Imaginons le pire, ils ne veulent plus te voir. Qu'est ce que ça fera ?

Bon courage :gentil: :copain: :copain: :copain:
Queen of Leon
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par Queen of Leon »

Sacha, merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre.
Sacha a écrit :D'ailleurs, vit-il toujours chez tes parents ?
Mon frère devait continuer à vivre chez mes parents pour sa première année de fac. Mais là, on ne sait pas encore où il va se retrouver une fois la maison vendue. Sans doute chez mon père.
Sacha a écrit :Pour le côté, "Papa Maman, en fait, j'préfère les filles", il faut juste trouver le bon moment.
Ta mère s'inquiète pour toi, c'est un fait. Et il faudrait le prendre en compte. Peut être que ça la soulagerai de parler avec toi de tes amours. Le moment ne sera jamais le bon, c'est sûr. Le fait que ton frère ait commencé son CO est assez embêtant dans le sens qu'en effet, il a la "priorité". Qu'en pense-t-il si tu fais ton CO "avant" lui ?
D'un côté, oui ça la rassurerait de constater que sa fille n'est pas une handicapée sentimentale. Mais ce soulagement serait-il assez fort pour atténuer la nouvelle de mon homosexualité ? Vu comment elle a réagi avec mon frère, je ne pense pas. De plus, nous avons discuté de cela avec mon frère, et nous sommes d'accord sur deux points :
1) Mon frère a commencé le CO parental et il doit donc le finir auprès de mon père, le mien passera en second temps.
2) Mes parents auront plus de mal à accepter mon CO qui celui de mon frère.

Je m'explique sur ce dernier point : quand mon frère était jeune, cela se sentait qu'il était gay. Je l'ai vite compris, tout comme mes parents et notre entourage proche également. Ce n'est donc pas une totale surprise pour mes parents, même si ma mère m'avait dit être "soulagée" à l'époque de le voir sortir avec une fille et espère que ce ne soit aujourd'hui qu'une période de doute. Mais du coup, l'attention était et est tellement portée sur mon frère que mes parents n'ont, je pense, pas du tout soupçonné ma propre homosexualité. Et c'est peut-être aussi pour ça que j'ai eu une si longue période de déni (mais ceci est un autre sujet). J'ai peur que mon CO, après celui de mon frère, leur fasse l'effet d'une double-claque : une claque redoutée depuis longtemps et une claque surprise. Sachant que leur grande consolation, malgré la séparation, est d'avoir deux enfants biens, matures, qui ne posent pas de problèmes et dont ils n'ont pas à se plaindre (ce sont leurs mots).
Sacha a écrit :Rien n'est pire que des non-dits. Je te conseille personnellement la discussion remise à plat. Un peu plus, un peu moins, est ce que ça va réellement changer les choses ? Je ne connais pas la relation que tu as avec tes parents mais, s'ils ont une réaction très négative, pour toi, ça changera quoi ? Imaginons le pire, ils ne veulent plus te voir. Qu'est ce que ça fera ?
Je suis consciente que les non-dits sont une gangrène : ce sont eux qui ont provoqué la séparation puis cette situation un peu compliquée. Alors oui, j'avais pensé profiter du déjeuner dominical pour lancer "Papa, maman, maintenant que vous nous avez dit que vous alliez vous séparer, j'en profite pour faire moi aussi une annonce. Non seulement votre fils est gay, mais en plus votre fille est lesbienne ! Voilà, qui veut du café ?" Hm, voilà. J'aurais trop peur d'un gros clash familial, et là j'aurais beaucoup de mal à encaisser une réaction négative (même s'ils n'iraient jamais jusqu'à couper les ponts). Ils comptent quand même beaucoup pour moi.
zphyr
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par zphyr »

Bon ben :copain: !!

Puis moi je ne mélangerais pas tout : je ne vois pas en quoi le divorce peut empêcher ton CO, au contraire, puisque les cartes sont rebattues, et que chaque parent va devoir porter un regard solitaire sur ses enfants (Ah, oui ! J'ai oublié de te dire que j'ai divorcé à l'amiable) autant qu'ils sachent qui ils sont vraiment. Si leurs réactions ne sont pas si bonnes, ce n'est pas à cause de la séparation. Toi par contre, ton univers s'écroule et le changement que tu ressens à faire un CO te paraît comme un évènement de trop. Mais ce n'est que ta perception. Inverse le principe : tes parents exagèrent : ils divorcent au moment ou toi et ton frère faites votre CO. C'est gonflé, non ?

Autrement, je ne parlerais pas de mon frère : ne dis pas que tu es homo aussi, parce que là, c'est toi qui amalgames . Dis que tu aimes les filles et c'est tout. Libre à eux de se dire "elle aussi !"
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Nomis
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par Nomis »

Je plussoie Sacha, notamment sur le :copain: :copain: :copain: :copain: :copain:
C'est fou ce que ta famille peut ressembler à la mienne :euh:
En fait, on pourrait résumer ta situation comme ca : soit tu laisse ta famille se reconstruire sur de nouvelles bases (tes parents divorcés et ton frère gay), quitte à devoir tout recommencer plus tard en leur faisant ton CO. Soit tu en profites pour tout mettre à plat une bonne fois pour toutes (tes parents divorcés, ton frère gay ET toi lesbienne), quitte à ce que ce soit vraiment dur pour tes parents pendant un moment. Personnellement, je pencherais plus pour la deuxième solution : c'est vrai que ca leur fait beaucoup à accepter tout d'un coup, mais au moins il n'auront pas à remettre leur vision de la famille en question plusieurs fois de suite. Mais c'est sur que l'après CO va être plus dur à gérer, donc à toi de voir. :gentil:
Sacha
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par Sacha »

Hum... Concernant ton frère, a-t-il prévu de faire son CO à ton père avant d'emménager chez lui ? Ou plutôt après le temps que tout se tasse ? Parce que, ça serait bien qu'il ne tarde pas trop, pour deux raisons:
1. Pour que ce soit lui qui fasse son annonce et pas, par exemple, ta mère sous le coup de la colère qui l'oûte.
2. Que tu puisses toi même faire ton CO et relâcher la pression.

Après, c'est sur que de passer en deuxième position pour faire son CO, c'est assez délicat. Il y a toujours le côté petits enfants à gérer et du coup, ton frère étant gay, tes parents vont se reporter sur toi pour avoir une ribambelle de petits enfants et là, bah, tu ne pourras pas "répondre à leurs attentes" (bon, tu n'es pas non plus stérile hein)

Quand tu dis :"mes parents n'ont, je pense, pas du tout soupçonné ma propre homosexualité", je pense que tu ne devrais pas être aussi catégorique. J'ai eu des surprises récemment, le petit "j'm'en doutais" de la part de mes deux parents :blink:
Queen of Leon a écrit :Alors oui, j'avais pensé profiter du déjeuner dominical pour lancer "Papa, maman, maintenant que vous nous avez dit que vous alliez vous séparer, j'en profite pour faire moi aussi une annonce. Non seulement votre fils est gay, mais en plus votre fille est lesbienne ! Voilà, qui veut du café ?"
:huhu: :huhu: :huhu: :huhu:

Lance toi :copain:

Edit: Arf, j'ai mis du temps à écrire mon pavé ... donc

Je plussoie grandement Nomis :gentil: C'est le moment de te lancer, avant le café, c'est bien :mrgreen:
Harmodius
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par Harmodius »

Salut Queen of Leon,

Commençons par les câlins d'usage : :copain: :copain: :copain: :copain:
Voilà.

Ensuite, quelques petites choses :

1. La "politique de l'autruche" de la mère par rapport au CO de ton frère. Je ne trouve pas ça du tout étrange, pour ma part. Le tabou post-CO peut être très pesant, mais il faut une bonne raison de le briser, et les raisons ne viennent pas toujours toutes seules. Même si ta mère sait que ton frère est gay et qu'il sait qu'elle sait, on n'a pas forcément l'occasion d'en parler - ou alors il faut décider d'en parler, d'engager la conversation sur la question, hors de tout contexte et comme un cheveu sur la soupe, mais c'est difficile : ta mère peut avoir peur que ton frère vive ça comme une intrusion ou une indélicatesse, etc. Je ne pense pas que ta mère soit forcément à accuser, dans un cas comme ça.

2. Sur la fratrie homo : moi-même j'ai longtemps cru que mon petit frère était gay, jusqu'à ce qu'il me dise explicitement le contraire, et je comprends assez bien ce que tu ressens, parce que tant que j'ai cru ça, il me paraissait inconcevable d'envisager un CO à mes grands-parents, de peur justement que le désir de petits-enfants se reporte intégralement sur mon frère et que ce soit une pression trop grande sur lui. Après, ben je pense que c'est quand même bien, et courageux, de lui en avoir parlé (donc bravo !), ça te fait au moins un allié dans la place...


Au fait, pourquoi ta mère ne veut pas que ton frère fasse son CO à son (ton) père ?
Queen of Leon
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par Queen of Leon »

Tout d'abord merci à tous d'avoir pris le temps de répondre, vos messages m'ont fait beaucoup de bien ! Et vos calins aussi :copain:
zphyr a écrit :Puis moi je ne mélangerais pas tout : je ne vois pas en quoi le divorce peut empêcher ton CO, au contraire, puisque les cartes sont rebattues, et que chaque parent va devoir porter un regard solitaire sur ses enfants (Ah, oui ! J'ai oublié de te dire que j'ai divorcé à l'amiable) autant qu'ils sachent qui ils sont vraiment. Si leurs réactions ne sont pas si bonnes, ce n'est pas à cause de la séparation. Toi par contre, ton univers s'écroule et le changement que tu ressens à faire un CO te paraît comme un évènement de trop. Mais ce n'est que ta perception. Inverse le principe : tes parents exagèrent : ils divorcent au moment ou toi et ton frère faites votre CO. C'est gonflé, non ?

Autrement, je ne parlerais pas de mon frère : ne dis pas que tu es homo aussi, parce que là, c'est toi qui amalgames . Dis que tu aimes les filles et c'est tout. Libre à eux de se dire "elle aussi !"
Tu as raison zphyr, je mélange complètement ces trois événements : la séparation, le CO de mon frère et le mien. J'ai conscience qu'ils n'ont rien à voir les uns avec les autres. Mais c'est ce mélange qui me rend si mal en ce moment et c'est pourquoi j'ai du mal à les différencier dans mon esprit. Je n'avais pas réfléchi à cet autre point de vue... Ca se tient. Et de toute façon, je ne comptais pas dire que suis homo "aussi", mais merci de le souligner, c'est important.

Nomis a écrit :En fait, on pourrait résumer ta situation comme ca : soit tu laisse ta famille se reconstruire sur de nouvelles bases (tes parents divorcés et ton frère gay), quitte à devoir tout recommencer plus tard en leur faisant ton CO. Soit tu en profites pour tout mettre à plat une bonne fois pour toutes (tes parents divorcés, ton frère gay ET toi lesbienne), quitte à ce que ce soit vraiment dur pour tes parents pendant un moment. Personnellement, je pencherais plus pour la deuxième solution : c'est vrai que ca leur fait beaucoup à accepter tout d'un coup, mais au moins il n'auront pas à remettre leur vision de la famille en question plusieurs fois de suite. Mais c'est sur que l'après CO va être plus dur à gérer, donc à toi de voir. :gentil:
Cette phrase a vraiment fait écho en moi. Autant profiter de ce moment où il n'y a plus de bases stables pour tout mettre à plat. Une véritable tabula rasa, peut-être que c'est de ça dont ma famille a besoin, après tout...

Sacha a écrit :Hum... Concernant ton frère, a-t-il prévu de faire son CO à ton père avant d'emménager chez lui ? Ou plutôt après le temps que tout se tasse ? Parce que, ça serait bien qu'il ne tarde pas trop, pour deux raisons:
1. Pour que ce soit lui qui fasse son annonce et pas, par exemple, ta mère sous le coup de la colère qui l'oûte.
2. Que tu puisses toi même faire ton CO et relâcher la pression.

Après, c'est sur que de passer en deuxième position pour faire son CO, c'est assez délicat. Il y a toujours le côté petits enfants à gérer et du coup, ton frère étant gay, tes parents vont se reporter sur toi pour avoir une ribambelle de petits enfants et là, bah, tu ne pourras pas "répondre à leurs attentes" (bon, tu n'es pas non plus stérile hein)
Il comptait le faire le weekend dernier, mais il ne l'a pas fait vu les circonstances. En tout cas, mon frère a été très clair : "Je le dirai et s'ils ne m'acceptent pas, tant pis pour eux" (je l'admire pour ce genre de discours). Ma mère ne risque pas de l'outer, enfin ça ne lui ressemblerait pas. J'en parlerai avec lui ces jours-ci pour savoir ce qu'il compte faire. Et pour le coup des petits-enfants, d'un c'est ma vie et pas la leur, et de deux je compte bien avoir des gosses ;)

Harmodius a écrit :La "politique de l'autruche" de la mère par rapport au CO de ton frère. Je ne trouve pas ça du tout étrange, pour ma part. Le tabou post-CO peut être très pesant, mais il faut une bonne raison de le briser, et les raisons ne viennent pas toujours toutes seules. Même si ta mère sait que ton frère est gay et qu'il sait qu'elle sait, on n'a pas forcément l'occasion d'en parler - ou alors il faut décider d'en parler, d'engager la conversation sur la question, hors de tout contexte et comme un cheveu sur la soupe, mais c'est difficile : ta mère peut avoir peur que ton frère vive ça comme une intrusion ou une indélicatesse, etc. Je ne pense pas que ta mère soit forcément à accuser, dans un cas comme ça.

Au fait, pourquoi ta mère ne veut pas que ton frère fasse son CO à son (ton) père ?
Oui, il faudrait que ma mère et mon frère en reparlent calmement. Je pense qu'il serait prêt à la lancer sur le sujet avec elle, notamment pour savoir pourquoi elle veut cacher l'info à mon père. J'ignore totalement pourquoi elle a agi comme ça, il n'y pas à "préserver" mon père de quoique ce soit, il a le droit de savoir. C'est infantilisant pour tout le monde.
Harmodius a écrit :Après, ben je pense que c'est quand même bien, et courageux, de lui en avoir parlé (donc bravo !), ça te fait au moins un allié dans la place...
Merci ! C'est le point positif de ce chaos : ça nous a énormément rapproché, mon frère et moi.
Nomade
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par Nomade »

Salut !
Bon courage pour ta situation.

Vois le bon côté des choses : si ça se passait mal, tu ne serais pas seule. Non seulement tu dis être bien entourée, mais tu as ton frère qui vit la même situation que toi. Vous pourrez vous serrer les coudes. Pourquoi pas une annonce commune ? Si l'un flanche face au regard de vos parents, l'autre pourra embrayer et argumenter sur le fait que ça ne change pas qui vous êtes, que vous êtes heureux, que ce n'est pas une remise en cause de l'éducation qu'on vous a inculqués et j'en passe.

Moi non plus, je ne pense pas que la politique de l'autruche soit si étrange : ta mère a autre chose à penser en ce moment sans en plus se prendre la tête avec l'homosexualité de son fils. Si vous parvenez à lui (leur) faire comprendre qu'il n'y a pas à se prendre la tête, que ça ne fait pas de vous "des enfants à problèmes", sauf si tes parents sont prêts à admettre que l'homosexualité est un problème, ça s'arrangera.
Évidemment que si vous annoncez ça sans préambule et sans l'accompagner d'une discussion, ça risque de jeter un froid. Ce sera à vous de ne pas lâcher l'affaire, de ne pas laisser vos parents s'enfuir sans dire un mot, pour faire en sorte que l'abcès soit crevé immédiatement. Il faudra peut-être y revenir par la suite, mais si ton frère et toi êtes unis face à vos parents, ils seront bien obligés de regarder les choses en face et de se rendre compte que finalement, ça ne change rien.

Ah, et encore et toujours, pour les CO aux parents, on peut conseiller d'arriver armé avec la brochure de l'association Contact, qui répond à des questions que peuvent se poser les parents après coup.

Bon courage !
magicalme
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Re: Non-dits et explosion familiale

Message par magicalme »

Comme l'on dit les autres: :copain:

Rien à rajouter sur tous les conseils qui t'ont été donnés. Simplement je voulais réagir à ça:
Je me retrouve dans la situation de celle qui doit tout garder pour elle. Mes parents ont enfin admis que ça n’allait plus entre eux, mon frère a commencé son CO parental, mais moi je dois donner le change et montrer que ça va, que la séparation ne m’ébranle pas trop et que je gère tout. C'est dans mon caractère, je n'ai pas envie de flancher maintenant. Je préfère encaisser plutôt qu'empirer la situation.
Ce n'est pas à toi de porter le poids des évènements! En fait il faudrait que tu sois d'une certaine manière plus "égoïste": ils ne se sont pas gênés, eux, pour porter leurs préoccupations dans le cercle familial (et ils ont eu raison de le faire). C'est à toi de rentrer dans l'arène: tu as l'air d'avoir une famille ouverte au dialogue, où semble régner un certain soutien entre chacun, autant en profiter pour tous ensemble sortir de cette situation de manière "saine" (en remettant le plus de choses à plat); après tout, il s'agit d'une sorte de nouveau départ! Vous êtes aussi égaux dans les difficultés, et, je parle d'expérience, ça fait rarement du bien de voir un membre de sa famille aller mal, ou garder un "mal-être" pour soi. Dis-toi que, tout comme le fait qu'ils se séparent à l'amiable, le fait de te voir heureuse, et plus épanouie, ça leur fera surement plus de bien.
:gentil:
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