Se sentir 'bi' le temps d'une masturbation ?

[Cérès]

Bonjour, je me décide enfin à dévoiler cette orientation sexuelle qui semble "modulable" en apparence, même si elle ne l'est pas vraiment chez moi.

Depuis presque toujours, je suis convaincue de n'être attirée que par les femmes, même si en 2009 j'en doutais un peu. En revanche, depuis cette année, chaque fois que je me masturbe j'ai l'impression d'être attirée par le sexe masculin (et donc c'est une attirance sexuelle, et pas sentimentale). toutefois le reste du corps d'un homme ne fait aucun effet. J'ai entendu dire sur un autre forum que ce genre de fantasme s'appelle la "bitophilie" (modos : n'hésitez à me dire si mon message est trop cru). Donc le temps de la masturbation, je me sens "bi", et une fois que l'orgasme est passé, hop ! je ne suis plus tentée par le sexe masculin, c'est magique XD. Cependant, je ne crois pas être vraiment bisexuelle.

Voilà, je me demande si vous êtes d'accord avec mon opinion sur le fait qu'un fantasme ne fait pas l'orientation sexuelle.

[floridjan]

Voilà, je me demande si vous êtes d'accord avec mon opinion sur le fait qu'un fantasme ne fait pas l'orientation sexuelle.

Absolument d'accord avec ça puisque dans ma conception personnel du fantasme, celui-ci n'est absolument pas destiné à se réaliser. Le fantasme, pour moi, n'est excitant qu'en tant que simple idée, abstration, mais cesserait de l'être s'il devait se concrétiser. Un certain nombre de films X relève du pur fantasme, style "violé sous la douche par trois détenus bien membrés". Dans la catégorie "fantasme masturbatoire", why not, mais je ne demande carrément pas à vivre ce genre d'expérience In real life.
C'est la différence que je fais entre le fantasme (idée excitante n'ayant pas vocation à se concrétiser car de manière réaliste, rien d'excitant) et le désir (idée excitante ayant vocation à se concrétiser car restant excitante quand cela cesse d'être une simple idée pour devenir un acte)

[Lolo]

Les fantasmes reflètent tout de même nos désirs profonds : ce n'est pas parce qu'on sait qu'on ne vivra pas certains fantasmes qu'on n'est pas rongé par le désir de s'en rapprocher. Selon Kinsey (et sa célèbre échelle), nul n'est besoin de passer à l'acte pour être bi. Et d'ailleurs, beaucoup ici même connaissent et acceptent leur orientation même sans être nécessairement allé jusqu'à vivre l'acte sexuel préalablement.

J'ai moi-même longtemps surtout fantasmé sur les mecs, et pratiqué en faisant totalement abstraction du côté sentimental / tendresse etc. (exactement comme toi : le reste du corps ne m'intéressait pas du tout, au point que je préférais même les rencontres dans l'obscurité pour ne pas risquer de croiser un regard masculin) en pensant que ce n'était qu'une pulsion qui, une fois évacuée, me laissait droit dans mes bottes et mes certitudes d'être hétéro. Jusqu'au jour.... Enfin c'est une autre histoire...

L'orientation n'est pas définitive, je pense. Elle peut fluctuer. Je me suis accepté gay il y a presque 3 ans maintenant, et il m'est depuis arrivé 2-3 fois de faire un rêve érotique impliquant une femme (je précise que je n'avais jamais fait de rêve érotique du tout auparavant)

Ce que je veux dire, c'est qu'on peut être gay/lesbienne de cœur et d'hormones, mais être "techniquement" bi. Le plus simple en fait, c'est de considérer que ce n'est pas bien grave, que tout ça ce ne sont que des étiquettes : l'essentiel est de vivre ce qu'on a à vivre..

[Cérès]

(désolée pour le retard)

Oui je suis d'accord avec vous deux. Ces fantasmes font partie intégrante de moi et ne me gènent pas du tout.

[Eilraet]

De mon point de vu, tu es bi si tu te revendiques comme tel. Même si derrière en pratique, tu es moins attirée par les hommes qu'une autre personne qui se déclarerait juste homo ou hétéro flexible, je m'en moque un peu, chacun est en droit d'aborder sa sexualité comme il le veut, l'idéal étant d'être à l'aise avec qui nous attire, sans se mentir.

Par contre, que tu te dises bi parce que tu le sens bien, OK, mais te dire bi parce que tu es attirée par les femmes, et - juste le temps d'une masturbation - les bites, je trouve ça réducteur. Je ne pense pas qu'il y en aura beaucoup pour me contredire si je dis que la bisexualité implique l'attirance pour les hommes, et utiliser ton fantasme (je suis tenté de dire fétichisme pour le coup) pour justifier de cette attirance, c'est réduire les hommes à leur bite. Parce que pour aller de "J'aime les bites" à "J'aime les hommes" il faut rajouter l'étape "S'il y a une bite, c'est un homme". Etant toi même trans, je me doute bien que tu n'avais absolument pas à l'esprit ce raccourci malheureux.
Et c'est aussi réducteur pour la bisexualité, voir toutes les sexualités, parce qu'en disant ça, ça laisse sous entendre que ce qui défini une orientation sexuelle ça n'est pas par qui on est attirés, mais ce qui nous excite (tu détaches tellement la pénis de la personne qu'on fond ça devient pratiquement juste un objet, ou un sex toy un peu particulier) et qu'une personne pourrait très bien se déclarer bisexuelle parce qu'elle est excitée par les bites et les bottes "de filles".

[Norma]

(désolée pour le retard)

Oui je suis d'accord avec vous deux. Ces fantasmes font partie intégrante de moi et ne me gènent pas du tout.

Donc si ces fantasmes ne te gênent pas, ne te perturbent pas, pourquoi tu viens nous en parler (mis à part pour assouvir tes penchants exhibitionnistes) ? Où est le problème ?

[floridjan]

(désolée pour le retard)

Oui je suis d'accord avec vous deux. Ces fantasmes font partie intégrante de moi et ne me gènent pas du tout.

Donc si ces fantasmes ne te gênent pas, ne te perturbent pas, pourquoi tu viens nous en parler (mis à part pour assouvir tes penchants exhibitionnistes) ?

Peut-être pour le plaisir de débattre sur la question suivante : "fantasmer sur l'autre sexe fait-il de nous des bisexuels ?"
Question pas forcément ininteressante, même si chaque personne aura sa propre réponse (déjà en fonction de ce que chacun entend par "fantasme") et que la vérité se trouvera partout et nulle part (Mulder, où es-tu ? ).
Lorsque je niais résolument mon homosexualité, j'avais tendance à me raccrocher à ce genre de fantasme pour me dire que j'étais hétéro : il m'arrivait de fantasmer sur des rapports avec des femmes plus agées. Donc cela faisait de moi un hétéro. Sauf qu'en étant logique, vu le nombre de fantasme que j'avais associant une pléiade de beaux gosses virils et en chaleur, j'étais bien obligé, pour être logique avec mon raisonnement, de reconnaitre mon homosexualité. Et de reconnaitre qu'elle prenait le pas sur le reste, les fantasmes associant les mecs étant beaucoup plus récurents que les autres.
Bref, ne me voulant pas homo, j'ai cherché à me convaincre que ces fantasmes faisaient de moi un bi.
Aujourd'hui que j'ai bien évolué sur mon rapport à l'homosexualité et surtout à mon homosexualité, je ne crois plus du tout que je sois Bi, même si à l'occasion, ouais il m'arrive encore d'avoir quelques fantasmes hétéro. Parce que autant les fantasmes homo, j'avais réellement envie de les réaliser (donc dans ma propre définition des termes, il s'agit plus de désir que de fantasme), autant j'ai pas du tout envie en réalité de concrètiser mes fantasmes associant des nana.
De manière réelle, défantasmée, je ne m'imagine carrément pas au pieu avec une femme.
Tandis que je me vois très bien au pieu avec Ryan Philippe.
Les deux n'arriveront jamais mais je fais tout de même la nuance.

[Altesse.Gonzesse]

Les fantasmes reflètent tout de même nos désirs profonds

Je ne pense pas, non. Certaines choses sont excitantes tant qu'elles restent de l'ordre du fantasme, et n'ont d'autre finalité que d'être un fantasme.
Si on suivait ce raisonnement, cela reviendrait à dire que tout fantasme aurait vocation à prendre corps et que nous serions plus épanouis en les réalisant.


Pour en revenir au sujet, je pense que les questions que cela suscite sont plus intéressantes que ces fantasmes masturbatoires, et notamment ce qui alimente en partie ces questionnements (doute à une époque d'être attiré uniquement par les femmes, par ex). Je pense qu'il ne faut apporter une importance que très relative aux fantasmes, qui à mon sens certes expriment certaines choses latentes et enfouies, mais parfois par des chemins détournés et un peu plus complexes donc que l'interprétation première que l'on peut en avoir.