Allez, je viens ajouter mon grain de sel !
Rassure-toi Kana17, si toutefois ça peut te rassurer, je ne suis pas du genre à aller à une Gay-Pride. Même si ce serait plus exact de dire "je ne suis
plus du genre". A vrai dire, dans l'année où j'ai découvert que j'étais un pitit pédé, il y a de ça deux-trois ans, j'étais assez déconcerté par les conséquences éventuelles sur ma vie, ou ce que je croyais être ma nouvelle vie : j'ai cru qu'il allait falloir que je fasse plein de choses auxquelles je ne pensais pas auparavant, que je me construise une sorte de nouvelle identité. Et pour en revenir à ce qui t'intéresse ici, je pensais de la Gay Pride que c'était le genre de truc qu'on fait quand on est homo, et que c'était une sorte de nième caractère qui nous distinguait du reste, des hétéros. Mais je me suis rapidement rendu compte que je m'étais fourvoyé. Et pour ça, il a fallu que j'y aille une fois, la fois de trop.
Outre le fait qu'être "de l'autre bord" n'impliquait aucun changement dans ma vie, et ne supposait surtout pas une "nouvelle vie", j'ai réalisé que la Gay Pride correspondait surtout à un état d'esprit, à une façon de voir les choses, de se positionner par rapport à ces choses-là et à la société. N'ayant jamais eu le caractère qui pouvait m'amener à avoir ces conceptions particulières (et la récente prise de conscience de mon homosexualité n'allait pas y faire grand chose), il m'est rapidement apparu que je n'avais rien à faire au milieu de tous ceux qui, en la Gay Pride, trouvent un moyen d'expression, de revendication, de visibilité, et autres attraits, toutes louables que sont leurs motivations. Qu'on se le dise, cela n'a rien à voir avec ce sempiternel et sacro-saint "To be (gay) or not to be (gay)" qui se pose depuis si longtemps à tous les Hamlet que nous sommes : il ne s'agit pas, parce que l'on est gay, d'aller montrer ou parader une hypothétique fierté de quoi que ce soit, pour la simple et bonne raison que l'on naît gay (noter le subtil jeu de mot... OK, c'est sur-réchauffé, je

). Mais il y a plus à parier que cela ait à voir avec le caractère de chacun.
Je ne pense pas, et je crois ne pas être seul dans ce cas, que s'assumer en tant pédé/lesb (il va de soit que je rejette l'argument selon lequel il est question de clamer "sa fierté" : nombreux sont ceux qui l'ont déjà rappelé, comment être fier de quelque chose qui nous transcende et sur laquelle nous n'avons aucun contrôle ? La question reste entière...) passe nécessairement par une exhibition en parade . Parce qu'il s'agit bel et bien de cela : une sorte de foire avec musique, couleurs et animation (sans mépris aucun, mais avec un peu de lucidité quand même). Pour s'assumer, chacun a sa recette : pour certains, c'est une sortie de l'anonymat en grande pompe, pour d'autre c'est beaucoup plus intérieur. Et je ne pense pas que ces derniers, dont je suis, sont plus blâmables que d'autres.
Je me rends compte que je me suis un peu perdu dans tout ce que j'avais à dire (d'ailleurs, ai-je tout dit ? Je ne saurais le dire...), mais bon l'idée de départ était simple : jamais la Gay Pride ne sera une obligation pour quinconque, et il est inconcevable que d'aucuns se permettent un quelconque jugement à propos de ceux qui l'ignorent. Nul ne devrait souffrir le moindre reproche de la part de ses semblables à propos d'un sujet si léger, a fortiori de la part d'une minorité qui aspire à plus de tolérance à son égard...