Les élections approchent !
Re: Les élections approchent !
Il reste une troisième option : infléchir l'orientation de Bruxelles. Une Europe plus sociale est possible, vu les outils dont s'est dotés l'UE. L'UE n'a pas eu que des inconvénients (la libre circulation des personnes est l'un des exemples les plus frappants, avec la liberté professionnelle) et faudrait voir les effets positifs de l'uniformisation des législations. Par ailleurs, même si c'est encore balbutiant, j'ai confiance en la capacité de l'UE à devenir une force diplomatique (mais faudra changer alors de diplomate en chef parce qu'Ashton, c'est un peu un fantôme ...). Bref, faudrait argumenter plus profondément, mais là n'est pas le sujet, au final.
Re: Les élections approchent !
Concrètement, Ashton ou pas Ashton, le problème c'est que les États ne sont pas, globalement, d'accord sur leur diplomatie. Déjà, un des États phares, la GB, est presque complètement alignée sur les USA depuis 1957, sans oublier la Pologne ou la République Tchèque -entre autres- qui tendent vers les USA aussi (par réflexe de peur de la Russie, à cause du passé soviétique peut-être). Donc partant de là, ça peut pas aller. Ça aurait pu marcher de ce point de vue si on n'avait pas élargi (en acceptant les Anglais). C'est d'ailleurs précisément la GB qui a poussé à l'élargissement. Les mauvaises langues diraient "pour s'assurer que l'UE ne devienne pas une force indépendante".
Dernièrement sur la crise libyenne, même si tout le monde a fini (y compris la Chine et la Russie) par reconnaître le CNT parce qu'à un moment donné, il fallait bien se faire une raison, au départ l'Allemagne avait pas du tout la même position que les Anglais ou nous. Et si la diplomatie était au niveau de l'UE, concrètement ça aurait forcément été un compromis entre les positions de tout le monde (et notamment allemande), forcément insuffisant, et il y aurait pas eu d'intervention, aujourd'hui on n'aurait plus qu'à nettoyer le sang des habitants de Benghazi (comme avait promis ce cher Mouammar).
D'ailleurs, les mauvaises langues encore pourraient dire que justement, si Ashton, un fantôme, a été choisi c'est JUSTEMENT parce qu'elle était un fantôme, et que les États ne veulent pas quelqu'un de charismatique à ce poste.
Et puis, une Europe plus sociale ? Oui, dans l'absolu pourquoi pas. Mais comment concilier les conceptions française, allemande, britannique sur ce point ? elles sont énormément éloignées les unes des autres (surtout français vs anglo-saxons). Encore une fois, un des gros obstacles à ce que l'UE devienne plus sociale, c'est quand même les Anglais. En tout cas, en pratique c'est l'inverse qui se passe depuis plusieurs décennies.
Par contre, oui l'union douanière, la coopération économique, telles que prévues dans les Communautés d'origine, ça c'était bien (ça a l'avantage d'éviter que les pays partent en guerre entre eux). Autre point positif : d'entrée de jeu, une condition pour être dans l'UE était le respect des principes démocratiques. Mais c'est la construction européenne récente que je trouve globalement nocive, puisqu'elle crée ce mouvement de libéralisation dont tu parlais, pas l'idée européenne en tant que telle.
Dernièrement sur la crise libyenne, même si tout le monde a fini (y compris la Chine et la Russie) par reconnaître le CNT parce qu'à un moment donné, il fallait bien se faire une raison, au départ l'Allemagne avait pas du tout la même position que les Anglais ou nous. Et si la diplomatie était au niveau de l'UE, concrètement ça aurait forcément été un compromis entre les positions de tout le monde (et notamment allemande), forcément insuffisant, et il y aurait pas eu d'intervention, aujourd'hui on n'aurait plus qu'à nettoyer le sang des habitants de Benghazi (comme avait promis ce cher Mouammar).
D'ailleurs, les mauvaises langues encore pourraient dire que justement, si Ashton, un fantôme, a été choisi c'est JUSTEMENT parce qu'elle était un fantôme, et que les États ne veulent pas quelqu'un de charismatique à ce poste.
Et puis, une Europe plus sociale ? Oui, dans l'absolu pourquoi pas. Mais comment concilier les conceptions française, allemande, britannique sur ce point ? elles sont énormément éloignées les unes des autres (surtout français vs anglo-saxons). Encore une fois, un des gros obstacles à ce que l'UE devienne plus sociale, c'est quand même les Anglais. En tout cas, en pratique c'est l'inverse qui se passe depuis plusieurs décennies.
Par contre, oui l'union douanière, la coopération économique, telles que prévues dans les Communautés d'origine, ça c'était bien (ça a l'avantage d'éviter que les pays partent en guerre entre eux). Autre point positif : d'entrée de jeu, une condition pour être dans l'UE était le respect des principes démocratiques. Mais c'est la construction européenne récente que je trouve globalement nocive, puisqu'elle crée ce mouvement de libéralisation dont tu parlais, pas l'idée européenne en tant que telle.
Re: Les élections approchent !
|
Re: Les élections approchent !
En attendant, c'est toujours les États qui ont la haute main sur la diplomatie. Et rechignent à la perdre. Pour revenir à la Libye, le Haut Commissaire a fait quelques discours, mais chaque État s'est positionné et a agi (ou décidé de ne pas agir) sans lui demander son avis. En 2003, de même, la France et l'Allemagne étaient opposées à la Guerre en Irak, la GB sans surprise suivait son grand allié.
Et en admettant qu'on arrive à construire une diplomatie communautaire (ce qui implique de retirer à 100% la diplomatie au États, parce que c'est l'un ou c'est l'autre mais ça marche pas ensemble, la preuve -et bon courage pour leur enlever), comment on concilierait les USA-aligned et les pas trop alignés ?
Pour revenir au social, comment pourrait-on (même problème) harmoniser 27 États en satisfaisant tout le monde, et sans que certains se fassent violemment piétiner ?
Et en admettant qu'on arrive à construire une diplomatie communautaire (ce qui implique de retirer à 100% la diplomatie au États, parce que c'est l'un ou c'est l'autre mais ça marche pas ensemble, la preuve -et bon courage pour leur enlever), comment on concilierait les USA-aligned et les pas trop alignés ?
Pour revenir au social, comment pourrait-on (même problème) harmoniser 27 États en satisfaisant tout le monde, et sans que certains se fassent violemment piétiner ?
Re: Les élections approchent !
|
Re: Les élections approchent !
Et c'est quoi la différence ?Kefka a écrit :. Mais les 14% d'intentions de vote prennent aussi en compte un halo d'électeurs qui manifestent un intérêt pour Mélenchon moins pour ses idées et son programme que parce qu'ils ont la sensation qu'il se préoccupe de leurs soucis.
Mais pas si on considère la gauche française des années 30 : la SFIO était encore organiquement liée à la classe ouvrière, parlait d'abolition du capitalisme, de lutte des classes, etc.Par ailleurs, je ne suis pas d'accord pour parler de "droitisation" des partis, car si l'on considère la droite française des années 30, alors on serait fondé à dire que finalement, les partis tendent à gauche ...
Enfin ce qui est patent, depuis quelques années, c'est quand même :
-un glissement de l'UMP vers la droite (avec des reprises de thèmes de l'extrême-droite, les messages subliminaux de Guéant sur les civilisations, les débats rances sur l'identité nationale, les campagnes contre l'islam...) ;
-un glissement du PS vers la droite, avec l'abandon par le PS de marqueurs identitaires de la gauche comme l'augmentation du SMIC et des salaires, les créations de poste dans la FP... Hollande est probablement le candidat socialiste avec le programme social le plus vide depuis des décennies.
Donc on peut tourner autour du pot et prétendre que la "carte" a changé (Aldo) et donc que ça n'a pas de sens de dire que le PS et l'UMP se sont déplacés à droite, mais enfin même dans la carte en question, il y a des choses qui n'ont pas changé, comme l'existence du capitalisme, la lutte des classes, l'existence d'exploiteur-trice-s et d'exploité-e-s, la nécessité pour les second-e-s d'arracher des acquis aux premier-e-s. Et à partir de là, ben oui, ça a un sens de dire que les partis se positionnent plus ou moins en faveur des un-e-s ou des autres, ça a un sens de dire que le PS d'aujourd'hui a un projet de société nettement moins ambitieux, nettement moins favorable aux travailleur-euse-s, que le PS d'il y a 30 ans ET MEME, en réalité, que le PS d'il y a 5 ans ; donc oui, clairement, ça a un sens de dire qu'il y a un déplacement d'ensemble du champ politique vers la droite.
Qu'un candidat comme Bayrou, porteur d'un programme de droite tout ce qu'il y a plus classique, orthodoxement libéral et 100% pro-austérité, puisse se présenter et se vendre comme un "centriste" en dit d'ailleurs assez long là-dessus !
Re: Les élections approchent !
Bayrou n'est pas libéral, et s'il ne fallait que ça sa rhétorique d'acheter français en est la preuve. Enfin, cette remarque ne change pas ta conclusion : il est de droite, oui.Harmodius a écrit :Qu'un candidat comme Bayrou, porteur d'un programme de droite tout ce qu'il y a plus classique, orthodoxement libéral et 100% pro-austérité, puisse se présenter et se vendre comme un "centriste" en dit d'ailleurs assez long là-dessus !
Re: Les élections approchent !
La différence tient en la volatilité de l'électorat.Harmodius a écrit :Et c'est quoi la différence ?Kefka a écrit :. Mais les 14% d'intentions de vote prennent aussi en compte un halo d'électeurs qui manifestent un intérêt pour Mélenchon moins pour ses idées et son programme que parce qu'ils ont la sensation qu'il se préoccupe de leurs soucis.
Je ne nie pas qu'il existe un noyau dur d'électeurs : Mélenchon a plus de charisme que Poutou et Arthaud pour rassembler les votes de l'extrême gauche, et cela se manifeste principalement par un fort report des voix de l'extrême gauche de 2007 sur sa candidature (22 % des électeurs d’Arlette Laguiller en 2007, 38 % de ceux d’Olivier Besancenot, 18 % de ceux de José Bové et Dominique Voynet). Par ailleurs, comme je le disais, Mélenchon a réussi à concurrencer Le Pen sur le terrain du vote populaire, et à capter une partie de cet électorat : cela se fait sentir au niveau de la concurrence que se font ces deux candidats dans les régions avec une tradition FN plus ancrée (NPC, PACA, Alsace-Lorraine, voire LR) et par des intentions de vote pour Mélenchon moins marquées que pour le reste du territoire, exception faite du Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes) qui ne rassemble que 9% d'intention de vote.
La personnalité créditée à Mélenchon par les électeurs joue aussi pour lui : dans un sondage Ifop-Humanité, 66% des sondés considèrent qu'il veut réellement changer les choses et 58% qu'il comprend les problèmes des gens "comme vous". Il y a donc un sentiment d'identification des électeurs au discours de Mélenchon qui avait aussi marché à plein tube pour Marine le Pen il y a encore à peine un an. On peut aussi constater que les préoccupations de l'électorat de Mélenchon sont des préoccupations que même des personnes normalement pas intéressées par le bonhomme peuvent partager : salaires et pouvoir d'achat, éducation, précarité, sauvegarde des services publics (ce sont les thèmes sur lesquels il y a une forte différence [au moins 10 points] entre la moyenne française et les électeurs manifestant des intentions de vote pour Mélenchon). Il valorise donc dans son discours des thèmes fédérateurs, qui ont la possibilité de rassembler au delà de clivages politiques.
Le dernier point que j'aimerais souligner, c'est que Bayrou, Mélenchon et Le Pen (dans cet ordre) sont les candidats dont l'électorat est le moins fixe (TNS Sofres, 23/03) : 37% des sondés déclarant avoir l'intention de voter pour Mélenchon pourraient changer de vote. C'est 9 points supérieur à la moyenne des sondés.
Ce sont tous ces points qui me font dire que le "phénomène Mélenchon" comme l'appelle Lyanes est un phénomène conjoncturel, qui prend sa place dans la situation actuelle : il tient le bon discours, avec la bonne posture pour rassembler les gens. Un peu comme Marine le Pen en janvier et en février, quand elle était créditée de 20% des intentions de vote. Elle est retombée à environ 13% : la dynamique s'essouffle. Et pour le moment, je ne suis pas porté à croire que Mélenchon sera exempt d'une retombée de sa dynamique avant les présidentielles (au pire) ou qu'il ne fera pas comme Bayrou en 2007 (un excellent résultat pour une traversée du désert ensuite) (au mieux).
Donc oui, je ne pense pas que la montée des intentions de vote pour Mélenchon soit signe que le discours du Front de Gauche soit plus partagé dans la population française. Je l'analyse plutôt comme une variation de l'opinion, favorisée à la fois par la situation économique générale, la perception du bonhomme, et le fait que la droite, au pouvoir depuis 17 ans, commence sérieusement à s'user (j'ai toujours considéré qu'il serait politiquement parlant pour l'UMP bien meilleur de saborder leur candidature en 2012 pour devenir un parti d'opposition : ça leur donnerait un second souffle et il leur serait alors possible de redémarrer une logique de conquête du pouvoir, premièrement en recommençant à gagner des élections locales et régionales).
Pour résumer : Mélenchon a les bons thèmes, qu'il combine à une posture parfaite. Il fait une campagne excellente, ce qui a forcément un effet d'aimant (et ça se voit quand on voit qu'il arrive à mobiliser les abstentionnistes de 2007, vu qu'il progresse de 11 points dans cette tranche électorale - sondage CSA). Mais je ne suis pas certain que l'on puisse y voir une montée en puissance du FdG en tant que telle. Je parierais plus volontiers sur un effet d'aubaine.
Personnellement, ça m'a déjà chatouillé de voter Mélenchon, ces derniers temps (et ceux qui me connaissent savent que ça m'écorcherait la main


Sources (les trois sondages principaux employés) :
http://www.ifop.com/media/pressdocument ... t_file.pdf
http://www.tns-sofres.com/_assets/files ... svote9.pdf
http://www.csa.eu/multimedia/data/sonda ... l-2012.pdf
Et pour reprendre la remarque d'Aldo, aucun candidat n'est à strictement parler libéral, et Bayrou n'échappe pas à la règle, j'suis bien d'accord.
Re: Les élections approchent !
Pour le Nord et la PACA, ce sont des régions qui avant la montée du FN avaient une tradition de vote à gauche bien implantée, et le FN a tout fait pour récupérer cet électorat populaire de gauche (jusqu'à reprendre le terme "Camarades" !); en Provence, le Var a très longtemps été considéré comme un département rouge, et les quartiers populaires de Nice élisaient régulièrement des députés communistes et notamment Virgile Barel. C'est donc plutôt un retour vers la gauche de voix capturées par le FN à l'époque où le PCF était au plus mal, et où il manquait un véritable parti de gauche populaire.Kefka a écrit :Mélenchon a réussi à concurrencer Le Pen sur le terrain du vote populaire, et à capter une partie de cet électorat : cela se fait sentir au niveau de la concurrence que se font ces deux candidats dans les régions avec une tradition FN plus ancrée (NPC, PACA, Alsace-Lorraine, voire LR)
Re: Les élections approchent !
Je plussoie De Luxe pour dire que depuis une trentaine d'années il y a un glissement des voix des classes populaire de l'extrème gauche à l'extrème droite.
)
Il y a au moins une droitisation des partis depuis les trentes glorieuses! Cela va de pair avec le passage d'un capitalisme patriarcal dans lequel - en schématisant - le patron est maître à bord du navire à un capitalisme financiarisé où ceux qui fournissent le capital (les actionnaires, fonds de pension) sont déconnectés de l'entreprise et de son fonctionnement interne. Cette transition est due à une politique de déréglementation votée dans les années 80 par la "gauche", cherchez l'erreurPar ailleurs, je ne suis pas d'accord pour parler de "droitisation" des partis, car si l'on considère la droite française des années 30, alors on serait fondé à dire que finalement, les partis tendent à gauche ...
