ReligionChrétienne et sexualité: Comment vivent les croyants

[floridjan]

C'est une question que l'Eglise se pose elle-même (enfin, une mouvance minoritaire de l'Eglise chretienne) :
L'association David et Jonathan se définit comme un mouvement chrétien homosexuel et a pour but d'essayer de concilier "être catholique pratiquant" et "être homosexuel". Elle organise des conférences, par exemple sur le thème "peut-on vivre l'homosexualité dans la foi", etc.
Après, il est clair que cette association ne s'inscrit pas du tout dans la mouvance majoritaire de l'Eglise catholique, elle se situe à la marge, un peu comme Monseigneur Gaillot, ancien évèque d'Evreux (et à présent évêque sans évéché...) qui a publié dans une revue LBBT en 1989 un article controversé : être homosexuel et catholique et qui s'est plusieurs fois engagé aux cotés d'associations LGBT contre l'homophobie (et encore dernièrement contre le durcissement de la loi anti-homosexualité au Zimbabwe)

Sinon, concernant l'abstinence des prêtres, j'ai moi aussi souvent entendu dire qu'elle n'est que théorique : au 21ème siècle, les prêtres ont en majorité des relations sexuelles. Je pense même que c'est toléré dans l'Eglise tant que cela reste discret (et dans le cadre de relations hétérosexuelles, of course) (la sexualité des prêtres est un sujet tabou je pense)

[looping-vt]

concernant l'article de monseigneur gaillot, çà m'interesse

ou puis-je le trouver

merci

[old freak]

Les prêtres sont loin d'être toujours abstinents. Près de chez mes parents, il était de notoriété publique qu'un certains nombre d'entre eux étaient en couple, et ça ne choquait même personne.

Religion et homosexualité... Ca ne me posait plus de problème depuis longtemps, je suis athée et mes potes catholiques n'ont aucun problème avec ça. Mais dernièrement, je suis allée au mariage d'une amie, avec une messe célébrée par un prêtre très "vieille école". Son sermon était basé uniquement sur le fait qu'un couple ne pouvait être que entre un homme et une femme, et que toute autre forme d'amour était anormale. J'ai vraiment été proche de quitter l'église. Et je me dis que toutes les mentalités ne sont pas prêtes à évoluer. Heureusement que mon pote "catho de droite conservateur" m'a dit à la sortie de l'église qu'il avait trouvé le sermon excessif et qu'il n'était pas d'accord avec ce qui avait été dit.

[floridjan]

concernant l'article de monseigneur gaillot, çà m'interesse

ou puis-je le trouver

merci

L'hedomadaire Gai Pied qui a publié l'article en 1989 n'existe plus depuis 1992... Je doute que cet article soit disponible quelque part...
Sinon, à la même période, il a publiés deux livres : Ma Liberté dans l'Église (Albin Michel, 1989) et Monseigneur des autres (Le Seuil, 1989), qui sont encore édités je crois...

[Charlie]

On ne parle que de l'église catholique, là. Il y en a d'autres dans la religion chrétienne.

[Norma]

On ne parle que de l'église catholique, là. Il y en a d'autres dans la religion chrétienne.

Et bien parles-en, toi.

[Efiny]

C'est que le nom du topic est "Religion Chrétienne et sa sexualité". Forcément on répond en conséquence.

[Sarablue]

C'est Gé qui doit répondre maintenant vu qu'elle est chrétienne mais pas catholique

[floridjan]

On ne parle que de l'église catholique, là. Il y en a d'autres dans la religion chrétienne.

Est-ce qu'il y a des juifs et des protestants dans la salle ?
(je laisse de coté les évangélistes, les pentecotistes, les adventistes, les methodistes, les sethiens, les mormons, les quakers, les témoins de Jéhovah, les j'en-passe-et-des-meilleurs...)

[Charlie]

On ne parle que de l'église catholique, là. Il y en a d'autres dans la religion chrétienne.

Et bien parles-en, toi.

C'est si gentiment demandé.

Et bien pourquoi pas après tout. Il faut bien que cette connaissance du sujet serve à quelque chose.

Les églises et mouvements chrétiens ont, par rapport à l'homosexualité un dogme central qui leur est commun. En gros, l'homosexualité, c'est mal. Plusieurs mots viennent la qualifier. Cela va de contre-nature, péché, en passant par insulte au créateur, j'en passe et des meilleures. Là-dessus, toutes les églises sont d'accords (il existe peut-être à droite ou à gauche des sectes chrétiennes pour lesquelles ce n'est pas le cas, mais la majorité des structures cultuelles sont contre). C'est sur la réaction face au phénomène de l'homosexualité, et aux homosexuels eux-mêmes, qu'il faut chercher des distinctions entre les différents mouvements chrétiens.

Avant les années 80, ces distinctions n'existent quasiment pas, sinon dans le destin que ces églises promettent aux sodomites et autres tribades, et ça va de l'enfer (et si l'on pouvait commencer le bûcher ici-bas, ce ne serait que plus pragmatique) à une vie de contrition absolue pour se contenir.

Plus tard, certaines églises protestantes nord américaine, sous l'impulsion de la libéralisation des moeurs et de la visibilité de la communauté gay, vont entamer un "chemin de Damas" dans la reconnaissance de l'homosexualité en tant que sexualité humaine possible. Aujourd'hui, les plus avancées vont jusqu'à procéder à des bénédictions lors de cérémonies cultuelles, accepter l'ordination de pasteurs ouvertement homosexuels dans les congrégations, et soutenir la communauté LGBT dans la lutte contre l'homophobie.

Hélas, dans le groupe de ces églises jeunes, on trouve aussi les plus virulentes à l'égard de l'homosexualité. Et c'est d'ailleurs parce que ces églises fondamentalistes (au sens premier du terme) ont quitté le corps de l'assemblée des églises protestantes aux USA au moment de ce débat, que le mouvement de libéralisation a pu avoir lieu.

En Europe, ce sont aussi les églises protestantes qui ont démarré le plus tôt dans l'acceptation de l'homosexualité. Aujourd'hui, selon les pays, la plupart des églises protestantes ont un discours très moderne sur le sujet. Ca va de l'admission au culte des personnes homosexuelles, à l'appel à dépénaliser l'homosexualité partout où elle l'est encore. Pour l'instant, la question des bénédictions est en suspend dans la plupart des églises, mais certaines ont demandé la séparation du mariage religieux du mariage civil pour que les couples homosexuels puissent accéder au mariage civil même si la question de la bénédiction n'est pas encore tranchée.

Dans ces églises anciennes, on constate un statut quo entre des libéraux choqués par les limites imposées aux gays et des conservateurs choqués de l'accueil fait aux gays.

Les évangélistes n'ont pas ce genre de problème. Pour eux, l'homosexualité est juste une abomination.

Les catholiques ont un autre genre de problème, et un autre genre de réponse. Mais une église capable de monopoliser son clergé sur la question du sexe des anges ne saurait apporter une réponse simple à une question compliquée. C'est donc en séparant le fait homosexuel de la personne homosexuelle que l'église catholique s'en est sortie. En gros, l'homosexualité, c'est mal. Mais ce n'est pas une raison valable pour rejeter les homosexuels, ne serait ce que parce qu'ils n'ont pas eu le choix de leur sexualité. Elle est donc contre la violence contre les homosexuels. Toutefois, cela ne va pas plus loin. Pour l'église, pas de mariage, plus d'ordination, et dans certains coins plus de communion non plus. L'idéal pour l'église catholique serait qu'un homosexuel soit parfaitement chaste et continent.

Les églises orthodoxes ont une position théorique assez proche de celle du Pape. La différence va se situer dans la manière beaucoup plus conservatrice dont elles vont réagir à la libéralisation de l'homosexualité. Les plus progressistes se contenteront de dire que c'est mal, et procéderont aux mêmes interdictions que les catholiques. Les plus conservateurs interviennent au plan politique pour limiter la reconnaissance des LGBT.

Si l'église catholique est une moyenne et l'église orthodoxe son côté le plus conservateur, l'église anglicane en serait le côté progressiste. Les débats sont très intenses chez les anglicans, et on a pu penser à un moment que l'homosexualité serait admise comme une sexualité équivalente à l'hétérosexualité. Cela n'a pas été le cas, mais les anglicans d'outre atlantique ont quand même libéralisé leur mode de gestion de l'homosexualité, autorisant les bénédictions dans certains cas, et ordonnant des pasteurs gays, et lesbiennes.