Etapiscium a écrit :Norma Jean a écrit :Voilà, ces temps ci - ça se compte en année - je crois remarquer que beaucoup, beaucoup de personnes, quelque soient leur activité, pénible ou non, en viennent à prononcer ces mots "physiquement, je ne peux plus".
Et non physiquement dans le sens "je passe directement de mon canapé à mon fauteil alors toute tentative d'effort se voit invalidé par mon taux de choléstérol". Non, Physiquement dans le sens ou toute activité est devenue totalement insupportable, ou le poid du néant se fait sentir, ou tout pèse, ou il n'y a plus l'envie. Et où cela est si fort que c'est comme si ca s'incarnait dans la chaire.
Pourtant, individuellement, ce n'est pas une dépression : les êtres les plus joviaux, les plus débordant de vie, vivent cela et ressente cet étrange "c'est pas moi d'être comme ça".
Certain vont chez le psy qui leur dit qu'ils ne sont pas en dépression.
Pourtant, nombre de gens se trouvent attiré dans cet étrange vortex d'inaction, dans une dynamique collective de l'inaction.
Principe de précaution qui s'inscrit dans la constitution - quoi de plus parlant ? inscrire textuellement dans la constitution d'un pays la primauté de l'inaction, la peur.
Explosion des ventes de prozac, xanax, lexomil. Société junky.
Voici donc ma question : vivons nous dans une société dépressive ? Si oui, quelles causes ?
En fait, je n'aime pas la manière dont le débat a été posé. Ou bien les individus de cette société sont dépressifs, et dans ce cas on peut leur prescrire ou indiquer des antidépresseurs ou des psychothérapies. Ou bien, ils n'ont pas de dépression, et il n'est alors pas pertinent de faire intervenir une notion médicale.
Dans le premier cas, il vaut mieux considérer cette "dépression collective" comme un facteur social parmi d'autres (psychologiques, biologiques...) qui n'interviennent pas toujours de la même manière, voire qui n'ont aucun effet sur certains individus, et il vaut alors mieux demander se tourner vers les facteurs sus-cités pour y trouver une explication). Cette société aura beau être "dépressive", il reste l'issue des antidépresseurs, voire des psychothérapies qui sont plus efficaces contre les prochaines récidives. Cela veut-il dire que l'on doit abandonner toute tentative d'action sur cette société "dépressogène" ? Non, bien sûr, après tout, il est tout à fait possible que le facteur social, seul puisse être la cause d'une dépression. Par conséquent, dans une approche médicale préventive et/ou médicale sociale, les individus peuvent apprendre à éviter ou à gérer (je crois qu'on ne compte plus les guides du type "apprenez à gérer votre..." "pour en finir avec...") les situations déprimantes ou stressantes. Si par exemple, un environnement urbain pollué et bruyant est l'une des causes de la dépression, il peut être indiqué de changer d'environnement et de se diriger vers un cadre de vie considéré comme plus sain, par exemple, en migrant vers les zones rurales (l'exode urbain, qui l'eut crû).
Plutôt que l'adaptation ou l'accommodation, il est aussi possible de s'associer ou de se constituer en collectif "anti-dépression" pour tenter de modifier la société et prendre le mal par la racine si je puis dire, ou essayer de supprimer ces causes sociales de la dépression. Pour revenir à mon exemple, on peut imaginer un collectif qui fasse pression ou travaille pour réaménager l'espace urbain de telle sorte qu'il soit moins "dépressogène". Ceci n'étant qu'un exemple parmi d'autres, et on peut imaginer toutes sortes d'associations qui puissent aider à éradiquer la dépression.
Bref, des antidépresseurs aux associations politiques, des stratégies individuelles aux stratégies collectives, il existe tout de même un nombre de possibilités d'actions non négligeables pour traiter la dépression.
Dans le deuxième cas (et je ne crois donc pas qu'ils soit pertinent de parler de dépression), il vaudrait mieux parler de perte de motivation ? D'une société qui ferme ou réduit les possibilités d'action des individus ? Finalement quel est le problème ?
Ici, il est aussi possible de faire appel à une analyse à la Foucault, et de se demander en quoi la dépression, en tant que catégorie médicale, sert à caractériser les individus ou les "assujetir" de telle sorte à leur interdire tout autre possibilité d'action que le circuit médical. Ce serait prendre le problème à l'envers et se demander à qui ou à quoi peut-il servir de parler d'une "société dépressive" ou de dépression ? En quoi est-ce politiquement légitime et/ou utile d'aborder cette problématique de la dépression ?
je maintient mes termes.
je ne parle pas d'une somme de dépression individuelles. sinon ce serait trop simple.
Je parle de la dynamique globale.
Et oui j'aurais put dire autre chose que "depression" mais je trouvais le terme parlant, donc je vois pas pourquoi j'me serais privé de la métaphore, on parle bien de X ou Y truc comme "ciment" de la société sans pour autant qu'on nous dise d'aller voir un macon.
Faut pas être coincé de la nomenclature, non plus.
pour ton premier cas (qui serait donc une addition de dépression individuelle" (et ce n'est pas de ca que je traite), je trouve ça bougrement simpliste de se dire que si on délocalise les gens entre deux vache en leur donnant un guide "comment etre heureux" tout ira mieux.
Je caricature ton propos, mais je t'avoue que j'ai explosé de rire avec le "collectif". Solution bien française, dès qu'y a un truc qui convient pas on fait un collectif.... après le collectif contre le tsunami, le collectif contre la tempête, parce qu'il est inadmissible qu'il y est encore des tempetes en france en 2010...
ce que je veux dire, c'est que les petits guides, les "gestes simples", et les collectifs, c'est pas la solution. on nous a appris à croire que la démocratie et le dialogue et les guides hachette guerrissent tout, j'y crois pas.
ensuite, dans la deuxième catégorie, donc le sujet, je peux employer le terme "bible belt" sans croire que les états sont devenus une ceinture génate de cuire avec le kentuky dans le rôle de la boucle de ceinturon.
Je peux donc aussi utiliser le terme depression collective sans croire qu'il faudrait faire passer des canadères au dessus de paris qui aspergerait la ville de lexomil.
Et foucaut a souvent raison, mais là, je vois pas le rapport : utiliser une métaphore médical pour résumer le pb ne veux pas dire que j'ai une folle envie refoulée d'assujetir la france à la fatalité.
Elle le fait très bien toute seule.