Prométhée a écrit :je trouve que c'est un peu réducteur de dire que Brennilis est la vitrine de notre savoir faire en matière de déconstruction et de démantèlement.
C'est EDF elle-même qui la présentait comme sa vitrine, pour pouvoir mieux vendre ses centrales à l'étranger en montrant qu'ils savent démanteler... mais effectivement, ils ont un peu râté leur coup. De plus, aucune autre centrale nucléaire française n'a encore été entièrement démantelée, donc c'est plutôt le seul modèle qu'on ait.
Prométhée a écrit :Pour ce qui est des coûts des déconstructions évalués à l'ouverture des centrales et les côuts effectifs lors de la réalisations des chantiers je peux apporter un élément de réponse. Les stratégies de démantèlement changent ainsi que les législations. Prenons le cas des UNGG, dans les années 60 on se serait contenté de bruler le graphite et hop on en parle plus, maintenant il est bien entendu hors de question d'avoir recours à de telles pratiques, le graphite est retiré traité et stocké, cela engendre nécessairement des coût supplémentaires, mais à l'origine il était impossible de prévoir les évolutions de la législation.
La politique d'EDF à changer dans les années 2000 également. A l'origine l'idée était d'attendre 50 ans entre l’arrêt et le démantèlement des centrales. D'une part pour laisser le temps à la radioactivité de décroitre (un peu naïf) et puis c'est vrais pour que de nouvelles technologies puissent être développer. D'ailleurs ça a fonctionné, le développement de la robotique permet de réduire grandement les doses de radiations reçues par les opérateurs. En revanche il ne faut pas croire que cela revient moins cher d'attendre, la législation est de plus en plus restrictive. Maintenant la politique d'EDF est de commencer les opérations de démantèlements dès la mise en arrêt des centrales.
Et bien tu justifies justement pourquoi un démantèlement est très difficilement calculable : en plus de notre manque d'expérience, les normes de sécurité deviennent plus contraignantes car on sous-estimait les risques... et absolument rien ne dit que nous ne les sous-estimons pas encore (parce que l'
OMS n'est pas très indépendant sur le sujet par exemple). Ce serait même intéressant de savoir qui a décidé de la dose journalière admissible d'irradiation : si on procède de la même façon que pour l'industrie chimique, c'est prometteur !
Prométhée a écrit :Pour ce qui est des incidents sur les chantiers et ben c'est un chantier quoi, que ce soit dans le domaine du nucléaire ou non il y a toujours des risques, tout n'est pas toujours la faute des radiations non plus...
Fuites de tritium qui contaminent des ouvriers, corrosion sur des fûts de déchets radioactifs, ... des chantiers comme les autres
Prométhée a écrit :Pour ce qui est des Etats Unis je peux te donner quelques noms de centrales:
-Trojan
-Big Rock Point
-Yankee Rowe
-Main Yankee
-Humboldt Bay
-Zion
-Rancho Seco
-Saxton
-Connecticut Yankee
-San Onofre 1
Les démantèlements sont terminés (comprendre les sites ont été réhabilités, retour à l'herbe, il n'y a plus rien sur place), les déchets ont été transportés ailleurs pour être traités ou stockés. Pour les sources, c'est un ingénieur du CIDEN qui s'occupe du partage d'expérience à l’international qui me l'a expliqué, j'ai pas mal de photos, si tu veux je peux te les envoyer par mails.
D'après ce que j'ai pu voir, certaines centrales comme Main Yankee ou Yankee Rowe stockent encore des combustibles en attendant un endroit définitif. Humboldt Bay ne serait pas encore finie. Mais certes, des retours à l'herbe ont été faits (Big Rock Point). Il serait sûrement intéressant de voir comment cela s'est fait, mais à vrai dire, ce n'est pas le point qui m'intéresse.
Ce qui m'inquiète au fond, c'est cette acceptation totale dans ton discours, mais aussi dans celui de pas mal de gens, des risques pris. On tombe vraiment dans un calcul probabilité risques/bénéfices dont on peut en tirer, ça me met assez mal à l'aise.