Comme toi Lyanes je trouve ça dommage (bien que je suis une pure littéraire) qu'on laisse de moins en moins le choix (suppression de l'option maths en L, suppression des maths en 1ère L, suppression de l'HG en socle commun) qu'on cherche de moins en moins à former des gens accomplis (mon idée de quelqu'un d'accompli dans un monde utopique où ce qui est dit sur le papier se réaliserait) pour se tourner vers l'homme efficace, le robot qui est excellent à son poste mais incapable de s'adapter à un autre. Je crois que c'est Kefka qui a un moment mentionnait les humanistes, et j'avoue que cet attrait pour la connaissance dans son ampleur et dans sa diversité m'a toujours passionnée (même si je n'en suis pas une bonne représentante).
Puis, ça me fait encore plus chier quand je vois que les meilleures universités américaines se tournent elles vers ce système de la pluridisciplinarité au maximum avec les College of liberal Arts qui en gros sont partagés en trois : matières obligatoires pour ta spécialisation, matières "générales" obligatoires et matières au choix. Pour les matières générales obligatoires ça inclue : sciences, maths (bon, un niveau minimum hein mais existant tout de même), littérature/méthode (un minimum aussi), sciences sociales de "réflexion" (philo, socio, anthopo, psycho...), sciences sociales de connaissance du monde (histoire, histoire de l'art, géo). Et dans les matières au choix, c'est vraiment au choix. Etudiante en littérature, je peux sans problème prendre des cours de politique, de cinéma, de business, de phychologie, de langues, d'histoire, d'économie, de finances, de communication, de religion, de philo, d'urbanisme, etc, et ce avec une répartition environ égale (35, 35, 30) en pourcentage entre les différentes catégories. Parce qu'on considère que préparer à un métier est une utopie (je parle de fillières générales et non technologiques, hein) dans un monde où on aura probablement à en changer plusieurs fois, et que la spécialisation réelle viendra au niveau supérieur (master, doctorat) ou ne viendra pas, mais qu'être capable de gérer les changements, de réfléchir, de ne pas se reposer sur des connaissances mais d'être en perpétuelle recherche, et d'acquérir des savoir-faire que l'on peut transférer d'un champ à un autre, est le plus important.
C'est une stratégie inverse à celle de l'hyper-spécialisation et l'un et l'autre sont défendables je crois. Mais celle que je viens de présenter a au moins l'avantage de ne pas seulement voir le métier/l'argent/l'efficacité mais aussi de prendre en compte l'être humain. Qui, quoi qu'il arrive devra s'inscrire dans le monde, et autant qu'il le fasse avec le plus d'outils possibles à sa portée.
C'est aussi pour ça que j'admire la prépa littéraire maths (B/L). Considérée comme une prépa littéraire, elle inclue un programme je crois quasiment équivalent en maths à celui de Maths Sup/Maths Spé, tout en privilégiant quand même les matières littéraires (littérature, histoire, langues, philo...). Pour y entrer, il faut avoir fait S (ou une très bonne ES option maths), mais c'est là l'idée que je me fais de l"homme accompli". Celui qui aurait un livre de Kant à la main et une calculette dans l'autre. Bon d'accord, ça doit pas être drôle comme vie, mais quand même.
En bref, je n'ai pas lu le projet de Pécresse mais sur le principe, je suis a priori pour.
Enfin, pour appuyer Lyanes, c'est forcément un débat politique, puisqu'étymologiquement cela vient de πόλις, la cité, et que donc ce sont les choses qui concernent la cité. L'éducation en est forcément l'un des centres, en plein coeur et cela ne peut qu'amener le débat parce que c'est trop important et trop large pour qu'un consensus se forme. La cité ne peut que s'intéresser à ce qui va assurer son avenir. Puis les débats échappent rarement à la politique.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... id=1229424
Pour terminer, un petit article qui montre que chacun va s'écharper pour défendre son bout de viande, son horaire et que même les maths s'y mettent (perte d'heures en 1ère S). De quoi bien relancer une petite guerre à qui est le plus important. J'espère juste qu'on se rendra compte que là dedans, le seul ennemi c'est la rentabilité.