Je ne peux m'empêcher de vous relater quelques annecdotes.
(et dire que je devrais dormir, vue la journée chargée de demain ! Heureusement les Mariachis - que j'écoute - sont là pour mettre l'ambiance)
Ainsi donc, j'étais surveillant (as-sis-tant d'é-du-ca-tion, ah bon ?) dans un petit collège de campagne. Durant un mois, je n'ai pas réussi à tenir plus longtemps

J'étais trop gentil

Enfin trop gentil, faut voir ! Le dernier incident, un jeune qui avait perturbé la permanence. Je lui demande de rester pour nettoyer la salle. Il tente de fuire. Et contrairement à l'exemple cité plus haut, je l'attrape par le sac et le maintiens de force dans la salle pour qu'il écoute. Il crie, pleure, donne des coups de pied dans les chaises, fait tomber une table. Et c'est là que j'apprends que c'est le fils d'une amie du directeur. ZUT !
Mais ce n'est pas de cela que je voulais vous parler. J'ai remarqué, lors des rondes dans la cour de récréation, entre midi et deux, que les garçons, en 4e et en 3e surtout, adorent se maquiller. J'en ai vu plusieurs avec des couettes, ou encore avec le manteau d'une de leurs amies. J'étais indulgent. Je leur ouvrais les toilettes (car elles étaient fermées après plusieurs actes de vandalisme !) pour qu'ils aillent vite se démaquiller avant de retourner en cours, en me disant : "ah lalaaaa!".
Lors du dernier jour, à la dernière récréation, suite à une altercation, j'ai laissé entendre que j'étais homo. Paf, ce fut le déclenchement des collibets. C'était un petit collège et en une heure, toute la cour fut au courant. Si j'avais été moins indulgent, si je n'avais pas voulu voir jusqu'où irait leur bêtise, et que cela n'avait pas été ma dernière heure, ils auraient tous été bons pour aller en colle. Un fait tragicomique : à la fin de la récréation, un jeune s'approche de moi : "Euh, monsieur, vous savez, j'ai dit tout à l'heure que vous étiez un gayzou, mais c'était pour rire, je m'excuse." Le problème, c'est qu'il ne s'excusait pas d'avoir employé le mot "gayzou", mais plutôt d'avoir dit que j'étais homo. Vous avez compris ?
A savoir qu'il est deux choses que ces jeunes n'aiment pas : les "gayzous" et les "intellos". J'ai eu le temps de discuter avec eux des intellos. Côté "gayzous", j'ai plutôt vu qu'ils étaient enfermés dans bien des clichés. Nous n'avons pas eu le temps d'en discuter. Par contre, nous avons parlé du "libertinage"(au XVIIIe siècle) et des "Hijras" (en Inde). Je me suis apperçu, qu'après quelques blagues grasses, ils pouvaient s'intéresser et devenir intéressants. Je leur ai notamment parlé du "carcan" social. Le mot leur a tellement plu qu'ils en ont parlé à leur prof de français, qui en retour est venu en parler avec moi.
Disons que j'étais un surveillant qui tentais d'être compréhensif. J'adorais demander "pourquoi ?". J'étais attentif et essayais de les valoriser un peu. "Dans notre collège, disaient-ils, il n'y a que des "cas soc'" Or l'équipe dirigeante était molassone et les liens avec l'équipe enseignante, quasi inexistants. Du coup, ça n'a pas marché. Jouer le mirador, c'est pas trop mon truc, donc je suis plus ou moins parti alors que l'équipe se demandait si elle devait me renvoyer.
Les enfants auront appris une chose avec moi, l'hygiène élémentaire : "Vous vous êtes lavés les mains ?!" et tous me montraient en souriant leurs mains encore mouillées

"Mais au fait, Monsieur, pourquoi il faut se laver les mains avant de manger ? Parce qu'à la maison ... ", je vous laisse deviner la suite.