Vos parents/familles & vos orientations ... professionnelles

[Nomade]

Ah, j'ai dit que mes parents m'avaient poussé à faire "mieux qu'eux" et à aller "vers le haut". Ce n'est pas nécessairement à comprendre au sens social (ils ne sont pas sensibles du tout au regard des autres sur leur propre parcours), mais plutôt sur le plan de l'épanouissement personnel. Ils m'ont toujours parlé de manière à peu près neutre de la façon dont ils voyaient la vie et la vie professionnelle. Selon eux, il y a deux options :
- avoir un boulot chiant mais qui offre une sécurité et un salaire permettant de s'éclater à côté.
- avoir un boulot tellement passionnant qu'on y passe sa vie et qui généralement ne paye pas.
Deux perspectives hautement réjouissantes s'il en est, l'option "boulot passionnant qui paye bien et qui te laisse du temps pour t'éclater à côté" relevant d'après eux plus ou moins de l'utopie.

Eux ont vécu dans les deux schémas au cours de leur vie, il me semble. Du coup ils m'ont laissé faire mes choix, sachant que rien n'est immuable (dans leur tête de caméléons nomades) et qu'il est même souhaitable de prendre des virages radicaux dans sa vie.

Donc "bien faire", ce n'était pas pour les autres, et même pas pour eux, c'est pour moi, pour trouver une manière d'être relativement bien dans ma peau et ma vie. Pas être riche, pas être connu (ce qui a pu être des buts que je recherchais), juste être bien. Pas du premier coup, parce que se ramasser la gueule sur ses idéaux brisés et gagner en lucidité c'est nécessaire pour avancer et se connaître. Pas éternellement, parce qu'on évolue et que les envies changent. Juste se construire un parcours qui permettra, à la fin, de se dire : "J'ai fait ce que j'avais envie de faire, et les périodes où j'ai souffert et où je me suis fais chier n'étaient que des tremplins".

Et là, je suis en train de me casser la gueule sur mes idéaux brisés et de chercher le prochain tremplin.

[Lyanes]

Et là, je suis en train de me casser la gueule sur mes idéaux brisés et de chercher le prochain tremplin.

Et tu réussiras à le trouver, et tu feras autre chose, et tu auras encore des désillusions, et tu bougeras à nouveau... je te fais confiance mon grand nono, tu n'es pas du genre à te satisfaire du médiocre. C'est ça qui me plais chez toi.

[Moilux]

Je viens d'un milieu à mon avis populaire. Mes parents m'ont simplement incitée à faire de mon mieux, arguant qu'ils avaient confiance en moi. Je n'ai pas du tout l'impression d'avoir été poussée. Mes études et mes intérêts sont totalement opaques pour mes parents. Je me sens plus le produit de l'éducation nationale et de la """méritocratie""" que le produit de la reproduction familiale.

Concernant le fond, mes parents sont la plupart du temps consternés par mes passions et mes occupations. Sont-ils vraiment consternés ou soulignent-ils le trait agrémenté d'un imparable "nous on sait pas, on n'est pas allés dans ce genre d'écoles" ? Je me sens très souvent d'un autre monde.

Concernant la forme, je pense avoir été influencée par mes parents. J'ai compris très tôt ce que signifiait "entreprise à taille humaine" et surtout j'ai vu ma mère reprendre ses études et de toute façon toujours beaucoup travailler. Bien qu'étant une famille populaire, ils m'ont bien fait comprendre que l'école et le travail étaient un moyen de s'en sortir mais plus que ça, de se réaliser.

Bref, je n'ai pas une famille de grands intellectuels ou aux positions avantageuses mais des parents qui croient que les efforts se voient récompensés. L'évidence même est que tant que je fais quelque chose qui m'intéresse et que je travaille bien, le monde m'est ouvert et le reste n'est qu'accessoire. Evidemment, ils sont angoissés pour moi mais me font confiance.

Ils me laissent faire ce qui me semble le mieux en me donnant leur avis, en m'encourageant et en me consolant, parfois en me rappelant à l'ordre.

C'était pour dire : Non.

[Avital.Ronell]

Tiens je répond à ce topic car j'en parlais justement avec un membre par MP il y a un instant.


Donc : je suis en L2 de philo et mes parents ne sont pas du tout responsables de ce choix d'études (en même temps faudraient qu'ils soient un peu inconscients ) .

Aucun des deux n'a le bac et aucun ne s'est jamais interessé à la philosophie (surtout pas ma mère qui trouve, bien que n'en ayant jamais fais, que c'est une prise de tête inutile et qui d'ailleurs m'exhorte à arrêter car elle pense que je suis encore plus depressive qu'avant depuis mon entrée à la fac et que de toute façon des études de philosophie ne me meneront sur rien.)
Mon père est plus ouvert mais quand je lui en parle, il fait "waouuuuh...on est rendu loin là dis donc^^ "


Pour ma part je ne pense pas faire carrière dans le domaine de la philosophie mais ça m'apporte quelque chose donc pour l'instant, j'ai envie de continuer dans cette voie au moins pour un temps et si j'arrive à décrocher un dîplome à courte ou longue échéance ce sera chouette, mais ce qui compte surtout à mes yeux c'est que ça m'apporte sur le plan personnel et que ça m'ouvre des "chemins de pensées".
La philosophie a la particularité de ne pas proposer d'autre fin qu'elle même.

[Billy]

J'ai répondu qu'ils n'étaient responsables en rien dans mon orientation professionnelle.

Non, ils ne sont pas responsables du tout du fait que je travaille dans le secteur médico-social, mais : ils sont en grande partie responsable du fait que je n'ai pas cherché à savoir ce qui aurait pu être ma voie. Ils sont en grande partie responsable du fait que je me foutais royalement de ma scolarité et du temps passé à ne rien foutre à la fac. Et ils sont donc en grande partie responsable du fait que je me suis retrouvée (au début) à travailler dans des secteurs aussi variés que l'édition, le webmedia, puis enfin, donc, le secteur médico-social (par défaut, à l'époque :"tiens, pourquoi pas bosser là dedans, je pense que ça pourrait me plaire").
Ma mère a arrêté de contrôler mes devoirs (que je faisais) en primaire. Puis au collège, plus aucune question : qu'as tu fait aujourd'hui ? Quels sont tes résultats ? Ils les découvraient à l'arrivée du bulletin scolaire et ne m'enguirlandaient pas quand ils voyaient des notes plus que médiocres. Je me suis laissée aller sur la vague descendante très tôt, n'ayant pas d'exigence à la maison. "Bof, je m'en fout, ils ne me demandent rien et moi, je m'en tape la moelle".
Je n'ai aucun souvenir de désir de faire un quelconque métier très jeune enfant, puis ado et enfin jeune adulte.
J'ai très clairement tendance à croire qu'il faut exiger de la part de nos enfants un minimum de travail et de résultat, pour, et voici le nerf de la guerre en ce qui me concerne : avoir le choix. Il est primordial de travailler, de s'informer, d'apporter des informations à ses enfants : "ma fille, voilà les métiers qui existent. Lesquels pourraient éventuellement te plaire. Je sais que tu aimes le dessin, les langues, le français. Sais-tu quels efforts il faut fournir pour y arriver ? Mais il existe aussi ça, puis ça. Sois curieuse, on sera curieux avec toi."
J'explique l'apparent désintérêt de mes parents pour mon avenir comme ceci : ils sont tous deux issus de famille où la vie n'était pas facile : mon père : père violent et famille ultra modeste d'une ville portuaire. Ma mère : issu d'une famille plus aisée, où la parole ne lui a jamais été donnée. Bref, je suppose que mes parents m'ont foutu une paix royale pour ne pas me faire revivre ce qu'ils ont du endurer pendant de longues années : "on va être des parents cools, pas d'autorité à la maison". Sauf que mes parents ne connaissent pas la demi-mesure. De trop de discipline, ils ont adopté le pas de discipline du tout. Avec moi. Parce qu'avec le frérot, ça a été une toute autre histoire, d'après ce que j'ai pu comprendre.
Mon premier vrai souhait de métier, je l'ai eu après le bac : je veux être notaire. Je veux un métier assez prestigieux et très bien payé. Je ne veux pas être une assistée, je veux être du côté des bourgeois, j'en ai marre du prolétariat (Moniiique, si tu passes par ici, la prochaine fois que tu me vois, tu ne me tapes, merci). Donc, direction la fac de droit de Caen. Ou je n'ai rien fait d'autre que glander. Je m'étais installée chez ma tante, loin de cette ville que je détestais plus que tout, et surtout loin de mes parents.
Je plante mon année, évidemment.
Oh, tiens, si comme mon mec de l'époque, j'allais en IUT ? La vie a l'air cool, là bas. Ok. Un DUT Info-Comm option métiers du livre. Je plante mon année : désintérêt total et dépression énorme.
Pour finir à la rentrée de septembre dans une start up.
Ensuite, l'édition pendant 5 ans.
Et puis enfin mon métier actuel. Je sais que je j'ai enfin trouvé ce qui me correspond.
Je crois que je serais pleine de regrets jusque la fin de mes jours de ne pas avoir été poussée par parents. Je me suis construite au gré de mes expériences, de mes rencontres, du hasard aussi. J'aurais préféré raccourcir un peu le chemin en suivant une voie un peu plus directe, suivre un cursus jusqu'au bout. J'apparente un diplôme solide à un tuteur, un pilier sur lequel on peut s'appuyer. Le temps passe et j'y pense moins mais ce sera un éternel regret.
A 34 ans, je m'imagine régulièrement en : médecin, illustratrice, ergothérapeute, psychiatre, et surtout, comédienne.
Avec ma fille, mon discours, pour le moment est (la pauvre, elle est en CE1...) : je veux de bons résultats. Point barre. JE ne la lâcherai pas. Je veux qu'elle ait des résultats scolaires corrects pour qu'elle puisse avoir le choix. Et puis surtout, je m'intéresse, on discute beaucoup, j'écoute tous les voeux de métiers (qui changent toutes les deux semaines ) qu'elle émet. Je veux pouvoir lui être d'un soutien indéfectible, je veux pouvoir la porter si elle désire devenir astronaute, boulangère, prof, présidente de la république.
Na.

[hybride]

J'ai répondu qu'il n'étaient responsables en rien, même s'il doit y avoir quelque part des influences que je ne mesure pas.

Mon père est viticulteur, ne m'a pas élevée, et aujourd'hui encore n'ose pas me demander ce que je fais (de peur que je le saoule ou le complexe avec la réponse, je ne sais pas trop). Je sais même pas s'il sait que je fais du portugais.
Ma mère est maintenant assistante de direction après avoir gravi les échelons de secrétaire (et serveuse avant ça).
Aucun des deux n'a le bac, et aucun des deux n'a d'ambition sociale.

Là où il y a pu avoir influence, c'est quand ma mère m'a répété au fil des ans que l'important, c'est que je fasse quelque chose qui me plaît pour pas me faire chier au boulot toute la journée, l'essentiel de ma vie. Alors je me suis lancée dans des études longues, avec un parcours biscornu, qui me mèneront au métier idéal selon moi.

Mais c'est certain qu'ils ne m'ont pas poussé vers le littéraire, encore moins vers la traduction.

[logik]

J'ai voté qu'ils étaient responsables, je m'explique...
Il y a quelques années, ils ont voulu me forcer pour faire ES comme mon frère, et je me suis obstinée face à eux pour faire L (pour eux, L = pas d'avenir, précarité, bref..) jusqu'à devoir passer un entretien pour être acceptée dans la section que je voulais faire (option cinéma).

Je n'ai pas encore le Bac (je l'aurais un jour, je l'aurais ! ) mais je sais que, le bac en poche, je veux faire l'INFL (institut national de formation de libraire), à Paris, parce que d'abord j'en ai envie, mais je sais que c'est aussi un peu pour les fuir. J'ai toujours rêvé d'habiter dans une grande ville, je me sens bien à Paris, alors je vais donner mon maximum pour rentrer dans cette école..

[Harmodius]

Père prof, mère prof => fils futur prof. Reproduction sociale, quand tu nous tiens.
Personne ne m'a mis la pression, mais il est évident que le "modèle" parental joue un rôle.
Et puis de toute façon, quand on fait des études de lettres, à part prof, hein...

[Régal Délice]

Mon activité professionnelle ne doit rien à ma famille, c'est un pur hasard et le fruit de rencontres diverses.

Je suis réceptionniste en hôtellerie (pour le moment), ma mère est psychologue, mon père est un ex-escroc international / VRP multicarte / magnétiseur / herboriste / pseudo-ingénieur / inventeur / gardien de camping / cultivateur d'algues / consultant en consulting de consultage (et j'en passe), actuellement à la retraite et reconverti dans la fabrication de poésie néo-symboliste pour petite bourgeoisie de province.

J'ai deux sœurs profs à Paris, un frère poseur de parquet et un autre frère vendeur dans un magasin de bricolage. Dans ma famille, on éduquait que les filles, apparemment.

[floridjan]

Hum... je suis assez indépendant, mais ouvert aux conseils.

Pour les études, par exemple : je voulais m'inscrire en fac de droit. Ma précieuse maman m'a conseillé de tenter le test d'entrée à Science Po Toulouse parce que offrant davantage de débouchés. J'ai passé le test et je me suis inscrit en fac au cas où. Résultat : j'ai fais Science Po Toulouse. De cela, ma mère est totalement responsable, mais je l'en remercie parce que le droit... au secours en fait !

Après avoir fini Science Po, mes parents voulaient que je continue les études mais moi, ras le bol, besoin de souffler et surtout, toujours pas trouvé ce que je voulais faire, juste ce que je ne voulais pas faire (droit, journalisme) alors j'ai réalisé un rêve, je suis allé faire les cours Florent à Paris !^^ De ça, mes parents ne sont en rien responsables ! C'est vraiment un truc que j'ai fais pour moi, pas pour eux ni contre eux. Et je regrette pas, c'était génial !

1er boulot : mon père m'a clairement dit que mon taff de télémarketing, c'était de la merde et qu'il fallait que je trouve un vrai boulot. Et c'est vrai que par rapport à ma carrière professionnelle, ça faisait tache de bosser plus d'un an dans le télémarketing. Bref, ça m'a encouragé à suivre mes cours de théâtre le soir au lieu du midi pour trouver un vrai boulot. Mes parents sont responsable de cette décision là.
Concernant le boulot lui même... j'ai pris ce qui se présentait, donc là, ils ne sont pas vraiment responsables.

Boulot actuel : principale motivation pour changer de boulot : un grand ras le bol de ce que j'étais en train de faire. Ma maman n'arrêtant pas de me seriner de passer des concours de la fonction publique et n'arrivant pas à trouver un autre taff, j'ai finalement passé le concours de la ville de Paris (que j'ai choisi tout seul)... un concours de catégorie B alors que mes parents souhaitaient que je passe un concours de catégorie A mais le but pour moi était de quitter mon taff absolument et j'avais bien plus de chance de réussir un concours B qu'un concours A.

Conclusion : mes parents,parce qu'ils se sont toujours beaucoup inquiétés de mon avenir professionnel et me conseillent souvent, et parce que je les écoute et ne suis pas fermé à leurs conseils, sont donc responsables en partie de mon orientation professionnelle (ma mère bosse dans la fonction publique, je bosse dans la fonction publique). "En partie" seulement parce qu'il y a des aspects qui ne relèvent que de moi, comme de vivre et travailler à Paris et pour Paris, par exemple, et surtout parce qu'en définitive, même si j'écoute leurs conseils, au final je fais toujours ce que j'ai envie de faire sans qu'on me force la main (là, mes parents et mon frère me tannent pour que je devienne cadre A mais pour l'instant, je n'en ai pas envie et j'ai dû batailler pour leur faire comprendre et admettre mes raisons)