Potiron a écrit :Quel degré de détestation de soi doit-on atteindre, lorsqu'on est homosexuel, pour croire que le simple fait d'être homosexuel et de vivre en conformité avec son orientation sexuelle est néfaste pour les enfants. Si tu considères que l'homosexualité en soi n'est pas un problème, tu est nécessairement pour l'homoparentalité.
J'ai hésité à poster dans un autre fil vu que je n'ai rien à dire sur le CUC en soi, mais je voulais réagir à cet avis, et les autres fils sur l'adoption sont tous liés à quelque chose d'autre sauf un qui est humoristique...
Je vais surement me faire lyncher, soit. Mais j'avoue vivre assez mal ce sentiment de passer pour un hérétique ou refoulé parce que je ne suis pas convaincu que ça n'est pas potentiellement néfaste pour les enfants. Comme c'est très impopulaire de le penser, je me suis abstenu de poster sur le sujet jusqu'à maintenant, mais en lisant cela, j'ai vraiment de la peine.
Bien sûr, ça a déjà été dit, à choisir entre un couple hétéro plein de défauts qui porteront atteinte à l'éducation et au bien être des enfants, et un couple homo génial et qui feront de super parents, il faut privilégier le couple homo. On est d'accord la dessus, et c'est pour cela que
je suis contre l'interdiction de l'adoption par des couples homos.
Maintenant, que dire du cas de figure où l'autorité décidant de l'attribution d'une famille d'accueil a face à elle un couple de parents hétéros géniaux et un couple de parents homos géniaux ? Je sens que 99% des "éaloriens" vont me dire "ça ne doit jouer aucun rôle dans la décision". Si le couple hétéro est privilégié, je sens que ces mêmes 99% vont me dire "ça serait discriminatoire envers les homos".
On va me sortir les études, j'en ai lu une au moins, qui n'affirme pas que cela soit néfaste, mais on ne peut pas dire non plus qu'elle démontre que ce n'est pas néfaste. Je sais pas si vous saisissez la nuance... Pour ceux qui me demanderont de la citer, désolé, j'en suis incapable, considérez ce paragraphe comme nul, il n'est pas essentiel à mon argument.
Je me base maintenant sur mon propre vécu avec tout ce qu'il a de plus subjectif. Nous sommes dans la section "débat", je pense que tout subjectif qu'il soit, ce vécu et sentiment personnel a autant de valeur que votre propre vécu, et je vous invite à le partager pour me contredire, encore plus pour ceux qui ont vécu dans une configuration mono-parentale, ce qui n'est pas mon cas (je prends peut-être trop de précautions avec ce blabla mais vu la vitesse ou ça part en vrille je pense que c'est pas de trop).
J'ai grandi dans une famille hétéro soit disant unie, ou en fait mon père a été totalement absent de mon éducation, en fait pour simplifier le peu de contacts qu'on avait était "salut" quand je rentrais à la maison et "à bientôt" quand je la quittais. Le reste du temps, sauf besoin matériel, je le fuyais, car j'en avais peur. Les raisons de cela sont (il me semble) hors sujet dans ce débat, mais je dois préciser pour la compréhension que c'est parce qu'il était alcoolique (le fameux cas de figure "mauvais parent hétéro").
Il y a bientôt deux ans, il a dû arrêter de boire, et il s'est transformé en une autre personne (pas étonnant). Présent, avenant, il était "presque" devenu le père dont j'aurais rêvé en étant môme (j'exagère mais c'est pour simplifier). Cela m'a fait réaliser une chose : mon père m'a manqué pendant mon enfance, et je n'en avait pas conscience avant, car je n'avais pas de "point de comparaison", si l'on peut dire.
Maintenant, est-ce que j'aurais préféré grandir avec deux mères géniales ou deux pères géniaux plutôt que dans cette "configuration" ? Probablement. Est-ce que j'aurais préféré grandir avec un père génial et une mère géniale ? Oui, désolé, mais ça me semble encore plus probable.
POURQUOI ? Parce que traitez moi de rétrograde, macho, comme vous voulez, mais pour moi, un papa et une maman, c'est pas pareil. Et ça a une forme de complémentarité autre que procréatrice. Alors on va me dire "oui mais l'enfant aura bien assez d'autres occasions de parler avec des adultes du sexe opposé au couple homo". Dans mon ressenti, ça n'est pas pareil : un(e) prof, autre membre de la famille, ça ne remplace pas, à mon sens.
Dans le cas de l'adoption, l'enfant aura déjà la difficulté d'accepter la différence à la "norme biologique" car ses parents ne sont pas ses parents génétiques. Soit, ça n'est pas un drame et des "adoptés" vont surement me confirmer qu'ils vivent ça très bien (mais l'ont-il toujours bien vécu ? oui/non c'est au cas par cas, mais j'ai des exemples connus de "non").
Ma question ne porte pas sur l'interdiction ou non, je répète que je suis contre l'interdiction. Mais ne serais-ce pas légitime qu'on en tienne compte comme critère lors de l'attribution ? Dans l'hypothèse de deux couples semblant parfaitement idéaux à la seule différence que l'un est un couple mixte et l'autre non mixte, ne faut-il pas, pour maximiser les chances d'un développement équilibré chez l'enfant, favoriser le couple mixte ?
Est-ce vraiment de la "détéstation de moi-même en tant qu'homo" que de me poser cette question, ou est-ce que c'est la déception de ne pas pouvoir réaliser le rêve d'avoir des enfants chez les homos (du moins par adoption car pour le reste c'est un autre débat à mon avis) qui voile le raisonnement qui devrait rechercher sans compromis les meilleures chances pour l'enfant adopté, au détriment de la "justice" de parents qui n'ont rien fait (car pas choisi leur homosexualité) pour mériter de ne pas avoir d'enfants ?