La résilience

Débats Gay et Lesbien
Kliban
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Message par Kliban »

( :) ) En avant ! C'est du travail, mais c'est du bon travail !

*very happy K*
moniiique
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Message par moniiique »

Yes! C'est chouette spécimen, je suis ravie de lire cette nouvelle. Je suis contente pour toi. Vraiment beaucoup.
spécimen
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Message par spécimen »

:shock: J'ai des exercices à faire pour les fêtes de fin d'année :oops:
Je dois embrasser, solliciter des accolades, serrer des poignées de mains mais toussa en n'ignorant pas les parties de mon corps en contact avec les autres.

Je dois donc me réapproprier mon visage, mon bras, ma main droite, mes flancs quand je vais faire ces exercices "simples" de relations sociales quand on rentre en contact physique avec les gens :? . Ça tombe bien, j'ai dit à ma 'tite colombienne :amour: qu'il y avait des gens ravis de me voir pour les fêtes de fin d'année :mrgreen:

Du coup, ça va être dur de se défausser au mEAting :roll: Mébon c'est pour la bonne cause :^^:

Sinon la TCC cey le bien 8) Un psy américain célèbre (Elis ou un truc du genre) aurait écrit que les phobies sont des névroses stupides que les gens intelligents se mettent en travers de leur chemin. J'apprends donc en ce moment à accepter "l'imprévisibilité" humaine et à me fier à ma capacité de réaction, d'adaptation pour faire face aux situations que je ne sais/peux pas anticiper, mais qui m'empêchent jusqu'à présent d'avancer...

Un truc de dingue, mais elle a compris ça très vite chez moi quand je lui ai expliqué que je faisais de l'escalade sur neige/glace avec crampons et piolets sans corde avec environ 1000m de dénivelé de vide sous moi, dont 300m de falaises verticales :euh:

Quand je maitrise tout, tous les paramètres d'une situation précise, ça va, comme c'est le cas pour l'escalade ou pour descendre en ski par là où je suis monté :^^:. C'est quand j'ai trop de paramètres inconnus, imprévisibles, bref des trucs d'humains, de relations humaines que je perds pieds.

Je sens donc que ça avance. Au moins cet aspect du contact physique avec l'autre et de l'acceptation de la non maîtrise de son environnement quotidien. Ça fait réellement tout bizarre, j'en suis qu'à mes débuts, mais apparemment ça devrait aller vite maintenant.

Ah si, elle me dit que je suis épuisant, car elle doit sans cesse tout m'expliquer, tout détailler avant que je ne me lance... C't'étonnant :ninja: Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? :innocent:
spécimen
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Re: La résilience

Message par spécimen »

Je me résigne à remonter ce post, je suis désolé, car je ne me vois pas en créer un neuf pour ça.

Je suis mal, je suis super mal. Pour moi, c'est aussi lourd à gérer et à porter que la découverte de mon homosexualité il y a 3 ans déjà.
Pourtant, je le sais depuis bien plus longtemps, même si j'en ai conscience depuis environ l'âge de 12/13 ans, c'est quelque chose qui est devenu tellement "naturel", tellement systématique, tellement instinctif, tellement vital peut-être aussi, que je n'ai jamais remis en question ce mode de fonctionnement/réaction. C'est peut-être sans doute ce qui m'a permis de vivre de façon cohérente et sécurisée... ou pas. Car je m'aperçois aujourd'hui - pffiouh putain seulement maintenant à mon âge... j'en ai les larmes aux yeux :snif: de devoir le concéder - que ça me bloque, que ça m'isole des "autres", que ça me prive de relations humaines normales.

Depuis tout petit, quand vous avez été habitué à être montré du doigt, à être rejeté, quand vous avez été confronté à ressentir de la honte, de la gêne, du malaise, quand vos parents vous laissent à de parfaits inconnus pendant trop longtemps pour faire soigner et s'occuper de leur toute petite fille gravement handicapée , quand vous n'avez reçu aucune marque d'affection parentale...
Depuis tout petit, quand vous avez essuyé la sévérité et l'exigence de vos parents, quand vous avez dû faire face à la violence chaotique et imprévisible de votre sœur (à en terminer à l'hôpital...), quand vous êtes autant soumis autant au regard des autres, quand vous passez plus de temps avec votre nounou qu'avec vos parents, vous éprouvez, à un moment ou à un autre, une certaine difficulté à rester serein, à rester stable, à accorder ne serait-ce qu'une once de confiance aux autres.
Je ne nie pas que cette hypersensibilité a dû certes sérieusement amplifier ces ressentis tous aussi négatifs les uns que les autres. Je ne suis pas en train de dire que j'ai vécu une enfance, puis une adolescence particulièrement pauvre, misérable ou difficile. J'ai aujourd'hui une situation matérielle que je qualifie de convenable, et je la dois à mes parents. Mais physiquement et psychiquement, je pense j'ai dû essuyer plusieurs tempêtes en plein apprentissage de la vie.

Très vite, le seul et unique refuge, au moins mental, fut l'isolement et la lecture. Avec une imagination si débordante, il était facile de s'imaginer un monde "gentil", calme, sécurisé, peuplé de personnages gentils aux valeurs irréprochables issus tout droits de mes nombreuses lectures. La contrepartie, c'est de considérer que le monde extérieur, le vrai, le réel, était hanté a contrario de personnes qui ne vous veulent que du mal.
Dans ces conditions, comment interpréter une marque d'attention, un compliment, une remarque positive, un relatif intéressement, une attirance, un léger rapprochement aussi infime soit-il ?

Bah, c'est là que ça se corse. Forcément déjà vous ne comprenez pas que vous puissiez susciter le moindre intérêt chez quelqu'un d'autre. Habitué aux brimades, à toujours faire mieux, au toujours jamais assez bien, aux quolibets, c'est forcément suspicieux, c'est forcément pour faire mal, pour blesser, c'est un calcul pour mieux trahir ensuite. D'un seul coup, vous régressez dans la peau de ce petit garçon qui a dû affronter tous ces trucs négatifs dès l'école primaire ! Comment c'est possible, jamais vécu, jamais ressenti d'affection réelle de la part de quelqu'un pendant plus de 18 ans, comment c'est possible de considérer que ce n'est pas pour faire du mal la personne que l'on a en face de soi et qui s'intéresse un tant soit peu à vous ?!? Forcément, vous n'entrevoyez que la fuite. Vous n'avez pas envie de ressentir, et dans la chair, et dans les limbes du cerveau tous ces aiguillons acérés et cruels pénétrer sournoisement jusqu'à un douleur indicible, honteuse et insupportable.
C'est inconcevable, vous n'avez jamais rien fait de bien dans votre vie, comment pouvez-vous attirer ou susciter de l'amitié envers quelqu'un d'autre ?!?

Le plus symptomatique certainement c'est quand votre supérieur hiérarchique, voire même le patron qui vient vous féliciter pour votre travail ! En réponse, vous lâchez forcément "euh ben non hein, je n'ai rien fait d'exceptionnel, c'est mon travail, je suis payé pour ça, et en plus ça ne me convient pas ce que j'ai fait de toute façon personnellement"
Quand quelqu'un flashe sur une photo que vous avez faite, vous répliquez "euh, je n'ai rien fait de spécial hein, j'étais juste là au bon endroit, au bon moment. Et puis de toute façon, c'est beaucoup moins bien/beau que la réalité"
Cela en devient un réflexe inconscient ! Tout ce que vous entreprenez, tout ce que vous faites, n'est jamais assez bien. Il manque toujours ce petit plus qui permettrait d'atteindre la perfection ! Et cela résonne comme une sempiternelle litanie, au début parentale quand vous êtes mineur, puis une "auto"litanie quand vous devenez majeur. Inconsciemment, vous reprenez le "flambeau/l'étendard" de vos parents, de votre entourage qui vous conspuait ou vous maltraitait dans une sorte d'auto-flagellation du toujours plus, toujours mieux, toujours honteux, toujours débile, toujours décalé, toujours bon à rien.

C'est poussé à un tel point que finalement, vous en venez même à vous demander si votre référentiel est le bon, si votre libre arbitre ou votre jugement n'est pas biaisé. Et puis non, ce n'est pas possible de toute façon vous avez toujours évolué comme ça. Forcément ce sont les autres qui veulent faire leur coup en douce, qui veulent faire du mal. C'était quotidien depuis tout jeune, alors pourquoi ça cesserait aujourd'hui ?
Et puis dans les médias, vous voyez ces criminels, ces crimes passionnels, ces lynchages, ces caillassages, ces viols, ces individus malsains qui ont fait beaucoup de mal autour d'eux par pur plaisir. Tout ceci vous est complètement étranger, complètement incompréhensible, absolument inconcevable.
Tout ces sentiments se mélangent entre réalité et fantasmes, s'interconnectent, se percutent pour enfin se cristalliser en une peur, une angoisse sourde et pesante, une frayeur pressante qui pousse à la fuite, à la suspicion. Et vous vous retrouvez systématiquement comme un con, seul, à fuir ceux qui vous portent un infime intérêt, qui vous adressent une infime gratitude. C'est tellement systématique et naturel, que vous avez l'impression d'être né comme ça. Il ne peut en être autrement, cela s'impose à vous comme une évidence qui vous éloigne irrémédiablement des autres et de toutes possibilités de relations humaines. C'est comme un instinct de survie, ce petit garçon qui ne comprenait rien à ce qui lui arrivait, mais pour autant qui ressentait un vif rejet, une vive douleur, revient d'une force inimaginable en souvenir, et vous force à fuir. C'est plus fort que vous.

A fortiori, je comprends mieux maintenant mes expériences passées où je ressentais des sentiments amoureux envers des personnes. Les 6, 7 fois que cela m'est arrivé, je réalise à présent qu'il s'agissait d'un amour impossible, d'une personne intouchable ou hors de portée. C'était systématiquement à l'attention de personnes dont les sentiments n'étaient pas réciproques à mon égard. Je ne sais pas comment le formaliser, mais je pense on est capable de savoir/deviner au moins intuitivement si la personne dont on tombe amoureuse est, au moins, encline à un rapprochement. Pour mon cas, a posteriori, je pense je savais à l'avance que c'était impossible...

Bref, tout ce long pavé pour dire que c'est lourd, que c'est pesant, que c'est sclérosant, mais que c'est terriblement naturel et instinctif dans la façon dont j'entreprends mes relations, qu'elles soient amicales ou amoureuses. Et je ne sais pas comment m'y prendre pour surmonter cela. Je ne sais pas comment m'en sortir tellement c'est incoercible, tellement des souvenirs aussi lointains ont pu ainsi traverser tant d'années jusqu'à aujourd'hui encore à 36 ans. J'en viens même à considérer que je n'y arriverai jamais en fait.

PS : je voudrais remercier quelqu'un, qui par son MP :copain: m'a fait entrevoir les bonnes questions, je vais te répondre dans la foulée ce soir.
Zibeline
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Re: La résilience

Message par Zibeline »

Bonjour,

Je n'ai pas lu en entier tout le topique mais en diagonal :oops:

On peut dire que je suis moi aussi en phase de résilience. Après avoir passé une adolescence difficile & une entrée dans l'âge adulte fracassante et autodestructrice, j'ai été amené à faire des démarches de soins primordiaux. J'étais contre mais je n'avais pas tellement le choix.
Et puis je suis tombée sur de bons professionnels, j'ai été soutenue par certains de mes amis et ma mère. Je me suis sortie du gouffre dans lequel j'étais tombée même si je reste très fragile.
Le problème c'est que mes traumatismes passés, je les avais rayé de ma mémoire et ils sont remontés à la suite d'un autre trauma du même ordre.
Jusque là je ne savais pas mettre de mots sur mon mal être; je trouvais des excuses, des raisons à mes angoisses... Aujourd'hui, je peux, je peux en parler, j'ai des personnes qui savent m'écouter et j'ai entrepris un travail sur moi. Je sais que je suis loin d'être la seule même si beaucoup on vécu bien bien pire.

J'ai beaucoup lu Boris Cyrulnik, l'ensemble de ses livres (sauf les deux derniers) et je l'ai vu une fois en conférence. C'est vraiment une personne que je respect et ça me fait un bien fout de le lire; cela donne simplement beaucoup d'espoir.

Ce qui me permet de tenir également, ce sont les activités culturelles, l'art, aller à des concerts, faire du sport... Bref avoir des choses qui qui nous plaisent vraiment, et qui permettent de nous redonner confiance et de se sentir plus en harmonie avec son corps. S'engager dans des luttes, dans des associations... Et se donner du temps, être patient car on ne résout pas tout en quelques séances de thérapie.
J'ai commencé il y a quatre ans mais j'ai vite abandonné, vite replongé et recommencé. Il y a eu des hauts, des moments d'espoirs, et des bas, de désillusion.
Ca fait parti du processus, il faut l'accepter et se montrer indulgent envers soi-même.

J'ai lu un livre sur le traumatisme:
Image

C'est un livre qui parle beaucoup du SSPT et de ses mécanismes, afin de comprendre, et des clés pour enrayer le mécanisme, des conseils, des exercices... Bien entendu ça ne se substitut pas à un professionnel mais c'est une aide en plus qui donne beaucoup d'espoir et qui fait du bien :) D'autant plus qu'il s'agit d'un ouvrage simple à lire & à la porté de tous.


@ spécimen
: Je ne peux que t'encourager à poursuivre tes efforts. Sois indulgent envers toi-même et surtout patient. Il y aura toujours des hauts et des bas, des phases de renoncement. Il faut apprendre à ne pas paniquer: ce n'est parce qu'on rechute que tout le travail accompli est foutu, non, au contraire.
Lorsqu'on a grandi avec des carences affectives, il faut savoir qu'il est impossible dans sa vie d'adulte de les récupérer. Il faut apprendre à vivre avec car c'est possible. Tu as grandi avec des carences, ton comportement se base donc en grande parti la dessus dans tes relations aux autres. Déjà tu sembles lucides sur certains mécanismes et c'est très bien :wink: C'est souvent très long de venir à bout de ces foutus mécanismes de défense autour desquels on a organisé notre fonctionnement; il faut du temps; mais c'est faisable.

Ou en es-tu dans ton travail? Vois-tu toujours une psy? Tu continus la TCC?

Courage à toi :copain:
Tempérance
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Re: La résilience

Message par Tempérance »

Je n'aurais pas mieux expliqué tout ceci Zibeline :D

Je plussoie donc ! :gentil:

Ayant lu la plus grande partie des ouvrages de Boris Cyrulnik portant sur la résilience, je suis d'accord avec ton analyse.

Ayant eu une enfance traumatisante, j'ai été impressionné par ses recherches, ses fulgurances et les clefs qu'il nous donne pour continuer à vivre et à avancer le mieux possible. Je peux même dire que c'est à partir de ce moment là que ma "route de vie" s'est éclairée et que tout en continuant à me battre pour être autonome dans la "vraie vie", j'ai compris le pourquoi de certaines de mes réactions hors de propos avec des situations somme toute commune à beaucoup de gens.

Mon parcours n'était pas plus facile mais je vivais mieux les difficultés pour y arriver parce que je me comprenais un peu mieux et surtout j'avais vu que nous étions pas mal dans cette situation (avec des vécus différents bien entendus) mais avec des difficultés relationnelles qui se retrouvaient.

C'est un véritable parcours à faire sur soi, on "tombe" souvent mais la différence, c'est que l'on sait que l'on pourra se relever.

Les deux mots que j'ai retenu c'est :
- La pugnacité dans ses choix de vie, comme le dit Zphyr "Surtout ne lâchez rien !" :gentil: (le smiley, c'est moi qui le rajoute hein ! :huhu: )
- L'indulgence pour soi même, à avoir trop souvent entendu que "nous" n'étions que des m****des (pour faire court, pas la peine d'en rajouter et de se faire du mal inutilement :mrgreen: ), l'autodestruction a été notre seule porte de sortie pour y survivre alors que nous avons tous une valeur intrasèque et qu'elle ne demande qu'à exister. Qui peut nous dire qu'elle n'a aucun droit de citer dans la communauté humaine ?

Une fois cette question posée, le seul "ennemi" à surveiller de près, c'est nous-même, d'où l'indulgence a avoir envers nous même, mais tout en étant en même temps pugnace dans ces efforts, l'équilibre est à trouver. Pas facile, c'est certain mais pour ma part, et c'est un avis personnel, je me souviens souvent que toute petite, je ne voulais qu'une seule chose, c'est vivre "comme tout le monde" et cela je penses l'avoir réussi, le reste, c'est la cerise sur le gateau et ....j'ai accepté aussi d'apprendre à apprécier la vie au quotidien avec ses plaisirs, ses rencontres, ses cadeaux, ses émerveillements, et la multitude de gens que j'ai rencontré au grès de mes combats et de mes heureuses "découvertes", une autre partie de l'apprentissage pour savoir vivre ensemble.

Heureuse de t'avoir lu Specimen, tu as la force en toi, tu arriveras à trouver tes marques et avancer petit à petit, espère dans tout ce que tu vas faire et découvrir au fil du temps, chaque rencontre est un début de promesse, chaque découverte est un début d'un bout de route, et comme le dit Nomade : Si si, la vie est belle. :D
spécimen
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Re: La résilience

Message par spécimen »

Merci Zibeline et Tempérance :copain:

En fait, j'ai commencé à lire Boris Cyrulnick - Le vilain petit canard, mais dès le premier chapitre, il y avait trop de choses qui entraient en résonance avec ma réalité. D'un côté c'est rassurant de ne pas se sentir seul, mais de l'autre, il y avait comme une honte, comme un malaise à être ainsi découvert alors que j'ai passé toute ma vie à enfouir tout ça au plus profond de moi-même, là où les "autres" ne peuvent le voir.
C'est comme une amputation, une mutilation honteuse avec laquelle j'ai d'énormes difficultés à entrer en paix.

La TCC que j'ai entamée fin 2009, début 2010 a permis de m'approprier mon corps. Un corps d'adulte, et non pas un corps d'enfant soumis à la vindicte ou au invectives du passé. Bon ça j'ai mis du temps à le comprendre, mais à présent par exemple j'embrasse pour dire bonjour. Je ne rentre plus en transe dans un geste de défense quand, quelqu'un trop proche de moi, fait de trop brusques et amples mouvements...
Par exemple les fêtes de Bayonne et celles de Dax se sont beaucoup mieux déroulées au milieu de la foule et du bruit. Elles se sont bien mieux passées car, ça y est, j'ai trouvé les réelles limites/frontières physiques de mon corps avec lesquelles je peux désormais exister et m'imposer/trouver une place parmi les autres.
Bon, il y a encore des petits réglages comme pendant un feu d'artifice, où je dois être à peu près le seul mec de 36 ans à se boucher les 2 oreilles avec ses mains face aux bruits déclenchés par les explosions des bombes pyrotechniques... Mébon, c'est beaucoup moins handicapant qu'avant. Ça a au moins le mérite d'amuser les amis avec qui je suis lors d'un feu d'artifice :roll:

La TCC m'aura au moins permis de régler, d'ajuster ces problèmes physiques que j'avais avec les autres, avec la foule, avec les gestes trop brusques, avec les bruits inattendus.
Mais c'était un arbre qui cachait une forêt. Derrière ce symptôme évident de réactions physiques "décalées" dans le cadre d'une situation banale, il y a également ce fichu mental ultra conditionné.

Et j'ai l'impression que ce réflexe de "défense psychique" est encore plus ancré au plus profond de moi que les manifestations physiques dont je souffrais jusqu'à présent. Depuis mars 2010, j'ai arrêté la TCC car j'avais rempli l'objectif et le contrat que je m'étais fixé. Mais je ne pensais pas qu'il y avait ce truc de fuite en avant dès que quelqu'un s'approche, s'intéresse trop près de moi. Enfin si j'en avais conscience, mais cela relève tellement de l'instinct de survie que cela me semble inimaginable de remettre en question cette réaction "d'auto-défense"...

Bref... à souligner également que je ne pense pas être jamais entré dans une phase d'auto-destruction comme vous semblez l'indiquer Zibeline et Tempérance. C'est également ce qui me fait penser que ce n'est peut-être pas de résilience dont je souffre mais "juste" d'un conditionnement psychique dans des situations très particulières que je ressens dangereuses.
Je ne pense pas non plus être très sévère, ou très critique envers moi-même. Je dirais même plutôt en fait que je "m'ignore". Je solde mes réactions d'un "ce n'est pas grave, c'est comme ça après tout".
MC
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Re: La résilience

Message par MC »

bonjour Specimen,

déjà bravo pour tout ton parcours et ton honnêteté à l'écrire, à te confier ici. Je trouve ça à la fois très généreux et très grand.

Concernant les compliments que tu as du mal à recevoir, c'est quelque chose qui me parle. Ce qui m'a (m'aide encore), c'est d'écouter jusqu'au bout l'autre, en le regardant. J'essaie de rester calme et de vraiment être "présent" au moment où il me parle, de regarder ses yeux et sa bouche qui ME sourit, d'entendre les mots et le sens qu'ils ont. Et j'essaie de laisser cette douceur m'atteindre et me faire du bien, me réconforter, me rendre fière aussi.

Au travail, j'ai noué de bonnes relations avec certains collègues et ils connaissent mon manque de confiance en moi. Aussi, lorsqu'ils me font des compliments sur la qualité d'un travail, ils me disent en souriant: "tais toi et savoure."
En contrepartie, quand quelque chose ne va pas, ils me le disent aussi; en toute franchise.

Peut être que ça peut te donner quelques pistes :).

bon dimanche
spécimen
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Re: La résilience

Message par spécimen »

J'ai lu ton topic dans la section filles. Je crois nous sommes l'alter ego l'un de l'autre par ce que je ressens quand je te lis.

Au boulot aussi, mes collègues ont remarqué que je réagissais plutôt "violemment" aux félicitations. D'ailleurs, je remarque même que je suis plus enclin à accepter facilement les critiques que les félicitations :roll:

Une fois, j'en ai même chialé comme un gosse quand l'un d'eux a insisté et m'a demandé de le laisser finir jusqu'au bout :snif: C'est con c'est vrai mais je n'ai pas l'habitude :oops: de ce genre d'attention à mon égard. Mais ça me met tellement mal à l'aise que je préfère couper court. J'ai plus l'impression d'usurper, d'être un imposteur quand je reçois des avis encourageants/positifs.

A essayer de tester la prochaine fois qui se présentera, mais encore une fois, c'est tellement naturel, que ça m'apparaît limite saugrenu de tenter de solutionner ces réactions.

Merci en tout cas de partager ton expérience également MC :gentil:
kendira
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Re: La résilience

Message par kendira »

J'ai parcouru toutes les interventions et j'avais envie de mettre mon petit grain de sel après avoir longuement hésité car il est difficile pour moi de parler de ce que j'ai pu vivre pendant mon enfance_adolescence.Je suis en plein questionnement actuellement sur ma façon de fonctionner vis à vis de tout ce que j'ai pu vivre de traumatisant .J'ai pensé jusqu'à peu de temps encore que j'étais peut etre dotée de cette capacité à surmonter mes traumatismes car je n'ai jamais entrepris de démarches(sérieuses et durables) auprès de spécialistes,je n'ai donc jamais été aidée.J'ai eu une vie,disons à peu près "équilibrée" en couple, trois enfants avec lesquels(heureusement) je n'ai pas reproduis le meme schéma vécu ..
Je suis bien consciente de tout ce que j'ai subi et ne pense pas avoir été ou etre dans le déni.J'ai disons mené une vie "en faisant avec".J'ai mené mon train train avec des périodes d'émergences du passé que j'essayais de refouler du mieux que je pouvais.Je suis dotée d'une mémoire impressionnante concernant le passé et je dois avouer que cela ne me rends pas service.
Pendant toutes ces années,je me suis construis une espèce de carapace pour m'aider à avancer.Je vais puiser ma force,je ne sais ou mais je sens en moi une rage,un instinct de survie.Un peu comme si je me disais à moi meme "tu as traversé plein de choses pourries,tu vas quand meme pas t'arreter là..en cours de route??" Et j'ai toujours avancé, en me satisfaisant des choses simples de la vie,en profitant des bonnes choses.
Seulement,depuis quelques mois,mes vieux démons refont surface de plus en plus souvent et je suis lasse par moment d'affronter seule.Je me suis donc prise par la main assez récemment pour aller voir une psy dans une cmp locale.
Avant le premier rendez vous,je me disais "mais par quoi vais je donc commencer tellement y a de choses à dire?"J'avais aussi le sentiment que j'allais me retrouver comme devant un flic lors d'un interrogatoire.Enfin,des trucs un peu cons.
Au premier rendez vous,j'ai tout déballé dans les grandes lignes..et j'étais effondrée.Au deuxième rendez vous,léger retard de la psy avec le précédent rendezvous,j'ai été alors prise d'un sentiment de panique dans la salle d'attente.Paniquée à l'idée de devoir parler en détails du passé.J'ai pris la fuite et n'y suis plus retournée.
Entretemps,je me suis inscrite sur un forum de victimes car j'avais envie de lire des témoignages ,voir aussi si j'étais capable d'assister à un groupe de paroles(en novembre) dans ma région.
J'ai de nouveau pris rendez vous auprès de la meme psy en espérant que je ne panique pas.
Je ne sais pas si cela va m'apporter un quelconque soulagement.J'entends assez souvent dire qu'il faut trouver le bon psy sinon cela ne peut pas marcher mais franchement,je me vois mal en train de raconter à chaque fois, ma vie à des psy..jusqu'à trouver le bon.
Ceci dit,je me retrouve assez dans les écrits de Tempérance sur ce topic.
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