Aux profs! Aux amoureux de l'Histoire! Aux Scientifiques.

[Lyanes]

Peut être n'avez vous pas vu passer l'info, peut être nos médias-dépendants ont-ils fait leurs jobs.
Mais depuis le 23 novembre, on sait que Chatel, Ministre du Mamouth, veut suppressionner l'enseignement de l'Histoire Géo en Term S.

L'enseignement sera obligatoire en 1ère S, condensé sur l'année (avec 2h de cours en plus) et soumis à épreuve anticipée, au même titre que le Français.
En revanche, en Term, l'enseignement sera optionnel.

Qu'en pensez vous? Amis scientifique, que vous ont apporté ces heures d'HG en Term?
A l'heure des débats sur l'identité nationale, n'est on pas dans une situation complétement abérrante??

Et personnellement, je m'interroge sur la capacité de la France a former des jeunes gens de plus en plus pauvres en culture gé.
L'histoire des peuples, l'histoire des guerres, la géographie humaine, la géo-politique ne sont-elles pas des disciplines formant avant tout des citoyens responsables?

Pour se donner une idée de l'ampleur de la chose, allez voir par ici la tribune de Jacques Sapir, Directeur d'étude à l'EHESS (Ecole des Hautes Etudes En Sciences Sociales)

Jacques Sapir sur ContreInfo

Sur Rue 89: Rue 89
Sur Marianne 2: Marianne 2

... Et pour signer la pétition lancée dimanche par l'asso des Profs d'histoire Géo:

Appel pour le maintien d'un enseignement obligatoire d'Histoire et de Géographie en Terminale scientifique

L’Assemblée Générale de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG), réunie le dimanche 29 novembre 2009 au Lycée Saint Louis à Paris :
- Condamne et rejette tout projet de réforme des Lycées aboutissant à la disparition de l’Histoire et de la Géographie dans les classes de Terminale scientifique
- Exige le maintien d’un enseignement obligatoire en Terminale scientifique (TS) débouchant sur une épreuve au Baccalauréat
- Souligne combien l’Histoire et la Géographie éclairent fondamentalement les débats contemporains sur les identités, les cultures, les territoires et la mondialisation.

Pour signer c'est par ici...
Appel de l'APHG

[Eosyn]

ahaha

si j'avais pu zapper les cours d'histoire géo dès la seconde j'aurais été ravie! (non pas que je n'aime pas savoir, mais disons que je lisais tout le bouquin au lieu de réviser le chapitre en cours et que donc je me tapais 5 de moyenne xD).


Par contre, de mes souvenirs, je vois mal comment rajouter 2h dans l'emploi du temps de première S: on supprime la possibilité de suivre des cours en options? :s

Je vois pas l'intérêt d'une telle démarche en fait...

en plus, en 1ere si mes souvenirs sont bons, on apprend une nouvelle façon de rédiger un devoir d'histoire géo, et mois j'étais archi nulle, la terminal m'a permis de remonter un peu mon niveau. Je ne suis pas sûre que ce soit gérable pour tout le monde sur une seule année.

[Sarablue]

Moi je trouve juste ça honteux.
Allons-y, rayons du programme une partie de notre histoire, n'expliquons plus aux gens les tenants et les aboutissants du fonctionnement du monde d'aujourd'hui. Faisons des générations de cons sans passé.
C'est parfait.

[aldo]

Euh, comme si l'enseignement actuel de l'Histoire-Géographie en première-terminale avait pour but essentiel de nous donner une culture général. D'ailleurs, si ça n'a pas changé, les épreuves consistent essentiellement à jouer au petite historien, en pseudo-analysant de pseudo-documents, tout en recrachant un peu son cours. Bof bof...

Pour ma part, j'aurais tendance à considérer que la culture générale en histoire-géographie, elle devrait se faire plus tôt, au collège et au seconde. Je ne vois donc pas nécessairement cette supression comme un danger, une menace pour l'Esprit de nos chères têtes blondes. Après, c'est comme pour toutes les réformes, même si on ne désapprouve pas l'idée générale il faut faire attention aux petits détails : où seront placées ces 2h en plus en première ? Que fera-t-on des heures libérées en terminale ?

Typiquement, si l'histoire-géographie était remplacée en terminale par de véritables cours d'éducation civique donnée par des professeurs compétents, ça ne serait pas un mal. Est-il normal qu'en sortant du lycée dans des filières générales, on ne sache pas exactement comment fonctionne nos institutions ? Qu'on ne sache pas un minimum ce qu'est le droit, comment marche la justice ? Oui, j'ai dit « professeurs compétents », et je sous-entends véritablement que certains ne le sont pas pour enseigner l'éducation civique. Mon année de terminale, c'était notre prof d'histoire-géo qui s'en chargeait, et pour lui le Conseil d'État c'était un autre nom du Conseil constitutionnel...

[thib8500]

Tout de suite les grands mots !
Il ne s'agit pas de supprimer l'enseignement de l'histoire géo pour la série S, mais de le regrouper et de donner une option en terminale (on pourrait donc avoir potentiellement plus d'histoire qu'actuellement). Et cela ne va faire des êtres sans passé (d'ailleurs, c'est sympa de traiter ceux qui ne sont pas allé à l'école, faute d'institution ou alors tout simplement parce que l'histoire n'est pas partie intégrante de leur culture, d'être sans passé).
Le problème, c'est que le programme d'histoire géo en S est actuellement trop chargé et qu'aucun prof ne réussi à le terminer. Je suis personnellement pour une réforme, avec un enseignement apportant moins de contenu mais beaucoup plus de méthode.

Ensuite, on entend toujours que les élèves ont trop de travail, mais si un ministre propose d'enlever des heures de cours ou des allègements de programme, on râle tout de suite. Alors comment faire ? Doit-on rogner sur les heures de sport pour fabriquer des molassons et priver d'activité physique ceux qui n'ont pas les moyens d'en faire en dehors de l'école ? Doit-on supprimer des heures de maths ou de bio au risque de faire un bac S pas S du tout ?

Faire un programme scolaire, c'est vraiment essayer de résoudre la quadrature du cercle.

[petit_pois]

je trouve que la réforme telle qu'elle a été annoncée est plutot une bonne chose

[Sarablue]

(d'ailleurs, c'est sympa de traiter ceux qui ne sont pas allé à l'école, faute d'institution ou alors tout simplement parce que l'histoire n'est pas partie intégrante de leur culture, d'être sans passé).

Je suis bien désolée mais quand je vois les lacunes en matière d'histoire des gens qui nous entourent je suis juste stupéfaite.

J'ai bien conscience que je passe pour une illuminée mais j'en ai foutrement rien à taper.
On perd progressivement notre orthographe, qui est elle-même issue de notre histoire puisque les mots tels que nous les connaissons sont le fruit de l'évolution de notre langue, de notre culture, de nos moeurs.
On nous impose des réformes sous prétexte que la langue se modifiera de toute manière (ce qu'on ne souligne pas c'est que la langue s'est modifiée naturellement justement par l'histoire, et non pas artificiellement parce qu'on a décidé d'un coup que les gens peinaient trop en dictée)
Maintenant, on veut alléger le programme. Certes, je sais bien que le programme est lourd et qu'étant en constante évolution il ne s'allègera jamais sauf si on décide de donner des coups de cutter dedans.
Mais quand on voit que déjà les matières littéraires et de sciences humaines sont considérées comme quantité négligeable et souvent boudées par les élèves que ça saoule, je me dis qu'en proposant ça comme une option, on risque de voir les classes d'histoire-géo désertées et que la connaissance de notre histoire, du monde qui nous entoure et de tout ce qui fait que nous vivons ainsi aujourd'hui sera bientôt anihilée.
On commence par rendre ça optionnel en terminale, mais est-ce qu'on ira pas plus loin?
Je suis consciente de la difficulté de rendre attractif ce genre de cours, du nombre de choses à apprendre à l'école en constante croissance mais je trouve que commencer à optionnaliser des matières qui, à moi, me semblent primordiales, c'est ouvrir la porte à la perte de notre culture.
Je n'ai pas de solution à proposer, mais, ça me fait peur pour l'avenir de constater qu'on pense à ce genre de chose.

Et, je ne balance pas de gadin à ceux qui n'ont pas eu la chance d'étudier à l'école, je dis simplement qu'en décidant que l'histoire -géo est une moindre valeur, on s'expose à avoir des génération de gens qui ne savent même pas pourquoi ils parlent français et pas latin ou allemand. Et pour moi, ça c'est très triste.


Par contre je suis tout à fait d'accord quant au fait que l'éducation civique est super négligée et que ça devrait aussi être enseigné de manière sérieuse plutôt qu'à la va vite par un prof d'histoire - géo déjà pressé de boucler son programme et qui traite ça par dessus la jambe.

[zphyr]

...Et on oublie ce faisant la réforme de l'histoire des arts ! Comme pour toutes ces matières peu importantes et qui encombrent les emplois du temps, il n'y a qu'une solution : Le syndrôme du B2I (Brevet informatique et internet )

Vous prenez une matière embarrassante parce emblématique (informatique, apprentissage des arts, éducation civique, histoire-géo...) et qui monopolise quand-même vachement de profs pour rien (parce qu'il faut encore en dégager des dizaines de milliers). Alors vous faites un truc inventé par des petits génies pour le B2I : Pas de profs, pas d'heures de cours pour la matière, mais chacun ira de sa petite pierre à l'intérieur de son cours de français, de maths, de sciences, de philo... et devra "valider des compétences" que mes collègues n'ont même pas ! C'est cool ! Sur le papier, quel bel enseignement nous avons là ! sur le terrain c'est la cata, et les quelques profs qui jouent le jeu au lieu de jouer au loto sur la grille des compétences, s'arrachent les cheveux entre leur programme et tout ce qui doit être abordé en plus !

Je vous raconte ça, parce que en Lycée professionnel on est en train d'en vivre les conséquences : ma matière (Arts Appliqués) disparaît peu à peu (disparition de l'option pour les CAP), les inspecteurs d'hist-géo nous ont piqué l'histoire des arts pour tenter de survivre (comme l'ECJS, d'ailleurs) mais ils vont y passer aussi, et on se dirige vers un enseignement composé des uniques fondamentaux, avec des miettes optionnelles pour ceux qui obtiennent des moyens (pas dans la Nièvre, par exemple !)

Pour revenir au sujet initial : on lance l'idée (parfois judicieuse) on fait comme si (c'est-à-dire, on supprime les heures, mais on oublie de les rajouter ailleurs, ou on le fait en sachant très bien que ce n'est pas possible dans les emplois du temps de première), et on se retrouve avec une suppression et c'est tout.

et encore des postes qui sautent.

[Moooooog]

Moi je trouve juste ça honteux.
Allons-y, rayons du programme une partie de notre histoire, n'expliquons plus aux gens les tenants et les aboutissants du fonctionnement du monde d'aujourd'hui. Faisons des générations de cons sans passé.
C'est parfait.

Mais c'est précisément le but, la volonté est plutôt d'étatiser l'histoire pour en faire un mythe, "comme au bon vieux temps"... Une façon de réécrire l'histoire pour mieux imposer une doctrine, dont on peut déjà dessiner la tendance... Je ne suis donc pas du tout étonné de cette mesure, contrairement à Jacques Sapir (qui leur laisse peut-être volontairement le bénéfice du doute).

La lettre de Guy Môquet en est un exemple. A force de nous rabâcher sa lettre sans prendre le temps d'expliquer le contexte, nous finissons tous par nous dire "ah rappelons nous de ces résistants qui nous ont libéré du vil occupant". Mais voilà, Guy Môquet n'était pas résistant et n'a pas été exécuté pour ces raisons, mais bel et bien dans cet esprit revanchard de la France de Pétain -qui collaborait si bien- contre le Front Populaire.

Est-il utile de revenir sur le "rôle positif de la colonisation" proposée, défendue, et votée par un certain Christian Vanneste...?!

Je diverge en revanche avec Jacques Sapir sur le "débat" sur l'identité nationale. On se construit en tant qu'individu baigné dans une culture, une histoire, un environnement, et c'est comme ça que nous nous forgeons avec notre diversité, qui constitue ce pays. Lancer un tel "débat" c'est vouloir réduire cet état de fait à sa plus simple expression avec une vision unilatérale, tout en prenant le risque tout à fait assumé de faire ressortir les vieux démons xénophobes en période pré-électorale. Au delà de ce dangereux calcul cynique, il n'y a même pas l'ombre d'un doute sur la vision attendue de cette dite identité quand en plus ce débat est censuré et orienté. La seule chose qui peut être faite contre un tel procédé est de le démonter, mais certainement pas d'y participer.

Et que dire de cet extrait du discours du 3 Mai 2007 à Montpellier "Mais nous n’avons pas à rougir de l’histoire de France. La France n’a pas commis de génocide, elle n’a pas inventé la solution finale."...

Mais revenons à la suppression de l'histoire-geo, c'est évident que très peu d'élèves prendront cette option, qui contient quand même au programme des sujets aussi "peu importants" que:

Première S:
I - L’âge industriel en Europe et en Amérique du Nord du milieu du XIXe siècle à 1939 (8h)
1 - Industrialisation et croissance et ses transformations scientifiques, techniques, sociales et idéologies
2 - La société de l’âge industriel

II - La France de 1900 à 1939(12h)
1 - Tableau de la France à la “Belle Époque”, constitutions de partis et domination des radicaux, large consensus républicain et patriotique
2 - Les Français dans la Première Guerre mondiale, et prolongements comme l'apaisement des luttes religieuses, organisation du souvenir, évolution des rôles féminin et masculin
3 - Les années 1930, les réponses apportées à la crise par le Front populaire

III - Les totalitarismes et la guerre (12h)
1 - Les totalitarismes, études des spécificités des totalitarismes, fondements, objectifs, et pratiques qui mettent l'homme et la société au service d'une idéologie d'état
2 - La Seconde Guerre mondiale, le rôle du régime de Vichy, les différentes formes de collaboration, les compostantes et l'action de la Résistance intérieure et de la France libre

Terminale S :
I - Les relations internationales depuis 1945 (12h)
1 - La guerre froide (1947-1991)
2 - Le nouvel ordre mondial, l'arrivée des Etats Unis comme unique superpuissance après la disparition de l'union soviétique, l'affirmation de l'islamisme

II - Colonisation et indépendance (8h)
1 - La colonisation européenne et le système colonial
2 - La décolonisation et ses conséquences, l'organisation des empires, les modalités de la présence et de l'influence européennes, les modes d'exploitation économique, l'émancipation des peuples dominés, les difficultés économiques et sociales des nouveaux état indépendants

III - La France de la Ve République (12h)
1 - Un nouveau système républicain, le principe de souveraineté nationale, le nouvel équilibre entre les pouvoirs, la séparation de l'exécutif et du législatif, les choix électoraux
2 - Économie, société, culture, les mutations des structures économiques et sociales, évolution de la population, modes de vie, pratiques culturelles et croyances
3 - La France dans le monde, constantes de la politique étrangère, le rôle de lan France dans les institutions internationales, sa place dans les échanges mondiaux, les formes de présence française dans le monde

C'est vrai que quand je lis ces résumés, je me dis que cette matière a bien lieu de devenir optionnelle pour les élèves qui seront peut-être amené à occuper un poste à responsabilités...! En tous cas nombre des sujets abordés tombent bizarrement dans l'escarcelle de ce à quoi s'attaque le gouvernement depuis quelques temps : le Front populaire, les totalitarismes, le rôle de Vichy, la colonisation, l'affirmation de l'islamisme, le système républicain... Non vraiment c'est étrange...

En tous cas, merci Lyanes pour ces liens intéressants.

[Rusalka]

Je suis radicalement contre ! C'est tout bonnement ridicule, l'histoire et la géographie font partie des fondamentaux !
Comme dit plus haut, elles sont élémentaires pour la culture personnelle, mais aussi la méthode, le regard critique, et toute cette batterie de capacités nécessaires à la constitution de têtes pensantes, pas seulement intelligentes, mais aussi capables d'utiliser cette intelligence.

Comme pour les livres... on nivelle par le bas, c'est ridicule, et c'est se moquer des Français. Le gouvernement ne décide pas pour la France, mais pour une poignée de têtes et fortunes bien placées .