Je suis toujours soufflée par le fait que le désir de maternité est présentée comme une norme, un passage obligé, qui nous prendra toute. Tandis que, dans "la vraie vie des gens que je connais", il m'est arrivé on ne peut plus souvent que des filles me confient n'avoir aucune envie d'être mère, et être quasiment certaines de ne jamais le vouloir. Mais le confient comme un secret, puisque socialement, en le disant haut et fort, dans le meilleur des cas elles devraient essuyer les éternels "ça viendra quand tu rencontrera le bon / avec l'horloge biologique"., et autre phrases qui avec dédains insinuent que tu n'est pas apte à avoir un libre arbitre - et que la société sait mieux que toi comment tu dois vivre ta vie, et dans le pire, elles serait marqués d'infamies, vue avec suspicions, "si elle ne veut pas d'enfant c'est qu'elle est mauvaise, qu'elle a un problème".
Tant que l'accès à la stérilisation, (et surtout, aussi, au stérilet pour les femmes même jeunes et n'ayant jamais enfanté) ne sera pas permis à cause de barrières que mettent des médecins qui confondent déontologie et idéologie, les femmes sans enfants ne réussiront pas à s'émanciper de leur statut social de "sous femmes", puisqu'il sera présenté comme socialement légitime de considérer qu'elles n'ont pas le droit de choisir, ou plus qu'elles ont le droit de choisir, mais que l'un des deux choix sera forcement une erreur, une aliénation, une hystérie de jeunesse de laquelle il faut les protéger - ces femmes, éternelles mineurs devant la médecine.
Le désir de ne pas être mère.
Le désir de ne pas être mère.
Je crée un petit topic sur le sujet, car un article sur mademoizelle (dérivé d'un article sur offensive libertaire) m'a suscité une réaction, et que comme je me suis appliqué à l'écrire, ce point de vue, je me disais "autant le partager avec vous".
Re: Le désir de ne pas être mère.
Ca rejoint le sujet que j'avais ouvert un peu
http://www.et-alors.net/forum/viewtopic.php?f=5&t=20345

http://www.et-alors.net/forum/viewtopic.php?f=5&t=20345
Re: Le désir de ne pas être mère.
oh oui, je me disais bien qu'y en avait un qui devait rejoindre, mais j'ai pu retrouvé
Mes confuses.

Mes confuses.
Spoiler : :
Re: Le désir de ne pas être mère.
Cela dit, je suis contente qu'un article ait été écrit pour donner la voix à celles que je représentais peut être un peu illégitimement ![Très drole ! =]](./images/smilies/oldsite_icon_turned.gif)
![Très drole ! =]](./images/smilies/oldsite_icon_turned.gif)
Re: Le désir de ne pas être mère.
Ah mais tout à fait 
Disons que ça tombe a un moment ou 4 amies différentes - et de tout bord - m'aient parlé de leur désir de non-enfant, chacune venant avec les même inquiétudes : celle du regard désapprobateur et très violent de la société.
Donc oui, que ces filles (des articles) aient explosé le tabou, je trouve ça franchement cool
(Puis je fais partie de ces femmes, donc je suis contente d'entendre ces voix)

Disons que ça tombe a un moment ou 4 amies différentes - et de tout bord - m'aient parlé de leur désir de non-enfant, chacune venant avec les même inquiétudes : celle du regard désapprobateur et très violent de la société.
Donc oui, que ces filles (des articles) aient explosé le tabou, je trouve ça franchement cool

(Puis je fais partie de ces femmes, donc je suis contente d'entendre ces voix)
Re: Le désir de ne pas être mère.
Après ni putes ni soumises, les indignés, moi je vote pour la création des Indignes ! Parce que là j'écoute les jérémiades d'une bonne mère de famille depuis bientôt une heure, avec tout ce qu'elle fait de bien pour eux en crachant à volonté sur son ex, chose qu'elle fait aussi manifestement devant eux aussi et c'est un plaidoyer en faveur de la stérilisation...
Autrement je trouve d'autant plus ironique que l'accès à ce droit voulu soit aussi entravé par le corps médical, quand on sait que la stérilisation est une étape obligatoire des parcours trans' pour obtenir un changement d'état civile (alors que la stérilisation, au moins d'un coté, n'est en rien une obligation chirurgicale de base). Comme quoi, la frontière des genres, sociaux comme biologiques sont bien gardés en France.
Autrement je trouve d'autant plus ironique que l'accès à ce droit voulu soit aussi entravé par le corps médical, quand on sait que la stérilisation est une étape obligatoire des parcours trans' pour obtenir un changement d'état civile (alors que la stérilisation, au moins d'un coté, n'est en rien une obligation chirurgicale de base). Comme quoi, la frontière des genres, sociaux comme biologiques sont bien gardés en France.
Re: Le désir de ne pas être mère.
Merci Norma pour l'info.
J'ai moi-même dû batailler pour obtenir la pose d'un stérilet
(et en plus, je douille sévère) pour toutes sortes de raisons arbitraires.
Je retiens par ailleurs ce paragraphe de l'article d'offensive libertaire :
Sans vraiment demander leurs avis aux parents et à la cousine alors âgée d'une dizaine d'années, et qui ne rêve que d'avoir des enfants
.
Le discours et l'information à 2 vitesses en France sont particulièrement dommageables.
(dans la même veine, j'ai croisé une info sur le RISUG (chez Maïa Mazaurette), dommage que personne d'autre n'en parle)
J'ai moi-même dû batailler pour obtenir la pose d'un stérilet

Je retiens par ailleurs ce paragraphe de l'article d'offensive libertaire :
Qui a réveillé un éccho relativement douloureux : ma cousine, atteinte d'un syndrome lambda qui l'empêchait de grandir a dû prendre des hormones, des piqures, des trucs et des machins. Mais en plus, l'hôpital a détecté une petite anomalie sur 1 ovaire. La décision médicale a été sans appel : ablation des 2 ovaires.offensive libertaire 26 mars 2012 a écrit :L’hôpital, la hiérarchie du chirurgien décide de donner son avis, comme des dizaines d’autres gynécologues. Pourtant des femmes stérilisées en France sous décisions ou pressions du corps médical, il y en a beaucoup : après quatre enfants et (d’origine) non françaises, folles, transgenres, handicapées, toxicomanes… Elles n’ont pas décidé.


Le discours et l'information à 2 vitesses en France sont particulièrement dommageables.
(dans la même veine, j'ai croisé une info sur le RISUG (chez Maïa Mazaurette), dommage que personne d'autre n'en parle)
Re: Le désir de ne pas être mère.
Oh c'est intéressant ce sujet tiens !
A vrai dire, je vais surement me faire lyncher mais je me demande si pour beaucoup ce désir de ne pas être mère ne serait pas plus une crainte de, soit ne pas pouvoir être à la hauteur, soit ne pas avoir une suffisamment bonne image du monde pour vouloir offrir cette vision à d'autres, soit... ce doit être assez personnel en fait.
Je sais que moi je n'en veux pas pour les raisons que j'ai cité plus haut, mais après, ça peut évoluer, je suis pas fixée. Je sais jamais ce que la vie peut me réserver.
Au même titre que celles qui ont un désir d'enfant ont leurs raisons, ce serait intéressant de chercher les raisons aussi pour celles qui ont un non-désir d'enfant. A titre personnel toujours. J'en conviens que les généralités ne sont aucunement à tirer là dedans.
Enfin, c'est clair qu'il y a un choix plus reconnu par l'autre par la société. C'est dommage, ça enferme l'un et l'autre dans leur truc, et les empêche de se poser les bonnes questions pour soi, et peut-être d'évoluer...

A vrai dire, je vais surement me faire lyncher mais je me demande si pour beaucoup ce désir de ne pas être mère ne serait pas plus une crainte de, soit ne pas pouvoir être à la hauteur, soit ne pas avoir une suffisamment bonne image du monde pour vouloir offrir cette vision à d'autres, soit... ce doit être assez personnel en fait.
Je sais que moi je n'en veux pas pour les raisons que j'ai cité plus haut, mais après, ça peut évoluer, je suis pas fixée. Je sais jamais ce que la vie peut me réserver.
Au même titre que celles qui ont un désir d'enfant ont leurs raisons, ce serait intéressant de chercher les raisons aussi pour celles qui ont un non-désir d'enfant. A titre personnel toujours. J'en conviens que les généralités ne sont aucunement à tirer là dedans.
Enfin, c'est clair qu'il y a un choix plus reconnu par l'autre par la société. C'est dommage, ça enferme l'un et l'autre dans leur truc, et les empêche de se poser les bonnes questions pour soi, et peut-être d'évoluer...
Dernière modification par Erual le mar. avr. 03, 2012 12:22 pm, modifié 1 fois.
Re: Le désir de ne pas être mère.
Mon amie Valérie a eu les mêmes commentaires pendant des années lorsqu'elle disait qu'elle n'était pas sûr de vouloir un enfant et qu'elle n'en aurait peut-être pas étant sans emploi et son mec n'ayant qu'un job un peu aléaoire...
Bref, elle considérait que si elle devait avoir un enfant, c'était seulement si financièrement elle pouvait le gérer correctement. Ce à quoi les gens la regardaient souvent avec des yeux ronds : "comment peux-tu résumer un enfant à quelque chose de financier ? C'est la plus belle chose qui soit au monde, le reste est secondaire..." Voilà le genre de conneries auxquelles elle avait droit.
Finalement, sa situation sociale s'améliorant un peu, en accord avec son mec, elle a arrêté la pilule et le bébé est arrivé quasi instantanément.
Mais ses ennuis ne sont pas réglés pour autant puisque les mêmes cons lui disent à présent : "et le 2eeee, c'est pour quand ?"
Et lorsqu'elle répond : "y aura pas de 2e parce que je veux que ma fille ne soit privée de rien et si y a un 2e gosse, je pourrai pas financièrement leur payer des cours de tennis ou de foot ou de dessin, etc." : même incompréhension, le commentaire ad hoc étant : "un enfant c'est triste, deux enfants c'est mieux".
Mon collègue Christophe, lui, a eu 3 enfants mais les cons sont quand même après lui : "Rrrrrrrrroooooooo, 3 filles, c'est pas de chance ! Vous ne voulez pas essayer de faire un petit garçon ?"
(ça marche aussi dans l'autre sens, je vous rassure. Testé avec un autre collègue : "Rrrrrrrrroooooooo, 3 garçons, c'est pas de chance ! Vous ne voulez pas essayer de faire une petite fille ?")
Enfin voilà, l'histoire des gosses sucite généralement une foule de réflexions à deux balles...
Je crois que cela tient au mythe de : l'existence a forcément un sens = le but de l'existence, c'est le bonheur = le bonheur c'est un boulot, un couple hétéro, deux enfants (un garçon, une fille) = si tu as atteint tout ça, tu peux crever, on en a plus rien à foutre de toi, on ne vient te faire chier que quand tu es vieux : "et vos enfants, ils ne vous donnent pas de petits enfants... Ils n'en veulent pas ??? rrooooo, ils sont pas normaux, qu'est-ce que vous leur avez fait pour qu'ils ne veuillent pas être parents, espèce de pevers dégueulasses ?"
Ben oui, c'est rassurant de voir la vie comme une succession d'étapes à franchir dont le niveau final serait le Bonheur. Donc, dès que quelqu'un commence à remettre ça en cause par des discours du genre : "le bonheur, ça n'existe pas, en tout cas pas comme une finalité", "les enfants n'apportent pas forcément le bonheur, on peut être heureux et épanoui sans enfants", "les homosexuels aussi peuvent être heureux, l'hétérosexualité n'est pas la seule voie possible pour être bien dans sa life..." Ben ça fait flipper, on se dit que y a pas de recette miracle à suivre religieusement à la lettre et que si ça se trouve, ben on va avoir tout faux, rater sa vie, ne jamais trouver le bonheur... C'est tellement flippant pour certain de se dire que la vie n'a peut-être aucun sens en fait...
C'est plus confortable de se dire que le sens de la vie, c'est le bonheur, et que le bonheur, c'est d'avoir des enfants...

Bref, elle considérait que si elle devait avoir un enfant, c'était seulement si financièrement elle pouvait le gérer correctement. Ce à quoi les gens la regardaient souvent avec des yeux ronds : "comment peux-tu résumer un enfant à quelque chose de financier ? C'est la plus belle chose qui soit au monde, le reste est secondaire..." Voilà le genre de conneries auxquelles elle avait droit.
Finalement, sa situation sociale s'améliorant un peu, en accord avec son mec, elle a arrêté la pilule et le bébé est arrivé quasi instantanément.
Mais ses ennuis ne sont pas réglés pour autant puisque les mêmes cons lui disent à présent : "et le 2eeee, c'est pour quand ?"
Et lorsqu'elle répond : "y aura pas de 2e parce que je veux que ma fille ne soit privée de rien et si y a un 2e gosse, je pourrai pas financièrement leur payer des cours de tennis ou de foot ou de dessin, etc." : même incompréhension, le commentaire ad hoc étant : "un enfant c'est triste, deux enfants c'est mieux".
Mon collègue Christophe, lui, a eu 3 enfants mais les cons sont quand même après lui : "Rrrrrrrrroooooooo, 3 filles, c'est pas de chance ! Vous ne voulez pas essayer de faire un petit garçon ?"
(ça marche aussi dans l'autre sens, je vous rassure. Testé avec un autre collègue : "Rrrrrrrrroooooooo, 3 garçons, c'est pas de chance ! Vous ne voulez pas essayer de faire une petite fille ?")
Enfin voilà, l'histoire des gosses sucite généralement une foule de réflexions à deux balles...
Je crois que cela tient au mythe de : l'existence a forcément un sens = le but de l'existence, c'est le bonheur = le bonheur c'est un boulot, un couple hétéro, deux enfants (un garçon, une fille) = si tu as atteint tout ça, tu peux crever, on en a plus rien à foutre de toi, on ne vient te faire chier que quand tu es vieux : "et vos enfants, ils ne vous donnent pas de petits enfants... Ils n'en veulent pas ??? rrooooo, ils sont pas normaux, qu'est-ce que vous leur avez fait pour qu'ils ne veuillent pas être parents, espèce de pevers dégueulasses ?"
Ben oui, c'est rassurant de voir la vie comme une succession d'étapes à franchir dont le niveau final serait le Bonheur. Donc, dès que quelqu'un commence à remettre ça en cause par des discours du genre : "le bonheur, ça n'existe pas, en tout cas pas comme une finalité", "les enfants n'apportent pas forcément le bonheur, on peut être heureux et épanoui sans enfants", "les homosexuels aussi peuvent être heureux, l'hétérosexualité n'est pas la seule voie possible pour être bien dans sa life..." Ben ça fait flipper, on se dit que y a pas de recette miracle à suivre religieusement à la lettre et que si ça se trouve, ben on va avoir tout faux, rater sa vie, ne jamais trouver le bonheur... C'est tellement flippant pour certain de se dire que la vie n'a peut-être aucun sens en fait...
C'est plus confortable de se dire que le sens de la vie, c'est le bonheur, et que le bonheur, c'est d'avoir des enfants...

Re: Le désir de ne pas être mère.
Mais c'est ahurissant !!!!Rusalka a écrit :0
Qui a réveillé un éccho relativement douloureux : ma cousine, atteinte d'un syndrome lambda qui l'empêchait de grandir a dû prendre des hormones, des piqures, des trucs et des machins. Mais en plus, l'hôpital a détecté une petite anomalie sur 1 ovaire. La décision médicale a été sans appel : ablation des 2 ovaires.Sans vraiment demander leurs avis aux parents et à la cousine alors âgée d'une dizaine d'années, et qui ne rêve que d'avoir des enfants
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