Découverte sur le sida (libé 03/03/08)
Découverte sur le sida (libé 03/03/08)
Voici un article de Sylvestre Huet, journaliste à Libération, paru dans ce même journal le 03/03/08. Le contenu encourageant est à prendre avec la distance de rigueur prévalant lors de toute découverte scientifique (confirmation, exploitation, délais de réalisation pour toute application médicale).
Une découverte majeure sur le sida
Depuis le début de l'épidémie de sida, des personnes porteuses du virus mais non malades intriguent les scientifiques.
Une équipe canado-américaine animée par Rafick-Pierre Sékaly directeur d'une unité de recherche l'INSERM implantée à Montréal - cela peut surprendre, mais l'Inserm finance un de ses labos au Canada - vient de découvrir la protéine qui joue un rôle décisif dans cette résistance.
Du coup, cette découverte, tout en expliquant un mystère de l'immunologie et de la médecine, ouvre la voie à des recherches sur un traitement du sida qui pourrait être complètement différent des thérapies actuelles, mais aussi pour l'ensemble des maladies immunodéficientes ou provoquées par des virus, ainsi que pour les problèmes de rejets lors des transplantations d'organes ou de greffe de moelle.
voici le communiqué de l'INSERM à ce sujet. Et ici l'article paru dans Nature Medecine.
Le laboratoire du professeur Rafick-Pierre Sékaly est présenté ici. Voici également sa fiche de présentation à l'occasion de sa nomination pour une chaire de recherche à l'Université de Montréal, l'une des plus grandes universités francophones du monde. Cette unité Inserm a été créée en mars 2005, suite à des collaborations étroites entre chercheurs de l'Inserm et chercheurs québecois. Baptisée Unité 743, elle regroupe une cinquantaine de personnes en plusieurs équipes. Déjà en 2006, l'équipe de Sékaly avait publié un article majeur dans Nature Medicine sur le sida.
Un extrait de sa fiche de présentation explique l'origine de sa découverte :
«M. Sékaly croit que d'autres traitements peuvent sauver le système immunitaire chancelant en restaurant sa capacité de lutter contre le virus. A cette fin, il a besoin de mieux comprendre le fonctionnement du système immunitaire humain et la façon dont il maintient l'homéostasie. Les résultats ne s'appliqueront pas seulement aux domaines du sida et du VIH et offriront de l'espoir aux personnes qui souffrent du cancer et d'autres maladies virales qui s'attaquent au système immunitaire.
M. Sékaly désire en particulier comprendre comment fonctionne réellement l'infection à VIH. Par exemple, le VIH se réplique en s'emparant de cellules importantes, telles que les cellules CD4, mais il a découvert que les cellules CD4 ne sont pas en compétition avec certaines molécules (CMH de classe II). Il a également constaté que la tyrosine kinase, produit chimique associé aux CD4, n'est pas requise pour l'activation des lymphocytes T (globules blancs qui s'attaquent aux agents infectieux), mais peut réduire la vitesse de réplication du VIH. Nous comprenons donc mieux aujourd'hui comment les CD4 aident les lymphocytes T et détenons une explication possible des mécanismes sous-jacents aux déficits immunitaires observés chez les patients infectés par le VIH.
Chercheur de réputation mondiale, M. Sékaly est professeur titulaire de médecine, de microbiologie et d'immunologie à l'Université de Montréal et directeur de son laboratoire d'immunologie. Il est également fondateur et président du Centre national d'excellence CANVAC sur les vaccins et les immunomodulateurs utilisés pour lutter contre le cancer et les maladies virales chroniques.»
Le professeur Rafick-Pierre Sékaly a été reçu "docteur Honoris causa" de l'Université de Lyon-1 en septembre 2007 à l'occasion des XXe entretiens Jacques Cartier. Un honneur qui signalait aussi les relations fructueuses entre cette Université et l'Université de Montréal.
Voici par ailleurs in extenso le communiqué de l'Inserm :
Percée dans le domaine du VIH : des chercheurs identifient une protéine qui combat l’immunodéficience.
Des scientifiques publient les résultats de leurs recherches dans l’édition préalable en ligne de Nature Medicine.
Un groupe de chercheurs canado-américain a résolu un important mystère de la génétique : comment une protéine présente dans l’ADN de certains individus les protège contre des maladies immunodéficientes mortelles telles que le VIH. Dans la revue Nature Medicine les scientifiques expliquent comment la protéine FOX03a prémunit contre les attaques virales, soulignant au passage de quelle manière cette découverte pourrait contribuer au développement d’un vaccin contre le VIH.
« L’infection du VIH est caractérisée par une dégénérescence graduelle des lymphocytes T, particulièrement les cellules de la mémoire centrale, lesquelles peuvent intervenir dans la protection permanente contre les virus », explique le chercheur principal Rafick-Pierre Sékaly, professeur à l’Université de Montréal et chercheur au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, directeur de l’Unité de recherche en immunologie humaine, laboratoire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) implanté à Montréal.
« Notre groupe a découvert l’importance vitale de la protéine clé FOX03a pour la survie des cellules de la mémoire centrale, endommagées chez les sujets séropositifs même lorsqu’ils suivent un traitement », ajoute le Dr Sékaly. Le scientifique a effectué ses recherches avec des collègues du CHUM et de l’Inserm, dont Elias El Haddad et Julien van Grevenynghe. Jean-Pierre Routy, chercheur au Centre universitaire de santé McGill et professeur à l’Université McGill, et Robert S. Balderas, vice-président à la recherche et au développement à l’institut BD Biosciences de San Diego (Californie), ont également collaboré.
La protéine FOX03a préserve la mémoire immunitaire
Les recherches qui ont mené à cette avancée médicale portaient sur trois groupes de sujets masculins : un premier groupe d’individus séronégatifs au VIH, un second groupe d’hommes séropositifs dont l’infection était contrôlée avec succès grâce à une trithérapie et un troisième groupe séropositif n’affichant aucun symptôme. Ces derniers, nommés contrôleurs élites, résistaient à l’infection sans traitement parce que leur système immunitaire, qui aurait normalement dû être attaqué par le VIH, conservait sa mémoire immunitaire résiliente par le biais de la régulation de la protéine FOX03a.
« Étant donné leur résistance complète à l’infection au VIH, ces contrôleurs élites représentent le groupe d’étude idéal pour illustrer de quelle manière les protéines sont responsables du maintien d’un système immunitaire doté d’une bonne mémoire antivirale », explique le Dr Haddad. « Il s’agit de la première étude effectuée sur des êtres humains plutôt que sur des animaux à se pencher sur la protection du système immunitaire contre les infections et à établir le rôle fondamental de la protéine dans la défense du corps. »
Au-delà du traitement contre le VIH, le Dr Sékaly estime que la découverte de son équipe est très prometteuse pour d’autres maladies immunodéficientes. « La découverte de la protéine FOX03a permettra aux scientifiques d’élaborer des thérapies adaptées à d’autres maladies virales qui affaiblissent le système immunitaire, telles que le cancer, l’arthrite rhumatoïde, l’hépatite C, de même que les rejets observés dans la transplantation d’organe ou la greffe de la moelle osseuse », dit-il.
Paul L’Archevêque, président-directeur général de Génome Québec, fait l’éloge du Dr Sékaly et de son équipe pour leur percée; il rend également hommage aux personnes qui ont participé à cette étude. « Cette découverte représente une avancée majeure dans notre compréhension, pour la première fois chez l’homme, de la réponse immunitaire lors de l’infection au VIH. Ces résultats, qui découlent directement de recherches cofinancées par Génome Québec démontrent bien l’importance de la recherche en génomique pour l’amélioration de la santé humaine. »
Partenaires de recherche :
Cette recherche a été réalisée grâce à l’appui d’institutions publiques et privées au Canada, en France aux États-Unis : l’Université de Montréal, le CHUM, le CUSM, Génome Canada, Génome Québec, le Fonds de la recherche en santé du Québec, les Instituts de recherche en santé du Canada, les National Institutes of Health, l’Inserm et BD Biosciences.
Une découverte majeure sur le sida
Depuis le début de l'épidémie de sida, des personnes porteuses du virus mais non malades intriguent les scientifiques.
Une équipe canado-américaine animée par Rafick-Pierre Sékaly directeur d'une unité de recherche l'INSERM implantée à Montréal - cela peut surprendre, mais l'Inserm finance un de ses labos au Canada - vient de découvrir la protéine qui joue un rôle décisif dans cette résistance.
Du coup, cette découverte, tout en expliquant un mystère de l'immunologie et de la médecine, ouvre la voie à des recherches sur un traitement du sida qui pourrait être complètement différent des thérapies actuelles, mais aussi pour l'ensemble des maladies immunodéficientes ou provoquées par des virus, ainsi que pour les problèmes de rejets lors des transplantations d'organes ou de greffe de moelle.
voici le communiqué de l'INSERM à ce sujet. Et ici l'article paru dans Nature Medecine.
Le laboratoire du professeur Rafick-Pierre Sékaly est présenté ici. Voici également sa fiche de présentation à l'occasion de sa nomination pour une chaire de recherche à l'Université de Montréal, l'une des plus grandes universités francophones du monde. Cette unité Inserm a été créée en mars 2005, suite à des collaborations étroites entre chercheurs de l'Inserm et chercheurs québecois. Baptisée Unité 743, elle regroupe une cinquantaine de personnes en plusieurs équipes. Déjà en 2006, l'équipe de Sékaly avait publié un article majeur dans Nature Medicine sur le sida.
Un extrait de sa fiche de présentation explique l'origine de sa découverte :
«M. Sékaly croit que d'autres traitements peuvent sauver le système immunitaire chancelant en restaurant sa capacité de lutter contre le virus. A cette fin, il a besoin de mieux comprendre le fonctionnement du système immunitaire humain et la façon dont il maintient l'homéostasie. Les résultats ne s'appliqueront pas seulement aux domaines du sida et du VIH et offriront de l'espoir aux personnes qui souffrent du cancer et d'autres maladies virales qui s'attaquent au système immunitaire.
M. Sékaly désire en particulier comprendre comment fonctionne réellement l'infection à VIH. Par exemple, le VIH se réplique en s'emparant de cellules importantes, telles que les cellules CD4, mais il a découvert que les cellules CD4 ne sont pas en compétition avec certaines molécules (CMH de classe II). Il a également constaté que la tyrosine kinase, produit chimique associé aux CD4, n'est pas requise pour l'activation des lymphocytes T (globules blancs qui s'attaquent aux agents infectieux), mais peut réduire la vitesse de réplication du VIH. Nous comprenons donc mieux aujourd'hui comment les CD4 aident les lymphocytes T et détenons une explication possible des mécanismes sous-jacents aux déficits immunitaires observés chez les patients infectés par le VIH.
Chercheur de réputation mondiale, M. Sékaly est professeur titulaire de médecine, de microbiologie et d'immunologie à l'Université de Montréal et directeur de son laboratoire d'immunologie. Il est également fondateur et président du Centre national d'excellence CANVAC sur les vaccins et les immunomodulateurs utilisés pour lutter contre le cancer et les maladies virales chroniques.»
Le professeur Rafick-Pierre Sékaly a été reçu "docteur Honoris causa" de l'Université de Lyon-1 en septembre 2007 à l'occasion des XXe entretiens Jacques Cartier. Un honneur qui signalait aussi les relations fructueuses entre cette Université et l'Université de Montréal.
Voici par ailleurs in extenso le communiqué de l'Inserm :
Percée dans le domaine du VIH : des chercheurs identifient une protéine qui combat l’immunodéficience.
Des scientifiques publient les résultats de leurs recherches dans l’édition préalable en ligne de Nature Medicine.
Un groupe de chercheurs canado-américain a résolu un important mystère de la génétique : comment une protéine présente dans l’ADN de certains individus les protège contre des maladies immunodéficientes mortelles telles que le VIH. Dans la revue Nature Medicine les scientifiques expliquent comment la protéine FOX03a prémunit contre les attaques virales, soulignant au passage de quelle manière cette découverte pourrait contribuer au développement d’un vaccin contre le VIH.
« L’infection du VIH est caractérisée par une dégénérescence graduelle des lymphocytes T, particulièrement les cellules de la mémoire centrale, lesquelles peuvent intervenir dans la protection permanente contre les virus », explique le chercheur principal Rafick-Pierre Sékaly, professeur à l’Université de Montréal et chercheur au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, directeur de l’Unité de recherche en immunologie humaine, laboratoire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) implanté à Montréal.
« Notre groupe a découvert l’importance vitale de la protéine clé FOX03a pour la survie des cellules de la mémoire centrale, endommagées chez les sujets séropositifs même lorsqu’ils suivent un traitement », ajoute le Dr Sékaly. Le scientifique a effectué ses recherches avec des collègues du CHUM et de l’Inserm, dont Elias El Haddad et Julien van Grevenynghe. Jean-Pierre Routy, chercheur au Centre universitaire de santé McGill et professeur à l’Université McGill, et Robert S. Balderas, vice-président à la recherche et au développement à l’institut BD Biosciences de San Diego (Californie), ont également collaboré.
La protéine FOX03a préserve la mémoire immunitaire
Les recherches qui ont mené à cette avancée médicale portaient sur trois groupes de sujets masculins : un premier groupe d’individus séronégatifs au VIH, un second groupe d’hommes séropositifs dont l’infection était contrôlée avec succès grâce à une trithérapie et un troisième groupe séropositif n’affichant aucun symptôme. Ces derniers, nommés contrôleurs élites, résistaient à l’infection sans traitement parce que leur système immunitaire, qui aurait normalement dû être attaqué par le VIH, conservait sa mémoire immunitaire résiliente par le biais de la régulation de la protéine FOX03a.
« Étant donné leur résistance complète à l’infection au VIH, ces contrôleurs élites représentent le groupe d’étude idéal pour illustrer de quelle manière les protéines sont responsables du maintien d’un système immunitaire doté d’une bonne mémoire antivirale », explique le Dr Haddad. « Il s’agit de la première étude effectuée sur des êtres humains plutôt que sur des animaux à se pencher sur la protection du système immunitaire contre les infections et à établir le rôle fondamental de la protéine dans la défense du corps. »
Au-delà du traitement contre le VIH, le Dr Sékaly estime que la découverte de son équipe est très prometteuse pour d’autres maladies immunodéficientes. « La découverte de la protéine FOX03a permettra aux scientifiques d’élaborer des thérapies adaptées à d’autres maladies virales qui affaiblissent le système immunitaire, telles que le cancer, l’arthrite rhumatoïde, l’hépatite C, de même que les rejets observés dans la transplantation d’organe ou la greffe de la moelle osseuse », dit-il.
Paul L’Archevêque, président-directeur général de Génome Québec, fait l’éloge du Dr Sékaly et de son équipe pour leur percée; il rend également hommage aux personnes qui ont participé à cette étude. « Cette découverte représente une avancée majeure dans notre compréhension, pour la première fois chez l’homme, de la réponse immunitaire lors de l’infection au VIH. Ces résultats, qui découlent directement de recherches cofinancées par Génome Québec démontrent bien l’importance de la recherche en génomique pour l’amélioration de la santé humaine. »
Partenaires de recherche :
Cette recherche a été réalisée grâce à l’appui d’institutions publiques et privées au Canada, en France aux États-Unis : l’Université de Montréal, le CHUM, le CUSM, Génome Canada, Génome Québec, le Fonds de la recherche en santé du Québec, les Instituts de recherche en santé du Canada, les National Institutes of Health, l’Inserm et BD Biosciences.
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- Messages : 1399
- Inscription : dim. juil. 03, 2005 7:27 pm
Bon le vocabulaire scientifique m'échappe en partie même si j'étudie le VIH en cours, mais c'est une découverte très importante.
Vu que ce n'est pas le sida qui tue à proprement parler mais l'immunodéfience, une découverte qui la combat au mieux c'est une bonne nouvelle.
Enfin je vais lire l'article à fond pour essayer de tout saisir.
Vu que ce n'est pas le sida qui tue à proprement parler mais l'immunodéfience, une découverte qui la combat au mieux c'est une bonne nouvelle.
Enfin je vais lire l'article à fond pour essayer de tout saisir.

J'ai trouvé aussi l'article ! Je l'ai lu et c'est trés interessant ! Même si mes cours d'immunio remonte a 3 ans j'ai pu comprendre quelques trucs, notamment que cela donnerait une approche médicamenteuse complètement différente de l'actuelle et cela pourrait être complémentaire donc cela augmenterait encore plus les chances de survie. S'ils arrivent à identifier en détails pourquoi les porteurs sains sont pas atteints alors cela signifierait si un vaccin est réalisable la fin de la pandémie !
Enfin ne nous emballons pas ... mais soyons optimistes !
Enfin ne nous emballons pas ... mais soyons optimistes !

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- Messages : 3125
- Inscription : mer. mars 01, 2006 6:12 am
bah si vous etes quand meme une bande de rabajoies !! C'est pas parceque y'a eu des echecs qu'il faut etre désabusé ! Moi je dis bravo et meme si il s'avere par la suite que ca marche pas c'est pas grave ca nous aura deja permit de mieux comprendre des mecanismes de l'infection.eedee a écrit :+1Paulot a écrit :je veux pas être rabat-joie, mais c'est la combien-tième découverte majeure depuis trois ans?
Je trouve ca formidable de voir ce que peut trouver la recherche et ca me rend fier de vouloir y participer !
Certes il faut rester les pieds sur terre mais je refuse de minimiser l'impact d'une telle decouverte.