Désolé de contribuer aussi peu au forum, mais j’ai beaucoup de travail, du coup je ne peux pas y consacrer trop de temps.
Il y a tellement à dire sur cette exposition que je ne sais trop par où commencer, toujours est-il que, pour moi, il s’agit d’une abomination et pour une fois je suis vraiment soulagé par une décision de justice qui me rende fier de mon pays. Je ne comprends pas comment un tel spectacle, sordide, violant toutes les loi éthiques mais aussi probablement une bonne partie du code pénal ait pu passer sans encombres dans plusieurs démocraties occidentales.
Invoquer l’éthique dans cette affaire n’a rien à voir avec la volonté d’un retour à l’ordre moral. L’éthique dans sa forme actuelle a été théorisée après 1945, suite aux horreurs suscitées par les travaux de Josef Mengele* et autres Aribert Heim, ce n’est pas une manifestation de la bien-pensance judéo-chrétienne et politiquement correcte, mais réellement quelque chose destiné à protéger l’individu. Je ne pense pas qu’on puisse pas appliquer ces règles rétroactivement aux écorchés de Fragonnard, ils sont là, tant pis on les garde, ils n'étaient pas interdits quand ils furent réalisés.
Là, l’artiste s’approprie les cadavres, or d’après ces règles le corps humain ne peuvent faire l’objet de propriété. Je ne mets pas de guillemets à artiste pour ne pas tomber dans la provocation à deux balles, mais si la personne en question considère son travail comme art, alors la loi lui interdit d’avoir accès aux cadavres. En effet à moins d’avoir un but pédagogique ou scientifique la loi dispose que les cadavres doivent être incinérés ou inhumés (au passage elle précise même quel type de cercueil peut être utilisé et quand on doit le refermer), en clair il est interdit de trimballer des morts et je crois que c’est en ce sens qu’allait le jugement en première instance.
Ensuite, il aurait fallu obtenir un consentement des personnes (et de leur vivant), sans même considérer le fait que la Chine soit une dictature brutale et qu’un document écrit puisse faire l’objet de réserves quant à la réalité d’un tel consentement, les organisateurs sont incapables de les produire : d’ailleurs sur leur site ils précisent que le jugement en deuxième instance leur demandait lesdits consentements et au lieu de les fournir (et pour cause, ils ne les ont pas obtenus ?) ils ont préféré se pourvoir en cassation (je ne suis pas juriste mais je crois que c’est comme ça que l’on dit), j'appelle ça botter en touche moi...
D’après ce que j’ai lu comme commentaires à son sujet, le contenu scientifique de l’expo est un peu juste : des légendes succintes quand elles ne sont pas erronées (je ne suis pas allé voir par moi même) et leur site est à l’avenant : en première page on a un “ exposition interdite ” qui clignote en rouge – non sans rappeler les unes de la presse à scandale faisant état de leurs condamnations par la justice , et qui en réalité servent d’argument de vente : achetez nous, vous en aurez plein la vue, des images interdites par la justice toussa... Le coup classique de l’alibi scientifique pour faire du sensationnel, finalement c’est bien du voyeurisme.
Mais bon des reproductions en cire, aussi réalistes puissent-elles être ne sont largement pas à la hauteur en ce qui concerne le goût du public pour le morbide. Je ne doute pas que toutes les personnes du forum ayant vu l’exposition soient de bonne foi, mais en ce qui me concerne, je réprouve totalement ce genre d’initiative.
* Un point Godwin : mais je le justifie après, c’était pour répondre à ça
Moilux a écrit :
Cette éthique, exhibée de façon bien plus indécente que ces corps, n'est qu'un conservatisme (hum, mauvais jeu de mot ?) puant et un traditionalisme archaïque.
que personne n’avait commenté jusqu’à présent.
Et sinon :
popy a écrit :
Faut arrêter de trop sacraliser les cadavres humains.
L'âme, l'esprit, j'y crois pas. Quand c'est dead, c'est dead. Plus que de la chair inerte et sans vie.
On a le droit de le penser, mais dans l'état actuel des choses la loi dit le contraire. Et les juges qui ont pris en charge cette affaire sont obligés de respecter la loi.