Je vais intervenir dans ce débat pour reprendre un thème qui me plaît bien :
L'empathie, ou comment un animal c'est malheureux parce que ça souffre.
Petit extrait de Crownie a écrit :Je ne dis pas que les omnivores doivent savoir tuer leur viande, mais qu'ils doivent être en mesure de le voir faire, pour se représenter la détresse que cela représente pour un animal d'être mis à mort, et peut être s'interroger sur leur bonne volonté à y consentir.
L'équivalent pour un végétarien serait donc de supporter la vue d'une moissonneuse batteuse en pleine exercice. j'ai survécu à une telle expérience, et j'augure qu'un nombre écrasant de personnes pourra également le faire sans ciller.
Je baserai mon discours sur celui d'aesoper qui dit plein de choses intéressantes.
Après il y a l'argument sur "les plantes sont vivantes aussi", et que le véganisme impose le meutre de végétaux. A l'exception du fruitarianisme option fruit tombé + je dissémine le noyau. Mais l'intuition morale la plus partagé est qu'il y a une différence entre les deux. La compassion s'étend plus facilement vers les animaux qui ont plus de conscience et peuvent exprimer une peine plus visible. Il faut noter que la culture de végétaux impose la meutre massif d'insectes, de rongeurs et d'oiseaux. Mais ca n'adresse pas le problème central, celui de l'intention et de la minimisation du meutre.
Compassion : Sentiment qui porte à plaindre et à partager les maux d'autrui. La racine latine est formée de "cum" qui signifie "avec", et de "patior", qui signifie "souffrir". Je ne pense pas avoir à expliciter davantage, c'est assez parlant. C'est un peu ce concept que Crownie reprend avec joie en mettant au défi les gens de ne pas flancher devant un abattage d'animal. Effectivement, ça peut être une expérience assez traumatisante, puisqu'on se dit "Ça pourrait être ma patte/mon bras qui se fait arracher", et on se doute très bien du genre de sensation désagréable que ça procure. "Ça pourrait être mon sang qui gicle partout", "Mes viscères qui dégoulinent" (NB: Prendre un animal aussi gros que possible pour un effet garanti), bref, la liste est longue. Et il est effectivement moins traumatisant de voir un arbre se faire couper parce qu'on se dit "Ça pourrait être mon tronc qui se fait tronçonn... Ah non, c'est vrai, je n'ai PAS de tronc. Et je n'ai ni sève brute ni sève élaborée pour suinter de mes tiges - que je n'ai pas - coupées" (ouais, parce qu'il y a deux types de sève, info cadeau du jour)
Donc forcément, c'est plus dur de ressentir de la compassion pour un végétal. C'est très différent de nous, un végétal. Ca n'a pas de système nerveux central, pas de nerfs, donc ça ne ressent pas la douleur. Donc ça se tronçonne avec joie.
Sauf que la douleur, c'est quoi ? C'est un stress, comme le dit Spécimen depuis quelques pages (car oui, tu es lu ! Réjouis toi, ô élu ! Bref). Un signal qui dit "retire ta main, si tu la laisses ici ça va empirer" ou "Fichtre, ce membre est en mauvais état, tu devrais essayer d'en prendre un peu plus soin en attendant qu'il aille mieux". Sauf que (toujours Spécimen, je t'aime spécimen, partons tous les deux pour un pays lointain !), les végétaux aussi ressentent du stress, stress qui induit des réactions certes pas toujours aussi visibles qu'un type en feu qui court partout en hurlant, mais des réactions qui ont bel et bien lieu cependant.
Le végétarisme et le véganisme me semblent des pratiques purement anthropocentrées : elles se basent sur la non-consommation de l'animal, qui nous ressemble, plus que le reste. Qu'est-ce qu'un végétal ? Rien de bien précis, en réalité. Plein de choses sont regroupées sous cette appellation, mais ce n'est pas une "famille biologique" au même sens que les animaux (métazoaires, pour le petit nom savant). Anecdote rigolote : Biologiquement parlant, un champignon est plus proche d'un lapin que d'un épis de maïs. (Mais le champignon ne se tortille pas non plus de douleur, c'est vrai - il est plus proche, mais pas
assez proche). Animaux dont nous faisons partie. Dont nous pouvons facilement imaginer la souffrance, puisque nous possédons aussi ce mécanisme. Mais souffrance ou pas, ce n'est qu'un signal de stress, qui transite et induit une réaction. Le même stress qu'un "végétal" ressent en cas de sécheresse, de parasites, quand il se fait brouter la feuille, ou quand il se fait récolter.
Parce que bon, c'est un peu ça à la base, le concept de Vie. Des petites cellules qui fonctionnent grâce à des mécanismes à la fois d'une complexité folle et d'une simplicité désarmante. Et qui font tout pour que ça continue, que ce soit en se spécialisant et en s'organisant en organismes ou bien en gérant toutes les fonctions nécessaires par elles-mêmes et en se promenant seules dans leur coin.
Du coup, je trouve très très TRÈS drôles les argumentaires basés sur le meurtre des animaux et leur souffrance et en quoi on a le droit de faire ça ? C'est monstrueux ! Ces pauvres bêtes menées à l'abattoir, exécutées de façon horrible !
Je répondrai ceci : c'est vous les monstres, si vous n'êtes pas capables d'un minimum d'abstraction pour comprendre ce qu'il y a derrière la souffrance. Pour se targuer de manger "éthique", il faut bouffer des cailloux. Voilà Crownie : c'est justement parce que tu es capable de résister sans broncher à la vue d'une moissonneuse-batteuse mais que tu pousses des hurlements d'horreur face à un abattoir qu'il faut immédiatement fermer ! que tu fais preuve d'un anthropocentrisme qui tend à m'écoeurer sur les bords, quand il ne me fait pas rire.
Et comme on ne finit pas une dissertation sans ouverture, voici la mienne : tout ça me fait bigrement penser au tabou de l'anthropophagie qui "grignoterait" l'arbre du Vivant.
(anthropo = homme, pour ceux qui se demanderaient depuis le début de mon message)
(Et je n'ai même pas abordé les arthropodes et autres insectes ! On pourrait bien rire avec ça aussi)
TL,DR : Le végétarisme, au titre de ne pas placer l'homme au dessus de l'animal, ne fait que placer l'animal à côté de l'homme et au dessus du reste. C'est assez drôle, non ?
TL,DR, Et T'Es Pas Clair : Quand on se targue de morale (au sens éthique du terme), on l'applique pas juste aux morceaux qu'on veut de façon arbitraire, sous prétexte qu'ils ont le poil soyeux.