Être fier de son homosexualité a à peu près autant de sens qu'être fier d'être gaucher : ça n'est en rien un trait dont on peut se gargariser
dans l'absolu.
Là où la fierté à un sens, c'est si on assume cette homosexualité comme un élément qui nous fait appartenir à une minorité qui a encore des droits à revendiquer par rapport à la majorité. Si on "se contente"
(ce n'est pas un jugement de valeur, je serais mal placé) de vivre son homosexualité sans jamais remettre en question l'oppression qu'on subit de la part de la société, alors non, il n'y a pas de quoi être fier. Si on milite un tant soit peu pour faire avancer la "cause homosexuelle" (qui n'est rien d'autre que l'égalité de traitement entre êtres humains), si on fait de son homosexualité (et de la façon dont on la vit) un élément politique qui permet d'amener un débat dans la sphère publique, alors oui, on peut être fier, ne serait-ce qu'au sens de "garder la tête haute face à l'adversité".
C'est en partie comme ça que je vis les gay prides. Certes, on s'amuse, il fait chaud, on danse et on mate. Mais on dit aussi aux autres "vous ne nous ferez pas taire, ni disparaître ; nous existons et nous sommes dignes d'être reconnus". Avant d'être des "marches des fiertés", ce sont pour moi des "marches des dignités".
Bon, je laisse d'autres que moi expliquer mieux que moi ce que j'essaie de dire.
Pour rebondir sur ce qu'a écrit Jayrem ("je ne suis pas fière d'être gay mais fière des efforts que je dois faire pour l'être car là je prouve quelque chose à moi-même"), j'ajouterai juste "à moi-même et aux autres".