C'est rigolo de nous répondre... bien plus d'un an après. Le débat est froid mais vos mots sont chauds, à défaut d'être chaleureux..
Débattons donc, puisque vous m'y invitez avec cette belle vivacité. Je fais très long, sûr ainsi que peu nous lirons et que cela restera, quoique public, entre nous
Dans tout ce qui suit, il va de soit que je ne remets pas en cause votre propre détestation de l'astrologie. Cela vous appartient totalement. Je m'intéresse aux arguments que vous nous proposez et selon lesquelles vous voudriez que nous cessions de défendre l'astro de près ou de loin - bref, selon lesquels vous nous demandez de changer nos comportements. Cela seul m'intéresse.
Si je reprends vos reproches :
1. Le premier est clairement ad hominem : vous m'accusez, par prétérition, de manipulation. Si vous maintenez cet argument, grand bien vous fasse, il est inutile que nous discutions donc.
Sinon, ce qu'il vous reviendrait ici, je crois : puisque l'argumentation antérieure était claire, reprenez-la et montrez-moi en quoi je n'y réponds pas. Soit effectivement, j'ai usé d'un subterfuge, soit je n'ai pas compris les arguments qui m'étaient opposés (et, oui, cela m'arrive). Comme le disait un de mes profs de maths, n'écrivez jamais "trivial" pour justifier d'une démonstration : si c'est trivial, il y a une raison simple, autant la sonner... et sinon c'est que ce n'est probablement pas trivial.
2. Si je vous lis bien, selon vous il vaut mieux se confier à "'un psychologue ou philosophe (voire même d'un prêtre") qui "ont d'avantage l'expérience de telles rencontres qu'un astrologue". Un astrologue n'aurait pas plus de connaissance que Monsieur ou Madame Toulmonde.
Vous ajoutez que "l'Astrologue n'offrirait qu'une diversion qui ne corrige en rien la source de quelque "maux", et qu'"exacerber la croyance en des faussetés pour se donner un pouvoir d'influence, est loin de quelque humanisme!"
Classification étrange ! Mais pourquoi pas ! Il est certain qu'à titre personnel, je ne mettrais pas les pieds chez un philosophe pour régler mes états d'âme ou mes dilemmes moraux - l'idée m'en fait assez rire, je vous l'avoue, ce qui ne signifie pas que j'ai raison d'en rire.
Pouvez-vous nous indiquer en quoi ce type de professionnels vaut mieux que l'astrologue ? En quoi le philosophe n'est-il pas, s'agissant de l'âme, un charlatan ? ou en tout cas identique aux Toulmonde ? Et un prêtre ?
Par ailleurs, j'aimerais comprendre, selon vous :
1. faut-il relever de l'humanisme pour soigner les gens (mais peut-être faudrait-il définir "humanisme", sinon nous risquons de parler dans le vague) ? Si oui, pourquoi ?
2. Y a-t-il plus, chez les astrologues de gens qui visent à "exacerber la croyance en des faussetés pour se donner un pouvoir d'influence" que chez, par exemple, les prêtres, les philosophes et les psychologues ? Et donc en quoi, donc, un astrologue est-il fondamentalement non humaniste ?
3. Et plus largement pourquoi l'astrologue, nécessairement, rendrait chronique tous maux et serait-il à ce titre dangereux ? Je connais les mêmes reproche s'agissant des prêtres, des philosophes (ho là oui, lire Rorty, Laruelle, Deleuze, Nietzsche probablement, etc.), des psychanalystes, etc. Alors pourquoi les astrologues plus que les autres ? En quoi sont-ils plus dangereux ?
Votre argument, que l'on trouve plus loin :
"Et on ne peut réfléchir sur soi et sa propre existence sans "déraper dans le champs" ou "dévoluer", quand on se sert de bases erronées dès le départ ! "
sans que j'entre dans sa discussion, ne peut pas me convaincre sur ce sujet.
Il est plus large que la seule astrologie, il me semble : il est très peu de disciplines à ne pas disposer de "bases erronées" quand il s'agit de réfléchir sur soi et sa propre existence ; en particulier, à suivre votre argument, à peu près toute la psychanalyse et toute la psychiatrie sont à jeter aux orties de ce qui peut servir à réfléchir sur soi, sans parler des philosophies ou de la pastorale catholique sur laquelle s'appuient les confesseurs. Seule la psychologie cognitive sort à peu près intacte de ce constat. Il ne me gênerait pas que vous ayez cette opinion - qui fut celle de specimen quand nous avions discuté de ces sujets - mais comme il ne semble pas que ce soit votre point de vue, je reste sur ma faim : je ne comprends pas à vous lire ce qui devrait motiver une telle rage contre les astrologues spécifiquement.
Le point essentiel est probablement à trouver dans ce que vous dites des méthodes qui remportent votre adhésion, et dont manifestement vous exceptez l'astrologie :
Celles usant d'approches rigoureuses, éprouvées et/ou fondées sur "l'expérience humaine" pour réellement détecter puis déterminer l'anxiété, insécurité, etc., et éventuellement établir une thérapie à défaut de baumes philosophiques. C'est ainsi que l'on fonctionne chez les pros "
Est-ce bien cela qui est au coeur de votre rejet de l'astrologie ?
Quoi qu'il en soit, il me semble que cet argument ne tient pas complètement. Il me semble que l'astrologie, en partie, relève de ce type de méthodes, au moins pour ce qui concerne l'astrologie dite humaniste, la seule qui m'intéresse. Pour que les choses soient ici claires, je préfère rappeler d'où je parle (comme on disait chez les structuralistes, je crois

), 1. J'ai consulté une astrologue - alors même que j'atais en psychanalyse - et m'en suis trouvé fort bien et 2. un de mes meilleurs amis est lui-même astrologue - et, non, je ne le considère pas comme un charlatan.
L'astrologie humaniste n'est pas prédictive. Elle se présente elle-même comme un réservoir de "psychologie populaire" déposée par les siècles sous la forme
1. de diagrammes combinatoirement très complexes (les fameux "thèmes"), permettant d'inscrire la parole d'un consultant - souvent une parole bloquée - dans des scénarios de vie et surtout d'affects possibles - le thème ets juste un support pour la parole ;
2. d'un dispositif de consultation qui aide le consultant, à partir de ce suport et de l'interprétation qu'en fait progressivement l'astrologue, à débloquer la parole bloquée - ce dispositif, comme celui de la psychanalyse, est à la fois un dispositif de parole, d'écoute et d'interprétation ;
3. d'une formation nécessaire pour devenir astrologue, tout comme il y en a une pour devenir psychanalyste :
- c'est en développant pour le premier la sensibilité aux résonance entre le thème et l'histoire du consultant qu'il est en mesure de trouver à aider ce dernier ;
- et pour le second, les résonances entre le fonctionnement de son propre psychisme soumis à la parole de l'analysant avec le système assez complexe de la psychanalyse qu'il se met en mesure d'apporter une aide (des interprétations) effectives à qui le consulte.
4. d'une communauté de recherche, qui approfondit à chaque époque le sens que la combinatoire du thème prend pour l'époque donnée, les résonances particulières qu'elle est susceptible de prendre par delà des grandes constantes émotionnelles qui sont celles, essentiellement, de l'Occident chrétien - à noter qu'en ce sens, les astrologues sont moins rigides que les psychanalystes, qui sont pour beaucoup restés coincés dans la Vienne de 1900 ; l'adaptation de la psychanalyse au XXiè siècle est encore... prudente..
Il est donc faux de prétendre l'astrologue digne de ce nom aussi peu armé que les Toulmonde face aux anxiétés des gens qui viennent le voir. Pas plus qu'un psychanalyste digne de ce nom ne peut l'être. Et un astrologue digne de ce nom ne demande pas à qui le consulte de croire en l'influence des astres - même s'il est vrai que ça aide, comme il est plus simple de croire en l'inconscient tel que Freud l'a théorisé quand on veut être efficace en psychanalyse.
Le problème ici vient surtout de ce qu'est un astrologue digne de ce nom. Il en va de même pour les médecins, les dentistes, les psychiatres, les psychanalystes et tous les soi-disant soignants en général - je sais hélas de quoi je parle. On a juste un peu moins de frayeurs quand un diplôme et une institution sont présents pour 1. chasser les charlatans et 2. rassurer quand à la formation. Mais c'est bien tout. Et je pourrais comprendre vos arguments à l'encontre de l'astrologie s'ils s'exprimaient en ces termes, mais ne ce n'est manifestement pas le cas.
Est-ce une question relative au conditionnement comportemental ? Mais alors vous devriez avoir les cognitivistes en horreur ! Or ce sont précisément les thérapistes des TCC qui partent avec les bases les plus scientifiquement solides à propos du psychisme humain. Pour mieux comprendre cette ligne d'argumentation, quelques questions :
- un conditionnement comportemental vous fait vous sentir mieux, en quoi est-il mauvais ? L'est-il nécessairement toujours ? Et bien sûr, je serais heureux d'une réponse sérieuse et plus argumentée qu'un simple argument Godwin

- Pouvez-vous aussi m'indiquer ce qui ne relève pas du conditionnement comportemental, outre les médicaments des psychiatres, s'entend ? En quoi une psychanalyse, une désensibilisation à un stimulus phobique, un conseil moral, l'appel à la crainte de dieu ou au remord du péché n'en sont pas ?
3. Quant à vos conclusions, à l'histoire personnelle que vous nous rapportez. Les situations d'emprise et les drogues psychiques sont des choses assez pénibles à vivre, et pour soi-même et pour l'entourage

.
Cela dit, sans parler d'expérience personnelle, je sais des situations similaires avec des psy (chiatre, chanalystes) voire, oui, oui, des prêtres. Il est donc difficile de recevoir cette histoire comme une preuve de ce que l'astrologie serait mauvaise
per se.
Ce qui est mauvais en revanche, ce sont les relations d'emprises. Ce sont ces situations non pas où un individu est soumis à un autre - sinon bon nombre des relations amoureuses y tomberaient - mais celles où la relation 1. d'une part ne peut pas être rompu parce que la personne en est accro et 2. la relation détruit - diminue les degrés de liberté - plus qu'elle ne libère.
Et ce type de relation est susceptible d'advenir dès qu'il y a une relation longue s'installant entre deux individus - ou un individu et une groupe, parfois. C'est donc le cas de la prêtrise, de la psychanalyse, du rapport au médecin parfois, des relations amoureuses, de l'astrologue, des gourous de secte et même des hommes politiques - j'ai dû en oublier.
Ce qui m'étonne donc dans votre posture - et ce que j'emploie ici, qui est ad hominem, ne vis pas à la disqualifier, mais à essayer de la comprendre - ces que vos arguments semblent s'adresser - d'une façon où je me retrouve - à tout un panel de comportements, mais que vous vous focalisiez sur les astrologues, et accessoirement les nazis. J'aimerais comprendre pourquoi, ne voyant pas dans vos arguments de condition suffisante à ne vous en prendre qu'à eux.
Note : Je passe largement sur votre entretien avec Miss Hada, lui laissant le soin de vous répondre - il y a assez à faire avec ces deux points. A noter que si vous souhaitez discuter de "dissonnance cognitive", je peux demander à un et-alorien qui a travaillé là-dessus de venir nous en toucher deux mots, s'il a un peu de temps, et l'envie en ce moment.
Note 2 : je vais essayer de suivre ce débat, si je peux. Je suis un peu occupé le soir en ce moment - en plus du boulot, je relis un texte pas simple simple pour un ami, et ça ne me laisse pas beaucoup de temps ou de concentrations au moment où je me connecte à Internet. Mais je vais essayer de faire un effort
.