Chocolate a écrit :Le problème, c'est que je ne sais pas comment vraiment l'aider. Je sais que juste lui dire que c'est "mal" et qu'il faut qu'elle arrête ne résoudreras pas le problème. Il faut trouver l'origine, mais est-ce que l'adolescence et ses hormones peuvent être maitrisées ? Je sais pas comment l'aider.
Quand une personne se scarifie, la chose qu'il ne faut pas faire, c'est l'engueuler, voire pire, lui faire la morale. Que va-t-il se passer si tu l'engueules ? Elle va se mettre sur la défensive, éventuellement te dire ce que tu as envie d'entendre pour te rassurer et continuer de toute façon à le faire, mais dans ton dos. Donc quitte à ce qu'elle se viande, autant que tu sois au courant de ce qui se passe (Si tu es prête à assumer le poids du mal être de ton amie. Il faut avoir soi même les ressources pour aider quelqu'un dans la merde sinon tu feras plus de mal que de bien).
Je crois que la meilleure solution, c'est de ne pas hésiter à lui en parler explicitement (par exemple une personne suicidaire à qui ont parle explicitement du suicide se sent reconnue dans sa souffrance et se sent plus en confiance pour vider son sac) tout en respectant sa pudeur vis à vis de sa souffrance. Après, un autre truc auquel il faut faire gaffe, c'est qu'une personne qui joue de la lame peut mettre sa vie en danger, même si ce n'est pas intentionnel (On peut déraper, couper plus profond que prévu, ne pas se rendre compte, oublier de désinfecter, etc)
Chocolate a écrit :Je sais même pas comment d'autres réagiraient. Je ne veux pas que tout le monde soit au courant et elles (nos meilleures potes) sont vraiment loin loin de tout ça. Elles auront plus peur qu'autre chose. J'avoue que pour ça elle sont assez immatures...
Je suis d'accord. Face à ça, j'ai constaté qu'il y a souvent deux types de réaction en général :
⇒ Ceux qui ne se sont jamais viandé, qui n'y ont jamais songé, qui ne savent même pas que ça existe, les gens qui sont, comme tu dis, loin de tout ça ⇒ Ce ne sont effectivement pas les mieux placé pour comprendre et vous prenez le risque de passer pour des déséquilibrées.
⇒ Ceux qui se sont viandés et qui n'ont pas réussi à comprendre ce qu'ils ont fait et à l'accepter. Ce sont ceux qui se jugent eux même qui sont le plus susceptible de juger, engueuler et faire la morale en prétendant savoir ce que c'est (même si eux même ne le font plus). Au final ces personnes ont un comportement de rejet épidermique né de la peur d'être confronté à leurs problèmes passés qu'ils n'ont pas réussi à résoudre. C'est pour cette raison qu'il est absolument fondamental que tu aies toi même réussi à accepter de t'être viandé dans le passé et que tu sois capable de ne pas te juger toi même. Car si tu te juges, tu la jugeras et tu lui feras plus de mal que de bien.
C'est effectivement assez compliqué de trouver des gens suffisamment ouvert d'esprit pour comprendre ce que c'est. Mais on peut en parler assez librement dans des Centres Médico Psychologiques (c'est gratuit pour les étudiants), et surtout dans le corps médical en général en fait.
Après, personnellement (Mais ça n'engage que moi), je crois que tant que c'est géré, tant que ça n'implique pas une scie circulaire, tant que ça n'implique pas 20 points de suture, tant que ça n'implique de « oups, mon tendon ! », ça n'est pas un drame en soi de se viander, pas plus que de fumer ou de boire en tout cas. L'automutilation est une façon de gérer un trop plein émotionnel (angoisse, tristesse) qui n'est sans doute pas la meilleure, c'est clair que si ça peut être évité, c'est mieux, mais qui n'est pas la fin du monde non plus !
Donc concrètement, ce que tu peux faire, c'est
- Ne pas hésiter à aborder explicitement le sujet avec elle, mais en respectant sa pudeur
- T'assurer régulièrement qu'elle ne met pas sa vie en danger (Comment est ce qu'elle s'y prend ? avec quel outil ? Avec quelle fréquence ? Sur quelle partie du corps ? Est ce qu'elle désinfecte après ?)
- Lui faire comprendre qu'elle peut t'en parler librement sans que tu la juge, que tu es là pour elle et que tu ne diras rien à personne tant qu'elle ne met pas sa vie en danger.
- Lui faire comprendre gentiment mais fermement que si tu t’aperçoit qu'elle met sa vie en danger, tu ne pourras pas garder le secret pour sa propre sécurité !
- Si elle met effectivement sa vie en danger, en parler à un professionnel (l'infirmière du collège/lycée ou l'assistante sociale par exemple)
Après, ça peut aussi être intéressant de savoir ce qu'elle recherche pour pouvoir trouver éventuellement des palliatifs. Certaines personnes recherchent le sang, d'autres cherchent la douleur, d'autre cherchent un rituel (beaucoup de personnes qui se viandent ritualisent leur acte), d'autre cherchent la violence, d'autres cherchent encore d'autres trucs. Pour le sang, il existe plein de palliatifs intéressants (sauce tomate, faux sang, tout ce que tu peux imaginer). Pour la violence aussi (déchirer des feuilles de papier, découper des poupées de chiffon, jeter des gjaçons contre un mur (ça explose, c'est bon pour les nerf), whatever).
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