Malaise d'être vue comme une femme (hétéro)

[Nightingale]

Hello, me again
J'ai un peu hésité à mettre ce topic dans "bisexualité" ou "alternatifs", vu que je vais parler à la fois de sexualité et d'identité de genre.

Donc je suis bi mais depuis plusieurs mois je me vois de moins en moins avec un homme (cis). Or il y a quelques semaines (peu après avoir rencontré ma copine, avec laquelle je suis en couple libre) j'ai rencontré un mec avec lequel je me suis tellement bien entendu que c'est plus ou moins devenu mon deuxième copain. Lui-même est cool et très détendu sur les rôles de genre mais j'ai l'impression que le monde extérieur essaie de nous réimposer ces rôles.

C'est un peu compliqué à expliquer parce que je pense que c'est très psychologique (même s'il y a aussi certains aspects concrets, genre si on va au restau ensemble les serveurs lui parlent à lui en priorité, hourra au sexisme). En fait je supporte de plus en plus mal qu'on projette sur moi une identité de femme hétéro... voire de femme tout court. J'ai beaucoup de traits stéréotypicalement féminins donc ce n'est même pas que je sorte tellement des clous de la féminité mais les... attentes des gens me mettent mal à l'aise ?

L'idée que la féminité est un moule restrictif m'est bien sûr familière, d'autant que je suis féministe, mais ça faisait depuis l'adolescence que je ne l'avais pas ressentie aussi personnellement. Bref c'est un peu flou, j'ai du mal à mettre des mots là-dessus, mais je me demandais si certain-e-s d'entre vous avaient déjà ressenti quelque chose de similaire ?

[Kennedy]

Ah, oui. J'avais un peu de mal à voir où tu voulais en venir, mais je crois que j'ai capté.
Moi aussi ça m'énerve... mais finalement le problème c'est pas d'être "vue comme une femme hétéro" (c'est pas une tare d'être hétéro ^^), le problème c'est plutôt l'image et les attentes qu'on a des femmes...
Bon, moi, ça m'arrive principalement quand je traîne avec mon frère, ou parfois quand je traîne avec un pote homme. Je pense que les gens supposent qu'on est un couple et ils appliquent tous les trucs de galanterie et autres... On s'adresse à l'homme, on lui apporte l'addition / la note d'hôtel (oui je partage des chambres d'hôtel avec mon frère ou des potes quand on va voir des concerts loin loin)... des tas de petits comportements avec un air entendu... une conversation où on ne s'adresse qu'à fréro en lui disant, en me montrant du menton "faudra que tu lui expliques..." (et frère qui répond "oh oui mais elle connaît, c'est elle qui a l'habitude de ça, moi je m'en occupe pas" ).
Relou.

[Cactus moribond]

C'est peut être un peu idiot ce que je vais dire, mais ce que tu ressens je le ressens souvent si fort qu'en fait, c'est la raison principale pour laquelle je me dis que je resterais lesbienne à jamais. Ne plus jamais être dans le rôle que "les autres" (société, histoire blabla) m'assignent, contrôler ce que je veux être c'est juste devenu si vital depuis plusieurs années que plus jamais je ne serais assujettie à des attentes qui ne me conviennent pas ; aussi gentil soit le garçon, aussi doux, aussi militant, aussi solidaire. C'est un peu idiot, je le sais.
Donc oui, je comprends.

[marfield]

Mais oui, c'est ça ! C'est tout con mais je crois que je viens de comprendre pourquoi ça ne marchait pas pour moi avec les mecs. J'ai horreur de la galanterie et des rôles bien prédéfinis hommes-femmes du coup vu comment les gens et même les mecs avec qui j'étais agissaient envers moi...