Le gamin sera confronté à l'homophobie un jour ou l'autre, c'est sûr. Après, tout dépend de ce qu'on entend par famille. Pour certains, la famille c'est un truc vachement large qui contient 12 générations et les cousins machins, avec le tonton raciste et la grand-mère homophobe, où ça débat et où ça fighte plus ou moins gentiment selon le taux d'alcoolémie. Dans ce cas, la pluralité des opinions doit être préservée, avec des parents pour relativiser et expliquer à l'enfant pourquoi, comment, tout ça.
Pour d'autres, c'est un noyau soudé et restreint qui a pour devise "Ensemble contre le reste du monde", le havre où tu sais que tu pourras respirer quand tu te sentiras agressé, d'où sont exclus tous les agresseurs potentiels, mais qui t'oblige du coup à te confronter à la connerie humaine dans un autre cadre.
Je ne sais pas s'il y a une solution idéale entre les deux (il doit y avoir des intermédiaires possibles). J'ai grandi dans le second cadre et je n'ai pas été particulièrement bouleversé quand je suis sorti de mon cocon pour découvrir "la vraie vie", parce qu'il y a eu du dialogue avant pour m'y préparer. L'opinion de mes grands-parents (ceux que je connais) sur le mariage, l'adoption et ma vie en général ne m'atteint absolument pas, parce qu'ils ne font pas partie de ma famille restreinte. Je souffrirais sans doute beaucoup plus de leur opinion si j'avais des sentiments pour eux. Là, ce sont juste des homophobes parmi d'autres, qui comme les autres n'ont pas voix au chapitre sur ma vie, mais qui se trouvent avoir un lien de parenté avec moi. Pour être plus clair : à mon avis, la violence psychologique (quelle qu'elle soit) est plus facile à dépasser quand elle provient de personnes que tu n'es pas censé aimer.
Norma parle "d'apprendre à faire avec sa famille, quelle qu'elle soit". Je ne vois pas pourquoi ce serait une obligation morale. Tu ne l'as pas choisie, et il me paraît parfaitement légitime de s'en séparer si ça devient une source d'agression.
Si on peut construire une famille sur un modèle autre que "Un papa, une maman", je pense qu'on peut tout à fait se priver de grands-parents.

La question qu'il faut vous poser, je pense, c'est "Qu'est-ce qu'une famille pour nous et qu'est-ce qu'elle est censé apporter à notre enfant ?" Un cocon ou un échantillon représentatif de la diversité et de l'agitation du monde ? Une fois que vous aurez la réponse, vous saurez à quel point vous pourrez l'ouvrir et où placer les barrières.
Après, sans les exclure totalement, il doit être possible de discuter avec tes parents comme l'a fait Lyanes pour leur expliquer que tu n'accepteras aucun bourrage de crâne de leur part sur cette question. Et je ne suis pas persuadé que des grands-parents abordent d'eux-mêmes un sujet qui les met mal à l'aise devant leur petit-fils/petite-fille. Ils auront autre chose à faire que de passer derrière vous pour détruire l'éducation que vous lui inculquez.
Ah, et félicitations.
