
Je viens vous voir car je ressens le besoin de parler à quelqu'un et, quand on se retrouve à 1000 km de sa famille et de ses amis et qu'en plus on n'est pas très sociable... Et ben c'est pas si simple.
Pour vous exposer le fond du problème, je suis obligée de vous faire un résumé de ma vie donc... désolée par avance, si vous n'avez pas encore scrollé vers le bas, sachez que c'est un pavé... (désolée désolée désolée

Dans mon enfance, je me suis toujours sentie différente, et les autres devaient le sentir aussi car j'ai souvent été « la tête de turque », mon manque de confiance en moi n'aidant pas.
Au collège, j'ai rencontré cette fille. Mignonne, gentille, drôle, attentionnée, forte et fragile à la fois, elle m'obsédait. Mais vraiment. Je ne pensais qu'à elle, je pleurais quand je savais que j'allais passer une semaine sans la voir et j'ai découvert grâce à elle mon côté jaloux et extrêmement possessif. C'est dingue ce qu'une amitié peut être forte, non ? Je pense que mon obsession pour elle l'a faite fuir et un jour, elle a coupé les ponts. Ça a été très dur pour moi, mais « the show must go on » et, en effet, la vie a continué son cours.
Et puis je suis allée à la fac, et durant cette période, ma vie a basculée. Ne me demandez pas pourquoi, mais un simple film et toutes mes certitudes ont volé en éclat. Le déclic. Bien sûr que non ce n'était pas une amitié classique, bien sûr que oui j'avais des sentiments pour elle, et surtout, évidemment que oui, j'étais lesbienne.
A partir de ce moment, j'ai sentie un poids s'envoler de mes épaules et je me suis sentie incroyablement bien. Enfin, j'allais pouvoir m'accepter et vivre ma vie telle que je la voulais.
Ouais, enfin ça, c'était la théorie. Parce qu'en pratique...
Quelques temps plus tard, je me suis mise à avoir des doutes. Ben oui, c'est bien beau tout ça, mais tu te serais pas un peu emballée ma cocotte ? Tomber amoureuse d'une fille ok, mais ça ne veut rien dire au final. S'en est suivie une énorme période de doute. Je ne savais plus rien sur moi. A cette époque, j'avais même fait un sujet sur ce forum vis à vis de mes questionnements, et j'en étais arrivée à la conclusion que les réponses viendraient d'elles-mêmes.
Et puis, fait étrange, à la fac j'étais courtisée par plusieurs mecs en même temps. C'était assez flatteur et je me suis dit « hey pourquoi pas tenter après tout ? Ça me donnera peut-être des réponses à mes interrogations ». Je suis donc sortie avec un garçon, très gentil, très attentionné, parfait. C'est vrai que quand on s’est embrassés la première fois, j'ai pas trouvé ça « de ouf » (est-ce que ça se dit encore ça?), mais les papillons dans le ventre, c'est surfait non ? C'est vrai que quand il m'a dit qu'il m'aimait je n'ai pas su lui répondre, mais il faut laisser le temps au temps non ? Et puis, prise au dépourvue, j'ai fini par lui dire que je l'aimais aussi, sans être vraiment certaine de le penser, mais il avait l'air tellement paniqué que je ne lui réponde pas... Et en plus c'était tellement agréable pour une fois de se faire dorloter et de se sentir aimée. Oui en effet, je suis pleutre et égoïste.
Et du coup les années ont commencé à passer, je me disais que ce n'était pas si mal après tout. Parfois, j'arrive même à croire que je l'aime. Et parfois j'ai des doutes. Je lui ai parlé du fait que j'étais bi (bien plus facile à admettre), il a été surpris mais ne m'a pas rejeté du tout.
Un beau jour, mon copain m'a appris qu'il serait muté dans le sud pour son boulot, qu'il ne m'obligerait jamais à le suivre, mais qu'il aimerait que ça marche. Et je l'ai suivi à 1000 km de chez moi. J'ai tout abandonné pour le suivre. Ma famille, mes amis, mon boulot (pas très stable il faut le dire). Et tout le monde me disait : « c'est beau de tout quitter par amour pour son copain, moi je ne pourrais pas, qu'est-ce que c'est courageux de ta part, etc, etc... ». NON CE N'EST PAS COURAGEUX. Mais hey, vous n'avez pas oublié un truc ? Je suis pleutre (oui j'aime bien ce mot venu d'une autre époque) ! Je pense honnêtement que je l'ai suivi car c'était l’option de facilité. Ça a été extrêmement difficile pour une fille comme moi de se retrouver loin de sa famille, mais c'était toujours bien plus facile que de tout remettre en question encore une fois.
Ça va maintenant bientôt faire 6 ans que nous sommes ensemble, un an que je suis dans cette nouvelle région, et les doutes me hantent encore. Un jour, je lui ai parlé de tout ça, de mes regrets de n'avoir jamais été sûre de moi concernant mon orientation sexuelle, et il m'a encouragé à trouver les réponses. Il m'a dit que je pouvais faire mes essais, qu'il ne m'en voudrait pas. Mais pour moi c'est impossible tant que je suis en couple. Toujours aussi pleutre... Depuis, je fais comme si tout allait bien.
Mais j'ai la sensation de passer à côté de ma vie.
Mais je suis pleutre. Et égoïste. Il mérite tellement mieux que moi. Je sais que je suis horrible de lui faire croire que tout va bien et pourtant je ne peux pas me résoudre à le quitter. Il m'aime, il est gentil, attentionné. Je tiens énormément à lui malgré tout. Et puis, si je ne lui dis rien et que je m'en satisfais, il n'en souffrira jamais ? Mais parfois je m'énerve injustement contre lui, pour rien. Comme si je le tenais comme responsable de tout ça, et je m'en veux car il ne mérite pas ça.
Je choisis toujours la solution de facilité. Si je le quitte, il souffrira, moi aussi probablement, je serais seule, il faudra que je re-déménage à l'autre bout de la France, j'ai deux chats, un chien et je navigue de boulot précaire en boulot précaire. Pas assez d'argent pour me trouver un toit alors, quoi ? Retourner vivre chez les parents ? Si je reste avec lui, je m'assure une vie stable et rangée...
Vaut-il mieux se contenter d'une vie de facilité, sécuritaire et tranquille ? Ou prendre le risque de tout perdre, de se retrouver sans rien, et tout ça juste pour quoi ? Des rêves d'ado fleur bleue ? J'ai la sensation de m'être retrouvée à un embranchement à un moment donné de ma vie et d'avoir choisi le mauvais chemin. Mais faire demi-tour maintenant ? Est-ce qu'il n'est pas trop tard ? Et si je me trompais ? Comment peut-on être quasiment 10 ans dans le flou le plus total ? Pourquoi moi je n'arrive pas à savoir ce que je veux ?
Je me retrouve dans ce dilemme, je ne sais pas quoi en penser. Je sais que vous ne m'apporterez pas forcément de réponses toutes faites, mais ça fait quand même du bien d'extérioriser un peu.
Désolée pour le pavé et merci aux téméraires qui ont eu le courage de lire (v'là le racontage de vie tiens...

