
homosexualité et enseignement
stanislas, tu écris "Dans le cadre de l'école, je ne trouve pas forcément que ce soit la meilleure solution de faire venir des associations gay, même si cela part d'une excellente intention que je partage...Ca stigmatise encore davantage et donnera peut-être le sentiment à un gamin d' appartenir à une forme de marginalité, de ghetto avant même d'être adulte...Le but est de mélanger les gens, pas de les séparer "
Je ne pense pas que ça stigmatise qui que ce soit, si tu savais l'hyper prudence avec laquelle nous intervenons dans le cadre de notre assoc. Toujours attention à ne pas donner le moindre signe de reconnaissance en direction d'un élève supposé gay, par exemple.
Toujours et plusieurs fois en cours d'intervention en train de rappeler qu'il ne s'agit en aucun cas de demander des droits particuliers (et je suis entièrement d'accord avec toi sur ce point), mais simplement de faire que le droit général de suivre sa scolarité sans insultes ni discriminations soit respecté dans le cas particulier de l'homophobie aussi.
Et avec la double idée : donner un modèle positif aux éventuels élèves concernés, faire comprendre à tous l'effet potentiellement dévastateur de l'homophobie.
Tu proposes ceci, et là encore, je te rejoins entièrement : "Le plus habile, à mon sens, serait -et est-ce fait?- d'informer sur la sexualité, en général, et d'appuyer sur la liberté de choix...d'évoquer l'homosexualité, comme un choix parmi d'autres, avec l'hétérosexualité et la bisexualité"
C'est fait, selon les endroits, selon surtout les motivations et le vécu de la personne intervenante sur la sexualité (prof, infirmière...), mais je pense que ce n'est pas fait très souvent dans l'ensemble des établissements. Il y a une longue tradition de "sexualité= reproduction" qui continue à peser.
Le jour où les collègiens bénéficieront dans leur grande majorité d'éducation "aux sexualités" d'une part, et d'une éducation à la citoyenneté qui ne passe pas sous silence l'homophobie (ni l'"handiphobie", le mot existe--til?), il n'y aura plus besoin d'interventions spécifiques, et le monde tournera un peu plus rond !
iorini
Je ne pense pas que ça stigmatise qui que ce soit, si tu savais l'hyper prudence avec laquelle nous intervenons dans le cadre de notre assoc. Toujours attention à ne pas donner le moindre signe de reconnaissance en direction d'un élève supposé gay, par exemple.
Toujours et plusieurs fois en cours d'intervention en train de rappeler qu'il ne s'agit en aucun cas de demander des droits particuliers (et je suis entièrement d'accord avec toi sur ce point), mais simplement de faire que le droit général de suivre sa scolarité sans insultes ni discriminations soit respecté dans le cas particulier de l'homophobie aussi.
Et avec la double idée : donner un modèle positif aux éventuels élèves concernés, faire comprendre à tous l'effet potentiellement dévastateur de l'homophobie.
Tu proposes ceci, et là encore, je te rejoins entièrement : "Le plus habile, à mon sens, serait -et est-ce fait?- d'informer sur la sexualité, en général, et d'appuyer sur la liberté de choix...d'évoquer l'homosexualité, comme un choix parmi d'autres, avec l'hétérosexualité et la bisexualité"
C'est fait, selon les endroits, selon surtout les motivations et le vécu de la personne intervenante sur la sexualité (prof, infirmière...), mais je pense que ce n'est pas fait très souvent dans l'ensemble des établissements. Il y a une longue tradition de "sexualité= reproduction" qui continue à peser.
Le jour où les collègiens bénéficieront dans leur grande majorité d'éducation "aux sexualités" d'une part, et d'une éducation à la citoyenneté qui ne passe pas sous silence l'homophobie (ni l'"handiphobie", le mot existe--til?), il n'y aura plus besoin d'interventions spécifiques, et le monde tournera un peu plus rond !
iorini
en fait, il y a pas mal d'"éléments extérieurs" aussi sur d'autres thèmes, la santé en général (pas seulement le VIH), ou la citoyenneté, le sexisme aussi. Souvent d'ailleurs, quand nous intervenons, c'est dans un cadre plus général d'une semaine avec plein d'interventions.
Souvent aussi je pense dans les établissements réputés plus difficiles, parce que les profs et l'administration y sont plus motivés.
iorini
Souvent aussi je pense dans les établissements réputés plus difficiles, parce que les profs et l'administration y sont plus motivés.
iorini
On essaie de susciter les demandes, dirais-je.
quand c'est l'école qui demande, c'est suite à un problème vécu, quand un enseignant ou la direction s'est rendu compte de la souffrance d'un élève, par exemple. Une fois, je me suis planquée derrière un gros livre, Réflexions sur la question gay de Didier Eribon, pour dire combien l'insulte fait mal, sans avoir l'air de penser à quelqu'un en particulier !
Là où tu as entièrement raison aussi, c'est ici :
"La société, aujourd'hui, est pleine de bonnes intentions pour faire bouger les esprits mais pas toujours adroitement, je trouve, allant parfois à provoquer un résultat inverse à celui attendu."
C'est vrai, à la fois pour la société, mais également dans la discussion entre personnes. Si on est excessif ou trop absolu dans la défense d'une idée, défendre les homos par exemple, ceux qui pensent le contraire s'en trouvent confortés dans leur idée négative. L'opposition "frontale" a parfois l'effet inverse de renforcer ce qu'on cherche à contrer.
On m'a fait la remarque une fois où j'affirmais péremptoirement la nécessité de se protéger du VIH, et je ne le fais plus comme ça, j'essaie de leur faire imaginer comment ils se sentiraient suite à une prise de risque.
Et justement, le 14 août, il y a eu un article dans Libé, à ce sujet, qui disait que la prévention sida chez les homos, il ne suffit pas de rabâcher "protégez-vous" (page 22, signé Serge Hefez).
Qui nous trouve le lien? (trop tard cette nuit pour moi)
iorini
quand c'est l'école qui demande, c'est suite à un problème vécu, quand un enseignant ou la direction s'est rendu compte de la souffrance d'un élève, par exemple. Une fois, je me suis planquée derrière un gros livre, Réflexions sur la question gay de Didier Eribon, pour dire combien l'insulte fait mal, sans avoir l'air de penser à quelqu'un en particulier !
Là où tu as entièrement raison aussi, c'est ici :
"La société, aujourd'hui, est pleine de bonnes intentions pour faire bouger les esprits mais pas toujours adroitement, je trouve, allant parfois à provoquer un résultat inverse à celui attendu."
C'est vrai, à la fois pour la société, mais également dans la discussion entre personnes. Si on est excessif ou trop absolu dans la défense d'une idée, défendre les homos par exemple, ceux qui pensent le contraire s'en trouvent confortés dans leur idée négative. L'opposition "frontale" a parfois l'effet inverse de renforcer ce qu'on cherche à contrer.
On m'a fait la remarque une fois où j'affirmais péremptoirement la nécessité de se protéger du VIH, et je ne le fais plus comme ça, j'essaie de leur faire imaginer comment ils se sentiraient suite à une prise de risque.
Et justement, le 14 août, il y a eu un article dans Libé, à ce sujet, qui disait que la prévention sida chez les homos, il ne suffit pas de rabâcher "protégez-vous" (page 22, signé Serge Hefez).
Qui nous trouve le lien? (trop tard cette nuit pour moi)
iorini
Sauf que souvent la ségrégation existe déjà (le pd de service que tout le monde évite, enfin, surtout les garçons, de peur d'être pris aussi pour des gays + insultes, brimades, etc...). Dans mon collège, il n'y a aucun élève LGBT déclaré, ce n'est pas un hasard : être outé (volontairement ou non) est un risque de marginalisation social PROVOQUE par le rejet d'une minorité conne mais active et influente et le manque de soutien ou l'indifférence de la majorité silencieuse... Le but de ce type d'intervention est donc de montrer à ces personnes que leur attitude n'a pas de sens et peu provoquer inutilement de la souffrance. Et puis c'est pour eux l'occasion de parler d'homosexualité (généralement ils sont quand même curieux - seul une minorité y est vraiment hostile à en parler et à le revendiquer), et leurs questions sont plus ouvertes, plus nombreuses, avec des intervenants d'association car ils ont moins peur qu'ils les jugent (contrairement aux profs pensent-ils - à tort en général). Et puis enfin oui cela peut donner une bulle d'oxygène pour certains jeunes LGBT. Ils n'ont pas besoin d'une intervention pour savoir qu'ils peuvent être "marginaux" (je reprends ton expression) : l'école et son homophobie ordinaire leur a déjà fait comprendre.stanislas a écrit :Dans le cadre de l'école, je ne trouve pas forcément que ce soit la meilleure solution de faire venir des associations gay, même si cela part d'une excellente intention que je partage...Ca stigmatise encore davantage et donnera peut-être le sentiment à un gamin d' appartenir à une forme de marginalité, de ghetto avant même d'être adulte...Le but est de mélanger les gens, pas de les séparer, même si les parties "adverses" se regardent avec bienveillance...
Sauf que les profs ne sont généralement pas sensibilisés, ni formés sur ses sujets. Et lorsqu'ils le sont plus ou moins, ils n'ont pas forcément le courage d'affronter ce type de sujet "casse-gueule" avec leurs classes de peur que cela dérape. Le recours à des associations permet donc d'avoir des personnes compétentes qui peuvent parler du sujet de manière à la fois didactique et pédagogique. C'est pratique. Et en règle général, les établissements qui font appellent à des associations de lutte contre l'homophobie ont déjà une tradition de faire appel à des intervenants pour le racisme, le sexisme, etc...stanislas a écrit :Le plus habile, à mon sens, serait -et est-ce fait?- d'informer sur la sexualité, en général, et d'appuyer sur la liberté de choix...d'évoquer l'homosexualité, comme un choix parmi d'autres, avec l'hétérosexualité et la bisexualité. Car à procéder ainsi, par communautés, on finira par arriver à des sociétés très américanisées, ou chacun est ghettoisé: les blancs, les noirs, les jaunes, les senors, les jeunes, les homos, les bi, etc...Comme c'est triste! L'information, l'éducation est une chose à traiter avec dextérité, surtout à l'école qui est déjà la première société des hommes. Il ne faut exlure personne, même positivement...........
Mais il est vrai que le sujet ne peut pas être abordé que sous forme d'intervention. Les profs doivent en parler aussi ... mais là c'est la croix et la bannière.
pour ma part j'ai souvent eu des coups de coeur pour mes profs au lycée. Faut dire qu'elles étaient sacrément belles et toutes jeunettes.
Un jour le coup de coeur a été un peu plus long que d'habitude. c'était ma prof d'anglais. A la fin de l'année, je lui ai écrit. Entre mes mots maladroits de jeune fille de 15-16 ans elle s'est reconnue, je crois. Bon au départ le ton était un peu sec et je me suis pris un rateau. Mais ensuite elle m'a tendue la main et c'est sans doute la plus belle chose qu'on ait pu faire pdt mon adolescence.
Je ne le savais pas encore mais elle vivait avec une femme. Pure coincidence puisque mon gaydar est nul d'habitude. J'ai trouvé ça courageux de sa part de me faire confiance. Elle m'a été d'une grande aide à un moment où je souffrais de ne pas savoir qui j'étais.
Un jour le coup de coeur a été un peu plus long que d'habitude. c'était ma prof d'anglais. A la fin de l'année, je lui ai écrit. Entre mes mots maladroits de jeune fille de 15-16 ans elle s'est reconnue, je crois. Bon au départ le ton était un peu sec et je me suis pris un rateau. Mais ensuite elle m'a tendue la main et c'est sans doute la plus belle chose qu'on ait pu faire pdt mon adolescence.
Je ne le savais pas encore mais elle vivait avec une femme. Pure coincidence puisque mon gaydar est nul d'habitude. J'ai trouvé ça courageux de sa part de me faire confiance. Elle m'a été d'une grande aide à un moment où je souffrais de ne pas savoir qui j'étais.
Dernière modification par flicht le sam. janv. 17, 2009 1:42 pm, modifié 1 fois.
une prof de sport?? ha non une prof d'anglais est demandée???
nan. je crois pas. y en a bien une mais c'est espagnol!!!
ben moi j'aimreias bien que tu développes un peu, y avait quoi dans ta lettre?? et comment elle a réagi??? parceque je suis prof alors je prendrais bien des conseils si un jour ça m'arrive!

nan. je crois pas. y en a bien une mais c'est espagnol!!!

ben moi j'aimreias bien que tu développes un peu, y avait quoi dans ta lettre?? et comment elle a réagi??? parceque je suis prof alors je prendrais bien des conseils si un jour ça m'arrive!
à la fin de l'année j'avais écrit qqs mots sur une carte. Elle avait trouvé ça très sympathique. Contente de cette réaction l'année suivante j'ai réitéré le coup. Après ça, on discutait souvent dans les couloirs ou après les cours.
Elle a sentie que j'étais en équilibre, que je pouvais tomber à n'importe quel moment et elle ne m'a pas lâchée. On a appris à se connaitre petit à petit.
Du coup de coeur s'est passé au coup d'amour... Après le bac, je n'ai plus donné de nouvelles pour passer à autre chose.
Elle a sentie que j'étais en équilibre, que je pouvais tomber à n'importe quel moment et elle ne m'a pas lâchée. On a appris à se connaitre petit à petit.
Du coup de coeur s'est passé au coup d'amour... Après le bac, je n'ai plus donné de nouvelles pour passer à autre chose.
Dernière modification par flicht le mer. oct. 26, 2011 3:15 pm, modifié 1 fois.
Bon, je profite de la pause des vacances pour faire remonter ce topic, non pas spécialement pour donner de mes nouvelles, mais pour continuer à témoigner sur mon expérience en tant que prof de collège outé auprès des collègues et des élèves. Vu que cette situation semble rare d’après les commentaires des profs éaloriens, ce qui explique d’ailleurs l’existence de ce topic, n’hésitons pas, cela peut toujours servir à quelqu’un.
D’abord un petit bilan de l’année scolaire dernière : je l’ai déjà dit, que du positif, juste trois incidents. Le premier, l’histoire dans le car, je l’ai déjà raconté (p. 5). Le second, un après-midi, après être parti avec des collègues vers la gare, je retournais seul au collège car j’avais oublié quelque chose, lorsque j’ai entendu des gosses (mais je ne les ai pas vu) qui ont crié deux fois « Homo ! Homo ! ». Je me suis contenté de répliquer à très haute voix « OK, c’est bon, je vous ai entendu ! » et ils se sont arrêtés. Tandis que moi que continuais à marcher sans me retourner car j’étais pressé. Le troisième incident est très similaire : je sortais seul du collège pour aller à la gare, je croise un groupe d’élèves dans la rue, et lorsque je les dépasse, l’un deux (un relou que j’avais eu l’année d’avant) se met à dire « Homo ! Homo ! ». Je me suis retourné direct et dis quelque chose dans le genre « Non mais çà va pas ! Eh oh ! » . Un de ses potes se retourna alors et s’excusa à la place du fautif.
Pas très dramatique dans le fond, même s’il est vrai que pendant un temps j’ai évité d’être seul sur le chemin du retour.
Maintenant les choses sérieuses : depuis septembre donc. Cette rentrée était l’occasion de voir l’évolution des réactions des gamins suite à mon coming-out de l’année dernière, notamment ceux que je n’avais pas les années précédentes.
Je vais donc vous raconter 5 anecdotes, dans l’ordre chronologique de leur apparition.
1ère anecdote : Tôt vers le début d’année, lorsque j’ai délogé des élèves qui n’avaient rien à faire dans le couloir, en se dirigeant vers les escaliers, l’un deux commença à marcher en remuant exagérément des hanches (la tapette attitude quoi – désolé de l’expression, mais comme cela tout le monde saisi son déhanché). Comprenant tout de suite son petit jeu, je me mets à dire « Et tu trouves çà drôle ? ». Direct un de ses potes lui dit « Mais t’es con » et s’excuse à sa place avant qu’ils ne descendent les escaliers.
2ème anecdote : A la fin d’un cours, un de mes élèves de 3ème que l’on va appeler X me posa la question « C’est vrai que vous êtes homo ? » Je lui répondis que oui. Un autre, que l’on va appeler Y, alors se mit à rigoler. X réagit alors en lui disant « Mais pourquoi tu rigoles ? C’est pas drôle, y’a rien de mal ». L’autre alors lui réponds « Mais non, c’est pas çà, c’est que tu lui poses la question comme çà. ». Le lendemain, Y me demande quel est le nom de mon copain. Je mets un moment à tilter (célibataire depuis un moment quand même, je n’ai plus l’habitude de cette question) avant de lui répondre « Ah non mais là ce n’est pas une alliance, juste une bague ». Depuis, Y m’a demandé trois ou quatre fois pourquoi je ne remettais pas ma cravate rose…
3ème anecdote : j’avais collé un élève en fin de journée de 17h à 18h. Mais comme c’était mon seul collé, pas possible de le garder dans ma salle. Nous descendons donc en salle de permanence et nous corrigeons ensemble mes contrôles de vocabulaire. Bien sûr la salle n’est pas vide, il y a 4 autres élèves (deux autres collés que j’ai cette année – on va les appeler A et B, 1 en étude que j’ai eu il y deux ans, on va l’appeler C, et 1 qui n’avait rien à faire là mais qui squattait et que j’ai aussi eu il y a deux ans – on va l’appeler D). Que de la crème avec qui je me suis déjà pris le bec (même s’il y a bien pire encore). Tout pendant que mon collé et moi-même travaillions, la conversation s’engage entre eux, vu qu’ils ne bossent pas. Et rapidement bien sûr comme par hasard ils arrivent à aborder en rigolant le thème de l’homosexualité, pour voir un peu ma réaction. Dommage que je n’ai pas noté la conservation, mais bon. Ce qui suit est donc approximatif et parcellaire.
C’est alors que D dit « Ah pardon, j’avais oublié que… » (mais oui bien sûr, on sait bien que c’est pour me tester…)
A, B, C rigolent.
Moi : « Ok c’est bon cela ne me gêne pas ».
D leur dit : « C’est bon, rigolez pas, y’a rien de drôle, c’est pas anormal, les homosexuels sont des personnes comme tout le monde ».
Une surveillante, qui passait par là, dit la même chose, avant de repartir.
Très rapidement A dit en rigolant que s’il était homosexuel il se tuerait tout de suite. Je lui répondis alors qu’il apprendrait plutôt à vivre avec, même si effectivement certains passent à l’acte parce que le poids du regard des autres est parfois difficile à supporter, surtout de la part de la famille. A me demanda ensuite pourquoi j’avais choisi d’être homosexuel, parce que lui, il n’aurait jamais fait ce choix. Je lui répondis que je n’avais pas fait ce choix, que les gens ne choisissent pas de devenir homosexuels, seulement de l’accepter, nuance. A me demanda alors comment les gens devenaient homosexuels. Je lui répondis que l’on ne savait pas encore, que la recherche penche entre la génétique et la psychologie.
B intervient alors et dit que lui aussi n’aimerait pas qu’il y ait des homosexuels autours de lui. C’est alors que je lui répondis que s’il réagissait ainsi, c’était parce qu’il ne connaissait pas d’homosexuels autours de lui, mais qu’en fait il y en avait certainement, puisqu’environ 8 % de la population était homosexuelle. Et pour exemple, je lui donnais l’exemple du collège où il devait il y avoir probablement 60 à 70 élèves qui étaient ou seraient homosexuelles. Tous disent que c’est impossible, pas dans la cité. Je leur réponds que ces personnes se cachent par peur des réactions de leurs amis, réactions similaires à celles qu’ils montraient là. B fini par concéder qu’il devait quand même il y en avoir peut-être un ou deux au collège. Mais pas plus.
Et c’est D qui pose enfin la question fatidique : « Monsieur, vous faites le garçon ou la fille ? » Font ch…. ces gosses à toujours poser cette question. Et bien sûr les autres sont hilares. Bon, alors j’ai bien retenu la leçon lorsque j’ai assisté à l’intervention du Mag l’année dernière, alors je réponds « Qu’est-ce que tu entends par faire la fille ou le garçon ? » Il s’emmêle un peu les pinceaux, et je me débrouille pour éluder la question. Sauf qu’il repart à la charge. Mrd... Fais ch… Comment vais-je m’en sortir ? Il était hors de question que je fasse la vierge effarouchée, cela aurait été faire preuve de gêne et donc de faiblesse face à eux. Alors ne trouvant pas d’autre issue que la vanne, je lui ai répondu : « Ecoute, pour le savoir, il faudrait que tu couches avec moi, et c’est pas prêt d’arriver ». Cris et rires dans la salle. Mais au moins ils ne reposent plus la question. Ouf.
Et puis après je ne sais plus trop de quoi on parle et de toute façon cela a rapidement sonné.
4ème anecdote : en tant qu’accompagnateur d’encadrement, j’assistais avec quatre classes de troisième à une séance de théâtre-forum sur le SIDA. C’est bien fait, et les élèves participent et sont invités à réagir, à monter sur la scène, à dire « Mais non c’est faux ! » dès que les personnages disent de grosses bêtises (du type : la mère dit « le SIDA se trouve sur la peau » – les élèves doivent lever la main et dire « Mais non c’est faux ! » pour aller sur la scène). A un moment donné de la pièce, celui qui joue le rôle du père a pour dialogue « Mais c’est une maladie des … enfin tu vois ce que je veux dire… ces anormaux quoi… ». Sauf que là aucun élève ne lève la main. L’animateur-acteur intervient alors pour dire « Stop ! Mais, personne ne lève la main ? Mais voyons, il a tort, les personnes homosexuelles sont normales ! ». C’est alors que des élèves, interloqués, réagissent : « Mais ? Non monsieur, c’est pas des gens normaux, c’est pas normal ». C’est alors que pendant qu’il leur explique qu’être moins nombreux ne signifie pas anormal, juste différent, quelques élèves se retournent vers moi après que des camarades leur est parlé à l’oreille. Youpi, je suis une célébrité…
5ème anecdote : dans le couloir, lorsqu’une gamine traita un de ses camarades de « sale pédale » (c’était bien la première fois que je l’entendais depuis que je suis dans ce collège), je me mets à dire « Mademoiselle, on change de vocabulaire ! ». Tandis qu’elle me regarde stupéfaite, ses amies commencent à rire, légèrement en la pointant du doigt, comme pour rire d’elle. Au bout d’un moment elle rie aussi (pas du tout méchamment hein, ce n’était pas de l’insolence). Je pense juste qu’elles avaient réalisé que c’étaient le prof pd qui avait dit cela.
A vous d’en tirer des conclusions.
La prochaine fois, je vous raconterai la suite du topic que j’avais fais en juillet dans la partie « Discussion générales » ( http://www.et-alors.net/forum/setopic_4023-.html )
D’abord un petit bilan de l’année scolaire dernière : je l’ai déjà dit, que du positif, juste trois incidents. Le premier, l’histoire dans le car, je l’ai déjà raconté (p. 5). Le second, un après-midi, après être parti avec des collègues vers la gare, je retournais seul au collège car j’avais oublié quelque chose, lorsque j’ai entendu des gosses (mais je ne les ai pas vu) qui ont crié deux fois « Homo ! Homo ! ». Je me suis contenté de répliquer à très haute voix « OK, c’est bon, je vous ai entendu ! » et ils se sont arrêtés. Tandis que moi que continuais à marcher sans me retourner car j’étais pressé. Le troisième incident est très similaire : je sortais seul du collège pour aller à la gare, je croise un groupe d’élèves dans la rue, et lorsque je les dépasse, l’un deux (un relou que j’avais eu l’année d’avant) se met à dire « Homo ! Homo ! ». Je me suis retourné direct et dis quelque chose dans le genre « Non mais çà va pas ! Eh oh ! » . Un de ses potes se retourna alors et s’excusa à la place du fautif.
Pas très dramatique dans le fond, même s’il est vrai que pendant un temps j’ai évité d’être seul sur le chemin du retour.
Maintenant les choses sérieuses : depuis septembre donc. Cette rentrée était l’occasion de voir l’évolution des réactions des gamins suite à mon coming-out de l’année dernière, notamment ceux que je n’avais pas les années précédentes.
Je vais donc vous raconter 5 anecdotes, dans l’ordre chronologique de leur apparition.
1ère anecdote : Tôt vers le début d’année, lorsque j’ai délogé des élèves qui n’avaient rien à faire dans le couloir, en se dirigeant vers les escaliers, l’un deux commença à marcher en remuant exagérément des hanches (la tapette attitude quoi – désolé de l’expression, mais comme cela tout le monde saisi son déhanché). Comprenant tout de suite son petit jeu, je me mets à dire « Et tu trouves çà drôle ? ». Direct un de ses potes lui dit « Mais t’es con » et s’excuse à sa place avant qu’ils ne descendent les escaliers.
2ème anecdote : A la fin d’un cours, un de mes élèves de 3ème que l’on va appeler X me posa la question « C’est vrai que vous êtes homo ? » Je lui répondis que oui. Un autre, que l’on va appeler Y, alors se mit à rigoler. X réagit alors en lui disant « Mais pourquoi tu rigoles ? C’est pas drôle, y’a rien de mal ». L’autre alors lui réponds « Mais non, c’est pas çà, c’est que tu lui poses la question comme çà. ». Le lendemain, Y me demande quel est le nom de mon copain. Je mets un moment à tilter (célibataire depuis un moment quand même, je n’ai plus l’habitude de cette question) avant de lui répondre « Ah non mais là ce n’est pas une alliance, juste une bague ». Depuis, Y m’a demandé trois ou quatre fois pourquoi je ne remettais pas ma cravate rose…
3ème anecdote : j’avais collé un élève en fin de journée de 17h à 18h. Mais comme c’était mon seul collé, pas possible de le garder dans ma salle. Nous descendons donc en salle de permanence et nous corrigeons ensemble mes contrôles de vocabulaire. Bien sûr la salle n’est pas vide, il y a 4 autres élèves (deux autres collés que j’ai cette année – on va les appeler A et B, 1 en étude que j’ai eu il y deux ans, on va l’appeler C, et 1 qui n’avait rien à faire là mais qui squattait et que j’ai aussi eu il y a deux ans – on va l’appeler D). Que de la crème avec qui je me suis déjà pris le bec (même s’il y a bien pire encore). Tout pendant que mon collé et moi-même travaillions, la conversation s’engage entre eux, vu qu’ils ne bossent pas. Et rapidement bien sûr comme par hasard ils arrivent à aborder en rigolant le thème de l’homosexualité, pour voir un peu ma réaction. Dommage que je n’ai pas noté la conservation, mais bon. Ce qui suit est donc approximatif et parcellaire.
C’est alors que D dit « Ah pardon, j’avais oublié que… » (mais oui bien sûr, on sait bien que c’est pour me tester…)
A, B, C rigolent.
Moi : « Ok c’est bon cela ne me gêne pas ».
D leur dit : « C’est bon, rigolez pas, y’a rien de drôle, c’est pas anormal, les homosexuels sont des personnes comme tout le monde ».
Une surveillante, qui passait par là, dit la même chose, avant de repartir.
Très rapidement A dit en rigolant que s’il était homosexuel il se tuerait tout de suite. Je lui répondis alors qu’il apprendrait plutôt à vivre avec, même si effectivement certains passent à l’acte parce que le poids du regard des autres est parfois difficile à supporter, surtout de la part de la famille. A me demanda ensuite pourquoi j’avais choisi d’être homosexuel, parce que lui, il n’aurait jamais fait ce choix. Je lui répondis que je n’avais pas fait ce choix, que les gens ne choisissent pas de devenir homosexuels, seulement de l’accepter, nuance. A me demanda alors comment les gens devenaient homosexuels. Je lui répondis que l’on ne savait pas encore, que la recherche penche entre la génétique et la psychologie.
B intervient alors et dit que lui aussi n’aimerait pas qu’il y ait des homosexuels autours de lui. C’est alors que je lui répondis que s’il réagissait ainsi, c’était parce qu’il ne connaissait pas d’homosexuels autours de lui, mais qu’en fait il y en avait certainement, puisqu’environ 8 % de la population était homosexuelle. Et pour exemple, je lui donnais l’exemple du collège où il devait il y avoir probablement 60 à 70 élèves qui étaient ou seraient homosexuelles. Tous disent que c’est impossible, pas dans la cité. Je leur réponds que ces personnes se cachent par peur des réactions de leurs amis, réactions similaires à celles qu’ils montraient là. B fini par concéder qu’il devait quand même il y en avoir peut-être un ou deux au collège. Mais pas plus.
Et c’est D qui pose enfin la question fatidique : « Monsieur, vous faites le garçon ou la fille ? » Font ch…. ces gosses à toujours poser cette question. Et bien sûr les autres sont hilares. Bon, alors j’ai bien retenu la leçon lorsque j’ai assisté à l’intervention du Mag l’année dernière, alors je réponds « Qu’est-ce que tu entends par faire la fille ou le garçon ? » Il s’emmêle un peu les pinceaux, et je me débrouille pour éluder la question. Sauf qu’il repart à la charge. Mrd... Fais ch… Comment vais-je m’en sortir ? Il était hors de question que je fasse la vierge effarouchée, cela aurait été faire preuve de gêne et donc de faiblesse face à eux. Alors ne trouvant pas d’autre issue que la vanne, je lui ai répondu : « Ecoute, pour le savoir, il faudrait que tu couches avec moi, et c’est pas prêt d’arriver ». Cris et rires dans la salle. Mais au moins ils ne reposent plus la question. Ouf.
Et puis après je ne sais plus trop de quoi on parle et de toute façon cela a rapidement sonné.
4ème anecdote : en tant qu’accompagnateur d’encadrement, j’assistais avec quatre classes de troisième à une séance de théâtre-forum sur le SIDA. C’est bien fait, et les élèves participent et sont invités à réagir, à monter sur la scène, à dire « Mais non c’est faux ! » dès que les personnages disent de grosses bêtises (du type : la mère dit « le SIDA se trouve sur la peau » – les élèves doivent lever la main et dire « Mais non c’est faux ! » pour aller sur la scène). A un moment donné de la pièce, celui qui joue le rôle du père a pour dialogue « Mais c’est une maladie des … enfin tu vois ce que je veux dire… ces anormaux quoi… ». Sauf que là aucun élève ne lève la main. L’animateur-acteur intervient alors pour dire « Stop ! Mais, personne ne lève la main ? Mais voyons, il a tort, les personnes homosexuelles sont normales ! ». C’est alors que des élèves, interloqués, réagissent : « Mais ? Non monsieur, c’est pas des gens normaux, c’est pas normal ». C’est alors que pendant qu’il leur explique qu’être moins nombreux ne signifie pas anormal, juste différent, quelques élèves se retournent vers moi après que des camarades leur est parlé à l’oreille. Youpi, je suis une célébrité…
5ème anecdote : dans le couloir, lorsqu’une gamine traita un de ses camarades de « sale pédale » (c’était bien la première fois que je l’entendais depuis que je suis dans ce collège), je me mets à dire « Mademoiselle, on change de vocabulaire ! ». Tandis qu’elle me regarde stupéfaite, ses amies commencent à rire, légèrement en la pointant du doigt, comme pour rire d’elle. Au bout d’un moment elle rie aussi (pas du tout méchamment hein, ce n’était pas de l’insolence). Je pense juste qu’elles avaient réalisé que c’étaient le prof pd qui avait dit cela.
A vous d’en tirer des conclusions.
La prochaine fois, je vous raconterai la suite du topic que j’avais fais en juillet dans la partie « Discussion générales » ( http://www.et-alors.net/forum/setopic_4023-.html )
Salut Olivier
Tu sais ta vie de prof (homme public) et celle d'homo (homme privé)
n'ont rien à voir. Ca ne regarde ni les parents d'élèves, ni les élèves, ni les autres profs de savoir avec qui tu couches: tu leur demandes s'ils sont hétéros ?
Moi je suis instit, ma poltique a toujours été d'habiter dans une autre commune que celle ou je travaille: crois moi, a bien des points de vue ça facilite la vie et d'autant plus, je crois, dans cette situation
Salut
Tu sais ta vie de prof (homme public) et celle d'homo (homme privé)
n'ont rien à voir. Ca ne regarde ni les parents d'élèves, ni les élèves, ni les autres profs de savoir avec qui tu couches: tu leur demandes s'ils sont hétéros ?
Moi je suis instit, ma poltique a toujours été d'habiter dans une autre commune que celle ou je travaille: crois moi, a bien des points de vue ça facilite la vie et d'autant plus, je crois, dans cette situation
Salut