À propos des effets de la Seconde Guerre mondiale sur la population homosexuelle, faut pas s'emballer comme ça. D'abord, on ne connaît pas exactement le nombre de personnes déportées pour cause d'homosexualité (paragraphe 175 et prétextes), on sait encore moins combien en sont sortis vivants (et dans ce groupe, qui en bon état, qui en mauvais). De plus, il me semble que ce sont essentiellement des homosexuels allemands qui ont été victimes de l'application du paragraphe 175... Par ailleurs, ceux qui ont entre 75 et 80 ans ont peu de chances d'être concernés, puisque, nés en 1927-1932, ils ont vécu la guerre enfants et adolescents (ce qui rend peu probable une arrestation pour cause d'homosexualité, n'est-ce pas). Donc si peu d'homos de plus de 75 ans sont visibles, c'est, comme l'a d'abord dit Golgotino, essentiellement parce que 1) ils se taisent et 2) ils ont souvent refoulé leurs penchants pour se marier avec une femme. Si on ajoute à ça l'espérance de vie, on se retrouve avec une poignée de personnes adéquates. Mais ça doit bien se trouver quelque part (sur Internet, néanmoins j'en doute).
Sinon, je suis un peu interloquée devant votre propos, Golgotino. Enfin, ma curiosité est piquée. Pourquoi tenez-vous à interroger une personne particulièrement âgée ? Vous semblez attendre de ce témoin quelque chose de très précis et, ce me semble, d'un peu contradictoire :
Golgotino a écrit :L'objectif de ce portrait est de transmettre, de "donner" aux plus jeunes.
C'est un travail de mémoire, d'humanisme et de générosité.
Le portrait ne portera pas forcément que sur l'homosexualité, mais sur tout ce que la personne en question pense avoir retenu de la vie.
Golgotino a écrit :Les gens qui ont connu la guerre ont, d'expérience, une vision radicalement différente de la vie que ceux qui sont nés après. Il y a vraiment une rupture.
Golgotino a écrit :C'est le vieux monsieur lui-même qui a demandé à ne pas être la vedette du livre, mais qui souhaite que d'autres personnes âgées soient aussi présentées, pour montrer la solitude de beaucoup de gens âgés.
Pourriez-vous développer ces thèmes, les expliquer ?
Ne sont-ce pas des idées reçues, aux antipodes l'une de l'autre, qui risquent de peser sur votre travail en posant les résultats avant l'expérience ? En tant qu'écrivain, qu'attendez-vous d'un tel témoignage ? Cherchez-vous à en faire une fiction ?
Aucune trace de soupçon ou d'accusation dans ces questions, je le répète, juste un intérêt curieux.